
les lampes ou les chandelles & les yeux des ou- vriers, pour adoucir la lumière & l'éclaircir tout
à la fois.
Eau distillée. Veau diftiliée pafle pour être
de Veau très-pure , & c’eft celle que les chimiftes
recommandent dans toutes les expériences délicates.
En effet , lorfqu’elle a été faite avec précaution
dans un alambic bien propre 8c ne fer-
vant qu'à cette opération , elle ne contient , ni
aucun des fels fixes qu'on trouve dans toutes les
eaux terreftres, ni même l’air qui fe rencontre dans
toutes celles expofées quelque tems au contaéfc de
l ’atmolphère. Quelques chimiftes 8c phyflciens
modernes croient que l’a&ion du feu donne à Veau
diftiliée un caractère particulier, la faveur fade 8c
l'efpèce d’odeur de fumée ou d'empyreume qui la
diftinguent, en diminuant un peu fa proportion
d’oxigène, & en augmentant par conféquent celle
"de l’hydrogène 5 mais il n'y a aucune expérience
directe qui prouve l ’exiftence deN cette efpèce
à1 eau hydrogénée, & c’eft adopter une hypothèfe
que de l'admettre fans preuve.,
On a propofé, comme eau diftiliée , Veau de
;
liqueur, en raifon des fels phpfphoriques qui y
font tenus en diffolution : l’acide oxalique y prouve
la préfence du phofphate de chaux. Les nitrates
de mercure , de plomb & d’argent précipitent
encore la liqueur de Vamnios 3 8c le précipité eft
un mélange de muriate 8c de phofphate métalliques.
pluie, recueillie au deffus des habitations 8c dans '
des vafesTden propres, mais cette eau moins
pure que Veau diftiliée ,* elle contient de l’air, &
fouvent quelques fels qu’elle a pris dans l’atmof-
phèrei,
E au de l’ amnios. W amnios, membrane fé-
reufe qui contient immédiatement le foetus dans
la matrice des femelles vivipares , & qui fait
comme la coque de l’oeu-f, eft rempli d’une li-,
■ queur dont la fource, la nature & les, ufages ont
été le fujet de beaucoup de romans phyfîôlogiques.
Les uns y ont vu l’urine du foetus, 8c les
autres une efpèce de lait deftiné à fa nourriture.
La chimie feule peut faire connoître exactement
ce liquide. Voici ce qu’elle a déjà montré fur fes
propriétés 8c fa nature.
i . La liqueur de Vamnios eft tranfparente, un
peu vifqueufe & collante entre les doigts, d’une
faveur falée , légèrement douce, au point d’avoir
été comparée au petit-lait par quelques auteurs,
tandis que d’autres l’avoient dite femblable à de
l’ urine. Elle eft plus lourde que Veau, & commence
par tomber au fond de ce liquide avant de;
s’y mêler. Cette liqueur verdit le firop de violettes.
Quand on l’expofe au feu, elle fe coagule,
non en mafïe, mais en formant beaucoup çle grumeaux
ou de flocons qui fe dépofent promptement.
Les acides & l’alcool produifentf le même
effet fur la liqueur de Vamnios ; ils la coagulent , 8c y occafionnent un dépôt floconneux. On afliire
que la propriété coagulable fe perd dans cette liqueur
lorfqu’elle eft altérée, lorfqu’elle a pris une
àcreté qui va quelquefois au point de corroder les1
mains des accoucheurs. Les'leftives alcalines 8c
Vçuu de chaux font aufli un précipité dans cette, !
Le tannin y forme aufli un dépôt fauve très-
abondant.
2. Quoique les expériences dont je viens d’ex-
pofer Te réfultat d’après les faits recueillis par
Haller dans les ouvrages de Barbatus, de Ruy fch,
de Fanton, de Roëderer, de Mauriceau, de De-
nys, de Tauvry , de Longfield , 8cc. ne fuffifent
pas pour conftituer une véritable analyfe de la
liqueur de Vamnios, elles y montrent cependant
des caractères très-prononcés de liquidé albumineux
> elles la rapprochent du liquide qui s’ exhale
dans les- cavités, & qui appartient aux membranes
féreufes > de forte qu’il eft naturel de la comparer,
comme l’ont fait les phyliologiftes les plus exaéts,
à la liqueur du péricarde, du péritoine 8c de
toutes les membranes lymphatico-féreufes. Elle en
fuit d’ailleurs les conditions ; elle en montre fis
caractères par fa proportion fi variable, & qui eft
quelquefois telle, qu’elle imite ou conftitue même
une hydropifie par les filamens & les flocons
qu’elle dépofe, & qui adhèrent à la peau, comme
cela a lieu fouvent entre les. membranes féreufes 8c la furface des vifcères qu’elles recouvrent. Cette
feule analogie bien marquée doit faire croire qu’il
en eft de la fource de la liqueur de Vamnios, comme
de celle qui lubréfie toutes les cavités membra-
neufes 5 qu’elle eft fournie par les extrémités artérielles,
provenantes, foit du chorion, foit de la
membrane moyenne cellulaire 8c vàfculaire, fituée
entre le chorion 8c Vamnios.
3. Uné analyfe de Veau de Vamnios de la femme,
faite dernièrement par MM. Vauquelin 8<: Buniva,
médecin de Turin , confirme encore les premiers
réfultats des expériences anciennes. Ils lui ont
trouvé une odeur douce 8c fade, comme fper-
matique j une faveur falée, une couleur blanche
laiteufe, formée par des flocons caféiformes, qui,
retenus fur un filtre , reflembloient à la matière
dépofée fur les plis de la peau du foetus. Sa pe-
fanteur égaloit i ,004 *> elle étoitmoufleufe comme
une eau de gomme par l ’agitation, verdiffoit le
firop de violettes , & rougi (Toit tout à la fois le
toufnefol f la potaflè en précipîtoit .des .flocons
gélatiniformes î les acides l’éclairciffoient. quand
elie étoit troublée par la fermentation ; l’aicool
en a féparé une matière qui devenoit caflante par
la delficcation, comme de l’ albumine. La noix de
galle y a formé un dépôt brunâtre abondant,
comme le fait la gélatine. Chauffée après avoir
été filtrée, elle eft devenue laiteufe fans éprouver
de coagulation j elle a répandu l ’odeur de
blanc d’oeuf durci ; il s’eft préfenté à fa furface
une pellicule qui s’eft brifée & renouvelée 5 elle
1 a donné un rélidu pefant 0,012 de la liqueur ; ce
' rèfîdu,
féfidu , lavé avec Veau froide ,\a fourni des cubes
de muriate de, foude & des criftaux de carbonate
de foude > la matière animale a exhalé fur les charbons
une odeur fétide ammoniacale, comme de la
corne} elle a laifle très-peu de phofphate de chaux.
Renfermée dans une bouteille, elle a fermenté,
s’eft troublée en fe blanchiflant, a répandu de
l’ammoniaque fans donner ni odeur ni gaz. Les
auteurs de cette analyfe en ont conclu que Veau
de Vamnios eft une diflolution très-peu chargée
d’albumine à l’aide d’un acide léger & volatil,
contenant de plus du muriate , du carbonate de
foude, un peu de gélatine & de phofphate de
£haux.
4. Les ufages de la liqueur de Vamnios font
manifeftement d’entretenir la fouplefle des membres
du foetus 8c de fes enveloppes, d’empêcher
l’adhérence entre ces parties, de garantir le foetus
de la compreflion, de faciliter fa fortie en dilatant
peu à peu le col de la matrice, en ramolliflant
& lubréfiant les parties par lefquelles.il doit pafler :
i écoulement de ce liquide annonce ordinairement
un accouchement prochain. Quant à l ’opinion des
phyliologiftes, qui ajoutent à ces ufages généralement
reconnus celui de nourrir le foetus, quoiqu’on
ne puifle pas nier que la liqueur de Vamnios
puifie remplir cette fonction, puifqu’elle eft le plus
fouvent douce 8c albumineufe, il eft cependant
beaucoup plus vraifemblable que la nature ne l’a
point deftinée à la nourriture du foetus, puifqu’ il
a communément la bouche bien fermée, la bafe
de la langue appliquée fortement contre le voile
du palais 5 puifqu’il ne peut pas faire de véritable
déglutition j puifqu’il n’eft pas prouvé qu’il y ait
dans fon eftomac une liqueur femblable à celle de•
1 amnios ; puifqu’enfin la petite quantité de méconium
, contenue dans fes inteftins, ne répond point
a la maffe d’alimens qu’il pourroit prendre par
cette voie. Les cas de cordon ombilical flétri,
ou lié , ou détruit, qui femblent avoir autorifé
quelques auteurs à admettre Kopihion de la nourriture
tirée par le foetus dans la liqueur de Vamnios
, ne peuvent pas être favorables à cette opinion
, Iorfqu’on examine leur inexaélitude 5 8c ceux
ou je foetus a péri par le défaut ou les vices de ce
cordon font beaucoup plus nombreux & plus forts
en çomparaifon. S i, d’après le récit de quelques
anatomiftes, il fe préfente quelquefois, dans l’ef-
tomac^du foetus, une liqueur qu’on ne peut mé-
connoitre pour celle de Vamnios, cette circonf-
tance eft fi rare, & entourée d’ailleurs de tant de
difficultés, qu’elle ne doit être regardée que comme
un cas extraordinaire, vraiment contre nature , 8c
nullement favorable à l’opinion que je combats. ,~
y. MM. Vauquelin & Buniva, à la fuite de léur
travail fur Veau de Vamnios de la femme, ont examiné
h matière dépofée fur la peau du fcçtus, &
(pécialement fur fes aines, fes aifle!les-& fon cuir
chevelu. Cette fubftance caféiforme eft blanche ,
brillante, douce fous le doigt, femblable à un ,
Chimie, Tome IV ,
favon nouveau : elle eft infoluble dans Veauy quoiqu'elle
faffe mouffer ce liquide bouillant $ elle eft
inattaquable par l’alcool & les huiles. Les alcalis
la diffolvent en partie, & la convertiflent en une
efpèce de favon : il refte un peu de mucilage in-
diffous. Mife fur les charbons, elle décrépite &
fautille comme du fel 5 elle fe deffèche, noircit »
exhale une vapeur empyrsumatique huileufe, laifle
un charbon abondant, difficile à brûler. Traitée
dans un creufet, cette matière , en décrépitant,
exfude une huile de tous fes points, fe racornit,
s’enflamme, & donne un charbon qui fe réduit
en une cendre effervefcente, formée de carbonate
de foude & de phofphate de chaux. Cette analyfe
montre la matière dépofée fur la peau du foetus,
& provenant de Veau de Vamnios, comme une forte
de fuif mêlé de mucilage, ou plutôt comme une
matière grafle altérée, prefqu’adipocireufe, analogue
au gras des cimetières, genre d’ altération
que le foetus tout entier contracte-fouvent, après
fa mort, dans la matrice ou dans les trompes. 6. Veau de Vamnios des vaches a préfenté, aux
mêmes chimiftes, des caractères très-différens de
ceux de . la même liqueur dans la femme : elle a
une couleur rougeâtre, une faveur acide 8c amère3
une,odeur d’extrait, une.pefanteur égale à 1,0985
elle eft vifqueufe , filante 8c mouffeufe comme
une diflolution de gomme ; elle rougit le tour-
nefol, précipite abondamment le muriate de baryte
: l’alcool en fépare des flocons rougeâtres 8c
nombreux. Evaporée,elle fe couvre d’une.écume
abondante, remplie de criftaux blancs, brillans 8c
aigres j elle fe réduit en une matière épaifle, vifqueufe,
d’un jaune-fauve , analogue au miel. Ce
réfidu, traité par l'alcool bouillant, dépofe, de ce
diflolvant refroidi, un acide criftallifé en aiguilles
brillantes, de plufieurs centimètres de longueur, 8c laifle indifloute une matière extra&ive colorée,,
fous la forme poifleufe & gluante, dont on ne
fépare bien l’acide qu’avec beaucoup d’alcool
bouillant, employé à plufieurs reprifes. Ces deux
fubftances principales dont paroît être compofée
Veau de Vamnios de vache, 8c qui la font différer
de celle de la femme, ont été examinées avec
beaucoup de foin, comme des matières nouvelles
& particulières ,par MM. Vauquelin & Buniva.
T^Pour obtenir l’acide de Veau de Vamnios de
la vache, il faut faire réduire cette liqueur, par
l ’évaporation, au quart de fon volume, 8c la laifler.
refroidir. L’acide fe criftallifé, fali par une portion
de matière extraélive qu’on enlève avec un
peu d'eau froide, fans toucher à l’acide. Quand
Veau de Vamnios a donné, par l’évaporation & le
refroidiflement, tout ce qu’il, eft poflible d’en
extraire d'acide concret, fi l’on continue à l'évaporer
.jufqu’à ce qu’elle ait acquis la confiftance
d’un firop épais, il s’y forme enfuite de gros crif-
tàux prifmatiques tranfparens, amers , très-folu-
bles, qu’on reconnoît aifément pour du fulfate de
foude, Il eft aflez abondant : on l’extrait aufli du
Bb