
un fpe&hcle très- agréable. On obtient le ftiêmè
effet, foivant une ©bforvatian déjà ancienne de
Geoffroy , lorfqu’on le chauffe fortement dans un
cr*eufet. Quand: ce vaifleau. eft;bien rouge.,, le- métal,
déjà recouvert d?une couche di’oxide,,fe fotiiève
8c fauïille en je t s q u i offrent dans F air une flamme
vive & blanche, analogue à celle du zinc. On-voit
aufli fuccéder à- ces jets de flamme une fumée
d'oxide blanc qui fe condenfe fur les corps froids
en aiguilles crilhllines brillantes 8c traofparentes.
24. L’expofition de Y étain à une forte chaleur,
plus ou moins long-temps continuée avec le corï-
taét de l’air , & les phénomènes/emarquables qui
accompagnent lbn o xi dation, ont été le fujet d'ex-
pérfencesirnportantesfaites par Margraff,Macquer,
Darcer& Baume. Ces quatre chimiftes s'accordent
à dire que l'oxide d'étain formé dans ce cas eft
en partie criûallifé en prifmes aiguillés fins ,, du
plus beau blanc ; que cet oxide s'élève 8c fe groupe
en herboriiàtions ou en buifions,. imitant une végétation,
un choux-fleur 5 que fous cette matière
blanche comme la neige fe trouvent un autre
oxide rougeâtre & un verre de couleur d’hyacinthe
ou violet,, ou; rouge de rubis ou-de grenat,
recouvrant immédiatement la portion de métal
inaltérée ,. qui n?à point eu le contaét de l’air &
n’a point abîorbé d’oxigène. Quelquefois il y a eu
dans les expériences un verre jaune pur, ou des
enduits vinifiés verts} mais il eft vraifeaiblable,
que cela tenoit à du fe r , à du cuivre ou à quel-?
qu'autre matière métallique étrangère.
25. Ces couleurs grife, blanche,, violette ou
rougeâtre-obfcure que prennent les oxides d'étain
en payant du. minimum d’oxidation à fon maximumy
& en fe vitrifiant: plus ou moins fortement, quoique
moins riches & moins nuancées que celles de
tant d’autres fubftances métalliques, montrent
néanmoins que les proportions diverfes d’oxigène
font varier l'état de fés combinai fons, ôcfemblenc.
expliquer, par leplus ou le moins d'oxidation^ les.
diverfes modifications des oxides natifs de ce métal,.
depuis le blanc & le gris, jufquati violet & au
brun ou rouge foncé; Elles expliquent auflila di-
verficé qu'on rencontre dans les potées d'étain
dans lefquelles on trouve des nuances de gris, de
blanc , de fauve & de rougeâtre , qui paroi fie ne
tenir à différentes proportions d’oxigène , quoiqu'elles
foient dues aufir quelquefois au mélange
de quelques autres oxides métalliques, 8c fortout
au plomb, au cuivre ou au fer.
- 2 6. En démontrant, par les expériences que je-
viens de citer, la tendance qu'a l'oxide d'étain
pour fe vitrifier, à une-très-haute température , les
chimiftes n'ont pas donnépar leur récit les moyens,
de déterminer U proportion exaéte d’oxigène que
cet oxide contient à differens degrés d’oxidation.
Tout ce qu'on peut conclure , en général, de ce:
qu'ils ont dit à cet égard , cl eft que jamais la proportion
de ce principe, quife fixe dans Y étain, ne
va au*delà de vingt parties fur cent de. métal -i en. J
forte qu’il ne forme au plus que Te cinquième du
poids de l'oxide le plus complet. Ils ont cru que
cet oxide d’étain-m maximum étok devenu prei-
qifirréduéliblej mais; cette opinion eft- une erreir
tenant à l'ufage des flux alcalins qui didoivent
beaucoup d’oxide 8c en empêchent la réduétion.
On réduit complètement l’oxide à 0,20 d'oxigène
par le charbon & la réfïne.
27. Il n'y a pas de combinaifon connue entre
l’azote , l'hydrogène 8c Y étain: ce mékvl eft fuf-
ceptible de s'unir au charbon. Margraff a obfervé
qu’en mêlant du charbon-en; poudre avec de Y étain
en limaille , à parties égales,- ce- mélange , introduit
8c chauffé très-fortement dans une cornue de
terrej n'avoit point donné de fublimé ou de fleurs,
petite portion d'oxide d'étain qu'il avoit obtenue
dans des expériences où il avoit chauffé ainfi le
métal feul, 8c qu’il n'avoir pas non plus éprouvé
de fufion, mais s’étoit feulement changé en une
pouflière groffièle' 8c-noirâtre : en lavant enfuite le
mélangé, .il a trouvé Y étain en grenaille très-fine.
Ainfi,,dans-cet effar,la fufion de Yétainen une feule
malFe avoir été arrêtée-8c empêchée par la préfenee
du charbon } 8c comme il n'y avoit eu aucun fublimé
arfenical, on doit être étonné que Margraff
n ait point été détourné, par ce résultat, d’admettre
ce métal vénéneux dans Y étain , fortout à
la proportion qu’il a indiquée. En traitant Y étain
en grand au milieu des charbons, il abforbe un
peu de carbone j il en prend davantage lorfqu'il
iejourne long-tems dans du charbon rouge. Cet
étain carburé eft gris, dur, cafiant, grenu, plus
difficile à fondre , 8c il préfente , dans fes diffolu-
tions par les acides, des: phénomènes qui feront
décrits ailleurs.
28. Le phofphore fe combine facilement 8c fortement
à 1 etain3 comme il réfuîte du beau travail
de Pelletier fur cette combinai fort. En jetant du
phofphore fur de- Y étain fondu dans un creufet,
ces deux corps s'urûflenr, 8ë il en réfokemn phof-
ohure d’étain- qui contient 0,1 ƒ à o,2q de phofphore.
Ce compofé eft d'une couleur livide de
plomb : il fe laiffe entamer au couteau ; il c ri fiai-
life en refroidiffant; il a un tiffii la me lieux j il fe
laiffe d abord applatir fous le marteau, mars il fe-
fepare bientôt en lames j il donne une limaille
/èmblable à celle du plomb : jetée fur les-charbons-
allumes, cette limaille brûle en répandant Fodeui*
8c la flamme du phofphore : au chalumeau, Je
phofphore brûle de même, &• le petit culot qui
refte, eft recouvert’ d’un verre tranfparent. Mar-
graff,. qui-avoir obtenu ce phofphme d'^ai/z, fans
s'en douter, par un procédé dont je parferai plus
bas, l’av'oit indiqué comme feuilleté & brillant,
fragile, femblablé au z-inc, 8c donnant une flamme
de phofphore fur les charbons ard'ens. Pelletier a
diftille ce phofphure d'é/zw/i-avec1 le* niuriate fur—
oxigéné- de mercure 5 il a eu pour produit du mu-
riate fumant d’étain} du mercure réduit 8c du gaz
hydrogène phofphuré, qu-i ffeft enflammé- ave®
détonation en fortant dé la cornue. Il a refté dans
ce vaiifeau une matière botrrfouflée, brûlant fur
les charbons à la manière du phofphore, 8c qu'il
a regardée comme une combinaifon d’ étain 8c de
phofphore.
29. Le foufre s’unit facilement à Y étain, 8c
forme avec lui un compofé qui n’exifta que très-
peu abondamment, à ce qu'il paroi cd a n s la nature.
On combine Y étain avec.le foufre , en jetant
ce dernier fur le métal fondu dans un creufet : on
remarque que la fufion de Y étain eft arrêtée. .11
refaite de cette union , qui abforbe feize à vingt
parties de foufre par cent parties d’étain 3 une ;
matière brillante, d'un gris métallique, fouvent
bleuâtre, d’une cafiure lamelleufe 8c rayonnée ,
ciiftaüifànx en cubes qui paffent à l’oétaèdre, attaquables
par les acides avec effervefcence, 8c qu'on
ne trouve que très - rarement parmi les mines
d’étain, quoique l’art parvienne aifé.ment à la.
former.
30. Si l'on chauffe modérément 8c graduellement,
dans une cornue ou dans un creufet, parties
égales d'oxide d’étain 8c de foufre,,1&Y\Y étain’
eft fuffifamment oxide, il fe dégage du gaz acide
fulfureux, du foufre, & il refté dans le vaifieau
un compofé brillant de couleur d'or, non volatil,
crifta'lifable en lames hexaèdres, non attaquable
par les acides, donnant à un grand feu de l’ acide
fulfureux, du foufre 8c une malle noire de ful-
Fure d’ étain. Ce comppfé, .qui a été décrit par
Kunckel, que lés alchimiftes ont découvert, 8c
qui a même donné à beaucoup d’entr eux des espérances
chimériques , a porté de nom d’or mufîf
ou muftif , aurum mufivum , müficiim , .mpfazcam.
C ’eft de l’ oxide d’étain fulfuré, dont la nature,Ta
préparation 8c les propriétés ont été fi bien décrites
en 1792 par Pelletier, qu’il n’y a prefqu.e
rien à ajouter à fon travail complet fur ce compofé,.
Ce n’eft pas cependant par ce procédé immédiat
de chauffer de l’oxide d'étain 8c du foufre
qu’on prépare cet oxide fulfuré : on verra par la
fuite la lifte nombreufe des moyens très-variés
qu’on peut employer pour le former. Il fuffit d’énoncer
ic i, en général, que toutes les fois que de
l'oxide d’ étain au maximum fe trouve en conta61
avec du foufre très-divifé , ou avec des hydroful-
fores à un certain degré de température, il forme
ce compofé doré fur lequel je reviendrai.
ration. Il eft bien évident qu'il fe forme ici de
l'oxide d'fori/zdulfuré 8c peut-être hydrofulfuré.
32. L'étain eft fofceptible de fe combiner avec
beaucoup de fubftances métalliques, 8c forme des
alliages plus ou moins remarquables. L’arfenic ne
peut s'unir que difficilement par la fufion dans des
-creufets avec Y,étain , à caufe de fa volatilité.
Margraff a fait voir q-u'bn peut cependant faire
cet alliage au moyen de l'acide arfenieux auquel
une partie' de Y étain enlève fon oxigène : c’éft
d’après cela qu’il a répandu l’alarme for les ufages
économiques de Y étain. Baumé, en chauffant avec
de Y étain del’arf^.liate acidulé dë potaffe , fel neutre,
cérfinie ai de Macquer, que ee métal décompofe fuivant
31. L’ étain ne s'unit point facilement au gaz
hydrogène fulfuré 5 cependant lorfqu'il eft plongé
dans ce gaz ou dans l'eau qui le tient en diflolu-
tion, il change promptement de couleur ; il en
prend une jaune- dorée, 8c il paroît décompofer
les hydxofulfores. Cette a&ion eft bien plus fo»te
de la part des oxides d’ étain : ceux-çi jaunifient
d’abord, noirciffent enfoite quand on les defleche •
à l’air, 8c prennent le brillant métallique 8c doré j
de l'or mufiif lorfqu’on les chauffe douce me pt. I
Les hydrofolfures , l’eau hydrofoifuréè, perdent j
promptement leur odeur par la fuite de cette alté- ''
lui, die avoir obtenu un culot brillant, aigre
8c à facettes, comme l’antimoine. Bayen a beaucoup
mieux vu 8c décrit cette combinaifon. Il a
prouvé d’abord que I’aeide arfenieux ne fe corn-
bînoit point avec Y étain : fes expériences ont fait
; voir que les craintes nées des eflfais erronés de
Margraff n’étoient que des chimères. En traitant
•à la cornue quinze parties d’étain en limaille &
; une partie d’arfenic métallique en poudre , jafqu’à
: fairé rougir ce mélange, il'fe'fobîime à peine un
s foixante-d-oiizième de l’arfénic en aci le arfi. nie ux*.
ce métal vôTafil eft fixe par-fa combinaifon avec
Y étain* On trouve au fond de la cornue un culot
, métallique, pefaht la fomme tofale des deux métaux
employés, eriftallifé en grandes lames ou facettes,,
comme le bifmuth’, plus fragile que le
zinc , plus difficile à fondre que Yétain , qui ,
ramolli d’abord par le feu 8c preffé avec une baguette
de fer, produit un bruit par le frottement
de feS lames, 8c dont l ’arfenic ne fe fépare qu’eh
le chauffant long-tems à l’air. L’examen que Bayen
'a fait de cet alliage à un feizième d’arfenic, dent
il afinguliérement varié les proportions en y ajoutant
de Y étain ; les moyens qu’il a donnés pour
réeonnoître la préfenee de l’arfenic dans l'étaid,
fort but par l’acide muriatique qui diffout ce dernier,
8c laiffe‘le premier en poudre noire} Tana-
lyfe comparée qu’il a préfentée de tous les étains
ouvrés ou bruts dont on fe fert en France, ont
.entièrement rafforé, 8c le gouvernement fr ançais,
8c tou? les hommes de bonne fo i, contre les prétendus
dangers de Y étain dans les ufages de la vie.
Il réfulte en général de fon travail, par rapport à
Y étain arféniqué, r°. que la quantité d’arfenic qufe
Margraff croyoit avoir trouvée dans 1 etam de
Morlaix, qui ail oit prefqu’ à un neuvième de
fon poids , feroit beaucoup plus que fuffifmte
pour ôter à ce métal la molleffe 8c la flexibilité
qiT’on lui connoît, 8c pour le rendre au moins auffi
fragile que le zinc 3 r°, que les étains de Banca &
de Malaca ne contiennent pés un atome de ce
dangereux métal (cependant M. Vauquclin en 'a
trouvé des traces dans le dernier} ; 30.que Y étain
d’Angleterre, en gros faurnons, donne , par l’action
de l’acide muriatique , une petite quantité de
-poudre noirâtre, fouvent mêlée de cuivre & xi’arl
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