
ou l’acide du molybdène , une action capable de
produire de l'éther. Il n’y a donc pas d‘ éther molyb-
dique.
• E t h e r m u r i a t i q u e . Il en a été parlé fort en.
détail a l’article A l c o o l , tome II de ce Diciion-\
naire 3 pag. 81 8c fuivantes. J’ajouterai ici une
feule obfervation à tout ce qui eft dit fur cette
efpèce d'éther à l’article indiqué. Ce n’eft point à
l’oxigène dé l’acide muriatique oxigéné contenu
dans la liqueur fumante de Libavius, mais à l’oxi- ;
gène dont l’oxide d’étain y eft furchargé , qu’eft
due l’éthérification de l'alcool dans ce procédé.
( Voyt[ Varticle A l c o o l pour la préparation & les
propriétés de /’éther muriatique.)
É t h e r n i t r i q u e . J’ai décrit longuément lés
procédés pour obcenir cet éther, à l’article A l c o o l ,
avant ce qui eft relatif à Y éther muriatique. J'ajouterai
feulement ici quelques remarqués fur cet
éther, fur fa nature 8c fur l’ aélion. qu’exercent réciproquement
l’alcool 8c l’ acide nitrique.
i°. Je ferai d’abord obferver que l'acide nitrique
, chargé de gaz nitreux, agit d’une manière
beaucoup plus rapide fur l’alcool que tous les
autres acides, & même que le fulfurique > que
cette, aétion , toute différente, exige qu’on la
modère & qu’on l’appaife, 8c qu’au lieu de chaleur
on emploie4 e refroidiffement quand l’acide
eft concentré > mais cette violente a&ion fe réduit
à un mouvement 8c à une effervefcence ordinaire
lorfqu’on prend de l’ acide nitrique.foible, comme
on le fait aujourd'hui dans toutes les pharmacies.
2°. M. Dabid, pharmacien à Nantes, a propofé
d’ajouter à l’acide nitrique foible & à l’alcool de
l'oxide de manganèfe ; dé diftilfer, à une chaleur
douce, ce mélange fait depuis vingt-quatre heures.
La diftillation fe fait très-facilement, fans mouvement
rapide, fans effervefcence. On obtient moitié
du poids de l’alcool en éther nitrique ; mais cet
éther3 examiné par M. Vauquelin, eft plus lourd
que l'alcool j il a une faveur âcre & défagréable 5
en un mot*, il n’eft pas le même que Y éther nitrique
connu & employé jufqu’ici. I
3;°. L’éther nitrique, bien préparé & re&ifié ,
n’eft pas jaune comme on l’a voit dit 5 il eft fans
couleur j il eft plus pefant que Y éther fulfurique ;
il a une odeur plus analogue à celle des pommes
& -des fruitiers. En le gardant long-tems dans des
vafes fermés, il fe forme au fond de l’eau tenant
de l’acide oxalique. On décoloré Y éther jaune en
le rectifiant fur du fucre, qui, fuivant M. Dey eux,
retient une huile âcre & brune. Le même chimifte
a trouvé que feize parties d’eau mêlées à une
partie, d'éther nitrique dans une bouteille munie
d'un tube, donnent, par une effervefcence qui s'y
établit promptement, du gaz nitreux dont le dégagement
empêche enfuite Yéther de faire fauter
les bouchons 8c de brifer lés vaifféaux, comme il, j
le fait fouvent lorfqu’on le conférve fans l’avoir
fournis à ce procédé.
4°. Les criftaux en chenilles reliées , obfervées
par Hiærne dans le réfidu d * éther nitrique, font dé
l’acide oxalique mêlé d’acide malique , £c celui-ci
donne au liquide réfidu la propriété de prendre
une confiftance muque ufe quand on l’évapore. C ’eft
cet acidé muqueux qui forme la prétendue matière
gummi-favonneufe indiquée par Baumé.
. J°. En obfervant que, pendant toute l’a&ion
de l’acide nitrique fur l’alcool, il fe dégage du gaz
acide carbonique, on reconnoît que la différence
de cette action d’avec celle de l’acide fulfurique
confifte en ce que le carbone précipité par celui-
ci eft diffous 8c brûlé par l’oxigène de l’acide
nitrique ; qu’il fe forme plus vite & plus abondamment
de l’ huile : on voit aufli qu’ il y a de
l’acide oxalique, de l’acide malique 8c de l’acide
acétique formés en même tems que Yéther., l’huile,
l’eau 8c l’acide carbonique. Il paroîc auffi que l’ action
plus forte de l’acide nitrique brûle plus d’hydrogène
de-l’alco-ol que ne fait l’acide fulfurique,
& que par conféquent Yéther nitrique eft plus charbon
né que Yéther fulfurique} ce qui explique fa
pefanteur plus grande.
É t h e r o x a l i q u e . Il n’y a point affez d’aCtion
entre l’acide oxalique 8c l’alcool pour qu’il puifte
fe former un éther oxalique.
É t h e r p h o s p h o r i q u e . J’ai décrit, à l'article
de 1’A l c o o l , les e fiais faits par. MM. les académiciens
de Dijon pour obtenir de Yéther phofpho-
rique. On y a vu qu’ils n’ont eu quune efpèce
d’alcool phofphuré fétide , que j’ai attribué à
l’emploi d’un acide un peu phofphoreux. On feroit
tenté de.croire, d’après cet effai infructueux, qu’il
ne fe forme point A3éther dans la réaction de l’acide
phofphorique 8c de l’alcool. Cependant cet acidé
très-fixe, très-lourd, affez puiffant quand il eft
concentré, 8c devant, dans cet état, attirer l’eau
avec une affez grande force, doit être dans la
claffe de ceux qui, à l’aide d’une élévation de
température, peuvent opérer la décompofition de
l’alcool, 8c par conféquent l’ éthéiifîer. On affure,
non fans vraifemblance , qu’on prépare depuis
quelque tems à Paris ( j ’ écris cet article le 6 avril
1805 ) de 1 éther phofphorique : c’eft , dit- on , en
oiftillant 8c en récohobant plufieurs fois de l’alcool
fur de l'acide phofphorique gélatineux préparé
par le phofphore 8c l’acide nitrique. On prétend
que cette efpèce d‘ éther reftemble à Yéther acétique,
8c qu'il lui eft fubftuué-èrT médecine. O s
éthers font employés en linimens ou en friétions
fur les membres affectés de douleurs rhum.itif-
males.
S’il y a quelqu’avantage à cette préparation, il
doit confifter dans la fixité de l’acide, qui permet
de l’employer plufieurs fois de fuite après l’avoir
concentré 6c purifié par une forte chaleur ïoffqu’il
1 1 eft
«ft faturé d’eau 8c fali- par la décompofition de
l’alcool.
É t h e r p h o s p h o r e u x . Si Ton préparoit de
Yéther avec l’acide phofphoreux au lieu d’employer
l’acide phofphorique, cet éther devroit prendre 8c
volatilifer avec lui la petite portion de phofphore
prefque libre dans cet acide, 8c c’eft ce qui paroît
être arrivé aux académiciens de Dijon. Il faut
donc éviter l’emploi de cet acide phofphoreux,
fi l’on veut avoir un éther non fétide 8c non phofphuré.
É t h e r p r u s s i q u e . Il n’y a point d'éther pruf
ftque y mais l’alcool, agiffant fur cet acide, prend
l’odeur âpre d’amandes amères, qui le caraétérife.
É t h e r s é b a c i q u e . Quoique l’acide fébacique
préparé par le procédé de M. Thénard , c’eft-à-
dire, précipité du lavage de la graiffè par l’acétate
de plomb, 8c obtenu de celui-ci par l’acide
fulfurique affoibli, foit bien foluble dans l’alcool,
il n’y a point affez de force dans cet acide 8c
dans Ton a&ion fur l'alcool pour le convertir en
éther.
É t h e r s u c c t n i q u e . L’ acide fuccinique, foluble
dans l’alcool, ne fe convertit point en éther, à
caufe de fa foibleffe 8c de fon peu d’aCtion fur les
principes de cette liqueur inflammable.
É t h e r s u l f u r e u x . On ne connoît pas d‘éther
fulfureux y mais il y a lieu de croire qu’en diftillant
cét acide avec l’alcool, on auroit un étherfulfuré.
É t h e r s u l f u r i q u e . J’ai donné de grands détails
à l’article A l c o o l , fur la préparation 8c les
propriétés de cet éther. Cependant l’état de la fo-
ciété, fes progrès depuis quinze ans, exigent que
j ’ajoute ici de nouveaux détails fur la théorie 8c
la nature de ce fingulier produit.
Les chimiftes modernes, depuis la fondation de
la doctrine pneumatique, n’ont encore eu que des
idées trop vagues fur la formation de Yéther par
l ’acide fulfurique. J’avois énoncé, d’après eux,
dans mes précédens ouvrages, qu’il paroifloit que
l'oxigène étoit enlevé à l’acide fulfurique par l’alcool,
qu’une partie de l’hydrogène de celui-ci
formoit de l’eau avec l ’oxigène de l’acide, 8c que
l’alcool, privé de cette portion d’hydrogène, forr
moit de Yéther y mais j’avois ajouté que ce qui fe
paffoit dans cette opération n’étoit pas exactement
connu j 8c en effet, en m’occupant fpécialement
de cet objet avec M. Vauquelin, nous fommes
arrivés à d’autres réfultats. V oici le précis de notre
travailTur cet objet. \
Après avoir prouvé préliminairement, comme
je.T’ai fait voir ailleurs, que l’acide fulfurique
concentré agit fpontanément fur les fubftances végétales
en les changeant en eau 8c en acide acétique^
Ch i m i e , Tome IK »
aux-dépens de leurs propres compofés , 8c en ne
portant de fa part que fa grande tendance pour fe
faturer d’eau, nous avons examiné les pheno-
. mènes qui fe paffent dans l'union de cet acide avec
l'alcool; 8c voici ceux qui ont fervi de bafe à nos
raifonnemens :
A. Parties égales d’acide fulfurique concentré
8c d’alcool très-reCtifié , mêlées enfemble, dégagent
une malle de calorique capable d’élever la
température du mélange à foixance-dix degrés : il
fe forme des .bulles de gaz éthéré j la liqueur fe
trouble,, devient opaline, 8c prend au bout de
quelques jours une couleur rouge foncée.
B. Une combinaifon $e deux parties d’acide
fulfurique 8ç d’ une partie d’alcool élève la température
du mélange à foixançe-quinze degrés, devient
rouge, foncée fur le champ, paffe au noir
quelques jours après, 8c répand une odeur fenfi-
blement érhérée.
G. Si l’on obferve avec foin tout ce qui fe paffe
dans la combinaifon de parties égales d’ acide fulfurique
8c d’alcool, expofée à l’aétion du calorique
dans un appareil convenable, tel qu’on l’emploie
aujourd’ hui pour bien préparer Yéther, on
remarque les phénomènes fuivans :
a. Lorfque la température eft élevée à foixante-
dix-huit degrés., la liqueur entre en ébullition ; il
fe produit un fluide qui fe condenfe par le froid
en une liqueur blanche , légère 8c odorante qui,
à caufe de fes propriétés, a reçu le nom d’éther.
En conduifant artiftement l’opération „ il ne fe
développe aucun gaz permanent jufqu’ à ce que la
moitié environ de l’alcool foit convertie en éther.
h._ S i, dès que l’acidë fulfureux fe man fofte,
on change de récipient, on obferve qu’il ne fe
forme plus d’éther 3 mais de l’ huile douce du vin,
de l ’eau, de l’acide acétique, 8c pas un atome
d’acide carbonique.
Lorfque l’acide fulfurique fait environ le s ± de
la maffe reliante dans la-cornue , il fe dégage un
gaz inflammable qui a une odeur d'éther, 8c qui
brûle avec une flamme blanche huileufe. C’eft
ce gaz que les chimiftes hollandais ont appeléfgaz
hydrogène carboné ou ga^ oléfiant, parce que, mêle
avec l’acide muriatique oxigéné, il forme de l’huile.
A cette époque, la température de la matière contenue
dans la cornue eft élevée à quatre-vingt-huit
ou quatre-vingt-dix degrés.
c. Lorfque l’ huile douce du vin ceffe de couler,
fi l’on change de nouveau le récipient, on- voit
qu’il ne paffe plus que de l’acide fulfureux, de
l’eau précédemment formée, du gaz acide carbonique
, 8c qu’il ne refte dans la cornue qu'une
malle, dont la plus grande partie eft de l’acide
fulfurique, épaifli par du charbon huileux ou bitur
mineux.
De ces phénomènes bien conftans & bien obr
fervés , on peut tirer les réfultats fuivans :
a. Il fe forme fpontanément, fans le fecours
d’une ch^léur étrangère, par la combinaifon dé
Mra