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l’objet étoit d’en obtenir une laque qui réunît la
foliaité à l’éclat. Les réfultats de ces expériences
qu’il nous a communiquées, pourront avoir des
applications utiles en teinture.
» Il a féparé la pellicule, qui fert d’écorce à la
racine de g avance, de fa pulpe & de fa partie li-
jgnéufe, & il a obtenu de furie & de l’autre une
laque dont l’éclat approche de celui du carmin,
mais qui eft beaucoup plus durable lorfqu’ii les a
fourniiè§ auparavant à des immerfions & des lotions
qui en féparoient une f ibftaneè fauve colorante
; feulement là partie ligneufe en donnoit plus
que l’écorce. Le procédé dont il fe fervoit après
les immerfions préliminaires, confiftoit à tenir en
digeftion dins une légère diffolution de fulfate
d'a'umine; après :cela il prédpitoit par un alcali
cette- diffolütion, qui avoit une teinte plus ou
moins foncée.-
M li paroît donc que l’on doit confidérer la garance
comme composée de deux fubftancfes colorantes,
dont l’une eft fauve, & l’autre eft rongé :
ces deux fubftances peuvent fe combiner'astec
l'étoffe cependant on a intérêt à ne fixer que ï
partie -rouge. La-partie fauve paroît plus foluble,
mais ft fixité fur les étoffes peut être augmentée
par 1 affinité qu’elle à pour la partie- rouge. 1 9
" Les différentes additions qu'é'T-on fait à la
garance, & les procédés multipliés auxquels bn
foumtt quelquefois fa teinture, ont probablement
cette réparation pour principal objet.
n La partie rouge de la garance n’eft-foluble
qu’en petite quantité dans l’éiû} de forte que l’on
ne peut donner qu’une certaine condenfàtron à
fa diffolution. Si I on augmente trop la proportion
de cette ftibftance, loin d’en obtenir un effet plus
grand , on ne fait qu’accr- r re la proportion dé la
partie fauve, qui eft plus foluble.
“ La partie rouge paroît furtout fujète à former
les pellicules qu’a obfervées M. Watt. M. de Sauf-
fure a fait voir que, pendant la formation de ces
pellicules dans les extraus de fubftances'végétales,
laqu.Ile exige le CO nt - et de 1 air, le gaz oxigène
étoit changé en acide carbonique ; qu’il fe formoit
en même tems de l’eau par l’union plus intime de
l’oxigène & dé l’hydrogène contenus dans la fùbf-
tance, & que le réfidu avoit priVpar-là un excès
de carbone : d où vient que, dans les expériences
de Watt, ces pellicules n’ont pu fe di(foudre qu’en
partie, & que leur diffolution a été brune. Les
parties rouges perdent auffi de leur folubilité, &
fe rernbruniffent par l’ébullition, fans 1 influence
de I air atmofphérique : la caufe de cette dernière
altération n eft pas encore déterminée pari’expérience.
, r
« La potaffe &: lé carbonate de potaffe augmentent
la folubrlité des deux parties colorantes, fans
accélérer l’effet d’oxigénation ; en forte qu’il pa-
toit avantageux d’en ajouter une' petite quantité
à«x bains de garance, i
» La diffolution d’étain ne dbrtrteque des laques;
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f rfontI* couleur eft privée d’éclat,, probablement
parce que les deux espèces de parties colorantes
ont egilement précipitées. Ce mordant, dont
les avantages font fi grands dans un grand nombre
oe teintures, peut à peine être utile dans celles
de la garance. Nous verrons cependant qu’il eft
P1 opte à relever l’éclar du rouge d’Ahdrmopîe ;
mais c eft a une époque de l’opération où la partie
fauve a été éliminée. »
Les confédérations que nous venons de prefen-
ter ne font en partic que des conjectures propres
? exP'quer les propriétés que l’on obferve dans
les differens procédés auxquels on foumet h garance.
Nous fuppofons , par exemple, ftexiftencé
de deux efpëcès de parties colorantes j mais il eft
poffmle que ces deux- fubflan.es foient dérivées
d une feule, qui fe réfôlve eh deux par les opérations
fuccelfives qu’elle fubit. ’ P
GAUDE. La gaude ( refeia luteola de LinnéVeft
une plante fort employée en teinture pour donner
la couleur jaune, ( Voyeç çe qu’en dit M. Berthelet
dans fes Elémens de f art delà teinture )
Cette plante eft fort commune aux environs dé
I aris, dans la plupart de nos départemens, &dans
une grande partie dt» refte de l’Europe, & c. Toute
la plante, excepté la racine, fert à teindre en
jaune. . . . *
On diftingue deux fortes de gaude ; la gaude bâtarde
ou fauvage, qui croît naturellemént dans les
campagnes, & la gaude cultivée, qui pouffe des
tiges moins hautes'& moins-greffes. Cetre der-
mere eft préférée pour la .teinture ; elle eft beaucoup
plus abondante en parties colorantes : elle
fines autantPlus eflm’ée, que les tiges en font plui
Lorfque la gaude eft mûre, on l’arrache, on la
° n la qu elle eit employée. met en bottes : W k ainfi
Lorfque la décoaion de gaude eR bien chargée,
elle a une couleur jaune tirant fur le brun : fi on
I etend de beaucoup d’eau, fon jaune, plus où
moins c l a i r , tire un peu fur le vert.
Si on ajoute à cette décoaion un peu d’alcali,
fa couleur fe fonce.,.& ,1 fe fait, après un certain
tems, un petit précipité cendré qui n’eft pas foluble
par les alcalis. r
En général les acides rendent fa couleur plus
>aie, o£ jr occafionnent un petit précipité que [@8
Icahs peuvtnt diffoudre en prenant une couleur
J.une tirant fur le brun.
L’alun ÿ forme nn précipité jaunâtre; la liqueur
qm fumage retient une belle couleur citron. Sî
1 on verfe une folution d’ alcali far cette liqueur,'
il fe fait un précipité d’un jaune-blanchâtre , folu-
éoîo°’ nS S a ca‘ls ’ niais la liqueur refté toujours’
Là diffolution de muriate de foude & relie de
fnuriate d’ammoniaque troiiblent la liqueur en’
rendent d'abord la couleur fin peu plus foncée/'
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•eu â peu 11 fe forme un précipité d’un jaune-
foncé, & la liqueur qui fumage, conferve une
couleur jaune-pâle, tirant un peu fur le vert.
La diffolution d étain produit un précipité abondant,
d un jaune-clair ; la liqueur refte long-tems
trouble, mais peu colorée.
1 Le fulfatede fer produit un.précipité abondant,
d un gris-noir; Ja liqueur qui fumage, revient une
couleur brunâtre.
Le fulfate de cuivre forme un précipité vert-
brunâtre ; la liqueur qui fumage , confer-ve une
couleur verte-pâle.
La couleur jaune que la gaude communique à la
lainè.a peu de folidite fi la laine n’a été préparée
auparavant par quelques mordans. C eft de l'alun
& du tartre qu’on fe fert, & par ce moyen cette
plante donne le jaune le plus pur, & cette couleur
a l’avantage d'être folide.
Pour le bouillon, qui s’exécute de la manière
Ordinaire, M. Hellot preferit quatre parties d’alun
pour feize de laine, & feulement une de tartre ;
■ cependant plufieurs teinturiers emploient la moitié
autant de tartre que d’alun : .le tartre rend la
Couleur plus claire, mais plus vive.
Pour le gaudage, c'eft-à-dire, pour teindre avec
la gaude, on fait bouillir dans un bain frais cette
plante enfermée dans un fac de toile claire, qu’on
charge d’une croix de bois pelant, pour qu'il ne
s élève pas au haut du bain. Quelques teinturiers
la font bouillir julqu à ce qu’elle le précipite au
fond ée la chaudière,.après quoi ils abattent def*
fus-uh'e champagne ; d'autres enfin la retirent avec :
ùn rateau loffqü'elle eft cuite, & ils la jettent.
M .‘Hellot pteferit Cinq à fix parties de gaude
pour chaque partie de drap ; mais on emploie rarement
une quantité aufii confidétable , üc l'on fe
contente de trois ou q-uatre parties, ou même de
beaucoup moins. Il elt vrai que plufieurs teinturiers
ajoutent à la gaude un peu de chaux vive & de
tendre, qui favorifentTextraâion des patties col
forantes ix qui rehauffent leur "couleur, mais qui
ren même tems la rendent fujète à changer par l’action
des acides. Au refté, la quantité degaude doit
être proportionnée à la nuance plus ou moins foncée
que l’on veut obtenir.
On peut teindre à la fuite des premières mifes
pour obtenir des nuances de plus en plus foiblesi
«n ajoutant de l’eau à chaque mite, & en tenant
le bain bouillant; mais les nuances claires que l'on
'obtient par ce moyen n’ont pas autant'dp vivacité
■ que lorfqu’on s’efl: fervi des bains frais, en ‘proportionnant
la quantité de gaule à la nuance que
1 on veut obtenir.
Si l’on ajoute du muriate de foude dans le bain
■ de gaude, fa couleur en devient plus facürée &
■ plus foncée : le fulfate de chaux ou gypfe la rend i
-auffi plus foncée ; mais l’alun la rend plus claire &
plus vive, le tartre plus pâle. Le fulfate de fer où ‘
Vitriol la fait tirer au brun. On petit modifier les
-nuances qu on obtient de-la gaude par de lenibia-
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blés additions j, par les proportions de gdu.de, par
la duree de 1 opération & par les mordans que l’on
c ^mP °y e? P0lJr la préparation de l’étoffe. Ainfi
Sthsffe.r dit qu’en faifant bouillir la laine pendant
deux heures avec un quart de diffolution d'étain
& un quart de tartre., en la lavant & en la faifant
bouillir quinze minutes avec une égale quantité
de gW e , elle prend une belle couleur, mais qui
ne pénètre pas dans l'intérieur. M. Poerner preferit
aufii de préparer le drap comme pour la tein-?
ture en écarlate : par ce moyen on donne plus
d éclat & de foiidité à la couleur , qui, toutes
chofes'égales, eft auffi plus claire.
On peut encore modifier.Ja couleur en paffant
le drap , au lorrir de la teinture, dans un autre
bain : ainfi, pour faire un jaune doré, on paffe le
drap qui fort du gaudage dans un bain léger de garance,
& pour lui donner une couleur tannee on
le paffe dans un bain que l'on a fait avec un peu
de fuie. On parlera de ces moyens en traitant des
brunitures.
Pour teindre la foie en jaune franc, l’on n'emploie
pas ordinairement d'autre ingrédient que la
gaude .-.Ja foie doit être cuite à raifon de vingt
parties de favon fur cent, enfuite alunée & rafraîchie,
c’eft-à-dire, lavée après l’alunage.
On fait un bain avec deux parties de gaude.pouf
la quantité de foie, & après un bon quart d’heure
d ébùLition on U filtré à travers un tamis ou une
toile dans une barque : lorfque ce.bain eff affez
refroidi pour pouvoiry'tenir la main, on y plonge
la foie, & on la life jufqu’à ce.qu’elle foit unie.
Pendant, cette ;opération on fait bduillir la gaude
une fécondé fois dans de nouvelle eau ; on rejette
environ la moitié du premier bain, & on la rem-
place par le fécond Doiiillan. Ce nouveau bain
peut être employé un peu plus chaud que le premier
; cependant il faut éviter une trop grande
chaleur^par laquelle une partie de la couleur qui
s’eft déjà fixée fe difloudroit. On life comme la
première lois, &r pendantice tems-là onrfait diffoudre
de la cendre gravelée dans une partie du
fécond bouillon : on retire la foie du bain pour y
ajouter plus ou moins de cette diffolution, fuivant
la nuance que l’on defire. Après quelques Iffes .on
tord un matteau fur la cheville, pour voirffi la
couleur eft allez pleine & affez dorée. ,Si elle ne
1 eft pas affez-, on ajouté encore un peu de leffiv©
alcaline , dont la propriété eft de foncer la couleur
de lui donner.Une:nuance dorée. L'on continue
de procéder comme auparavant, jufqu’à ce que
la foie foit parvenue à la nuance qu’on veut lui
donner : on peut auffi ajouter la leffive alcaline
dansüe tems qu’on ajoutecké fécond bouillon de
gaude, ayant .toujours l’attention que le bain ne
doit pas trop chaud.
Si l'pn veut .faire des jaunes plus dores, fetirant
-ftff‘le jonquille ; il faut , en même tems que l'on
met la cendre- dans te bain, y ajouter du rocou à
proportion de la nuance que l’on veut avoir.