
K E R
K a g n e , efpèce de pâte d'Italie ., faite avec la
plus belle farine.
KAHOUANNE ou CAHOUANNE, efpèce de
tortue, dont la carapace ou récaille, affez belle en
couleur & en poli, fert à la fabrication des meubles
de marqueterie.
KALI, efpèce d# plante marine, nommée falfola-
Jtali3 qui fournit, par la-combuftion & dans fa
cendre, l’efpèce d'alcali fixe qu’on nomme foude.
Ce mot kali appartient à la langue arabe : ce
font les Arabes qui ont les premiers découvert le
fel alcalin fourni par les cendres de cette plante.
C ’eft: aufli d'après ce nom que les chimiftes ont
adopté l’expreilion d’alcali pour défigner les bafès
falifiables, d'une faveur âcre, verdiflant pluiîeurs
couleurs bleues végétales, & formant des fels avec
les acides qu'elles faturent. ( V^oye^ les articles
Alcalis & Soude. )
KAOLlN.Les Chinois, qui ont inventé l'art de
la porcelaine, Sc qui long rems ont été le feul^peu-
ple chez lequel on fabriquoit cette efpèce de poterie
dure & lolide, imitée enfuite & perfectionnée
chez tous les peuples policés, connoiffent fous le
nom de kaolin l’efpèce de terre argileufe, blanche,
fine & pure qui fert à la fabrication de la porcelaine.
Celle qu'on emploie avec le plus d’avantage
eft tirée des environs de Limoges, dans un lieu
nommé Saint-Yrieix ; elle fert à la fabrication de
toutes les porcelaines de France. •
Plufîeursnaturaliftes regardent cette terre comme
une efpèce de feldfpath décompofé & argili-
formei elle eft friable, blanche , infufible au chalumeau
& happant à la langue. M. Vauquelin y a
trouvé 0 ,71 de fi lice, près de 0,16 d’alumine, près
de o,c2 de chaux, & 0,07 d'eau.
11 y en a une variété près d'Alençon fur les granits.
On en fait de la faïence. ( Voye^ F article
Porcelaine. )
KARABÉ , nom arabe du fuccin, adopté dans
beaucoup de livres de matière médicale & pour
plufieurs préparations pharmaceutiques. Tel eft le
firop de karabè : on écrit aufli carabe. ( Voyez l'article
SuCC-IN. )
KARAT, efpèce de poids fictif qui fèrt à déterminer
le poids de l'or. On fuppofe la petite maffe
d'or qu’on analyfe ou qu’on effaiè, eompofée de
vingt-quatre parties, & ce font ces partiesqu’on
nomme karats. Lorfque cette maffe perd un vingtquatrième
de fon poids par l'effai, on dit que l'or
eft à vingt-trois karats, c'eft-à-dire, qu'elle contient
vingt-trois parties d'or pur & une partie d’alliage.
Pour plus d’exactitude dans les réfultats, chaque
karat ou chaque vingt-quatrième de la maffe d'or
eft divifé en trente-deux parties , qu'on nomme
trente-deuxième de karat.
Le karat d'or eft ordinairement un demi-grain
dans les poids d'effai de demi-femelle ; de manière
que le trente-deuxième de karat eft le foixânte-
quatrième d'un grain.
Le karat de diamant eft d’environ quatre grains.
( Voye{ les articles Di PART, DlÀMANT, Do-
cimasie , Essai & Or. )
KELPCUNAMâ RA , nom donné à une forte
de foude de mauvaife qualité, qu’on tire du Varec >
elle eft noire , duré, poreufe, parfemée de points
gris & blancs > elle a une odeur fulfureuîe* très-
forte i elle eft peu eftimée, comparativement à la
foude d'Alicante. ( Voyez les mots Alcali, Soude
& Varec. )
KERMÈS. Le kermès OU chermèst coccus ijtris s
nommé autrefois graine d'ccarlate., parce qu’elle
fervoit à la teinture en cramoifi, en rouge & en
écarlate, hèmiprère ou à demi-étui, dont la femelle,
après avoir quelque tems couru, & après
avoir été fécondée, fe fixe , s'attache, fe gonfle,
& meurt fur les feuilles du chêne-vert. On l'a
long-tems regardée comme une produ&ion végétale
ou une efpèce de galle : on la décrit encore fous le
nom de galle-infeéle.
Ces coques animales, qui ne.font que le corps
de l'infeCte déformé, bombé & rempli de ces oetifs
très-abondans, font enlevées des feuilles & des
pétioles de l'arbre avec l'ongle, avant le lever du
foleil, dans les mois de mai & de juin : on les jette
dans le vinaigre, ou bien on les expofe à la vapeur
de cet acide pour tuer les petits ; on les fait fécher
au foleil,en les étalant fur des toiles * on les frotte
dans des facs pour en féparer le duvet blanc qui les
attachoit à l'arbre, & qui paroît être une forte de
matière glutineufe.
Par ces opérations fucceflîves, le kermes prend
une affez belle couleur rouge de vin , une furface
brillante & luftrée.
On préféroit autrefois le kermes de Galatie &
d’Arménie: 011 eftime beaucoup aujourd’hui celui
qu’on récolte en Italie, en Efpagne, en Portugal
& dans les départemens méridionaux appartenans
aux provinces de Languedoc & de Provence.
Tæ kermès a toutes les propriétés des matières
animales} il en donne les produits au feu. Sa matière
colorante, qui en lait le principal cara&ère,
& qui détermine fon emploi, eft diifoluble dans
l'eau & dans l'alcool. Ces deux diffolvans évaporés
laiffent un extrait très-coloré. Quand on fait
entrer le kermès dans la teinture, on y ajoute de
l’alun &r du tartre. Il donne une couleur canelle
très-vive avec la diffolution d’étain. Les alcalis
rofent & terniffent fa couleur : les nuances qu’ils
portent fur la laine ont beaucoup moins d'éclat que
celles de la cochenille* mais elles ont une plus
grande folidité, & on peut en enlever les taches
de graiffe fans altérer la teinture de l’étoffe. Le
rouge de fang des anciennes tapifferies lui eft dû.
On en combine l’aélion avec la garance, pour ce
qu’on nomme écarlate demi-graine. L’addition du
muiiate d’étain jaunit la couleur du kermès : c’eft
pour cela que-les teinturiers ne l'emploient plus ou
prefque plus. La folidité & l’ inaltérabilité de cette
couleur font regretter quelle ne foit prefque plus
en ufage : c’eft au Levant qu’on s’en fert davantage.
En médecine, le kermès étoit rangé parmi les
aftringens : il entre dans le firop de corail & dans
la confection alkermès, à laquelle il a donné fon
nom.
Kfrmès minéral, nom donné, d’après uneref-
femblance de couleur avec le kermès animal, à une
préparation d’oxide d’antimoine brun, hydroful-
furé, vantée comme un fpécifiqué très-important
par le Frère Simon , apothicaire des Chartreux,
vers le s premières années du dix-huitième fiècle.
Ce Frère, après avoir donné (on>kermès minéral,
dont ilténoit la recette de Laligerie, chirurgien,
& qu’on affure avoir été imaginée par Glauh.-r, à
Quelques Chartreux attaqués de fluxion de poitrine,
& en avoir obtenu des fuccès très-marqués, vanta
"tellement ce remède,qu’il fut acheté par LouisXIV,
& publié par fes.ordres en 1720. On l’a connu pendant
on lave le kermès à grande eau, & on le met a la,
prelfe pour l'égoutter complètement. •
Dans le fécond procédé, on fait fondre dans un
creufet deux parties de„potaffe ou de ioude purifiée,
avec une partie de fulfure d’antimoine en poudre
& un feizième de foufre : on coule la maffe fondue
dans un mortier de fonte ; oh la pulvérife , & on
y jette affez d'eau bouillante pour diffoudre tout
ce qu.i y eft contenu de diifoluble. La liqueur dépofe
quelque tems fous le nom de poudre des Chartreux.
Lemery le fils revendiqua la découverte!
de cette préparation pour fon père , dans les
féances de l’Académie des fciencesj donna un procédé
que les chimiftes pharmaciens ont preféré-à I
celui de Laligerie , qui en effet pèche dans les proportions
du mélange comme dans les procédés-die *
Topération. La méthode de Lemery eft encore pratiquée
denos jours.
On prépare le kermès minéral, ou par la voie humide,
ou .par la voie fèche.
Dans le premier procédé, on fait bouillir pendant
un quart d’heure, dans une lefïive depotaflè,
du fulfure d’antimoine en poudre fine, & loi fque
la liqueur prife en effaife trouble en refroidi fiant,
dépofe une poudre rouge-brune, on la filtre
toute entière & on la laitfe refroidir. Le kermès
s’en fépare en flocons épais : oh décante l’eau-mère >
en refroidi flan t.,^comme dans le premier procédé
, le kermès , qu’on, lave. & qu’on fèche ainfi
qu’il a été dit.
Dans l’une & l’autre de ces opérations, tout
le fulfure d’antimoine, traité par l’alcali, n’eft
pas converti en kermès minéral, & l’on a remarqué
que le réfidu, furtout celui de la voie hu- Imide, ne contient prefque plus de foufre, &
qu’en le fondant dans un creufet il donne de
l'antimoine prefque pur. On doit conclure de là,
que l’alcali diffout prefqu’entiérement le foufre ,
& qu’il n'oxide que la portion d’antimoine qu’il
diffout en même tems que le foufre. Les liqueurs
qui, dans l’une & l’autre opération, furnagent
le kermès minéral, ou les eaux-mères qui contiennent
encore de l’oxide d’antimoine diffous dans
l’hydrofujfure alcalin, peuvent être précipitée^
par les acides, qui en réparent d’abord de l’oxide
d’antimoine hydrofulfuré foncé, contenant beau^
coup d’antimoine, & enfuite un oxide hydrofuh-
furé de plus en plus pâle , de moins en moins
antimonié, & rapproché à la fin de l’état de foufre.
On a une preuve qu’il fe paffe ici exactement
la férié des phénomènes indiqués ci-deffus, nos. yp
& 5 1 , c’eft-à-dire que l’alcali, en diffolvant le
fulfure d’antimoine, favorife la décompofition de
l’eau , fait porter fon oxigèjne fur l’antimoine qui
s’oxide à divers degrés , & fon hydrogène fur
une portion du foufre} qu’il retient l’oxide d’antimoine
fulfure & hydrofulfuré, 8r qu’ il s’opère,
par le refroidiffement, une forte de fraétion des
produits, dont une en oxide d’antimoine brun hydrofulfuré
, qui, furchargée de métal, oxide en
brun , par rapport à toute la maffe , abandonne
la diffolution , & fe dépofe fous la forme de kermès
minéral, dont l’autre , en fulfure hydrogéné
d’oxide d’antimoine orangé, moins hydrogéné &
plus fulfuré., refte en diffolution dans la liqueur
alcaline. Ôn a une preuve de l ’exiftence réelle de
ces phénomènes dans la propriété même dont jouit
l’eau-mère de rediffoudre le kermès lorfqu’on la
. chauffe. Mais on olafervera que , dans la fécondé
précipitation qui accompagne le refroidiffement
de cette diffolution, il fe fait un autre partage
• entre l’ oxide d’antimoine hydiofulfuré, puifque
ce fécond précipité a une autre couleur., quelques
propriétés différentes, & paroît furtout contenir
d’autres proportions dans fes principes, que
le premier.
Avant d’avoir pu fournir la théorie de l’opé-
B b b b 2