
mifte fa é dois en une explication beaucoup plus
d'accord avec les vues de la chimie moderne. Le
refultac de Ton travail étoit comme la fuite de la
lumière qu'il avoit répandue fur la nature de l’am-
mq ni a que quelques années auparavant. La com-
pofition de l’une , une fois bien connue '3 devoit
en effet le conduire à celle de l’autre, puifque les
recherches mêmes de Schéele montroient déjà une
lingulière analogie entre ces deux compofés également
abondans parmi les produits des matières
animales.
96. Le chimifte français prouve d’abord que le
pruffiate alcalin, formé par la décoloration du bleu
de Prufïe à l’aide de l'alcali, contient du fer > que
fa- leffive évaporée, puis rediiToute , donne des
criflaux oélaèdres dont les pointes font tronquées
près de leurs bafes 5 que , mêlée à l'acide fulfu-
rique oej expofée au foleil , fa diffolution lai (Te
précipiter du bleu de P ru (Te, & fe décompofe j
ce qui ne lui arrive pas de même à l'ombre 5 que.
le prufliate de mercure criftallife en prifmes à
quatre pans , terminés par des pyramides à quatre
faces, répondant aux arêtes des prifmes j.que l'acide
muriatique’ en dégage plus d’acide pruffique
que l’acide fulfurique > que cet acide , en dècom-
pofantle prufliate de mercure, forme unmuriate !
dans un état jingulier.
• 97. Après ces expériences préliminaires, il pâlie '
à l’examen de la nature intime de l’acide pruffique, ■
par l’aélion qu’exerce fur iui l ’acide muriatique
oxigéné. Ce dernier, à mefure qu’il fe dillout dans
l’acide pruffique, repafle à l’état d’acide muriatique
ordinaire j l’acide pruffique devient plus odorant,
plus volatil, moins fufceptible de.s’unir aux
alcalis , précipitant le fer en vert de Tes dillolu-
.tions. Ce précipité vert redevient bleu à la lumière
par le conta £t de l’acide fulfureux , par le fer :
c’efl de l’acide pruffique oxigéné. En y accumulant
•de nouvel acide muriatique oxigéné qu’on y fait
palier en gaz, & en l’expofant à la lumière , il fe
•fépare de l’ eau , au fond de laquelle il fe précipite
.en une huile aromatique que la chaleur réduit en
une vapeur indifloluble, qui ne s’unit plus au fer.
Ainfi furoxigéné , cet acide ne peut plus repaffer
à fon premier état, &c il eft fort éloigné de fa
première nature.
98. .Le pruffiate oxigéné de fer , qu’on prépare
encore et) traitant le bleu de Prude par l’acide muriatique
oxigéné, & qui fe diflingue par fa couleur
verte , perd fon acide qui fe convertit tout à coup
en carbonate d’ammoniaque par le contaét d’un
alcali fixe càuftiquei L'acide pruffique ne contient
.pas l ’ammoniaque toute formée, comme le pen-
foient Schéele & Bergman ; il n’en contient que
les élémens, l’azote & l’hydrogène, unis tous deux
au carbone. En ajoutant à cette combinaifon une
proportion affiez grande d’oxigène, l’addition fuc-
ceffive d’un alcali ou de la chaux détruit promptement
le compofé pruffique par l’attraélion pré- 4|fpofante qu’ils om pourfacide carbonique.Ainfi
M. Berthollet a été conduit par fes expériences, à
regarder l’acide pruffique comme une combinaifon
de trois corps combuftibles fimples , l'hydrogène,
le carbone & l’azote , dont il n’ a pas cependant
trouvé les proportions, quoiqu’ il ait annoncé que
celles de l’hydrogène &r de l’azote approchoient de
laçqmpofîtion ammoniacale.
< 99. Ce réfultat, beaucoup plus précis que celui
du chimifle fuédois, a fourni à M. Berthollet les
moyens d’expliquer facilement les principaux phénomènes
que préfentent les pruffiates, ainfi que la
formation de l’acide pruffique. Voici les faits qu’il
a furtout confidérés d’après le nouveau point- de
vue :
A. Les pruffiates métalliques diftillés donnent
du gaz hydrogène carboné & du carbonate d’am-
•moniaque, & leurs oxides fe réduifent plus ou
moins, parce que l’oxigène des oxides, fe portant
fur le carbone, laide l’azote & l’hydrogène s’unir
l’un à l'autre ; l ’acide muriatique oxigéné agit de
là même manière. -
B. Les matières animales forment l’acide pruffique
à raifon de l’azote qu’elles contiennent, &
qui fe combine à l’hydrogène &.au carbone.
C. Dans les expériences de Schéele, le muriate
d’ammoniaque, chauffé avec l’alcali fixe & le charbon,
fe décompofe : c’efl par les élémens de l’ammoniaque
& non par l ’ammoniaque entière que ce
fel contribue à la formation de l'acide pruffique.
D. L’hydrogène, qui fait partie de ce compofé,
eft la caufe de fa forte inflammation produite fur-
\ tout par le muriate oxigéné de potaffe.
- 100. Mi Berthollet n’ayant pas trouvé d’oxigène
dans fes expériences de décompofition fur l’acide
pruffique, croit pouvoir en conclure que cet acide
ne contient pas de principe acidifiant. 11 examine
à cette occafion la nature fingulière de ce compofé:
quoiqu’il reconnoiffe dans Tes propriétés des
différences très-remarquables encre lui & les autres
acides, ilpenfe cependant .que c ’eft de ces corps
qu'il fe rapproche le plus, & qu’il doit être rangé
dans leur dalle. Il infifte furtout fur fon analogie
avec l ’ammoniaque & fur la tendance qu’il a pour
palier à Fêtât de cet alcali volatil.Tl termine fon
travail par l’explication du phénomène très-fingu-
lier d’attraction que préferite l’acide pruffique , 8c
que Schéele avoir regardé comme un problème
infoluble j favoir, qu’il ne peut pas être féparé
des métaux par les autres acides , & cependant
qu’il ne peut pas non plus enlever feul à ces acides
les oxides métalliques qui y font diffous. Il explique
cette apparente contradiction dans la doCtrine
des affinités, par la grande quantité de calorique
fpécifique que contient cet acide pur , -& par la
forte tendance qu’il a pour prendre la forme gaze
ufe.
, 101. On voit par les ingénieufes recherches de
M. BertholLet, que la production de l’acide pruffique
par les matières animales décompofées , en
montrant un des caractères les plus propres à les
diftinguer
diftinguer & à en faire connoître la nature, offre
une propriété finguiiérement voiiîne de celle de
former de i ammoniaque. Mais :en quoi réfide prêt
cifément cette propriété de donner de l'acide pruffique
ou de 1' ammoniaque, & quelle eft la caufe
qui détermine l’une de ces productions plutôt que
1 autre? Pour réfoudre cette queftion très-importante
à la chimie animale, il faut obfervér que la
formation de l’ammoniaque fuppofe une décompo-
fition plus avancée que celle de l’acide pruffique,
puifque l’une repréfente un compofé binaire, tandis
qu’on trouve encore dans l’autre un compofé
ternaire plus rapproche de la matière- animale primitive
par fa complication même. II faut remarquer
en fécond lieu, que la production de l’acide pruffique
n’eft favorifée fenfihlement ou n’a lieu avec
quelqu’abondancé que lorfqu’on traite làs matières
animales par un alcali fixe, furtout aidé d’un oxide
métallique 5 c’eft donc l’attraCtion prédifpofante,
exercée par ces deux corps à la fois , qu’on doit
regarder comme la caufe de cette formation d’acide
pruffique. Il faut enfin ne pas omettre que la
production de l’acide pruffique n’à jamais lieu que
dans, uné quantité très-petite relativement à celle
des fubftances- animales qui la fourniffient, qu’elle \
ne va qu’ à quelques millièmes ou tout au plus à
deux ou trois centièmes , & que le carbonate d’am-
moniaqüe qu’elles donnent, eft en quantité deux
ou trois fois plus confidérable, à raifon de l’acide
carbonique qui le Tature & qui fe forme en même
tems.
102. En 1790, trois ansaprès le travail de M. Berthollet,
j ai fait obferver un tait nouveau que j’ai
cru propre à éclairer fur la nature & la formation
de l’acide pruffique. En traitant du ferum du fang
coagulé par l’acide nitrique pour le convertir en
acide oxalique , j’ai été frappé de l’odeur de l’a-
cide pruffique. Le produit vaporeux dégagé dans
cette expérience ayant été recueilli, je l’ai trouvé
de véritable acide pruffique pur 5 j’en ai même obtenu
allez pour me faire croire que ce procédé
très-Ample pourroit être fubftitué à celui de
Schéele, beaucoup plus compliqué, pour obtenir
cet acide : il s’étoit dégagé avec lui du gaz azote,
& il s’étoit formé du gaz acide carbonique. Cela
m a conduit à penfer qu’un fimple changement
dans les proportions des principes conftituans des
matières animales fuffifoit pour donner n ai fiance à
1 acide pruffique 5 & que, comme dans la formation
par l'acide nitrique, il s’étoit d’abord dégagé
du gaz azote, il y avoit lieu de croire que cet acide
contenoit moins d’azote que l’ammoniaque, puil-
qüe, dans la formation de cette dernière, ce principe
ne fe féparoit pas avant que cette formation
eût lieu. On ne peut donc penfer ni que l’acide
pruffiqueToit une diffolution de carbone dans l’ammoniaque
, comme Schéele l’avoit préfumé , ni
qu’il contienne l’azote & l’hydrogène dans une
proportion très-voifine de celle qui forme l’ammoniaque,
comme l’avoit annoncé M. Berthollet. j
Ch im i e . Tome IV.
Cétte opinion de la quantité d’azote, proportionnellement
moins grande dans l’acide pruffique que
dans l’ammoniaque, peut même être appuyée d'un
des faits bien vus par ce dernief chimifte } c’eft le
dégagement d'une certaine quantité de gaz hydrogène
carboné pendant la formation du carbonate
d’ammoniaque, qui accompagne la décompofition
de l’acide pruffique par le-feu. II ne me parcîc.pas
bien prouvé non plus qu’on doive regarder cet
; acide comme manquant d’oxigène & comme formé
feulement par l’union de trois combuftibles fim-
ples, foit parce que M. Berthollet, qui a propofé
cette opinion, n'a pas fait une analyfe exaCte de
cet acide, foit parce que la comparaifon qu'il a
établie entre cet acide,l’acide muriatique 8<rl’hydrogène
fulfuré, eft fort loin d’équivaloir à une
preuve, foitenfin parce que la production confiante
d’acide carbonique dans tous les cas de décompofition
de l'acide pruffique, même non furoxigéné
auparavant,la quantité d’acide pruffique obtenu par
M. Vauquelin en décompofant du muriate d’ammoniaque
mêlé de charbon par l’oxide de plomb,
fix fois plus confidérable que celle qu’il à eue en
failant la même opération avec la. chaux au lieu
d oxide de plomb, militent finguiiérement en
faveur de l’adoption de l’oxigène dans ce compofé
acidifié.
103. La formation , la nature & les propriétés
de l’acide pruffique, comme production caraCté-
rîftique des compofés animaux, font fi nécefiaires
à connoître exactement pour faire bien concevoir
celles de ces compofés, qu’il me paroît indifpen-
fable d’expofer ici la férié des propriétés qui appartiennent
à cet important produit, en le confi-
dérant ifolé & préparé , foit par le procédé de
Schéele, foit par celui que j’ai indiqué ( N°. 18 ) :
A. L’acide pruffique a une forte odeur de fleurs
de pêcher ou d’amandes amères. Cette odeur imprègne
pour quelque tems la falive de ceux qui la
refpirent.
B. Sa faveur, d’abord douceâtre, eft bientôt
âcre, chaude & virulente ; elle excite la toux.
C. Il a une grande tendance à prendre la forme
gazeufe, & il s’en perd fouvent fous cette forme
dans les vafës où on le reçoit.
D. Il fe décompofe à une haute température &
par le contaCt de la lumière ; il fe change ainfi en
acide carbonique, en ammoniaque & en gaz hydrogène
carboné.
E. Il s unit aux baies falifiables difficilement &
fans détruire leur propriété alcaline.
F; Sa foibleffe, déjà prouvée par la précédente
propriété , permet à l’acide carbonique de le déplacer
des pruffiates alcalins.
G. II.enlève l’oxigène à l’acide muriatique oxigéné
, & il change de nature par l’addition de ce
principe.
H, Il n’agit pas fur les métaux ; il s’unit'à leurs
oxides dont il change la couleur, & avec lefquels
il forme des iels indiffolubles en général.
V v v v