
dans les Differtations de Swedenborg fur le cuivre ]
& le laiton, aurickalcum, dans les ouvrages de «
Lewis, deJufti, de Cramer, deWallerius, de
Gellert, de Tejfari, deRinman&deKlinghanuner.
Je n’ajouterai plus à ce que j’en ai dit, qu un
précis du nouveau travail Fait par M. Vauquelin
fur l’analyfe ou l’eiT.ii de cet alliage II important.
Pour connoitre les proportions des deux métaux
qui compofent le laiton, ce chimifte s’elt fervi,
avec un grand avantage, de la diffolution. par i’a-
cjde nitrique. Quand elle eft faite complètement
& qu’il ne relie plus rien à diffoudre, il précipite
les deux métaux par la potafïè qu’il ajoute én
allez grande quantité pour diffoudre tout-à-fait
l’oxide de zinc ; & comme l’oxide de cuivre n'y
eff pas diffolùble, il relie en pouflière noirâtre,
que l’on lépare, que l ’on lave & que l’on pèfe.,
En louftrayant un cinquième du. poids de ce précipité
pour l’oxigène qui lui eft uni, on a le poids
du cuivre, & ce qui manque à celui de l’alliage
employé appartient au zinc. On vérifie cette première
expérience en précipitant une fécondé dif-
folucion nitrique par le zinc qui fepare le cuivre
à j’etat métallique, & qui doit donner la même
quantité de ce dernier métal, que celle qu’on a:
obtenue dans le premier eft ai.
47. Le cuivre s’allietrès-facilement à l’étain. Ce ■
genre d'alliageeft extrêmement utile dans les arts 5
c ’eft avec lai qu’on fait le bronze ou l’ airain , le.
métal des ftatues , celui des canons , le métal de
cloches, les miroirs métalliques, l’étamage. Il
faut donc en étudier avec foin les propriétés. En
général, l’étain diminue beaucoup la ductilité du
cuivre & il augmente fa ténacité , fa dureté & '
fa qualité ionore. Mufchenbroëck a conftaté , parles
expériences, que le cuivre acquéroit la plus
grande fermeté poflible quand , à cinq ou fix parties
de ce métal, on ajoutoit une partie d’étain ;
que plus on augmentoit la proportion de celui-ci,
pus l’alliage devenoit dur & fragile j qu’alors la
lime ne l’entamoit plus, & que dans ce dernier
état il n’étoit propre qu’à la fabrication des miroirs.
Ce phyfîcien en conclut que, pour fabriquer
le bronze des canons, il faut prendre une
partie d’étain fur cinq à fix parties de cuivre. La
denftté & la pefanteur fpécifique de cet alliage
font plus grandes que la moyenne, dans la proportion
de 8.265 à 7.638.
Wallerius adonné des détails plus précis encore
que ceux de Mufchenbroëck fur le bronze & l’airain.
Pour faire le métal des canons , fuivant lui,
iî faut unir douze parties d’étain à cent parties
de cuivre : on peut y. ajouter avec fuecès un peu
de cuivre jaune. En unifiant cent parties de cuivre
avec.vingt parties d’étain, on a un alliage fo-
nore, bruyant, d’un gris-jaunâtre , propre à la
coulée des cloches. Swedenborg eonfeille de faire
le métal à canons en fondant enfemble cent parties
de cuivre pour douze à quinze livres de vieil
ç$ain, & en mêlant fouyent au bain de ces métaux
des fragment d’inftrumens de bronze. Savary
ne propofe que dix à douze parties d’étain fur
cent de cuivre pour le, bronze des canons, & vingt
à vingt-quatre du premier à cent du fécond pour
le métal de cloches. 11 ajoute que pour rendre
le fon de ce dernier plus agréable, on y joint deux
parties d’antimoine. Dans l ’alliage deftiné à la fabrication
des canons , qui doit être affez folide
pour ne pas s’éclater par l’effet d’ une double charge
de poudre, & en même tems affez peu mou pour
n’être pas déformé par le choc du boulet, il eft
important de remarquer que le mélange des deux
métaux entr’eux n’ett homogène & égal dans
toutes fes parties , que lorfqu’on agite & qu’on
braffe bien la matière en fulidn : fans cela il. fe
lait un partage inégal, d’où il rélulte que l’étain ,
ou le cuivre le plus chargé d’étain , occupe la partie
fupërieure, & que. le fond eft: prefque d cuivre
pur } que toute la maffe forme comme des couches
féparées de divers alliages différens , depuis
celui du haut qui contient le plus d’étain , jufi-
qu’à celui du fond du creufet qui en contient le
moins. J’ai déjà fait la même obfervatton fur
d’autres alliages; mais elle eft plus importante encore
dans l’hiftoire du bronze , en raifon de* fa
grande utilité 6c des nombreux emplois auxquels
il eft deftiné. On remarquera ici que le bronze
pour les ftatues ne diffère de celui des canons que
parce qu’il contient une proportion d’étain ou
moindre ou plus confidérable , fuivant la couleur
qu’on veut lui donner.
48. Le métal des cloches ou l ’airain fonnant
diffère fpécialement du bronze par la proportion
de l'étain qui y eft plus grande, & parce qu’il eft
plus caffant. La dole la plus ordinaire pour cette'
efpèce d’alliage eft de vingt - cinq d’étain fur
foixante-quinze de cuivre ; fouvent on trouve, en
analyfant. des fragmens de cloche par les acides ,
ou une proportion un peu différente de celui-ci,-
ou quelqués métaux étrangers , comme du zinc ,
de l’antimoine , du bifmuth ; quelquefois même
on y rencontre de l’argent j mais ces métaux n’y
font pas effentiels , & proviennent prefque toujours
, ou des cuivres jaunes & des potaîns , efpèces
de mauvais alliages de cuivre, d’étain, de plomb,
& c . , ou de quelques portions de vieille argenterie
que la crédulité & la fuperftition faifoienc
autrefois porter dans les fourneaux où l’on fon-
doit les cloches. On obferve furrout dans la fabrication
du métal de cloches la fingulière propriété
dont jouit l’étain, de diminuer & de faire
même difparoître la belle couleur du cuivre. L'alliage
de cloche eft d’un gris blanc, d’un grain
ferré & dur , très-difficile à limer, d’une pefanteur
fpécifique plus confidérable que ne doit le
donner la moyenne des deux métaux alliés : tou-s
ces caractères annoncent une pénétration profonde
du cuivre de la part de l’étain, & une forte de
rémpliffage de tous les pores du premier par les
molécules du fécond. Ce métal eft plus fufible que’
le cuivre. Lorfqu’on veut en faire l’effai, on le
traite en poudre par l’acide nitrique , qui diffout
le cuivre oxidé, & laiffe l’étain en oxide blanc in-
diffoluble. On avoit imaginé autrefois qu’on ne
pouvoir pas féparer ces deux métaux, & qu’il étoit
jmpoflîbie d'en extraire le cuivre : en forte qu’on
réputoit ctlui-ci comme perdu , & qu’on croyoit
que, pour en tirer parti, fl falloir ou y ajouter
du cuivre jufqu’ à ce qu’on fût arrivé à la proportion
convenable au bronze d'artillerie, ou le con-
facrer à faire ces alliages blancs, durs & aigres,
avec lefquels on coule de s timbres, des boutons,
des inftrumens d’ornement, &c. Mais ce préjugé,
répandu par des hommes intérefi’és à ce qu’on ne
changeât pas les cloches de forme, n’a pas réfifté
long-tems aux premiers regards que les chimiftes
français ont jetés fur ce métal allié quand les
befoins de la patrie ont appelé leur attention fur
cet objet. Qn a trouvé beaucoup de moyens d’extraire
le cuivre du métal de cloches i la leule fonte
lente, avec un peu d'eau jetée à la furface du.
métal en fufion, fuffit pour cela dans des ateliers
de raffinage en grande activité ; l'êta n eft oxidé
par ce procédé, & nage à la furface du bain fous
la forme de feories qui entraînent, à la vérité,
un peu de cuivre, mais qui, féparées du cuivre raffiné
qu’elles recouvrent, font réduites & refondues
en particulier pour faire du métal aigre &
blanc, utile à beaucoup d’ufages. On extrait encore
en grand dans plufieurs ateliers français &
nationaux le cuivre du métal de cloches par un
procédé que j’ai donné en 1790. Il confifte à oxi-
der en feories pulvérulentes une partie du métal
de cloches, & à les braffer avec fix parties du
même métal fondu dans un fourneau de réverbère :
l’étain àyânt beaucoup plus d’attraCtion pour l’oxigène
que n’en a le cuivre, le premier de ces métaux
qui eft contenu dans l’alliage en fufion, àb-
forbe ce principe au cuivre oxidé de la feorie qu’ on
ajoute ; en forte qu’il fe fépare de la portion d’étain
qui fe Brûle & fe feorifie ainfî, & il s ’enrichit
eii même tems de la portion du cuivre des fçpries
ajoutées, qui cède fon oxigène à fon étain. Pelletier
a eonfeille, pour remplir le même objet ,, &
pour exider l’étain du métal de cloches , le mélange
de l’oxi'de de manganèfe à ce métal fondu :
quelques autres chimiftes ont employé avec fuccès
le muriate de fonde projeté fur le métal de cloches
en fufion , & font parvenus ainfi à en féparer l’étain.
Ce départ du métal des cloches eft un art
bouveau qui a été créé & promptement porté à
fa perfection dans la République françaife , aux
etonnans fuccès militaires de laquèlle il a. contribué.
49. Un mélange de trois parties d’étàin &
d une partie de cuivre fondu avec un peu d’acide
arfenieux ,& de flux noir qui réduit ce der-
*jje r , donne par la fufion un alliage roide, dur,-
d une couleur d’acier, fufccptible d’un poli v if ,
très-peu altérable, qu’on emploie à la fabricatîon
des miroirs de réflexion, pour les télefeopes,
les expériences d’optiques, 6tc. On trouve au
refle dans Kuntkcl, dans Cardan, dans Beccher,
dans Swedenborg , beaucoup de compofitions
différentes pour taire cet alliage deftiné à la confection
des miroirs. Beccher a piefcrit pour cela
huit parties de cuivre , une partie d’étain & cinq
parties de bifmuth ; Cardan , trois parties de cuivre
f une partie d’étain & d’argent, & un huitième
d’antimoine ; Kunckel a indiqué trois parties
de bon étain & une partie de cuivre qu'il fon doit
avec un peu de tartre , d’alun, de falpêtre & d'acide
arfenieux. On ne fait que durcir 1 étain &
le rendre plus brillant lorfqu’on l'allie avec un
quarante-huitième de cuivre 5 fouvent on ajoute à
ces deux métaux, de l’antimoine dans la même
intention.
50. L’étamage du cuivre n’eft qu’un alliage extrêmement
mince ou fuperficiël du cuivre avec
l'étain. Il eft: employé pour défendre le cuivre de
la rouille 3 & pour empêcher que les alimens
qu’on prépare dans ce métal n’en diffolvent une
partie, & n’acquièrent une âcreté vénéneufe.
Pour que l’étamage réufftffe bien , il faut que la
furface des vaiffeaux'de cuivre, qui doit être éta-
mée, foit bien propre & bien métallique : aufii
commence-t-on par gratter cette furface avec une
lame de fer faite exprès, & qu’on promène avec
affez de force fur toute la furface de la pièce ,
ju.fqu’à ce qu’elle foit devenue partout brillante
& pure. On la frotte - enfuite avec du muriate
■ d'ammoniaque, & on la place fur 'des charbons
allumés : quand elle eft. fuffifamment chaude , on
y jette de la poix-réfine en poudre, qui, en
recouvrant toute la furface métallique y empêche
qu’elle ne sfoxide ;. enfin , on y verfe de l’étain
fondu, ou l’on y promème un morceau d’érain ,
qui fe fond fur le champ par la .chaleur de la pièce ,
St qu’on applique avec des étoupes fur tcure la
furface du mitai 5 à 1 inftant même celui-ci , qui
étoit d’un .beau rouge, devient d?un blanc argentin
brillant, en raifon de l’étain qui s’applique
également fur tous les points du cuivre, il n’v a
qu’une bien légère couche d’étain qui fait ainfi
corps avec le cuivre. En vain en appliqueroit-on de
nouvelles couches & de nouvelles ëpaiffeurs, il ne
contra&eroit pas la même achérer c e , la même dureté,
lâimêmëi infufibi 1 ité que celle qui a recouvert
le cuivre.. A une chaleur capable d~. fon re 1 étain ,
cette nouvelle couche c- ulercit, & fe ramafferoit
en globules ou en grume aux au fond du vafe
étamé, parce que ce fécond étain ajouté au pre-
imier refteroîtcomme étain, en conferveroit toutes
les propriétés , tandis que la première couche,
; vraiment adhérente,ifait alliage avec la furface
du cuivre, & eft devenue par cela feul infufible à
lartèinpérature qui fond l’étain. On a lieu d’être
séton néde la, petite quantité d’étain qui s’unit &
Rattache.-ainfi au cuivre dans l'étamage; il feroic
■ permis de craindre les dangereux effets du cuivre,