
fouvent par ce rom les matières végétales d’une
faveur plus ou moins refferrante fe ftyptique, qui
ont les propriétés de précipiter les fels ferrugineux
furoxigénés en noir, de reflVrrer les fibres
animales, d’arrêter les hémorragies, de fervir utilement
à tanner les peaux fe à les conferver. On
a cru dans tous les tems que ces propriétés dépen-
doient d'une feule matière ajlringente , & qu'elles
étoient toujours dues à un même corps, dans
quelque fubflance d’ailleurs qu’on les confidérât.
Il paroît que deux matières, diverfement combinées
ou mêlées, donnent ces caractères aux végétaux
aftringens ; favoir : le gallin fe le tannin.
( Voye% ces deux mots ; voyeç aujfi les mots Acide
gallique , Noix de galle , Sumac, Cachou,
Quino.)
Matière caséeuse. On a nommé matière ca-
féeufe la partie du lait qui fe coagule par les acides,
qui s'en précipite fpontanément au premier moment
de fon açefcence, fe qui forme enfin, par
l’un ou l'autre de ces procédés, le fromage. 11
faut cependant remarquer que celui-ci contient
toujours un peu d’un acide quelconque, tandis
que la matière caféeufe proprement dite peut être
conçue ainifi qu'elle exifte véritablement dans le
lait entier, qui n'a fubi encore aucune altération,
pure fe fans mélange d'acide ou d’un autre corps
etranger quelconque. Au relie, cette diftinition
appartient plus fpécialement a la connoiffance chimique
du lait, à l'article duquel ces détails doivent
être renvoyés. ( Voye£ Le mot Lait.)
Matière colorante du sang. On a long-
tems recherché la nature de la partie colorante du
fang : ces recherches ont été trop fouvent le fujet
d'hypothèfes plus ou moins fingulières. Ce que la
chimie moderne apprend de plus exail à cet égard,
c'eft que la cendre colorée du fang contient du
phofpfinte de fer très-oxidé fe avec excès d'oxide,
fel dont j'attribue la formation, & à la portion de
foude exiftant dans cette liqueur animale, & à
ü’effet de l’oxigèné dans la refpiration. ( Voye%
F article du SANG.)
Matières COLORANTES. I.. Les matières colorantes
étant reconnues plus ou moins nombreu-
fes & différentes les unes des autres, les moyens
de les extraire doivent varier comme leur nature
même. Il n’eft pas queftion ici feulement des parties
colorées des végétaux, qui dans leur maffe
n'exigent que d’être féparées de celles qui ne le
font pas, & qu'il fuffit de trier , de cueillir ou
d’ifoler mécaniquement les unes des autres : ce ne
font là que les réfervoirs des matières colorantes y
ce ne font que des fur faces le plus fouvent dures
& ligneufes , auxquelles les véritables parties- colorantes
font collées en quelque forte, & adhérentes
comme des vernis : il faut les enlever ou
les. détacher de ces furfaces».
i . Cette réparation ne peut pas être opérée par
des moyens mécaniques , parce que les matières
colorantes font d'une ténuité extrême, & le plus
fouvent dans un état de féchereffe fe néanmoins
d’adhérence fi grandes aux parties qu'elles recouvrent
fe qu'elles décorent en quelquè manière ,
que ce n'eft que par des procédés chimiques qu'on
peut parvenir à les leur enlever. On. a prefque
toujours recours à des diffolvans différens , fui -
vant la diyerfité de ces matières. L'eau froide ou
chaude, la longue ébullition, quelquefois les matières
alcalines ou d’autres réactifs appliqués à ces
corps végétaux colorés, font les principaux moyens
qu'on met en ufage, foie dans les opérations chimiques
fe dans l'intention d’en examiner la nature ,
foit dans les procédés de la teinture, & dans la
vue d'appliquer enfuite les couleurs aux fils, aux
tifius &r aux étoffes qui doivent les recevoir.
3. Quelquefois la partie colorante végétale eft
diffoute ou étendue dans des liquides végétaux,
qu'il ne s'agit.qu'alors d’extraire par la preflîon;
mais ce cas n'a prefque lieu que pour les couleurs
vertes fe que pour les fécules qui en font le foyer ;
& s’il fe préfente fouvent au chimifte dans fes expériences
, il ne s'offre que très-rarement au teinturier
dans fa pratique. D ailleurs , pour le chimifte
même , c'eft de toutes les circonftances relatives
à l’extra&ion des parties colorantes végétales, la
moins fréquente, puisqu'elle n’a véritablement
d'application que pour lès couleurs vertes.7
4. I( eft beaucoup de circonftances 011 l'art chimique
ne fe borne pas, pour la préparation des
couleurs,. à extraire ces matières des fubftances
végétales qui les contiennent; il s'étend fouvent
jufqu’aux procédés propres à les modifier ou à les
former véritablement, foit par une fuite d'altérations
fpontanées , dont elles font fufceptibles par
la fermentation & l’agitation dans l'air, foit en
les mélangeant avec diverfes fubftances qui, en
les rendant plus diffolubles,.les modifient & les
font paffer à l’état que l’art exige. C'eft ainfi qu'on
fait paffer „ par la fermentation,. la fécule de Tin-
d'gotier & du paftel, de l’état vert au bleu , les
poufîières grifes ou fauves, des lichens au rouge
brillant de l’orfeille , fec.
y. En traitant de fubftances auflî variées & auflt
nombreufes que les couleurs des plantes, il eft
impoüîble de s’occuper d’autres propriétés phyfî-
ques générales que de leur coloration même , &
ce feul phénomène offre en lui-même une affez
belle fuite d’obfer varions fe de nuances pour mériter
quelques confidérations particulières. Parmi,
les variétés multipliées de couleurs dont brillent
les végétaux, on reconnôît que le vert eft le plus
abondant & le plus généralement répandu, & que
ce vert qui varie fans ceffe dans fa nuance , & qui
paffe d’abord du vert-tendre au vert-foncé,. fe dégrade
enfuite dans tous-les végétaux , de manière
à fe terminer par un fauve plus ou moins fixe fe
prononcé x qu’on c.onnoît fous le nom dit feuille.
morte. On reconnoït enfuite que le jaune eft auflî une des couleurs végétales les plus fréquentes, fe
en même tems que c’eft la couleur la plus permanente
fe la moins altérable qui foit connue.-On
voit enfuite le bleu fe le rouge fe préfenier encore
dans une grande abondance, fe offrir des
nuances extrêmement variées, dont les tons fe les
qualités font auffi intéreffans pour le fpcitacle,
qu’étonnans par leur inconcevable multiplicité.
Enfin, l’obfsrvation prouve encore que, parmi
les couleurs mixtes , il en eft une foule qui font
le réfultat de l’union ou du mélange de deux ou
de plufieurs matières colorantes , tandis qu’il en eft
d’autres qui font d’une compofition fimple fe primitive.
6. La caufe"première de la coloration dans tous
les corps paroiffant être due à la propriété diverfe
qu’ont ces corps de réfléchir différens rayons lumineux
, il eft important de remarquer ici que la
réflexion la plus foible renvoie les rayons bleus,
voifins du noir; que le rayon jaune dépend d’une
réflexion plus confidérable, & que le rouge eft
celui qui-annonce la plus forte réflexion-On peut
ajouter à cette confidération , qu’un même ordre
femble être obfervé par la nature dans la combuf-
tion fe la coloration des flammes. La combuftion
la plus foible produit une lumière bleue; une plus
forte inflammation donne une lumière jaune, &
la plus énergique donne naiffance au blanc , fuite
de la réflexion totale des rayons lumineux. II femble
qu’il y ait encore ici quelqu’analogie avec le
phénomène de l’oxidation des métaux. Les moins
pxidés font noirs ou bleus; ils paffent de là, en
s’oxidant, plus au jaune & à l’orangé, fe , fur-
chargés d’oxigène, ils deviennent rouges & blancs.
C ’eft afnfi que la couleur des maffes d’air eft bleue,
ainfi que la lumière de la lune reçue fur des corps
blancs , comme celle qui enveloppe l’ombre des
corps projetée fur des furfaces: blanches. Quel-
q;u’ingénieux que foient ces rapprocherions, ils
n’apprennent cependant rien de pofitif fur la nature
des patries colorantes, fe ils n'ont encore
aucun rapport exadl: avec leurs propriétés chimiques.
7. Quoique, d’après les diverfités déjà annoncées
dans les matières colorantes végétales, il foit
véritablement impoffible de donner des caractères
génériques qui leur conviennent à toutes y quoiqu'il
foit évident que leur hiftoire exaéte ne peut
être que fpécifique , il eft cependant utile de chercher
dans la généralité de leurs propriétés quelques
unes de celles qui,. plus ou moins prononcées
comme caraifcériftiques de ces fubftances, fe
f
aucun de ces matériaux , leur hiftoire chimique
doit en être auflî, jufqu’à un certain point, indépendante.
n'appartenant pas aux fubftances d’un autre genre,
doivent être véritablement comptées comme leur
appartenant exclufivemenr. On fent bien que ce
ne pourra pas être dans le même ordre qui a été
adopté pour tous les autres matériaux immédiats
traités jufqu’ici, que ce tableau chimique fera
dreffé.. Comme elles, ne reffemblent vraiment à. |
Les premiers chimiftes qui fe font occupés
de l’examen de ces matières colorantes, Hellot,
Lepileur d’Apligny, Hecquet d'Orval, Mazéas ,
Macquei; fe Poerner, n’ont commis fe n’ont pu
commettre que des erreurs. Ce n’eft que depuis
les heureufes données de la doitrine pneumatique v
que M. Berthollet a commencé à jeter le plus
grand jour fur cette partie,& que MM. Hauffmarc
fe Chaptal ont augmenté auflî nos connoiffances à
cet égard.
8. C ’eft particuliérement par les attractions chi-
rniqués que les matières colorantes végétales exercent
fur les acides, les alcalis, les terres, les oxi--
des métalliques, l'oxigèné fe les tiffus, depuis la.
laine j;ufqu’au lin, que ces matières fe diftinguent-
éminemment des autres matières végétales, comme
M-Berthollet T a le premier fait connokre.
Leur attraCtion pour l'alumine fe les oxides métalliques
eft telle, qCt’elles l’enlèvent fouvent aux
acides, fe fe précipitent avec eux du fein de leûr
diffolvant commun.- Leur union avec ces bafes
terreufes ou métalliques modifie leurs couleurs ,
les change fouvent, mais les rend d’une part.plus
permanentes qu’elles ne l'étoient, fe plus infen-
fibles à l'aCtion de l’air fe des autres agens extérieurs.
9. Un des principaux fe des plus effentiels caractères
des parties colorantes , c’eft d'être altérables
fe changeantes par le contaCt de l’air fe delà
lumière. En général, l’oxigèné eft abforbé par
ces matières, qui paffent au jaune, au brun ou
rouge-marron, fuivant la proportion qu'elles en
contiennent. Beaucoup en même tems perdent une
portion de leur hydrogène, qui forme de l'eau
par une véritable combuftion lente, & alors le carbone
prédominant contribue furtout à les faire
paffer à une coloration plus grande, fe à des nuances
de plus en plus foncées. Ainfi, en général,
toutes les couleurs végétales éprouvent ce double
effet de la part de l’air;, elles en abforbent I'oxi-
gène, fe laiflènt diflîper une portion de leur hydrogène
; de manière cependant que la fuite du,
premier effet eft en général une formation de
nuances rouges ou brunes-, & que celle du fécond
eff une tendance perpétuelle vers le noir, vers
l ’état charboneux, vers un des termes de la dé-
compofîtion végétale. L’acide nitrique, l’acide
fullurique fe L'acide muriatique oxigénéagiffentr
de la meme manière fur le*s parties colorantes. J’ai-
fait voir,. dans un travail particulier fur les matières
végétales diffoutes dans l’eau, que toutes
ont plus ou moins de couleur, que leur coloration
augmente par le contait.de l’air fe par l’abforption
de l ’oxigèné y que des dofes déterminées de celui-
ci produisent des efpëces de compofés arrêtés à
une certaine température, dont le caractère étoir
d'avoir telle ou telle teinte y que le maximum de
I cette oxigénarion colorante eit„ après avoir paffé