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qu’on opéroit fur cette fubftance, on obtenoic ,
une huiie de plus en plus fluide, à mefure qu'on
en dégageoit l'acide. Cette opinion eft une erreur
ue les découvertes modernes ont entièrement
étruite. On fait aujourd’hui que , lorfqu’on fou-
met de la cire à la diftillation , fi c’en dans un
petit appareil , fans aucun corps qui divife les
molécules de la cire , & fans intermède , comme
on le difoit autrefois, en chauffant un peu vite'
l’appareil , on n’obtient que quelques gouttes
d’eau d’une odeur âcre & d’une qualité acide,
qu’il paffe bientôt, avec quelques bulles de gaz
hydrogène carboné & de gaz'acide fébacique ^ la
plus grande quantité de la matière cireufe en une
huile épaiife ,• concrète , qu’on a nommée beurre
de cire , & qui n’efl que cette fubftance pr^fque
fans altération j qu’il refte après cela une trace
éharboneufe dans la cornue. Il eft évident que,
dans l’opération ainfî pratiquée, on ne décompofe
qu’ une très-petite portion déjà cire 3 parce qu elle
monte prefque toute en vapeur , parce qu’elle
n’éprouve'point'd’altération , attendu qu’il n’y a
point allez d’air dans cette efpèce. d’appareil , &
que le feu loulève toute la fubftance avant.de
pouvoir en diflocier les élémens. Mais * malgré
ce peu d’altération, la petite portion d’eau &
d'acide fébacique qu’on recueille , n’étoit point
contenue dans la cire ; la première fe forme aux
dépens d’une portion.d’hydrogène de la cire 3 &
peut-être même de fon oxigène 3 car on va voir
tout à l’heure qu’elle en contient une quantité
notable. L’acide fébacique'fe compofe d’une autre
portion d'hydrogène 3 qui j fans abandonner le
carbone , s’unit feulement à une proportion plus
forte d’oxigène, qui le convertit en acide ; aulfi
fe forme-t-il une beaucoup plus grande quantité
de cet acide 3 en même tems, à la vérité, que
d’eau 3 fi on foumet à des diftillations fucceflives
le beurre de cire obtenu dans la première opération
y ou fi on fait la première diftillation dans
un grand appareil, qui puifle fournir de l ’oxigène
affez abondamment pour convertir en une efpèce
de cordbuftion lente une portion de l’hydrogène
de la cire en eau , & favorifer ainfî la diflociation
de fes principes, & furtout fi , en fe fervant
d’un intermède , comme de fable ou de brique
Filée , on retient ainfî la cire dans la cornue , on
empêche de fe volatilifer toute entière , on
permet au calorique, en la biffant pénétrer plus
long-tems & plus fortement par ce principe , de
rompre plus profondément le lien de- compofi-
tion de fes élémens. Auffi a-t-on bien remarqué
que, dans ce dernier cas, la cire eft bien plus fortement
décompofée : il fe dégage plus de phlegme,
plus d’acide, & l’on obtient une huile moins
graffe , & plus voifîne des huiles'volatiles. Il
faut ajouter que l’eau & l’acide, qui fe volati-
lifent dans la diftillation de la cire faite dans de \
trop petits appareils pour pouvoir croire que
l’air des vaiffeaux a contribué à la formation de
C I R
i ces produits , annoncent bien la préfence de
I l’oxigëne comme un des principes de la cire ;
que l’abondance de l’air, dans ceux des appareils
que l’on prend plus grands , multiplie la production
de ces deux compofés, & que telle eft
certainement la théorie de ce qui fe paffe lorfqu’on
chauffe Indre avec le contadl de l’air juf-
qu’à ce qu’elle s’enflamme.
En effet, la combuftion de la cire dans les lampions
& dans les bougies donne, pour dernier
réfultat, de; l’eau & de l ’acide carbonique quand
elle eft faite avec foin & complètement, comme
Lavoifier l’a trouvé par fes expériences. C ’eft.
l’oxigène atmofphérique qui brûle l’hydrogène
& le carbone de la cire yen s’ajoutant à la portion
d’oxigène qui fait partie de cette huile concrète.
La combuftion n’a lieu que lorfque la cire eft réduite
en vapeur par l ’effet de la mèche, comme
fa décompofition n’a lieu dans une cornue qu’à
l’aide d'une haute température. Lavoifier , dans
fon Mémoire de 17843 fur la combinaison de ïe x ige
ne avec Valcool, l'huile & les dijférens combuf-
tibles , a trouvé qu’en brûlant de la cire, dans un
lampion fous une cloche pleine d’air vital, au
delïus du mercure, il n’a pu en confommer que
21,90 grains 5 que cette fornme de. cire a ufé
•66,5c grains d’air vital , que le tout a fourni
62,58 grains d’acide carbonique , & .2 f,87 grains
d’eau. 11 en a conclu qu’un quintal de cire con-
tenoit 82 livres , 4 once£, gros , 68 grains-de
carbone, & i^livres, 11 onces, 4 gros, 4 grains
d’hydrogène. Mais il y a une erreur manifefte
dans ce calcul de Lavoifier , puifqu’il n’a pas
tenu compte de la porrion d’oxigène contenue
dans la cire > dont Berthollet a enfuite démontré
la préfence.
Ce dernier ehimifte , apres avoir fait voir par
des expériences ingénieufes que les huiles expo-
fées à l’air abforboient peu à.peu. l’oxigène; atmofphérique
, & paffoiènt à l’état concret.& foi.ide
à mefure que s’opéroit cette abforption, a prouvé
en particulier que la cire contenojt ce principe
affez abondamment, & qu’elle n’étoit qu’une
huile fixe eoncrétée par l’oxigène. En effer, fi on
la fait fondre fur du cuivre bien pur, elle l’oxide
promptement en vert, ce que ne fait point une
huile liquide. D’une autre part, en prenant des
huiles fixes & en les expofant, foit à un long
contadl de l’air , fpit à celui de l’acide muria-;
tique oxigéné , foit à l’adtion des oxides métalliques
, ou même des acides les plus décompo-
fables, comme l ’acide nitrique, qui laiffe promptement
féparer fon oxigène , elles deviennent
concrètes, folides, & plus ou moins rapprochées
de l’état cireux.
Cette théorie de la nature de la cire 3 comparée
aux autres huiles fixes, répand le plus grand jour
fur fa formation, fes propriétés, fon analyfe , fa
combuftion & fes ufagesi Par rapport à-fa formation
y on conçoit très - bien que, Séparée fous
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forme de g o u ttetîee-tt-e—s t-r-è--s -fines de la ,m , embran,,e
délicate qui conflitue la bourfe des anthères, elle
abforbe, par fa furface multipliée , 1 oxigène atmofphérique,
paffe promptement a 1 état concret
& pulvérulent, & iemble enfuite .p avoir plus
beloin que d’être purifiée , raffinée, feparee
d’avec les matières-extraétive, reculente oz colo-
rée qui l’altèrent dans 1 état de pollen , pour devenir
de la cire proprement dite > feparation qui
paroît être opérée dans l’eftomac & par les forces
digeftives des abeilles. En appliquant cette fimple
& lumineufe théorie à toutes les circonftances
naturelles fur lefquelles elle peut avoir une influence
-dire&e , on reconnoît que les cires végétales
font également le produit confiant de l’oxi-
gé nation qu’éprouvent les huiles fixes, lorfque,
portées au dehors des grains ou des fruits qui les
recèlent, &■ dont elles engorgent & rompent les
vaiflèanx, elles fe trouvent plongées dans l'air, qui
les epaifiït & les étend en couches minces-& folides
à la furface de ces organes des plantes. '
.... C ’eft à la fixation de cette portion d’oxigène
que la cire doit fa folidité , fa propriété fondre
& caftante, fon tiffu grenu & comme criftallin,
fa fûfibilité plus difficile que celle dé toutes les
autres matières huileufes , fa dudlilité fi utile à
un grand nombre d’arts, fon inaltérabilité-à l’air,
& par les acides les plus puiffans "qui agiffent fi
vite fur les huiles fixes liquides > fa 'décompofition
à la cornue lorfqu’on la traite par un feu
appliqué lentement & graduellement, fa grande
difiolubilité par les alcalis caufliques, fon indiffo-
lubilité dans l’alcool. C ’eft encore à la préfence
de l’oxigène qu’on doit attribuer:Tépaifliffement
qu’elle communique aux huiles avec lefquelles on
la combine, fa propriété de s’unir promptement
à quelques métaux & aux oxides métalliques,
l’inaêlion de l’acide muriatique oxigéné fur elle,
tandis que cet acide épaiffit fi promptement les
huiles liquides'.
La cire-, telle qu’on la retire des ruches,’ épui-
fee du miel qui l’enduit, fondue, épurée & coulée
en pains, a une couleur jaune, un _ tiffu grenu,
groffier, & une niolleffe particulière : c’eft cé
qu’on nomme la cire brute. Sa couleur eft due à
une matière extraêlive particulière, qui provient
de celle des pouflières des 'étamines , & qui ,
quoique d’une même nature générale-,' diffère
cependant affez, fuivant les lieux d’où elle.eft
tirée , & des plantes où les abeilles l’ont recueillie
, pour que les manufacturiers -qui s’occupent
dé fon blanchiment, aient, remarqué depuis
long-tems qu’elle étoit plus ou moins difficile à
enlever.- Macquer a cobfigné dans fon Dictionnaire
un fait intéreffant fur cet objet, ce U y a ,
d it-il, des-ciref dont la couleur eft plus tenace ,
& réfifte même à tel point, qu’on.renonce à les
blanchir: ce font particuliérement celles qui viennent
des pays dans lefquels il y a des vignes.
Je tiens, continue-1-il, cette obfervation de
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M. Ti-uffon, propriétaire de la manufacture de
cire à Antoni, près de Paris. »
Le blanchiment ordinaire confifte à expofer la
cire étendue en rubans minces ^ à l’aide a un ci-
lindre de bois roulant dans F eau, fur laquelle on
la fait couler d’une chaudière placée au deffus de
la cuve, fur de grands châffis de toile , foutenus
à un.pied de terre, aux rayons du foleil, à l’air
& à la rofée. Cette opération , qu’on répète
plufieurs fois de fuite fur la même cire pour la
bien blanchir dans toutes fes parties, ôc qui dure
plufieurs femaines, eft manifeftement due, comme
le blanchiment des toiles, à l’aCtion de l’oxigène
atmofphérique , aidée par celle de la lumière.
Quoique l’acide muriatique oxigéné n’ait point
en général la même aCtion décolorante fur les
fubftances animales que fur les végétales, if a
cependant été déjà employé avec quelque fuc'cès
pour blanchir la cire jaune ; mais on n’a point encore
réufli à lui donner, par ce moyen , le même
blanc que par le pré. D’ailleurs, elle retient opiniâtrement
, ainfî que le fuif, après cette opération,
l’odeur de l’acide muriatique-oxigéné. L’addition
de l’acide fulfuieux pourra contribuer à
faire difpaloître la première difficulté, & l’en ploi
de quelque réaCtif alcalin, & furtout ammoniacal,
en très-petite dofe, remédiera au fécond défaut.
Au refte, c’eft aux mahufavturiers à faire les effais
convenables pour cette efpèce de blanchiment,
en y employant les lumières que la chimie leur
fournit.
La cire blanche eft connue fous le nom de cire
vierge. C’eft dans cet état que les chimiftes la
prennent pour en faire l’analyfe & en examiner
les propriétés : elle n’a ni faveur ni odeur fen-
fibîe. C ’eft la plus infufible de toutes les- huiles
concrètes animales, fi l’on en excepte l’efpèce
d’adipocire criftalline1 qui fait la bafe des calculs
biliaires ; elle prend de la tranfparence & la forme
d’une huile fixe en fe fondant 5 elle eft inaltérable
par les acides, & bien diffoluble par Fs alcalis
caufliques , qui lui donnent la forme & les caractères
d’un favon.
-- L’eau n’a aucune efpèce d’aélicn fur la cire pure;
elle fe mêle bien, elle fe combine même avec les
oxides métalliques. Aucun fel compofé ou neutre
n’agit fur elle. -
On l’unit facilement aux bitumes, & furtout au
fuccin & au piffafphalte, & point au charbon de
terré & au jayet.
Elle s'allie très-bien à toutes les huiles végétales,
à plufieurs extraits, aux baumes, aux huiles
j volatiles, aux réfines & aux gommes - réfines ;
elle refufe au contraire de s’unir aux mucilages,
au corps fucré, aux fécules, au corps ligneux &
au tannin.
Plufieurs matières colorantes végétales, fur-
tout parmi celles qui ont un caradiere plus ou
moins huileux, fe combinent parfaitement avec
la cire, qui prend leur couleur, fans altérer leur