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derrière, & communique à Tefpa.ce vide qui eft
au deflus de la voie &: entre les deux principaux
murs du fourneau. Le tout s'environne de plaques
de tôles qui repofent fur ces murs parallèles.
Tels font ces foyers ouverts, les plus anciens
de tous les fourneaux de Liquation. Nous nous
fommes attachés à donner une idée générale de
leur forme, fans entrer dans aucun détail dfe di-
menfions, celles-ci étant très-variables. C ’eft ainfî
que les fourneaux de Mauffeldt & de Grümenthall
font plus courts que ceux du Bas-Hartz & du Reth
abfclument les mêmes.
La conduite du travail eft réglée par le but que
l’on fe propofe d'atteindre , qui eft d'entraîner
tout l'argent poflîble des pains de liquation, fans
attaquer fenfiblement le cuivre. Si à cela l'on joint
cette autre confidération que les dernières portions
de plomb font plus difficiles à fondre que
les premières* on fendra de fuite que l'opération
eonfifte principalement à donner une chale ur graduellement
croiffante , & à la ralentir fî l'on s'ap-
perçoit que le cuivre foit prêt à entrer en fufîon.
La voie & le baflin étant enduits d’argile pure
& peu fufible , ainfî que les plaques de fer des
fiéges * on y introduit les pièces de liquation 3 que
l'on pofè de champ les unes à la fuite des autres*
en les efpaçant plus ou moins, félon qu'elles contiennent
plus ou moins de cuivre : on les foutient
par des morceaux de bois qu’on loge entr elles,
puis on remplit tous les intervalles vides de charbon
qu’on arrange à la main, afin qu’il puifleffirvir.
aufli à foutenir les pièces. Lorfque tout eft recouvert
de charbon, on met le feu Ivec des tifons
enflammés, que l’on prend dans le baffiri qu'ils
échauffent. Lorfque le feu eft répandu dans toute
la malfe, on ferme le foupirail où entrée de la
cheminée, afin que la plus grande chaleur fe développe
fur le devant du fourneau. Dès que le
plomb commence à couler en cet endroit, on rétablit
la communication avec la cheminée $ ce qui
rend au courant d’air fa diredtion primiti Je. On
chargé en charbon à mefurè que celui qui"remplit
le fourneau fe confirme* en ayant foin qu’aucuns
des pièces ne fe découvre avant Ton âffaiflemerit.
Si le feu devient trop fort, on retire le'charbon
du bas du foyer, & on y projette même du frazil
pour refroidir. Le plomb de la furface coule le
premier* puis celui du.centre fe fond , fe fépâ're
& vient fu in ter. à' fpn tour à la lurfâce. Les pièces,
en perdant leur plomb & leur argent, fe criblent
de pores & s’affâiflent. Si le feù eft égal * cet af-
faiffement de toutes.les pièces eft fimultané } autrement
on entoure de charbon Celle qui paroît
la moins avancée. L’écoulement du plomb devient
de moins en moins abondant ; âjors on augmente
le feu au bas du foyer, & vers la fin de l'opération
il ne tombe plus que goutte à goutte dans la Voie
qui le conduit au. baffift extérieur * & qui 'eft gar-î-
nie de charbon pour prévenir l’oxidation du métal
fondu. *
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Le plomb d'oeuvre liquide qui remplit le baflin,
eft puifé pour être coulé en lingots. On doit ef-
fayet cet Oeuvré pour connôître fa teneur en argent
, & déterminer par-là s’il peut paffer dé fuite
à l’affinage, ou s'il doit entrer dans un nouveau
rafraîchiflement pour être enrichi.
Le premier plomb qui s'écoule , eft un plomb
affez pur } enfuite il contient fenfiblement du
cuivre , & la proportion de ce dernier croît toujours
à mefure que l ’opération avance. Ce cuivre
eft fcorifié dans l'affinage. (Voye\ et mot.)'
Lorfque les pains paroiffent deiTéchés, 8c qu'ils
ne laiffent plus fuinter de plomb à leur furrace,
on ceffe de charger, on iailîe confumer le charbon
qui refte dans le fourneau , puis on enlève les parois
qui l'entourent. Les pains incandefcens s'obf-
curciifent, dans le refroidiffemem ils fe folidifient
& fe durciffent, & on les retire avec des tenaillés
quand ils font d'un rouge-obfcUr. Ils portent alors
le nom de frifehen-kienjîoccke, pièces de rafraiï-
chiffement deflëchées.
On trouve fur les plaques 8c dans la voie, des
parcelles de, eu ivre imbibées de plomb, qu’on jette
dans le baflin encore chaud, afin qu’elles abandonnent
le plomb qu'elles contiennent. Alors elles
fé nomment épines ou déchets de liquation.
Les pièces defféchées font encore entières : on
les deftine a la torréfattion ou rëjfuage,• opération
qui doit les purger dés dernières portions de p'fêmb
qu’ellès retiennent (voy«q Rissüage ) : le travail
eft conduit par deux aides au rafraîchiJfement. La
confommation eft de deux cent quatre-vingts'à
trois cent quarante pieds cubes de charbon de
bois, pour foixante.pains de liquation.
C ’eft pour économifer lé charbon, y pouvoir
fubftituer des fagots 8c perdre moins de chaleur,
que Schluter conçut, en 1734, l ’idée d'opérer la
liquation dans un fourneau fermé. Le foyer eft le
même que le précédent ; mais à côté il y a un réverbère
ou chauffe avec une grille en briques, au
de flous de laquelle eft un cendrier. Cette chauffe
eft recouverte, ainfî que lé foyer, d’une voûte cylindrique
, âüffi en briques. Sui; un des longs côtés
du fourneau & du côté du liège, eft une ouverture
par laquelle on fait entrer les pains de liquation
, 8c qui fe ferme par une parois de tôlëeitdüite
d'argile, mobile verticalement dans des coubftes
de fer. Tout le fourneau eft futmonté d'une vafte
cheminée où dégorge la fumée conduite par la pe-
. tire cheminée du foyer, placée derrière les fîép’s.
I A l'une des parois intérieures de cette grande
I cheminée eft fixée une poulie , fur laquelle -baffe
1 une chaîne qui fufpend la flaque mobile, 8c va
s’enrouler par fon, autre extrémité autour d’ùn
treuil. Les pains de liquation fe chargent au moyen
d’une tenaille fufpendue à une pareille chaîne } les
fagots fe jettent fur la grille en briques par une
porte antérieure que l’on referme' auffitôt.
Ce fourneau, en ufage au Bas-Hartz, contient
I ordinairement douze pièces de liquation, que l’on
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foutient par des morceaux de bois placés entr’eHes.
On remplit de rondins 8c autres pièces de bois
que Ton taffe , tous l.esv intervalles vides autour
de ces pièces. On recouvre le tout de fagots, puis
on fait defeendre la plaque mobile d’une quantité
égale à la moitié de la longueur de fa courfe totale.
On allume le feu dans la chauffe,.tout s’enflamme *
8c l’on achève alors d’abaiffer la parois mobile.
On charge de tems en teins la chauffe, on.bouche
le foiipirail de la cheminée afin de concentrer la
chaleur fur les pièces de devant 5 puis quand celles-
ci commencent à fuer3 on rétablit cette communication
8c Ton ferme une ouverture antérieure qui
fe trouve au defliis de la voie, & qui fervoitde dégorgeoir
à, la fumée en attirant la flamme fur le
devant du foyer. Si le feu eft trop fort, ce dont
on s’apperçoit par la flamme verte qui s’échappe
à travers les iflîies libres, on le ralentit en diminuant
les charges. L’oeuvré ruiflelle d’abord
avec abondance ; le bois qui eft entre les pièces fe
confume, fe réduit en braife & les échauffe con-
fidérablement. Des.fcories çuivreufes coulent alors
comme dans le rejfuage ( voye% ce mot) , 8c fi le
nombre des pains étpit plus grand, on pourroit
leur faire fubir de fuite cette fécondé opération.
Lorfque l-e plomb ne coule plus, on ceffe. d’alimenter
le feui on lève la porte de tôle, on la-fle
confumer la braife, 8c quand les pièces affaiffees
font un peu refroidies * on les retire avec des
tenailles.
Le plomb obtenu fe moule en lingots. Cette
première liquation dure fix heures-.; celle qui lui
iuccède immédiatement exige un tems moindre.
Le produit eft le même que dans tes fourneaux
ouverts. Dans les premiers on maîtrife mieux le
feu , l’opération eft plus économique * mais elle
eft auffi plus fatigante.
Les fiéges de liquation peuvent être au nombre
de trois à cinq, placés parallèlement les uns aux
autres dans un fourneau à reverbère i voûte cylindrique
; ils font alors entre la chauffe & la cheminée,
ou bien il y a deux chauffes aux deux extrémités
* & une cheminée ou des ventoufes au
milieu.
M. de Genflane 3 dans fon ouvrage fur la fonte
des mines par le charbon de terre , propofe un
fourneau de liquation 3 qui reffemble beaucoup pour
l’extérieur,à un fourneau de coupelle à l’allemande.
( Voye^ C oupellation & Affinage. ) Il eft,
comme celui-ci, circulaire, & furmonré d’un chapeau
de tôle mobile, enduit intérieurement de lut.
A peu près au centre eft une grille où fe place le
combuftible. Tout autour du fourneau règne un
canal circulaire , ou plutôt une rigole formée de
plaques de fonte ou de pierres de grès. On donne
à la brafque de ce canal une pente vers un baffàn
placé à Toppofite de i’ouvreau de la chauffe. Les
pains fe pçffent de champ fur ce canal, 8c on les
aflujettit dans une pofition verticale par des ehe-
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villes de fer encadrées dans les murs du pourtour.
Le cendrier qui conduit l’air à la grille eft un
corridor fouterrain & voûté. Le fourneau a quatre
ouvreaux qui font deux à deux diamétralement
oppofés. L’un, en avant 8c au defliis de la grille ,
fert à introduire le combuftible : c eft par les trois
autres,qu’on infpeôte l’opération. On règle le feu 8c on gradue Téchauffement des pièces, au moyen
de petites cheminées ménagées dans Tépaiflèur du
maffif entre ces ouvreaux.
Le chapeau eft fufpendu à une efpèce de grue
tournante!» On l’enlève quand on veut retirer les
pièces ou les introduire. De l’autre côté du fourneau
eft une fécondé grue garnie de poulies, à
laquelle on fufpend des tenailles qui fervent à
faifir les pains lorfqu’on veut les élever pour les
charger.
Le plomb fondu tombe dans le canal brafque,
qui le conduit au baflin dans lequel on le puife pour
le couler en lingots.
On peut faire de fuite dans ce fourneau les deux
opérations de la liquation & du rejfuage. Pour cela,
lorfqu’on a retiré du baflin l'oeuvre pur provenant
de la Liquation, on augmente le feu, 8c on le
continue ainfî jufqu’à ce qu’il ne coule plus rien.
Par-là , dit l'auteur , on diminue le déchet du cuivre 3
la dêpenje du çombujlible & la main-doeuvre. Nous
doutons qu’on diminue par-là le déchet du cuivre :
les opérations qui fe font dans les fourneaux à réverbère
, tendent en général à oxider les fubltance-s
qui y font fourni les. Il eft vrai que dans ce cas on
brûle de la houille» d’où il s’échappe en vapeurs
beaucoup plus de parties combulhbles non brûlées
, que du charbon de bois} mais auffi ces vapeurs
peuvent être fulffireufes, 8c d’ailleurs le
courant d’air doit être plus fort & plus rapide
que pour le charbon de bois, il feudroit donc fa-
voir ici quelles font celles de ces caufes qui font
prédominantes.
Ce fourneau n’a pas été en ufage : fa conftruc-
tion eft difpendieufe, mais il eft permis de croire
que fon emploi pourroit être avantageux. Les com-
buftiblës employés généralement dans la liquation
font le charbon de bois 8c les fagots. Schlutter a
eflayé d'y fubftituer la tourbe feule, & les réful-
tats obtenus ont été fatisfaifans} mais on brûla
une plus grande quantité de tourbe que de charbon
pour arriverai! même produit. Le rapport des
confommations eft celui de trois à deux.
Ce n’eft qu’en Allemagne , dans la Bohême 8c
en Hongrie, que l ’opération de la liquation eft
ufîtée. Nous ne connoiffons pas hors de ces pays*
de mines de cuivre argentifère* traitées ainfî parle
plomb.
La liquation n'eft pas bornée , dans les arts métallurgiques
, à féparer l'argent du cuivre par le
plomb, elle fe pratique auffi fur d'autres combi-
naifons métalliques , 8c c'eft par leur expofé ra-
.pide que nous terminerons cet article.