Il feroit trop long de décrire toutes les manières <
de griller le minéral de cuivre, qui font en ufage.
da-ns les différens pays où Ton exploite,des mines.
Il faut confulter Schlutter & nos Voyages métal-
lurgiques.
Le le&eur peut voir auflü au mot Argent ,
dans ce Dictionnaire, le grillage de ces.minerais
pyriteux. Voyez aufll, au mot Soufre , la ma- '
nière de Chefly en Lyonnois, de griller à l'air
libre les minerais de cuivre,.pauvres en ce métal,
& d'en obtenir une partie du foufre..
En général, les minéraux de cuivre très-ful-
fureux doivent être grillés en grand volume à
la fois afin de ménager le combuftible : ils n'ont
befoiiî que de la quantité de bois qui leur eft né-
ceflaire pour allumer le foufre qu'ils contiennent ,
& qui alors fe brûle de lui-même: il y auroit de.,
l'inconvénient de mettre trop de bois, car la
grande chaleur feroit fondre le minéral, & l'évaporation
du foufre ne pourvoit plus avoir lieu.
Dans plufieurs établiflèmeusde fonderies, on
eft dans l'ufagé de faire des grillages qui ne
contiennent que quelques centaines de quintaux,
de minéral; dans d'autres, on en met plufieurs
milliers de quintaux à chaque grillage ; ce qui
eft beaucoup plus avantageux que les petits grillages
: il eft vrai que les premiers reftent beaucoup
plus long-tems en feu que les derniers.
Griller ou rôtir du minéral, c'eft le mettre fur •
du bois qu'on allume, afin qu'en brûlant il fafîe
rougir le minéral, qu'il en dilate les pores, qu'une
partie du foufre fe brûle ou sfévapore en fumée:
alors le métal fe trouve, par la fonte qui s'en
fait enfuite, rapproché dans un petit volume de
mattes qui contiennent encore beaucoup de foufre,
qu'il en faut aufli chafler par des grillages, ainli
que nous le dirons plus loin.
Chaque pays a fa méthode de fondre les minerais
de cuivre ; les uns dans de petits fourneaux
à manche, en les ftratifiant avec des charbons;
d'autres les traitent dans de hauts fourneaux ; les .
Anglais fe fervent de fourneaux à réverbères,
dont la flamme du combuftible met le minéral en
fufion : ce fourneau, qui leur fert pour toutes les
efpèces de minerais, eft détaillé au mot Plomb.
Les fourneaux à fondre les minerais de cuivre
diffèrent,non-feulement dans leur forme & leurs
proportions, mais aufîi dans la manière de les
préparer, les uns avec brafque.pefante & avec
une trace, les autres avec brafque légère & fans
trace.
L'on n’a pas encore affez généralement adopté
]'ufage de fondre les minerais de cuivre dans dès )
hauts fourneaux; ils font beaucoup plus avantageux
que les petits ; i!s économifent au charbon,
& la fonte y va plus vite que dans les petits ;
d'ailleurs leur hauteur permet aux minerais de fe<
griller, 8c de perdre une partie de leurs fubf—
tances volatiles avant que d'entrer en fufion ;
ce qui eft encore un avantage. Nous confeillons
l’ufage des hauts fourneaux , particuliérement
pour la fonte des minerais pauvres & réfraétaires :
ceux du comté de Mansreld, plus larges dans
leur partie poftérieure , que■ fur le devant, font
très-Dons : on peut voir ce fourneau fur la planche
XXIII de nos Voyages métallurgiques, tom. II :
l ’on y fond, par femaine, fix cent foixante-douze
quintaux dé minerai de cww-e fchifteux très-réfractaire:
, avec cinquante-fix quintaux de fcories, 8c
quarante-deux quintaux de fpath fufible , qui en tout
font fept cent foixante^dix quintaux ; ces deux dernières
fubftances font employées comme fondans.
De la fonte des fix cent foixante-douze quintaux de
minerai, il n'en réfulte qu'environ quarante quintaux
de mattes, que Ton fond en cuivre noir, au
même fourneau après avoir été grillées à fept feux
dans des. fourneaux fermés de trois murs. Les minerais
de Mansfeld ne contiennent en général que
trois livres de cuivre par quintal; mais comme ce cuivre
contient de l'argent, on l'en,extrait parles procédés
en ufage , que le leéteur trouvera au mot
Liqua tion. Les hauts fourneaux dont nous venons
de rendre copnpte font d'autant plus avantageux,
que l'on y continue la fonte fans interruption
pendant.feize jufqu'à dix-huit femaines de fuite.
Comme les petits fourneaux à manche font
plus en ufage que les hauts fourneaux pour le
traitement des minerais de cuivre , nous allons
donner la defcription de ces fourneaux 8c des
procédés de la. fonte. Nous avqns dit qu'à Manf-
feld on fait griller les minerais de cuivre avant
de les fondre; nous traiterons ici de la fqnte
crue, C'eft-à-dire^ de celle qui fe fait des binerais
fans avoir paffé aux grillages : ce procédé
étant exécuté avec intelligence aux mines de
Baigorry dans les:Pyrénées, nous croyons devoir
le rapporter ici.
Fonte crue des'minéraux de cuivre.
Deux fourneaux pour cette fonte fontattenàns;
ils ne font féparés que par un mur mitoyen ; leur
' longueur * depuis la tuyère jufqu'au devant, eft
de trois pieds ; leur largeur dé vingt pouces ; la
doublure, en pierre réfraCtaire, de l'épaifleur de
vingt pouces ; les canaux d'évaporation, de trois
pieds plus bas que le foi de la fonderie. La hauteur
de la chemife ou du devant de ces fourneaux eft
de quatre pieds & demi, à partir du deflous de
la pierre d'oeil : une cheminée , foutenue fur les
piliers, fert à ces deux fourneaux. La préparation
de ces. fourneaux fe fait avec une brafque com-
pofée de deux parties de charbon & une d’argile
féchée^le tout bocardé, tamifé 8c humeCté.
La brafque bien battue dans les fourneaux prend
immédiatement en defîbus de la tuyère qui eft de
cuivre, & va en pente égalé jufqu'à la pierre d'en-
caiflement du devant de chaque fourneau : cette
pente eft de neuf pouces. Lorfque la brafque eft
I bien confolidée , on creufe dèdans & au milieu
une trace de huit pouces de largeur , qui > du
deflous de la .tuyère , va en pente jufqu’à la partie
inférieure de. la chemife, où elle a onze pouces
de profondeur. Le baflin de l'avant-foyer, qui fait
la continuation de la trace, excède de neuf pouces
la partie antérieure de la chemife. Le baflin de
réception ou de percée, qui eft au niveau de l’aire
de la fonderie, eft préparé avec de la même brafque,
dans laquelle on met un peu de fable ; ce* i
baflin fert à y faire couler les matières en fufion,
contenues dans les buflins de l'avant-foyer des'
deux fourneaux,’
Deux trompes donnent le vent à ces deux;four-J
neaux ; elles font plus avantageufes 8c beaucoup?
moins coûteUfes que des foufflets ordinaires : chacune
de ces trompes eft compofée de deux parties1
principales, la barrique ou tonneau dans lequel;
l'eau fe précipite, 8c l'arbre, creux placé vertica-'
lement, le tout ayant trente pieds de hauteur ; le!,
tonneau, cinq pieds de haut 8c autant de diamètre ;f
l'arbre, qui cricri d’UD f ’Cd , Z)\
vingt-fix pieds de longueur ; il eft çreufé, favoir
les cinq pieds du haut en forme de cône tronqué ,j
dont la plus grand diamètre, qui reçoit l'eau du
canal, a un pied de diamètre, & fa partie inférieure
, qu'on appelle l'étranguillon, n’a que quatre*
pouces de diamètre. Les vingt un autres pieds def
l'arbre font creufés , jufqu'à fon extrémité infé-j
rieure , de fix pouces de diamètre. Au deflous &|
près l ’étranguillon font quatre petits trous dans le*
pourtour de l'arbre., qui, dans une pofition incli-i
née, pénètrent à fon intérieur : ces trous, qu’on\
appelle trompilles, font un peu plus grands en;
dehors qu'en dedans, où ils n'ont que dix-huit;
lignes de hauteur fur un pouce de largeur ; c'eft;
par où l’air entre inceflamment, 8c d'où il -eft)
: précipité par le poids de la colonne d'eau conte-;
nue dans l'entonnoir ou cône tronqué. Cet air eft|
conduit par un porte-vent qui, de la partie fripé-?
rieure du tonneau, répond dans la tuyère qui eft;
de cuivre, 8c inclinée vers l'intérieur du fourneau!
de deux degrés.
Les deux fourneaux étant préparés ainfi que nous;
l'avons d it, l'on met un panier de charbon dans!
chacun; on en met aufll dans le baflin de récep-?.
tion ; on allume ces charbons le dimanche à cinq?
heures du foir ; on en ajoute de tems en tems,j
enfin, on entretient ce feu jufqu’au lundi matin!
cinq heures, que l’on commence la fonte.
Préparation du minerai , & composition des charges. 1
On étend vingt quintaux de: minéral , trié &•
caffé en petits morceaux, fur l'aire de la fonderie,)
8f par-dèflus deux brouettées de fcories provenant's
delà fonte du cuivre noir, 8c avec à peu?
près autant de mâche-fer d?une.forge voifine , ou,
à leur défaut, de la pierre à chaux un peu calcinée, j
8c réduite en morceaux de la groffëur d’une noix
tout au plus. Le mâche r fer, en abforbant une'
partie du foufre, fe fcorifie avec lu i, &r procure
la;fluidité convenable aux matières; la pierre calcaire,
fe réduifant en chaux, produit à peu près
le même effet.
Lefchlich, qui eft un minéral en pouflière, fe
préparediffère mènent. Sur trois parties de ce minerai,
on ajoute une partie de chaux vive, que
l'on étéint dans une fuffifante quantité d’eau, après
quoi on y ajoute le fçhlich, 8c alors deux hommes,
avec chacun un rouable, agitent jufqu’à ce que le
tout fqit "bien mêlé -réduit en une efpèce de
mortier-épais, que l'on met en un monceau pour
être fondu ainfi que nous le dirons ci-après. Là
chaux ajoutée ici fert , non-feulement d’abforbant
au foufre, mais elle ëft néceffaire pour lier le
minéral, qui, étant en pouflière , feroit en partie
enlevé dans la cheminée par le vent de la trompe,
ou il couleroit entre les charbons jufqu'à il fond du
fourneau fans avoir le tems d’entrer en fufion.
Les minérais difpofés ainfi que nous venons de
le rapporter. o« procédé à dcur fonts d§ la manière
fuivante. On remplit les fourneaux de charbon
, environ aux trois quarts de leur hauteur, &
on y porte la première charge de minerai, en ob-
fervant d'y ajouter des fcories pures, afin qu’en
fondant elles puifîent s’attacher à la tuyère &
former le nez. Auflitôt que la charge eft faite, on
-donne lèvent aux ‘fourneaux. Lorfque la première
charge eft baiflee un peu.au deflous de la partie
fupérieure de.la chemife, on porte la fécondé, 8c
ainfi de fuite. Chaque charge eft toujours corapo-
fée de quatre paniers de charbon de bois, pefant
chacun environ vingt-cinq livres ; ce qui fait pour
chaque fourneau à peu près cent livres dé ce
combuftible. Sur chaque panier de charbon des
premières charges, on ne porte que trois conches
ou cafleroles des minerais préparés ainfi que nous
l'avons d it , ce qui ne fait que douze pour les
quatre paniers de charbon; mais après feize à dix-
huit heures de travail, les fourneaux font fuffi-
famment chauffés pour fupporter une plus grande
quantité de minerai ; alors on charge, fur chaque
panier de charbon , quatre cafleroles des matières
,à: fondre; ce qui fait feize pour les quatre paniers.
.Enfin, quand la fonte va bien , chaque panier de
charbon reçoit cinq & même fix cafleroles des
mélanges des minerais : chaque caflerole peut en
contenir depuis vingt jufqu'à vingt-cinq livres.
-Lorfque.:les premiers mélanges font achevés de
fondre, on en entame d'autres que l’on a foin de
préparer d'avance.
Chaque charge^eft depuis une heure & demie
.jufqu’à deux heures à fondre. A mefare que les
matières font mifes en fufion , elles coulent dans
la trace ou rigole du fourneau , ainfi que dans te
baflin ded'avant-foyer. A mefure que les fcories
fe refroiflènr à la furfàce de la matre contenue
dans c e ’ baflin, on les enlève, on en conferve
une partie pour fervir d'addition à la fonte du
cuivre noir ; le furplus eft jeté comme inutile.
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