
gène , & fe former dans le cas d’une oxigénation
trop peu confidérable. Par fa qualité onétueufe, la
graijfe favorife le- gliffement des parties les unes
fur tes autres; elle empêche les fibres de fe coller.
Elle détermine les formes arrond es , gracieufes
& moëleufes de plufieurs parties ; elle tend tic
foutient la peau, en lui donnant de la blancheur;
elle remplit des vides & des intervalles entre beaucoup
de fibres, de tiffus ou d’organes ; elle rend
les os fouples tic flexibles » elle palfe d’un lieu dans
un autre avec beaucoup de facilité » elle eft abfor-
bée par la lymphe, qui la rend diffoluble ; elle
nourrit en partie les animaux qui s’entretiennent
ainfi fur leur propre fonds, à leurs propres dépens.
29. La graijfe eft employée à un grand nombre
d’ufages économiques. Non-feulement elle fert
d’affaifonnement a la plupart des alimens, auxquels
elle communique une qualité douce, onc-
tueufe, mais elle fert elle-même d’aliment, &
elle a des avantages marqués dans les cas d’une
trop forte oxigénation du fyftème. Dans la médecine
on peut donc non-feulement l’adminiftrer ,
ainfi qu’on l’a fait jufqu’ici, comme un médicament
lubréfiant, adouciflant, relâchant, calmant,
émollient, mais encore comme un remède défoxi-
géhant ou abforbant la furabondance d’oxigène
qui a lieu manifeftement dans les maladies inflammatoires.
On connoît affez la foule.d’ufages auxquels elle
eft confacrée dans la corroierie , la hongroierie,
le roulage, le mouvement des machines, les enduits
, quelques mortiers , &c. Chaque graijfe a ,
comme on fait, une utilité particulière.
GRAMMATITE, efpècede pierre, ainfi nommée
par M. Haüy, parce que le rhombe, découvert
par une fracture, eft marqué par une ligne
qui forme la grande diagonale de la bafe du prifrne.
Le Père Fini l'avoit nommée trémolite , après l’avoir
trouvée dans le val Trémola. Elle eft aftez
dure pour rayer le verre & pour être rayée difficilement
par le quartz. Elle a un éclat nacré ; elle
eft phofphorique par le frottement & fur les charbons
ardens. On la trouve abondamment dans les
Alpes, au Saint-Gothard.
Sa forme primitive eft un prifrne oblique à bafes
rhombes. Il yen a de cylindroïde, de comprimée,
de fibreufe, de radiée : fa couleur eft blanche, rougeâtre,
verdâtre ou grife. Elle eft,ou tranfparente,
ou tranftucide , ou opaque.
Klaproth a donné pour réfuitat de fon analyfe
foixante-cinq centièmes de filice, dix-huit de
chaux , dix de magné f ie f ix d’eau tic d'acide carbonique
, & un atome de fer.
Elle fe fond au chalumeau en un émail blanc &
•bulleux. On trouve des grains de dolomie dans
fon intérieur. Elle entre dans la compofitiond’une
roche très-commune dans les Alpes, & qui eft formée
de dolomie, de mica & d’elle-même. - ,
GRAMME. C ’eft le nom d’un des poids nouveaux
, déterminé d’après le fyftème métrique naturel
par l'Académie des fciences de Paris. Il équivaut
a dix-huit, grains huit cent quarante-un millièmes
des poids anciens. On la divife en dix, cent
tic mille parties, qu’on nomme des décigrammes,
des centigrammes tic des milligrammes. Ses multiples
font le décagramme , l'heéfogramme, le
kilogramme tic le myriagramme.
GRANATITE. La pierre nommée granatite par
quelques minéralogiftes , eft une variété de celle
qui elt appelée fiaurotide par M. Haüy. ( Voye£ ce
mot.').
GRAND OEUVRE. Rien ne prouve mieux le
cas que les hommes, même ceux qui font adonnés
à l’étude-des fciences, ont fait de l'or, que
toutes les dénominations qu’on a données aux prétendues
opérations deftinées à l’art de fabriquer
ce métal. Le mot de grand oeuvre a été employé
pour défigner cet art même , & il eft évident qu'il
n’a été imaginé que pour exprimer la prétendue
importance ou grandeur d’un art qui n'a jamais
exifté.
GRANIT. C ’eft le nom d’une pierre mélangée,,
qui forme la bafe des hautes montagnes primiti ves,
tic qui femble être compofée de grains de différentes
fubftances. Cette pierre très-dure, qu’on
regarde comme primitive , eft formée le plus ordinairement
de quartz, de feldfparh tic de mica.
On y trouve fouvent d'autres pierres mêlées avec
les précédentes, ou avec une ou deux d’entr’elles.
L’amphibole eft fouvent un de fes matériaux, &c.
On l'emploie pour les conftruétions, pour les mo-
numens durables. Les Anciens en ont taillé des colonnes
, des ftatues, ticc. ( Voyelle Dictionnaire
de Minéralogie. )
GRANULATION, f. f . , vient du latin granum3
grain. En métallurgie, c’eft l’opération par laquelle
on réduit les métaux fondusen grains plus ou moins
gros.
Quoique tous les métaux puiffent être granuhs ,
on ne grapule ordinairement que le plomb tic le
fer pour produire les petits grains métalliques avec
lefquels on tue le gibier.
L’opération de la granulation confifte à féparer
les unes des autres les parties d’ une maffe métallique
fondue , au moment où elle fe folidifie.
Comme toutes les molécules métalliques ont une
grande affinité entr’eiles, elles tendent à fe réunir.
Si elles n’ étoient foumifes qu’à la feule a&ion de
leur .affinité , elles affetteroient conftamment la
forme fphérique dans leur réunion. Mais une autre
force agit fur elles, la gravitation. Ces forces
donnent aux maffes des formes dépendantes des
deux aélions. La gravitation agiffant en raifon des
maffes, la réunion des: molécules approche d'autant
plus de la forme fphérique, que les maffes
font plus petites.
Comme la gravitation agit dans le fens de la
verticale, tandis que l’affinité agit dans tous les
fens , on détruit en quelque forte l’aâicn de la
gravitation fur des maffes plus ou moins confidé-
rables, en changeant continuellement la fituation
des molécules par rapport à la verticale 3 effet que
l’on produit en communiquant à chaque petite
maffe un mouvement plus ou moins rapide au moment
de la folidification.
On produit les deux effets de la féparation des
maffes & du mouvement particulier à chaque
maffe, en agitant le métal fondu dans un milieu
réfiftant.
. Les milieux employés jufqu’ à préfent font l'eau
tic l'air.
La granulation dans l’eau s’exécute de plufieurs
manières , parmi l e s q u e l l e s on diftingue la granulation
à la carte, au crible ou au tamis.
On granule à la carte, au crible ou au tamis,
en plaçant fur un vafe plein d'eau une caiffe dont
le fond eft formé d'un tamis , d'un crible ou d'une
carte percée de trous. Le métal doit être liquide
fans être échauffé au point de brûler la carte ou
la portion du tamis. Comme l'adhérence ou la vif-
cofité du plomb l'empêche de paffer affez rapidement
par les petites ouvertures, on accélère ou
l'on détermine ce paflage par un petit choc continuel,
obtenu par le moyen d’une roue dentée en
mouvement, fur laquelle pofe l’extrémité d’un
levier qui fupporte la caiffe dans laquelle eft le
plomb fondu. Souvent la granulation s’exécute fans
choc, fans percuflion, mais il faut, pour l'obtenir
ainfi, que le métal foit amené à une température
telle qu e , paffant par les ouvertures, il
fe défuniffe de lui-même tic fe détache en petits
fragmens qui déterminent la groffeur du grain
obtenu.
La granulation à l'air s’exécute dans une boîte
ou dans une. tour.
On granule à la caiffe en enduifant intérieurement
de craie une boîte de bois nommée granu-
latoirei en y jetant le plomb lorfqu'il eft arrivé à une
température telle qu’il puiffe être reçu liquide dans
la boîte, ,8c fe figer quelques minutes après y avoir
été verfé. Fermant la boîte tic la fecouant fur lé
champ , la rétîftance de l'air d’une p a r c , .& l'inter-
pofition entre les maffes de plomb, de la craie qui
fe détache des parois de la boîte, divife le métal
fondu , qui prend des formes d'autant plus fphé-
riques, que le mouvement eft plus rapide. Si le
plomb étoit verfé trop chaud , la maffe d i v i f ë e
s’oxideroit avant de fe folidifier , tic des portions
diftribuées inégalement dans chaque grain les ren-
droient caffans.
On granule à la tour en fondant du plomb au
fommet d'une tour, tic jetant ce plomb fondu en
bas. Lé plomb liquide.fe divife par la réfiftance
que l'air oppofe à fon* mouvement, tic tombe
fri grains fins, de même qu’une maffe d’eau qu'on
jette d une grande hauteur ; tic comme chaque
maffe a un mouvement de rotation fur elle-même,
elle prend une forme plus ou moins fphérique,
approchant de celle que la giêle affe&e.
Oïl facilite la granulation du plomb en y combinant
en peu d’arfenic : on rend la granulation
difficile en y combinant un peu d'antimoine tic de>
fer.
Les grains de plomb, obtenus par ces moyens
n’étant pas exactement fphériques, on les arrondi
en les faifant mouvoir dans une caiffe cylindrique
ou polygonale, à laquelle on communique un mouvement
de rotation.
On divife par groffeur les grains ainfi obtenus,
en les faifant paffer à travers des tamis formés d'un
fond de tôle ou de fer-blanc percé de trous circulaires
de différentes groffeurs. (H.)
GRAS d e s c i m e t i è r e s . - Les folfoyeurs, qui
connoiffoient long- tems avant les anatomiites &
les chimiftes les corps enterrés depuis plufieurs
années, & convertis en fubftance graffe , leur
avoient donné , dans leur langage très-expreffif ,
le nom de gras ; ils difoient le gras des cimetières ,
les corps changés en gras , le gras humide, le gras
fec. Ce font eux qui ont véritablement fait la découverte
de cette fingulière converfion, & qui
l'ont montrée aux phyficiens. Je me rappelle que
lorfqu’en 1786 je fus chargé, comme commif-
faire de la Société royale de médecine , d’examiner,
avec MM. Thouret,& Poulletier de la
Salle, l’état de la décompofition des corps dans le
fol du cimetière des Innocens, qu’on vouloît rendre
à la circulation & deftiner à l ’ufage du quartier
l’un des plus populeux tic des plus importans
de Paris, je vis , d’abord avec étonnement, cet
état des corps changés en graiffe d’une nature homogène
dans toute leur étendue, fe brifant par
le moindre effort dans les articulations, fe roulant
comme une pâte fragile, tic préfentant à leur fur-
face les empreintes du linge qui les avoit recouverts.
Notre furprife étonnoit à leur tour les fof-
foyeurs, qui étoient depuis long-tems au fait de
cet état, qui nous firent connoître les principaux
caraètères de ce gras , les circonftances de fa formation,
tic qui regardoienc cette altération comme
une chofe Ample & très-connue. J'ai depuis nommé
cette efpèce de matière, que j'ai retrouvée dans
une foule de cas, dans les macérations anatomiques
, dans quelques .maladies, dans le tiffu du
fo ie, dans la bile tic les calculs biliaires, &c.
adipocire, à caufe de fes cara&ères intermédiaires
& mixtes entre la graiffe tic la cire; & comme cette
dénomination n’a été propofée par moi que plufieurs
années après la publication du premier volume
de ce Dièrionnaire , je vais inférer ici les
Mémoires que j'ai publiés fur cet objet.
Le premier traite de l'état des corps convertis.