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quelquefois il doit chercher à la faire naître, en la
reconnoiffant comme un moyen confervateur des
cqmpofés. Il n’eft prefaue pas nécelîaire d'ajouter
ici qu'ils font intéreflés à connoître le degré de
cohéfion qui lie les molécules des corps , qu’ils
ufent de divers inftrumens ou procédés pour
remplir cet objet , comme la lime , le frottement
réciproque , la prelïion graduée & eftimée
par des poids $ qu'en cela ils Te rapprochent du
minéralogifte & au lithologifte j qu'ils tirent fou-
vent des lumières du lapidaire , du métallur-
gifte , de ceux aufli qui travaillént , fcient ,
tournent, polilTent les bois y les os , & c . 5 &
que c'eft en réunifiant toutes les notions des
arts aux expériences exa&es des phyficiens 3
qu'ils parviennent à acquérir les vraies lumières
propres à les guider dans leurs travaux préparatoires
, dans les opérations préliminaires qui
doivent précéder les combinaifons ou les com-
polîtions auxquelles ils donnent fans celle naif-
fance.
COHOBATION. C'eft une opération par laquelle
on diftille, à plufieurs reprifes , le même
liquide fur une fubftance lolide , foit pour charger
le diffolvant d’une plus grande quantité de
parties volatiles de la fubftance folide 3 foit pour
porter jufqu’au maximum l'altération que l ’on
veut faire éprouver à la matière folide.
C'eft ainli qu’on pratiquoit autrefois cette
opération pour préparer ce que l’on appeloit
bé\oard minéral 3 en diftillant jufqu’à trois ou
quatre fois l’acide nitro-muriatique fur de l’oxide
d'antimoine 3 pour que , fuivant le fyftème de
ce tems-là ÿ cette fubftance métallique fût complètement
dépouillée de fon phlogiftique , o u ,
félon la théorie aétuellè 3 elle fût entièrement
faturée d'oxigène.
C ’eft encore dans cette vue que les pharmaciens
partent fouvent plufieurs fois la même eau
diftillée fur de nouvelles quantités de plantes
herbacées ou aromatiques , pour la charger d'une
plus grande quantité de parties volatiles & aromatiques.
On fuit aufli le même procédé relativement
à l'alcool dans la préparation de quelques
eaux fpiritueufes.
Lorfque l’on veut former de l’acide oxalique
avec les fuhftances végétales qui en font fuf-
ceptibles, l'on a fouvent befoin de palier plu-
lieurs fois de fuite l’acide nitrique fur ces fubf-
tances, pour opérer leur eonverlion comp lète
en acide oxalique. En fuivant cette marche, on
économife l’acide nitrique, parce que dans la
première diftillation il fe volatilife beaucoup de
cet acide qui échappe à l’a&ion de la matière
végétale , & qui agit dans la deuxième opération,
Il en eft de même toutes les fois que l ’on
veut réduire en fes principes élémentaires quelques
corps organiques par l’a&ion de l'acide nitrique
i car 3 quelque quantité d’acide que Ton
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emploie, relativement à la matière à décompo-
fe r , il en refte prefque toujours une partie qui
n’a point fubi l’altération defirée.
On employoit anciennement, pour une efpèce
de cohobation particulière , un vaifleau nommé
pélican 3 à caule de fa forme\ il eft compofé d’une
cucurbite de verre & d’un chapiteau, qui ne font
enfemble qu’une feule pièce : ce cnapiteau a
dans fa partie fupérieure une ouverture bouchée
à l ’emeri pour introduire les matières j il
porte deux becs qui communiquent avec fa
| rigole intérieure , oc qui en fe courbant vont
percer les parois de la cucurbite avec laquelle
ils communiquent. L’on voit que, par la conf-
truélion de ce vaifleau , les vapeurs formées
dans le fond de la cucurbite s'élevoient dans
le chapiteau, o ù , refroidies par l’air extérieur,
elles retomboient continuellement dans la cucurbite
par les tuyaux latéraux.
Par cette opération on avoit en vue, ou de
difîoudre une plus grande quantité de la matière
folide dans un liquide quelconque , ou de ramollir
des lubftances dures par un lopg contaâ:
avec de l’eau bouillante ou quelqu’autre liqueur.
Enfin la cohobation eft une opération pratiquée
avec un zèle & une patience infatigables par les
anciens chimiftes , & qui eft peut-être, comme
le dit Macquer, trop négligée aujourd'hui. (V.)
COLCOTAR. Les alchimiftes ont nommé
ainfi ce qu’ils croyoient être la terre du fer ,
provenante de la décompofition du fulfate de fer
calciné, C ’eft de l’oxide de fer rouge , réfidu
de cette calcination , qui a perdu l’eau $c la plus
grande partie de l’acide fulfurique contenus dans
le fulfate de fer. Il eft beaucoup plus oxidé
qu’il n’étoit dans ce fel , parce qu’à la haute
température à laquelle il a été fournis, il a dé-
compofé une portion de l’acide fulfurique, auquel
il a enlevé de l'oxigène. Voilà pburquoi,
pendant la calcination du fulfate de fer, il fe
dégage de l’acide fulfureux.
On fait le colcotar3 foit en calcinant le fulfate
de fer à l ’air , qui reçoit alors l’eau , l’acide
fulfureux & l’acide fulfurique volatififés
par l’aétion du feu , foit en le diftillant dans des
vaiffeaux fermés où l’on recueille l’acide. Apiès
l’une ou l ’autre de ces opérations , le colcotar
retient une portion d’acide concentré qui le
rend déliquefcent & très-âcre. On l’employoit
autrefois dans cet état en chirurgie . comme af-
tringent, antifeptique, fortement tonique, &
même cathérétique.
En le lavant, on lui enlevoit cette portion
d’acide à nu, qui emportoit auffi un peu d’oxide
de fe r , & celui-ci, devenu inaltérable à l’air Sc
fans faveur , étoit nommé terre douce de vitriol.
( Voye\ ces mots. ) Dans cet état , il eft employé
comme couleur ou comme poudre propre à polir
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le diamant, les métaux , & c. ( mots
FiR & Sulfate de Fer. )
COLLE. On ne traitera pas ici de la colle
fous U point de vue des arts & de I emploi,
avec les détails qu’on doit trouver dans le Dictionnaire
des arts &• des M M I on, |
«era à donner quelques généralités, fur la nature
de la colle & fur les principes chimiques qui doivent
pre'fidér à fa préparation. ,
La collé eft prefque entièrement formée d une
matière animale particulière ^ quon deitgne ipe-
cialement fous le nom de gélatine. On trouvera
dans cet article tout ce qui tient aux propriétés
chimiques de cette, matière : on fe contentera
de dire ici qu’elle fe ramollit & fe gonfle dans
l’eau froide fans s’jr diffoudre ; qu’elle n'eit lo-
luble que dans- l’eau chaude au deflus de 6c
degrés ; que cette diffolution fe prend, par le
refroidi flement, en une maffe tremblante ou gelée
; qu’en épaifliflant celle-ci au feu, elle prend
une conliftance tout-à-fait folide , caftante, plus
ou moins tranfparente , qui fait un des principaux
cara&ères de la colle. ^ >
Comme la gélatine, qui-en fait la bafe, eft
abondamment contenue dans les organes blancs
Ass animaux, tels que les peaux , les tendons,
les ligamens, &c. c’eft de ces matières qu’on
fe ftrt pour préparer la colle. On lui- donne dif-
férens noms, fuivant les fubftances avec ief-
quelles on la prépare, fuivant quelques-unes de
fes propriétés , & furtout d’après fes ufages.
En général, celle qui eft faite avec les parties
délicates des jeunes animaux, ou avec des mem
branes minces & molles . eft plus blanche , plus
diffoluble , moins vifqueufe , moins adhérente ;
elle jouit d’une grande tranfparence , comme la
içlle de poiflon, la colle de Flandre, &c.
• Celle qui provient des peaux & des parties
blanches des animaux âgés , eft plus dure, plus
infuiible, plus indiffolublë, plus colorée, plus
tenace. C’eft là fpécialement la colle-forte.
H On emploie, dans les arts une foule d’efpèces
de colles faites avec les rognures de peaux de
veau 3 de rriouton , de boeuf , de cheval &
d’âne, d’anguille, les inteftins & les membra-
|É |; des po liions, les tendon^-, les cartilages,
les ligamens & les extrémités articulaires for-
tânt des boucheries.
• Chacune de ces colles a des noms & des ufages
particuliers : il ne faut pas les confondre avec
les colles végétales & les empois qui font préparés
avec différentes efpèces d’amidons ou de
fécules, amylacées. ( Voye£ le Dictionnaire des
arts. )
*•-. Comme c’eft fpécialement la colle-forte qui
fait l’efpèce la plus prononcée en quelque forte
de tout ce genre , on croit devoir inférer ici
l’extrait d’un rapport fait au bureau de conful-
tarion des arts & métiers par MM. Parmentier
II» Chimie. Tome IV".
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&r Pelletier, fur un procédé dû à M. Grenet,
pour faire cette préparation avec les o s , parce
que ce rapport eft la differtation la plus claire
& en même tems la plus complète , fur cette
matière.
Peu de perfonnes ont écrit fur la. préparation
de la colle-forte. .Ce.. fujet eft cependant de
la plus grande importance , par la confommation
que l ’on fait de la 'colle-forte dans divers arts.
L’on s’eft bien occupé en France de la préparation
des colles-fortes 3 & il en a été élevé des
fabriques j mais la fupériorité en beauté & en
qualité des colles étrangères leur a fait donner
la préférence à cdes prix prefque doubles. Cette
confidération doit donc déterminer la nation à
encourager ce genre de fabrication, & à accueillir
favorablement, à récompenfer même les travaux
de ceux qui, par des recherches particulières
, font parvenus à avoir des réfultats nouveaux.
C ’eft en . railon de cette importance
qu’ils ont examiné avec foin les procédés de
M. Grenet, & qu’ils ont cru , en en rendant
compte, devoir rappeler fommairement ce qui
avoit été fait avant lui.
On doit à Duhamel du Monceau la connoif-
fmce de l’ art de faire différentes fortes de
'colles. La defcription de cet art eft loin d’être
parfaite i c’eft cependant l’ouvrage le mieux
fait que l’ on ait encore fur les colles. On ne
parle ici que de la colle-forte 3 pour lie point
s’écarter de l’objet du rapport.
- ec La colle-forte, dit Duhamel, eft une diflolu-
tion dans l’eau des parties membraneufes, carfil-
lagineufes & tendinéufes qu’on tire des animaux ,
delféchée eniuite & fondue en tablettes.
« Les gelées de corne de cerf, dit encore Duhamel
, celle de pieds de veau qu’on prépare
dans les cuifines & les offices, feroient de la
colle-forte fi on les deflechoit.
» Les feules parties animales , capables de fe
fondre en gelée, font véritablement l’effence de
la colle5 les autres lui font étrangères, & ne
peuvent que la rendre moins bonne : ainfi les
parties charnues , fanguinolentes ; les grailles ,
!a fynovie , ne doivent point être employées pour
la préparation de la colle- forte. Plufieurs- fubftances
animales font propres à faire de la colle-
forte : les rognures des peaux & des cuirs , les
; pieds , la peau des têtes & des queues de plufieurs
animaux, les os mêmes , fi l’on fe fervoic
de la marmite à Papin pour les diffoudre , pour-
roient fournir de la colle.
m Je n’ai pas, ajoute Duhamel , pouffé bien
loin les expériences fur ce point ; cependant je
fuis parvenu à faire avec des os une colle qui ,
; à la vérité, étoit fort noire , mais qui me pa-
| roiffoit très-forte j & je crois qu’elle auroit été
! meilleure fi j’avois commencé par ôter la moelle
& la graiffe, & par enlever , au moyen d’un
acide , la fubftance terreufe des os , pour ne
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