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l’oxidaron à l’air & la fufion , ou l'oxidation par
le niere de fulfure d’antimoine. ( Voye% l'article
Antimoine ô* les mots Safran des métaux. )
Crocus Marti s. On nommoit quelquefois
air.fi 3 même dans les ouvrages français , un oxide
de ter rougeâtre. On l'appcloit plus fouvent fafran
de Mars , apéritif ou aftringent. ( Vby% les mots
Fer & Safran de Mars. )
Crocus metallorum , expreffîon prefque
fiançaife par une ancienne habitude, fouvent traduite
par celle de fafran des métaux , par laquelle
on délignoit l’oxide d’antimoine fulftiré, obtenu
par le nitre. ( Voye^ Crocus d’antimoine. )
CRUCHES rafraîchissantes. On nomme
cruches rafraichiffantes ou alcarazzas d’Efpagne 3
des vaiffeaux de terre, poreux & très-peu cuits ,
dans lefquels l’eau fe rafraîchit par l’évaporation
qui s’en fait à leur furface, en raifon de leur po-
rofité.
On fabrique de ces efpèces de vafé en Egypte ,
en Efpagne & en France : les premiers font faits
avec une terre grife, affez groffière & peu cuite.
Ceux d’Efpagne font jaunes ou blanchâtres, & ont
reçu un degré de chaleur plus fort. Les alcarazzas
de France, dont l’invention ou au moins l’imitation
elt due à M. Fourmy, auquel l’art delà poterie a ,
fous beaucoup d’autres rapports, des obligations,
font fabriqués avec une terre blanche groflière, j
affez fortement cuite. Us rempliffent bien leur !
objet : la température de l’eau qu’ils contiennent,1
étant expofésà un courant d’air, defeend toujours
de y à 6 degrés au deffous de celle de l’air ambiant,,
différence extrêmement fenfible & très-agréable
ne été.
Pour donner à ces vafes la propriété de làiffer
tranffuder l’eau, il faut mêler aux argiles crües une
quantité convenable de fable groffier ou de ciment
pulvérifé, 8ccuire la pâte médiocrement, afin qu’il
relie dans la poterie qui en réfulte, une fomme de
pores affez grands pour que l’eau y puiffe paffer.
Il faut queces pores foient fuffifamment nombreux
& également répandus fur toute la furface des vafes,
pour qu’ils fourniffent autant d’eau que l’air ambiant
peut en diffoudre dans les circonftances les
plus favorables à cet effet, c’eft - à - dire, quand
l'air eft chaud 8c agité.
L’on conçoit aifément en effet qne fi l’eau ne
tranfpiroit pas dans une proportion égale à fa dif-
folution dans l’air, la furface du vafe fe defféche-
roit, 8c l’eau ne Je refroidiroit que très-peu. L’on
conçoit de même que fi les pores de la matière
étoient auffi grands pour que l’eau put tomber en
gouttes, le vafe pourroit fe vider avant qu’elle
n’eût acquis le degré de refroidiffement que ces
vafes font capables de lui donner. C ’eft donc le
milieu entre ces deux extrêmes qu’il faut faire
en forte de faifir, puifque des potes trop étroits
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ne laifferoient pas paffer l’eau, ou ne lui livre-
roient qu’un paffagé infuffifant, 8c que des interfaces
trop grands occafionneroient une perte d’eau
qui ne ferviroit point au refroidiffement, 8c Yalca-
ra^as fe videroit trop promptement.
C ’eft par la bonne proportion de fable ou de
ciment 8c la grofleur de ces matières que l’on
mêle aux argiles crues, qu’on peut atteindre le
but que les alcara^as font deftinés à remplir j
mais en fatisfaifant à ces conditions, l’on n’auroit
encore réfolu qu’ une partie du problème fi la
cuiffon des vafes n eft pas convenablement faite.
Il y a ici deux inconvéniens à craindre, l’excès 8c
le défaut de cuiffon ; l’on fait en effet que les
parties des argiles fe rapprochent d’autant plus ,
que la chaleur a laquelle elles ont été expofées eft
grande, 8c ce rapprochement peut être tel, que les
efpaces reftés entr’elles ne permettent .pas à l’eau
d’y paffer. Le défaut de chaleur au contraire peut
laiffer la matière tellement poreufe , que l’ eau en
tombe en gouttes, & dans ce dernier cas les vafes
communiquent toujours à l’eau une odeur 8c une
; faveur argileufe défagréables.
On afîure qu’en Efpagne on fait entrer, dans la
; pâte dont on forme les alcara^as , une certaine
! quantité de fel marin en poudre groffière. Une partie
de cette fubftance doit, il eft vrai, fe fondre 8c fe
volatilifer pendant la cuiffon j mais le peu qu’il en
refte, fe diffolvant dans les premières qu’on met
dans les vafes , laiffe à fa place une foule de petits
pores qui permettent à l’eau de tranffuder.
La première fois que fervent les cruches rafrai-
chiffantes, même les mieux cuites, elles communiquent
à' l’eau une odeur d’argile 8c une faveur
falée quand on a mis du fel dans leur pâte > il
faut la jeter.
Si l’on veut conferver à ces vafes leur propriété
filtrante ,.il faut les mettre à l’abri des pouffières,
8c n’y jamais mettre que de l’eau claire, qui ne
tienne pas de terre ou d’autres corps atténués en
fufpennon, fans quoi les pores feroient bientôt
bouchés, 8c l ’eau ne tranfpireroit plus. (V.)
CRUCIFERES. Les plantes crucifères, fi bien
caraétérifées en botanique par leurs calices à quatre
feuilles, 8c leur corolle'à quatre pétales difpofés en
croix, par leurs fix étamines telfadynamiques, dont
deux font rendues plus courtes par une glande qui
donne une courbure à leurs filamens, font auffi
rapprochées en chimie par des propriétés analogues
entr’ elles , 8c différentes de celles des autres
plantes.
L’école de Rouelle, d’après Stahl 8c Boerhaave,
nommoit les crucifères des plantes animales, à caufe
de leur facile tendance à la putréfaction , 8c de
l’ammoniaque au’elles fourniffent à la diftillation.
Dans les procédés chimiques publiés par Rouelle,
on trouve l’analyfe du finapi, comme exemple
d’une plante qui donne de l’ efprit 8<r du fel ammo-
1 niacal, ainfi qu’une huile fétide. Mafgraff a noté
la
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la même plante pour donner du phofphore a un
S i n’eft pas douteux aujourd’hui que la plupart
des plantes de cette famille, furtout le cieflon, le
beccabunga, la moutarde 8c le chou, ne donnent,
par les divers moyens d’analyfe,des produits affez
femblables à ceux des matières animales, quoiqu il
foitdifficile d’accorder ces notions avec celles des
médecins fur la propriété anti-feorbutique de ces
plantes ; mais il n e l’eft pas moins qu’il y a beaucoup
de plantes étrangères à cette famille, qui
donnent également des produits femblables à ceux
des compofés animaux. Le liic del’hevoea,qui fournit
le caoutchoue ; les fucs de beaucoup déplantés
fraîches, l’eau qui a fervi à laver la farine de froment
, contiennent manifeftement une matière
analogue à l’albumine.
M. Vauquelin a trouvé dans le fuc du papayer
Ç carica papaya Lmn&i) , une matière concrefcible,
rouge comme le fang, 8c qui fe rapproche beaucoup
de la partie coagulable de cette liqueur. Il a
également reconnu dans plufieurs autres plantes,
des fubftances analogues à la matière caféeufe.
Enfin, les cendres de la pluparr des végétaux
contiennent, comme celles des fubftances animales,
du phofphate de chaux 8c du phofphate de ma-
gnéfie"; 8c il eft aujourd’ hui bien prouvé qu’en fe
rapprochant des compofés animaux, les matières
végétales préfentent parmi les principes qtii les
conftituent, l’azote en quantité plus ou moins
grande , ainfi que les fels phofphoriques terreux
qui exiftent auffi dans les matières animales. ( Voye\
les mots Chimie , Analyse végétale , Analyse
animale, Azote, Principes , 8cc.)
CRYOLITHE. M. Àbildguard, naturalifte 8c
chimifte danois, a donné ce nom à un foffile du
Groenland, regardé d’abord comme une pierre,
8c dans laquelle il a trouvé de l’acide fluorique 8c
de l’ alumine. MM. Klaproth 8c Vauquelin y ont
enfuite découvert de la foude, qui fait prefque le
tiers de fon poids.
Ainfi la cryolithe d’Abildguard eft un fluate de
foude 8c d’alumine naturel, qui a été trouvé dans
le Groenland, 8c que le naturalifte danois a nommé
ainfi des mots grecs froid ou glace, 8c A<fo?,
pierre, d caufe de fon afpeél pierreux 8c de fa
propriété de fe fondre au reu ou de couler comme
la glace. ( Voyeç le mol Fluate de SOUDE ET
d’alumine. )
CUCURBITE, ƒ.ƒ. C ’eft un vaiffeau de chimie,
qui a reçu ce nom à caufe de fa forme, qui reffemble
à celle d’une courg z3cucurbita. A l’article Alambic
on a déjà parlé de ce vafe 8c des dimenfions qu'il
doit avoir dans tel ou tel cas, pour mieux remplir
les différens objets qu’on a en vue.
On fait des cucurbites en verre , en terre 8c en
métal : ces derniers font plus particuliérement
employés pour brûler les vins 8c en tirer l ’eau-
'Chimie, Tome IV,
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de-vie. Celles de grès ferveiv d difiiiler le vinaigre
pour les befoins de la pharmacie & de quelques
arts : on conftruit de celles-ci fur des dimi nuons
affezgrandes pour permettre d’y cl:Ailler plufieurs
centaines de pinte de vinaigre à la fois. On )< s
emploie auffi dans quelques manufactures pm.r
difiiiler les acides nitriques & muriatiques à l’aide
de l'acide fulfurique : dans ce cas, elles doivent
être formées d’une pâte ferrée où la cilice abonde,
& fortement cuite.
Les cucurbites de verre font utiles pour la diftilla-
tion des ftffftances qui ont de l’aûion fut le cuivre
& fur le grès. Les chimiftes en font fouvent ufage
pour fublimer des matières fâches, diffoudre différentes
fubftances , & pour en précipiter plufieurs
de leurs diffolutions. Elles ont un avantage fur les
autres cucurbites, c’eft de permettre a 1 artifte de
voir les phénomènes qui fe paffent entre les matières
qu’ il a mifesen expérience j mais leur ufage
fe borne aux opérations qui n’exigent que peu de
chaleur, car elles font fujètes à caffer.
Chacune de ces cucurbites ont communément
des chapiteaux de la même matière ; fouvent cependant
les cucurbites de cuivre font recouvertes
par des chapiteaux d’étain, celles de gtès par des
chapiteaux de verre. >
Il y a des cucurbites de verre qui ne font qu une
feule pièce avec leur chapiteau j mais celui-ci doit
avoir , à fa partie fupérieure , une ouverture fermant
avec un bouchon de verre ufe a 1 émeri.
Les cucurbites dont l’objet eft de fervir à l’évaporation
des liquides , doivent être larges , peu
élevées,& avoir des chapiteaux de même diamètre,
& ayant des tuyaux larges pour livrer un paffage
facile aux vapeurs.
On voit une cucurbite, fig. X X V I , claffe V I
des inftrumens pour la diftillation, &c.
Lu figure VI, clajfe 1 des inftrumens, repréfente
une cucurbite de verre d’une feule pièce avec Con
chapiteau. (V.)
CUINE, ƒ. ƒ. La cuine eft une efpèce de cornue
de grès, dont les diftillateurs fe fervent pout
extraire en grand les eaux-fortes dufalpêtre.
Lèur forme eft un ovale alongé : leur hauteur
moyenne eft d’environ quinze pouces, & leur
diamètre, à la partie la plus renflée, de huit à
neuf pouces. ~ ,
Leur col, qui eft très-court, forme un angle
prefque droit avec leur corps. Ce vaiffeau s'adapte
au moyen d’une alonge en terre, i une
autre cuine qui iui fer't de récipient, & qui eft
lacée au dehors du fourneau ou galère lur un
anc de brique.
Après les avoir chargées du mélange propre à
donner l’ acide, on difpofe les cuines en rangées
dans la galère, où elles repofent fur une grille de
fonte, & fur lefquelles on forme une efpèce de
voûte avec des teffons d’anciennes cuines caffées,
& de la terre à four détrempée , que l’on com