
qui n’eft feparé que par un feuillet d’étain d une
minceur prefqu’inappréciable , fi une longue expérience
n’avoit appiis que ce feuillet léger fuffit
pour empêcher le cuivre placé au deflous de toucher
les matières plongée s dans les vaiffeaux étamés.
Bayen, dans fes recherches fur l’étain, a trouvé
qu’une callerole de neuf: pouces de diamètre
& de trois pouces trois lignes de profondeur
n’avoit acquis que vingt-un grains par 1 étamage.
Il faut avoir cependant l’attention de ne point
laifïer féjourner des mets, furtout des fubftances
acides, dans les vafes d & cuivre étamés, & den
faire renouveler fouvent l’etamage pour éviter
toute crainte de danger. 11 eft encore important
de n’employer pour l’étamage que de l’étain très-
pur , car celui qui contient du plomb , & particuliérement
la claire étoffe des potiers d etain,
qui en contient la moitié de fon poids, expofe
à toutes les maladies que le plomb peut faire
naître. On a propofé de faire des étamages infu-
iibles & à couches épaifles avec de l’étain rendu
infufible par le fer, l’argent & Je platine. Lafolie,
. chimifte à Rouen, a voulu même fubftituer aux
vaiffeaux de cuivre étamés, contre 1 ufage defqueis
il eft toujours utile de conferver des préventions,
des cafferoles de fer battu, recouvertes de zinc, &
il eft fort à defîrer que leur ufage fe multiplie.
dernes croient-ils que le cuivre ne décompofe
point cet oxide d’hydrogène, puifque d'ailleurs
ils voient que l’hydrogène décompole l’oxide de
cuivre y même colore en vert : le contaét momentané
51. Le cuivre s’allie bien au plomb par la fufion :
lorfque le plomb excède le cuivre, l’alliage a la
couleur grife; du premier ; il eft allez duélile > il
eft cependant caffant à chaud, à caufe de la grande
■ différence de fufibilité du plomb & du cuivre.
■ G’eft, à cètte dernière différence qu’eft due l’ utilité
du plomb dans l’opération métallurgique que
j’ai décrite plus haut fous-le nom de liquation. On
fait entrer cet alliage de plomb & de cuivre dans
quelques arts 3 8c furtout dans la fabrication de
quelques caractères d’imprimerie, pour les groftes
lettres. Savary dit que la proportion néceftaire
pour ce dèmier objet eft dé cent parties de plomb
contre vingt à vingt-cinq parties de cuivre. '
- 52;. Le cuivre eft auffi fufceptible de sfunir au
fe r , mais beaucoup plus difficilement qu’a la plupart
des métaux précédens. Plus on combine de
fer avec de cuivre, plus l’alliage tire fur ie gris ,
perd de fa duélilité, & devient difficile à fondre.
En fondant ces deux métaux dans un creufet i on
: trouve toujours'du fer non allie , place au dèffus
du cuivre, auquel il adhère forcement. Ce dernier
fait explique comment ces deux métaux fe
. foudent intimement 8c affez facilement. Qn trouve
fouvent les grains ou les limailles de fer difleminés;
■ dans les foufflures de cuivre, lorfqu’on n’a point
affez chauffé ces deux métaux pour favorifer l ’ai-;
liage. Pi efque tous- les chimiftes font : d’accord |
entr’ eux fur la difficulté de cette union. . j
5^. Ce que j’ai déjà fait connoîtredes propiétés ‘
du cuivre prouve affez que ce métal a trop peu'
d’attraélion avec l’oxigène, pour qu’ il puiffe enlever
ce principe à i’ô.au, auffi les chimiftes mo- ;
de ce corps gazeux fur l’oxide fuffit en effet
pour ramener fa couleur au brun. Cependant il eft
une ci-rconfiance dans laquelle il pourroit paroître
que cette décompolftion de l’eau par le cuivre a
réellement lieu : c’eft celle où ce liquide, qui touche
& baigne le métal fans aétion tant qu’elle eft
chaude ou en yapeur , fe condenfe & fe refroidit
à fa furface. On voit conftamment dans ce cas la
place occupée par les gouttelettes du liquide con-
denfé & refroidi fe couvrir d’un oxide vert en
quelques heures, & ce phénomène arrive trop
fréquemment dans le monde , pour que les chimiftes
n’en aient point été frappés. A la plus
haute, température , quand le cuivre eft fondu 8c
rouge, l’eau qui tombe fur lui excite un mouvement,
fe réduit fubitement en vapeur, pouffe
devant elle des jets de liquide cuivreux, qui font
très-dangereux dans les coulées de ce métal,
comme le favent tous les fondeurs en cuivre, qui
ont le plus grand foin de faire fécher leurs moules ;
mais, dans ce phénomène même, on ne peut pas
dire ni penfer que l’eau eft décompofée, pas
plus que dans le contact de l’eau vaporeufe, con-
denfée par le refroidiffement. La première déflagration
paroît être due à la vaporifation violente
8c fubite de l ’eau. L’oxidation du cuivre , dans le
fécond cas, eft produite par plufieîirs attractions
réunies , & furtout par celles de l'oxigène 8c de
l’acide carbonique atmofphérique pour \e cuivre
8c fon oxide. Voilà pourquoi cette oxidation, qui
: adieu fi promptement dans des vaiffeaux ouverts,
ne fé préfente point dans des vafes fermés.
54. C ’eft par la même réunion de plufieurs attrapions
, & furtout à l’aide de celle que j’ai
nommée attraflion difpofante , que le cuivre décompofe
l’eau quand il eft combiné avec le foufre :
ceft à ces forces coagiffantes qu’eft due la fui fa-
tifatioD fpontanéè qu’éprouvent à l’air les fulfures
de cuivre natif quand on les HumePe. Il y a tout
lieu de penfer qu’il arrive la même chofe au phof-
phure de çe rnétal lôrfqu’il noircit à l’air, fuivant
; l’obfervation de Pelletier, ainfi qu’ à plufieurs al-
liagésde ce-métal îorfqu’ils fe trouvent placés dans
de pareilles.circonftànces. On verra bientôt que
la même théorie fe retrouve tout naturellement
dans l’aPiori du cuivr’e fur certains acides p ou
; pendant quelques-unes de fes diffolutions dans ces
corps brûlés. ■ •'
> yp H’eft aifé de concevoir, d’après ce qui vient
d’être dit encore , que le cuivre ne doit avoir que
peu d’aPiçn:fur le plus grand nombre des oxides
-métalliques:: il n’y en a en effet que très-peu
-auxquels il eft fufceptible d’enlever l’oxigène, 8c
.ce:font au contraire ces propres oxides- qui fe
j Jaïftènt facilement décompofer par la plupart des
autres métaux.Lé manganèfe , le zinc, l’étain, le
* fex
fer furtout j ont éminemment cette propriété. Lé
mercure eft de tous les métaux , celui qui cède le
plus volontiers fon oxigène au cuivre. \ de forte
que ce ^dernier précipite en métal prefque toutes
les diflolutions du premier, 8c qu’il fuffit de plonger
des lames ou des .morceaux de cuivre dans les
fels mercuriels liquidespour blanchir ces lames
par la précipitation du mercure à l’état métallique
, 8c pour colorer en bleu les difTolutions qui
auparavant étoient abfolument fans couleur. On
emploie même quelquefois ce procédé pour former
à la furface au cuivre, une efpèce d’argenture
qui à la vérité eft peu folide & peu durable. Le
cuivre précipite.auffi aumoins en partie le fulfate
de fer fùroxigéné, non qu’il enlève, l’oxigène au
fer, mais parce que l’.oxide très-^oxidé de ce métal
tient fi peu à l’acide fulfurique y qu’il abandonne
fur le champ fa place au cuivre.
56. On a toujours dit qu’aucun métal n’étoit plus
altérable ni plus diffoluble par les acides, que ne
l’eft cuivre; 8c en effet, il n’eft aucun acide, même
parmi les plus foibies , qui ne, foit fufceptible
de colorer ce métal qu’on y plonge, & qu’on n’en
recouvre en bleu ou en v e r t, 8c qui conféquem-
ment ne foit capable de l’oxider à l’aide de l’eau
& de s’unir enfuite .à fon oxide.
L’acide fulfurique n’attaque le cuivre que quand
il eft concentré 8c bouillant : alors le cuivre dé-
çompofe cet acide ; il lui enlève une partie de fon
oxigène 8c en dégage beaucoup de gaz acide fulfu-
reux. On prend ordinairement pour cette opération
deux parties d’acide & une de métal. Kunckel
prefçrit de fe fervir de la diftillation. On fait le
plus fouvent cette combinaifon dans un matras ;
on pourfuit l’opération jufqu’ à obtenir une maffe
fècnej celle-ci eft d’un gris-fale ou;brunâtre,
fuivant la proportion des deux corps & le feu
qu’on a donné. On lave enfuite cette maffe réfidue
avec de l’eau diftillée, qui prend une belle couleur
bleue. Il refte fouvent un peu d’oxide brun qui
ne fe diffout pas. La liqueur bleue, évaporée juL
qu’à la pellicule & refroidie lentement, donne
des çriftaux rhomboïdaux de la même couleur. On
en obtient prefque jufqu’à la fin de l’évaporation
delà iique.ur. L'acide fulfurique, même foible,
diffout facilement les oxides de cuivre, 8c forme
avec eux le même fulfate de cuivreque celui dont
il eft queftion ici.
57. Le fulfate de cuivre eft. préparé en grand ,;
foit par l’évaporation de quelques .eaux qui le
tiennent en diffolution, foit en brûlant des fulfures
de cuivre natifs , foit en làiffant effleurir ou
fulfatifer cès fulfures à l’air après les avoir humectés.
Quand la fulfatifatiorteft opérée, on leffive-
ces matières dans l’eau, on évapore cette leffive
& on la laiffe eriftallifer dans de grands vafes où
elle dépofe des maffes confidérables de çriftaux
bleûjs./Ge fel .étoit nommé- autrefois vitriol bleu ,
vitriol dp Chypre , vitriol de cuivre , CQuperofe bleue, 3
vitriol de yénus. I] a-une faveur acre, métallique,:
Chimie, Tome iy%
ftyp tique 8c prefque cauftique. Quoiqu’on l’ait
toujours défini comme criftallifé en rhomboïdes
cet énoncé vague ne fuffitpoint aujourd’hui. Voici
.comment M. Haüy décrit la criftaîlifation du fulfate
de cuivre. Sa, for me primitive eft un parallélépipède
ôbliquangle,que l’on peut confidérer comme
un prifme oblique dont les pans font inclinés entre
eux , d’une part de cent vingt-quatre degrés une
minute , & de l’autre de cinquante-cinq degrés
cinquante-neuf minutes, dont la bafe fait avec
l’un de fes pans un angle de cent neuf degrés
vingt-une minutes., & avec le pan oppofé un de
foixante-.dix degrés trente-neuf minutes. Il n’y: a
que le feld-fpath qui ait, comme ce fel, un paral-
lélipipède ohliquangle pour forme primitive > mais
les faces qui compofent un même:angle folide dans
cette pierre ont des angles différens. Le prifme
du fulfate de cuivre paffe par des décroifiemens
fimples à décrire, à l’oélaèdre 8c au décaèdre ; il
fe forme auffi autour de chaque bafe des facettes
marginales ou angulaires , folitaires , géminées ,
ter né e squi conftituent une fuite de variétés
toutes déterminées avec précifion, à l’aide de la
théorie découverte par M. Haiiy.^ i
58. Le fulfate; de cuivre Sfe. fond vîte au feu à
l’aide de %n eau de criftaîlifation > il perd promptement
jufqu’à trente-fix pour cent de fon poids,
& fe deffèche en poudre d’un, blanc-bleuâtre. Ln
augmentant alors le feu il-donne fon acide : on a
remarqué, qu’ il eft plus difficile à décompofer que
le, fulfate de fer. Le réfîdii de cette décompofition
par, le feu eft un oxide noirâtre , contenant toujours
vingtreinq parties d’oxigène, fur cent parties
de métal. M< Prouft, à qui eft due cette dernière
remarque, donne pour les compofans du fulfate
de cuivre les proportions fuivantes.: oxide noir-de
cuivre, trente-deux j acide fulfurique1, trente-trois;
eau, trente-cinq. Il s’altère légèrement à l’air en
perdant l’eau de-fa criftaîlifation , & en s’effleurif-
faut fous la forme de pouffière bleue-blanchâtre ;
mais cette efflorefcence fe borne à la furface du
fel. Il h’exige que quatre ou cinq parties d’eau à
dix degrés pour fe diffoudre ; l’eau bouillante en
diffout la moitié de fon poids : auffi criftallife-t-il
prefqu’auffi bien par le refroidiffement que par
l’évaporation lente. Le phofphore , le gaz hydrogène
phofphoré & fulfuré en féparent & réduifent
plus ou moins complètement le cuivre. Aucun acide
n’a d’aélion fur.le fulfate de cuivre. -U
59,. Les terres & les alcalis le décompofent ,■ 8c
précipitent fà diffolution en un oxide gris-bleuâtre
qui devient vert quand on le fèche à l’air, en
abforbant l’acide carbonique atmofphérique.
Si l’on ne vérfe qu’une petite quantité de po-
taffe cauftique en liqueur dans la ’diffolution de
| fulfate de cuivre 3 le précipité verdâtre que l ’on
obtient &rqui nage dans, une folution de fulfate
I cuivreux, puifquéice fel.n’eft pas alors entière^
ment décompole e$ .umë - efpèce particulière1 de
■ fulfate de cuivre, que M. Pfouft dit erre au mini*
P