
nrefque que de l’eau, &* la portion non ge-
iee eft du vinaigre plus fort. Si l’on continue cette
congélation en augmentant fucceffivement l’inten-
fite de froid à chacune, on obtient très-peu de
vinaigre non gelé > il eft alors très-fort, moins
coloré, moins altérable, & bien plus facile à con-
ferver : on le nomme vinaigre concentré a la gelée.
C ’eft un moyen de le conlerverj mais il eft fort
cher, parce qu'il n’en refte que très-peu qui ne
gèle point. Scheele a trouvé un procéoe beaucoup
meilleur pour obtenir cette confervation :
il confifte à le faire bouillir perdant quelques
inftans. Après cette opération, le vinaigre eft
beaucoup moins altérable, & peut être contenu
même dans des vafes découverts fans fe gâter :
elle eft, comme on voit, très-fimple, très-applicable
aux ufages économiques.
17. On fe fert de l’aétion du feu fur le vinaigre
pour en obtenir l’acide acéteux pur. Pour cela on
le diftille dans une cucurbite de grès recouverte
d’un chapiteau de verre, ou dans une cornue de
verre placée fur un bain de fable, à laquelle on
adapte un récipient. On donne le feu doucement,
& de manière feulement à faire bouillir légèrement
le vinaigre. 11 paffe d’abord un liquide d une
odeur vive, fragrance, aromatique, dont la première
portion eft de l’alcool mêlé d’un peu d’acide
acéteux ; il lui fuccède bientôt une liqueur acide
très blanche, d’une odeur aigre forte : c’eft là
l’acide acéteux ou le vinaigre diftillé. Il devient
d’autant plus acide, que la diftillation avance davantage
; il a moins d’odeur avec plus d’acidité.
On peut féparer tous ces produits en changeant
de récipient à chacun 5 mais on fait rarement cetce
féparanon. On fe contente de recueillir, par cette
diftillation » environ les deux tiers de la liqueur
mife en diftillation : quand on en extrait davan- !
tage, le produit a l’odeur d’empyreume. Après
avoir donné ce produit, ce qui refte du vinaigre
eft un liquide épais-j d’une couleur rouge-foncée
& fale j il dépofe une certaine quantité de tartrite
acidulé de potaffe ; il eft encore très-aigre. Ainfi
il contient des acides plus fixes que l’acide acé-
teux, auquel eft due l’odeur âcre & empyreuma-
tique que donne le vinaigre brûlé. Cet extrait, j
traité à la cornue, fournit de l’eau colorée acide, i
de l’ huile brune, un peu d’ammoniaque, & laiffe
un charbon contenant beaucoup de potaffe.
§• IV. Des propriétés chimiques de V-acide acéteux.
18. J’ai dit que les chimiftes n’examinoient
point les propriétés du vinaigre dans fon état
commun î que, pour connoître les caraâères de
l’acide acéteux, ils fe fervoient de celui qu’ ils ex-
tr-iyoient du vinaigre par la diftillation : c’eft donc
de cet acide pur que je vais examiner ici les com-
binaifons. L’acide acéteux dans cet état, doué
d’une tranfparence parfaite, d’une odeur affez
agréable, d’une faveur aigre piquante, d’une
pèfanteur fenfiblement moindre que celle du vi*
naigre , puifqu’ëlle ne va qu’à îo.coy , rougiflànt
les couleurs bleues végétales, expofé lèul au feu,
fe volatilife & s’évap'ore tout entier. Il eft plus
volatil que décompo labié 5 il fe conferve, fans s’altérer,
dans des vaiflèaux fermés > il n’ agit point
fur l ’hydrogène, le carbone, le phofphore & le
foufre; il s’unit à l’eau en toutes proportions. On
ne connoît pas bien encore la manière dont l’altèrent
les acides puiffans, quoiqu’on fâche que
l’acide fulfurique concentré, le carbone & l’acide
nitrique le décompofent en eau & en acide carbonique.
Il diffout foiblement l’acide boracique,
& abforbe l’aeide carbonique.
19. L’acide acéteux s’unit à toutes les bafes
terreulès & alcalines, & les fels qu’il forme font
' caraétérifes par leur grande diffolubiiité, leur déco
mpofîticn par le feu qui les charbonne, l’altérabilité
fpontanée de leurs diffolutions, leur décom-
pofition par un grand nombre d’acides qui en dégagent
l’acide acéteux très-concentré.
Voici les propriétés cara&ériftiques des principales
efpèces d’acétites qui ont été examinées juf-
qu’ici. Leur ordre refpeéfif, fondé fur les attractions
de l’acide acéteux, eft le même que celui
qui a été obfervé pour un grand nombre de fels
fofliles.
A. L’acétite de baryte criftallife en aiguilles j
fa faveur eft amère : il s’effleurit à l’air ; il eft bien
diffoluble } il n’eft décompoiable que par les carbonates
alcalins, & non par les alcalis ni les terres
pures : il peut fervir à reconnoître la préfencs &
la quantité de l’acide fulfurique dans les vinaigres
qui feroient fophiftiqués par fon addition.
B. L’acétite de potaffe exifte dans beaucoup de
fucs végétaux : on a vu que tous les extraits en
contiennent : M. Vauquelin l’a trouvé dans les
fumiers & les terreaux. On le rencontre dans les
lèves j on le fépare même de quelques urines de
quadrupèdes : on le prépare pour les. ufages pharmaceutiques.
11 a long-tems été nomme terre foliée
de tartre, parce qu’on l’obtenoit fous la forme de
feaillets non crittallins & fecs. La préparation de
ce fel, très-employé en médecine, confîfte à fatu-
rer du carbonate de potaffe pur avec de l’acide
acéteux, dont, on ajoute un excès, à filtrer la liqueur,
à l’évaporer à un feu doux dans un vaif-
ièau de porcelaine ou d'argent, à terminer l’évar
poration quand la liqueur eft devenue épaiffe au
bain-marie ou fur des cendres chaudes , jufqu’à
ficcité : on obtient auffi un fel blanc. Quand on
l’évapore à un très-grand feu, ce fel devient gris
ou brunâtre, parce qu’une partie du vinaigre fe
brûle.
L’acétite de potaffe a une faveur piquante,
acide, & à la fin urineufe & alcaline : le feu le
décompofe & le charbonne après l’avoir fondu &
bourfouflé. A la cornue, il donne de l’eau acide,
une huile empyreumatique, un peu d’ammoniaque
, beaucoup de gaz hydrogène carboné & de
gaz acide carbonique : le charbon, qui refie après
cette diftillation contient la potaffe à nu, & fou-
vent il eft à l'état pyrophorique.
L’acétite de potaffe attire fortement l’humidité
de l’air : il eft extrêmement diftolublé dans l’eau,
& produit du froid en fe diffolvant. ba diffolution
concentrée donne , quoique difficilement, des
criftaux réguliers prifmatiques, mais très-peu per-
manens, à caufe de.leur déliquefcence. La même
diffolution, un peu plus étendue d’eau, fe décom-
pçkfe fpontanément aans des vaiffeaux fermés i elle
dépofe des flocons épais muqueux, gris & noirs à
la fin, & ne contient plus, au bout de quelques
mois, que du carbonate de potaffe fouille par un
peu d’huile charbonneufe. Il reffemble par .cette
propriété au tartrite de potaffe.
L’acétite de potaffe eft décompofable par les acides
puiffans. Diftillé avec l'acide fulfurique concentré
, il donne un acide acéteux extrêmement
âcre, & qu’on a même confondu, à caufe de fon
odeur ,.avec l’acide acétique, dont je. parlerai plus
bas. Les acides tartareux bc oxalique décompofent
auffi l’acétice de potaffe, & ils font plus forts que
J’acide acéteux. On verra plus bas que ce fel précipite
beaucoup de diffolutions métalliques, à
l’aide des attrapions doubles. Quand on le diftille
avec l’acide arfenieux ou oxide blanc d’arfenic, il
donne un produit volatil, fumant, d’une odeur
horriblement fétide, & qui s’enflamme fpontanément
à l’air en. répandant une fumée abondante
& une flamme rougeâtre.
C. Lacécite de foude a été très-improprement
nommé terre foliée minérale, puifque cette dénomination
ne de voit pas, même dans l’ancienne
nomenclature , être donnée à.un fel bien criftal-
lifable. On le prépare en faturant du carbonate de
foude d’acide acéteux. On évapore la diffolution
filtrée jufqu’à légère pellicule, & il fe criftallife
par le refroidiffement des prifmes ftriés, affez
femblables à ceux du fulfate de foude dépofés rapidement.
Ce fel eft amer, piquant, & mêlé d’une
faveur acide d’abord, & alcaline enfuite. Il fe décompofe
au feu, comme le précédent, fpontanément
dans fa diffolution aqueufe. Il n’eft pas dé-
liquefcent comme lui » il laiffe cependant un ré-
fidu pyrophorique après la diftillation. Il eft décompofable
par la baryte & par la potaffe.
; D. On connoît encore très-peu l’acétite de
ftrontiane : on fait feulement que cette combinai-
fon a une faveur douce, qu’elle eft très-foluble,
& qu’elle fe décompofé facilement à une chaleur
fqrte.
E. L’acide acéteux fe combine promptement &
facilement avec la chaux $ il diffout le carbonate
de chaux avec effervefcence : quand il en. eft fa-
turé , & quand on fait évaporer fa diffolution jufqu’à
pellicule , elle donne des criftaux en prifmes
très-fi ns, en efpèces d’aiguilles brillantes & lati-
nées. Ce fel eu aigre & amer ; il s’effleurit à
l’air commeTacétite de baryte > il eft décompofé
par cette bafe , ainfi que par les deux alcalis
rixes. Les acides puiffans en dégagent, comme
de tous les autres acétites , l’acide acéteux avec
effervefcence. Il décompofe plufieurs fels par les
attractions doubles. On obtient fouvent l'acétite
de chaux dans les analyfes chimiques en traitant
les réfidus d’eaux minérales & différentes terres
ou pierres divifées par leur lufion avec la potaffe,
à l’aide de l'acide.acéteux.
F. L’acide acéteux s’un-it promptement à l’ammoniaque
; cette combinaifon liquide, avec un
; excès d'acide acéteux, forme Yefprtt de Mendere-
1 rus, qu’on prépare dans les pharmacies 5 c’eft l’a-
cétite ammoniacal. En l’évaporant pour èffayer de
: le faire criftallifer, il fe volatilife tout entier î
auffi quelques chimiftes ont-ils propofé de le préparer
par la diftillation. C ’eft ainfi qu’on l ’extrait
des eaux de fumier,de quelques fèves fermentées,
ôc même des urines altérées. On affure cependant
en avoir obtenu quelques criftaux aiguillés, d’une
faveur chaude piquante & d’une forte déliquefcence.
Ce fel eft décompofé par le feu, par les
acides, par les alcalis tk par plufieurs bafes terre
ufes : il fe détruit fpontanément.
■ G. L’acétite de magnéfie eft préparé très-facilement
par l’union immédiate de l’acide acéteux
H du .carbonate de magnéfie qu’il diffout avec effervefcence.
B ne criftallife que très-difficilement,
& fa diffolution donne par l’évaporation une maffe
vifqueufe , déliquefeente. Par cette propriété on
le fépare aifément de l’acétite de chaux avec lequel
il eft fouvent confondu fous forme lèche ,
dans le produit de l’évaporation des réfidus terreux
d’eaux minérales traités par l’acide acéteux.
Cette maffe faline, toujours fatinée & brillante ,
attire l’humidité, & fe fond à l ’air. Tant quelle
contient de l’acétite de magnéfie, on enlève cette
partie liquéfiée à mefure 5 & quand il n’y a plus
de déliquefcence, il refte. de l’acétite de chaux
pur.
L’acétite de magnéfie, outre les propriétés génériques.
des acétites, eft de plus décompof-.ble
par la baryte,, les alcalis fixes, la ftrontiane , la
chaux, & en partie par l’ammoniaque.
H. L’acide acéteux diffout bien la glucine.
Cette diffolution, fuivant M. Vauquelin , ne ctif-
tallife-point j elle fe réduit par l’évaporation en
une fubftance comme gommeufe, qui devient
lentement lèche & caffante 5 elle conferve long-
tems une forte de duêtilité. Sa faveur eft fucrée
& affez fortement aftiingente ; cependant elle
laiffe diftinguer celle du vinaigre.
I. Cet acide nediffc utque très-difficilement l’alumine
5 il forme avec elle de petits criftaux aiguillé
s , mous, fenfiblement aftringens, qui font dé-
compofables par toutes les bafes .précédentes. On
connoît peu encore les propriétés de l’acétite d’alumine.
K. Il en eft de même de l’acétite de zircone. On
j l’a très-peu examiné jufqu’ ici : tout ce qu’on es