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Les produits ont été <
Pour délivres de rapure d'ivoire ,
Colle tranfparente............................... 9 liy. ï
Marc fec, lequel n'offroit plus qu'une
poudre friable............................... 30
Total........ ................................... 29 a.
Perte..................... . , .................. 10 §
H
Nous n'avons pas eu la quantité de colle que
nous .devions obtenir , parce que les. chaleurs
étant furvenues , une partie de la colle coula
fur les filets , & il y en eut un peu de perdue.
Nous avons auifi obfervé que la colle d'ivoire ,
en fâchant, fe couvrait d'une efflorefccnce fa-
line : nous l'attribuons aux divers fels que les
ouvriers emploient pour amollir l’ivoire afin de :
pouvoir la travailler. Cette colle auffi fe trouve
beaucoup plus colorée que celle faite avec la
rapure des os , mais elle n'en eft pas moins
bonne pour cela.
Dans les diverfes expériences que les commif-
faires ont eu occafion de faire , il a été obfervé
que , pour avoir des colles peu foncées, il fai-i
loit les tenir le moins poflible j fur le feu. Les
gelées en général acquièrent un peu de couleur *
dans leur defficcation à l'air, mais elles en ac-
quièrent bien plus par l’évaporation à laquelle
il faut foumettre les liqueurs pour les concentrer
&. les porter à ce point ou , par le refroi-
dilfement, elles puiffent fe prendre en gelée. Il
paraît donc aux commiffaires , que la tranfpa-
rence & le peu d'intenfité de couleur des colles
de Flandre tiennent à ce que l’on, met le moins
d’ eau poflible pour extraire la gelée ou diiloudre
les fubftances qu'on emploie à leur fabrication ;
qu'elles tiennent encore à ce qu’on la laifle le
moins poflible fur le feu, & qu'on coupe la gelée
en tablettes moins épaiffes, qui çonféquemment
font plus tôt fèches. il a paru aux commiilaires,
que l'imperfeétion des colles communes étoit due
à ce que l’ on tenoit plus long-téins fur lé feu ces
dernières, & que l'on employoit une plus grande
quantité d'eau pour extraire plus parfaitement
la partie^ gélatineufe ; il leur a paru'encore que
l ’intenfité de couleur de ces colles tenoit à ce
qu'on les rapprochoit trop ; ce qu'on fait particulièrement
, afin d'avoir une gelée plus
confiftante, & qui d'après cela eft bien plusaôt
feche.
A l'appui de ces obfervations les commilfaires
ont confîdéré la colle, dite colle de poiflbn. L'on
fait que cette fubflance, que la Ruflie nous fournit,
n'eft que les vélicules aériennes ,de certains
poiffons d'eau doucé , particuliérement du
béluga, qui eft un poiflon des plus, grands que
l'on trouve dans les rivières.de Mofcoviéj .elle
n’a reçu d’autre préparation qu’une fimple deflic-
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cation à l ’air : voilà pourquoi fa diffolution dans 1 eau fe trouve claire & fans couleur. L'on trouvera’certainement
dans les poilfons beaucoup
de parties propres ! faire de la colle-force d'une
,bonne qualité. Nous avons ouï dire, & M. Chevalier,
de la fociété royale de Londres, a imprimé
dans les recueils de cette fociété lavante
, que l'orï préparait en Ruflîe de la colle-
force avec des matières gluantes qu’ on féparoic
des poiffons qui fe trouvent en abondance dans
la mer Cafpienne & dans plufieurs cantons au-
delà d'Aftracan, dans le Wolga , Lyak j je Don, 8c même jufque dans la ..Sibérie, où ils font
connus fous le nom de klé ou kla.
ry.’Lorfque la colle de poiffon nous arrive en
France , elle fe trouve noire & enfumée : on |
la blanchit par la vapeur du foufre. L’on ne
peut blanchir les colles-fortcs par le même procédé
, parce que la colle-forte forme un corps
fondu Si compatâe, que la vapeur du foufte ne
pourrait pénétrer. 11 n’en eft pas de même de
la colle-Ae poiffon, qui n'eft qu'üne réunion de
parties fibreufes, qui font appliquées par fimple
contaét les unes aux autres , & qui laiffent en-
tr'elles un vide que l'oeil ne peut diftinguer,
mais que la vapeur du foufre pénètre : voilà
pourquoi on réuffit par ce procédé à blanchir
les colles de poiflons.
D'après ces dernières données , nous croyons
que , dans beaucoup de circonftances où l'on
emploie une diffolution de colle de poiffon à
caufe de fa blancheur, l'on pourrait lui fubf-
tituer une gelée blanche , que l'on préparèroit
par une courte ébullition de rapure d'os dans
le-, moins d'eau poflible'. La gelée que l'on obtient
eft a (lez blanche,4 & l’on pourrait lui donner
une bien plus grande blancheur en lui ajoutant
, encore chaude, un peu d’eau chargée d’acide
fulfureux, & en'agitant le mélange pour que
l’acide fulfureux Toit mis en contact avec toutes
• les parties de la colle: Cette expérience nous
a très-bien réuflî , comme vous le verrez par
L ies èffais que nous mettons fous lés veux des
membres du bureau.
On pourroit encore gaffer les os ou autres
fubftances avec lefquelles on voudrait préparer
de la colle , dans une eau légèrement chargée
d’acide fulfureux. Cette opération préliminaire ,
peu couteufe (quand on en aura indiqué' les
moyens), blanchira les matières, & les difpo-
fera à fournir la gelée avec plus de facilité.
L'un des commiffaires a blanchi de l'ivoire qui
avort jauni par la vétufté, en la paffmt dans de
l'eau faturée de gaz acide fulfureux. Les aits
pourront mettre à profit 8c tirer un grand parti
de ces obfervations pour le blanchiment des
fubftances animales, telles que la laine „ la foie ,
&cc. Il n en a ete queftion dans ce rapport que
parçe qu’on a cru mtéreffer les artiftes en leur
indiquant quelques faits 8ç idées neuves , en
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même tems qu’on leur rendoit compte des procédés
nouveaux. , _ | IgÉf
Revenons aux procédés de Grenet. Cet ar-
tifte a propofé de faire de la colle-force fufon
Angleterre, avec de la rapure des os ; 8c il
n’eft pas douteux que cela ne fut praticable avec
avantage , puifque la rapure d'os ne vaut que
rjliv. le quintal , & que l ’on peut en retirer en
poids un fixième d’une très-belle colle, analogue
aucelle d’Angleterre > que l’on vend aujourd hui
46 fous la livre. Ainli , quels que foient les
irais de fabrication » il y auroit certainement du
bénéfice. L’on pourroit de meme faire de . la
colle-forte façon de Flandre, en fuivant les précautions
que nous avons indiquées dans notre
•rapport : nous p^éfentons au bureau les effais
qui ont été tentés pour faire avec des os de la
çolle façon de Flandre. Nous le répétons : la cou*
leur plus ou moins foncée des colles-fortes eft
due à ce que l’on tient plus ou moins de tems
lès liqueurs fur le feu > nous nous en fomrnes
aflurés en préparant de la colle forte avec une
diiïolution rapprochée fur le feu , de colle de
poiflon dans l’eau : le produit a été une colle-
forte analogue , pour la couleur , à celle dite
façon <£ Angleterre. De même une gelée blanche
faite avec des rognures de parchemin, ayjnc été
rapprochée fur le feu & enfuite mife en tablettes ,
a donné une colle-forte d’une couleur fonc.ée, mais
tranfparente & analogue à celle dite d’Angleterre.
„ Grenet propofe encore de tirer parti des
marcs d’os après en avoir extrait la gélée , &
d’en préparer un noir d’os qui feroit de vente.
A cela nous obferverons que ce n'eft point la
partie terreufe dans les os qui fournit le noir j
c'eft la partie gébtineufe, qui fe charbonne &
donne le plus beau noir, parce q l’elle fe trouve
bien garantie par les parties terreufes ou phof-
phate de chaux, du contaét de l’air, & particuliérement
par les vaiileaux fermés dans lesquels
on les met pour les foumettre à l’aétion
du feu. Ainfî les os , parfaitement épuifés de
gelée, ne donneront pas de noir j mais comme
il eft difficile de les épuifer en totalité-, alors
cette portion de gélée donnera du noir, mais
en moindre quantité 3 & çonféquemment d’une
richefle moindre que celui des os qui n’ ont nullement
été dépouillés de gelée. C ’eft auffi à la
grande quantité de gelée que contient l’ ivoire ,
qu eft due la richefle du noir que l’on prépare
avec cette fubftance.
La colle d’o s, faite par le procédé de Grenet,
a les propriétés fuivantes. Lorfqu’on en met un
petit morceau dans l’eau froide , elle fe gonflé
au bout de vingt - quatre heures, comme font
les bonnes colles , & le morceau conferve fa
forme : féchée enfuite, elle revient à fon premier
poidi. En général, deux parties de colle fè.he
peuvent abforber trente parties d’ieati| de même
trente-deux parties de gelée peu confiftante ne
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laiflent que deux gros de colle bien feche. Les
colles d'os de Grenet ont été eflayées & reconnues
de très-bonne qualité par plufieurs artiftes :
nous citerons MM. Froft, ébénilte, rue Croix-
des-Petits-Champs > Lequeux , de même ébé-
nifte, rue du Four-Saint-Germain ; Merken ,
fadeur de forte-piano,& Henoc, maître luthier,
qui fe fpnt aflurés de la bonne qualité de ces
colles y & en ont donné des certificats.
Le travail de Grenet eft du nombre de ceux
qui demandent à être pris en confédération. L’on
y propofe non-feulement la fabrication d’une
marchandife que nous retirons de l’étranger en
très-grande quantité , mais encore l’on propofe
, pour cette fabrication , des produits qui
font très-abondans , & dont on fait peu d’u-
fage. C ’eft ce qui détermine vos commilfaires à
vous propofer de récompenfer les travaux de
Grenet, particuliérement pour la perfe&ion que
cet artifte a donnée aux procédés qu’il indique
pour faire de la colle d’o s , dont la beauté & la
qualité égalent celles des colles étrangères , &
dont le prix fera d’ailleurs moindre.
En répétant le procédé de Grenet, les com-
miflaires ont eu occafion de faire diverfes expériences
fur la colle-forte : ils fe font aflurés ,
par exemple , que la rapure de corne ne four-
nifloit point de colle-forte.
C olle de poisson. Voye^ Icthyocolle-.
COLOPHANE ou COLOPHONE. C ’eft un
fuc réfineux, épaiffi & dcffikhé fur le feu , qui
provient de la réfine de différentes efpèces de
fa pi ns , & furtout de lapèce ou pefle qui produit
la poix. On s’en fert dans quelques op rations
chimiques appliquées aux arts , & pour quelques
compofitions emplaftiques.
On en' retire par le feu une huile volatile ,
fort femblable à l’eflence de térébenthine ; elle
fournit, en brûlant, une grande qnantité de charbon,
entraîné au defl’us de la flamme, & qui fe
condenfe facilement en noir de fumée.
Elle fe fond a fiez facilement , & c’eft un
moyen delà purifier : on la filtre toute fondue à
travers des linges ferrés, la partie qui pafle ainfî
eft.beaucoup moins brune & beaucoup plus tranf-
parénte que celle qui refte fur le linge. C ’eft
ainfi qu’on prépare celle qui fért à frotter le
crin des archets & quelques cordes d’inftru-
ment.
On confond quelquefois la colophane avec Par-
cançon : ce dernier, fuc réfineux provient de la
réfine liquide du pin maritime, du pin aux pignons
doux, épaiffie fur le feu, filtrée enfuite
dans des nattes de paille , & coulée dans des
moules creufés fur le fable. Ce dernier , l’ar-
cançon , qu’on nomme auffi brayfec , battu avec
'de l’eau lorfqu’il eft en fufion , prend une couleur
jaune-dorée 3 devient opaque, & forme ce