
ques fragmens poreux , légers, de ce compofé
carboné. A mefure que le fer eft oxidé par l’eau , il
fe diflout dans l’acide , & forme une liqueur verre
qui n’a point la belle couleur d’émeraude du fui-
fate dé fit , mais qui eft ou plus pâle , ou tirant
fur le jaune. Cette diflblution, toujours acide,
d’une faveur ftyptique forte, eft la plus permanente
diifolution de fer qui exifte : c’eft celle qui
fe trouble & fe précipite le moins par tous les
moyens oxigénansj cependant, laiffée à l’air pendant
quelque tems ou chauffée fortement, elle
paffe au brun, & dépofe de l’oxide de fer. L’évaporation
la plus ménagée & le refroidiffement le
plus lent n’en féparent pas de criftaux. Quand elle
eft portée à la confiftance firupeufe, elle forme ;
en fe refroidiflant, une efpèce de magma, au milieu
duquel on apperçoit quelques rudimens de
criftaux aiguillés & aplatis , qui paroilfent être
très-déliquefcens. Ce magma fe fond à un feu doux
& comme une efpèce de graifle. Si on le chauffe
quelque tems, il fe defieche en prenant une couleur
de rouille rougeâtre > il s’en exhale de l’acide
muriatique, qui, fuivant l’obfervation de Brandt,
emporte avec lui de l’oxide de fer. En diftillant le
muriate de fer épais dans une cornue de grès à un
feu gradué qu’on poufl'e jufqu’à la plus extrême
violence, on obtient d’abord de l’eau acidulée,
du gaz acide muriatique, qui, chargé de fer3 fe
dépofe en criftaux dans le ballon , & s’attache en
lames brillantes & colorées à la voûte de la cornue
j à la fin de l’opération , il fe fublime du fer
en oxide noir, qui fe criftallife en lames hexaèdres,
brillantes & polies comme de l’acier, & qui jouit
aufli de la polarité magnétique : ces lames reffem-
blent, finon pour, la forme, au moins pour la
couleur, au fer de Volvic & du Mont-d’Or. Il
n’eft pas douteux que le fer ne fe défoxide & ne fe
criftallife qu’après avoir été réduit en vapeur, &
qu’il ne fe forme en même tems de l’acide muriatique
oxigéné : il eft très-remarquable que le muriate
de fer3 récent en diflblution, donne par tous
les réa&ifs alcalins & en état de pureté, un précipité
qui fe réduit très-facilement en oxide noir :
tout annonce que le fer eft moins oxidé ou plus
difpofé au moins à perdre fon oxigène dans fa
combinailon avec l’acide muriatique.
. 108. Cependant cet acide attaque tous les oxides
les plus avancés de ce métal j il eft confeillé par
tous les chimiftes pour difloudre les oxides de fer
brun j rouge ou jaune, qui réfiftent à Ta#ion des
autres acides : cette propriété le fait employer
avec beaucoup d’avantage dans l’analyfe des terres,
des pierres, des réfidus d’eaux minérales, des
cendres végétales & animales. L’expérience & le
befoin avoient appris ce fait â ceux qui travail-
lojent habituellement dans les laboratoires de. chimie
, bien avant que les chimiftes modernes fe
fufîent occupés de î’a#ion de l’ acide muriatique,
& furtout avant qu’on eût reconnu la caufede cette
aétion. On aYoit la coutume-dans les manipulations i
chimiques, pour nétoyer les vafesde verre imprégnés
d’oxide de fer, qui y adhère beaucoup & qui
les falit de manière à ce qu’ils ne peuvent fervir à
aucune opération de chimie dans cet état, ’d’y
verfer un peu de ce qu’on nommoit efprit de fe l,
c’eft-à-dire, d’acide muriatique fumant, d’agiter
fortement cet acide dans les vafes, & de les chauffer
même légèrement : ce procédé en’evoit les
taches de rouille. J’ai trouvé, il y a quelques années
, la caufe de cette diflolubilité des oxides de
fer par l’acide muriatique. Ayant verfé cet acide
un peu concentré fur de l’oxide de fer brun, in-
diffoluble dans les autres acides, & furtout inattaquable
par celui du nitre, je me fuis apperçu
qu’il fe formoit de l ’acide muriatique oxigéné j il
m’a paru même que cette formation étoit aflez
forte & aflez abondante pour propofer de fe fervir
de ce procédé au défaut d’oxide de manga-
nèfe. A mefure qu’une partie de l’acide muriatique
qu’ on y emploie, pafîe à l’état d’acide muriatique
oxigéné, l’oxide de fer défoxidé fe diflout
dans l’autre portion de l’acide muriatique, Se
forme un muriate de fer rouge different du précédent,
comme le fulfate de fer rouge diffère dit
vert. Il y a lieu de croire que c’eft par quelque
expérience analogue que Stahl a pu être induit en
erreur quand il a prétendu que ce /erchangeoit
l’acide muriatique en acide au nitre : la couleur
jaune & l’odeur particulière que contrarie cet
acide ont pu le féduire. Le muriate de fer furoxi-
géné que l’on fabrique ainfi, donne, par les alcalis
, un précipité qui ne peut plus être oxidé, au
moins très-fenfiblement, par l’air : la noix de galle
& les pruftiates le convertiflent de fuite en noir
foncé & en bleu de Prufle riche.
109. L’acide phofphorique ne fe combine que
très-lentement avec \efer; il finit cependant par
favorifer fon oxidation, & par former avec ion
oxide un fel indiflbluble. C ’eft ainfi qu’il fe combine
vraifemblablemènt dans la nature, & qu’il
conftitue le phofphate de fer que l’on trouve dans
les fers limoneux. Voici un exemple frappant de
cette a#ion réciproque dans un fait obfervé par
M. Vauquelin. Ce chinrifte, en confidérant avec
attention des plaques de fer très - larges & très-
épaifles, appliquées fur le bas des murs d’une arcade
publique très-fréquentée, remarqua d’abord
avec étonnement que ces pièces de fer fi fortes
avoient éprouvé, furtout dans les enfoncemens
de cette arcade, une altération fîngulière : elles,
étoient jaunes, rougeâtres, rouillées, bourfou-
flées, inégales, raboteufes , augmentées de volume
, & devenues fi caflantes, que le choc le plus
Ample ou l’effort le plus modéré fuffifoit pour les
brifer & en enlever des morceaux très-épais &
très-volumineux > en forte que les barres placées
pour foutenir & défendre les pierres contre les
rroiflemens dés voitures & des corps durs qui les
frappent fi fouvent, n’étoient plus capables de
réfifter à. ces preflions., & ne remplifloient plus
DJl\
1’ufage auquel elles étoient deftinées. La caufe de
cette altération fi forte fut bientôt reconnue par
M. Vauquelin pour être due à l'urine qui arrofoit
fans cefle ces barres de fer 3 dans le lieu où on s’arrête
pour fatisfaire à ce befoin naturel. Pour déterminer
en quoi confiftoit cette altération, ce
chimifte a brifé plufieurs de ces morceaux, & les
a trouvés d’un brun-rouge en dedans, d’un grain
lamelleux, brillant & comme fpathique, tapifles,
dans les cavités nombreufès qu’on y remarque,
de petits criftaux brillans. En chauffant ce fer
rouillé & criftallin dans un creufet brafqué, il s'eft
fondu aflez facilement, a donné un culot homogène,
caflant, d’un gris brillant & métallique ,
d’un grain fort dur & ferré, qui a préfenté au
chalumeau , & par les acides, toutes les propriétés
du phofphure de fer. Ce culot pefoit plus de
la moitié du fer employé ; il étoit recouvert d’une
feorie d’émail gris - verdâtre & bourfouflé, qui
n’étoit que du phofphate de chaux vitrifié & coloré
par l’oxide de fer. Ainfi le métal altéré n’étoit
que du phofphate de fer mêlé de phofphate
calcaire , de quelques autres fels & dè matières
colorantes provenantes de l’urine humaine : le
charbon, chauffé fortement avec ce corps, la réduit
en phofphure de fer3 en défoxidant ce métal
& défacidifiant l’acide phofphorique.
Cette obfervation fournit trois réfultats utiles :
l° . il ne faut point expofer du fer dans les lieux
qui reçoivent fans cefle de l’uriné humaine, fans
le couvrir au moins de vernis très-épais & très-
folide : du fer plongé dans l’urine éprouve le même
changement j 20. on ne doit pas évaporer l’acide
phofphorique dans des vafes de fer qui s’ ufent &
fe percent par l’a#ion de ce corps j 39. quand on
prépare du phofphore avec l’acide phofphorique
qui a été évaporé dans des vaiffeaux de ce métal,
& de même dans dés vafes de cuivre, on perd une
partie,du phofphore, qui s’unit avec l’un ou l’autre
de ces métaux j aufli les réfidus de cette distillation
contiennent-ils fouvent des globules de
phofphure de fer on de cClivre. C’eft à la réduction
des phôfphates métalliques en phofphures, quand
l’acide phofphorique dont on fe fert en contient
abondamment, réduction opérée par le charbon,
que* paroît être dû le bourfouflemient confidéra-
ble qui nuit fi fouvent dans cette opération : l’abondance
de l’acide carbonique formé & dégagé
en eft la caufe immédiate.
Oh prépare encore du phofphate de fer en ver-
fant des difîolutions de phofphate alcalin dans une
diflblution de fulfate1 de nitrate ou de muriate dé
fèr: ilfe fait alors un double échange de bafes &
d’acides. L’alcali quitte l ’acide phofpTiorique pour
fe porter fur l’acide qui tient le fer en diflblution,
& l’oxide de ce métal féparé s’unit avec l’acide
phofphorique. On obtient ainfi un précipité blanc
de phofphate de fer : on a déjà vu plus haut que
le fel difl’ous dans l’acide fulfurique étendu d’eau
fe précipitoit, au bouc de quelques heures, en
une pouflière blanche qui relie long-tems fufpen-
due dans la liqueur, & qui ne fe dépofe qu’à l’aide
du tems. Il eft prefque fuperflu d’ajouter ici que
le phofphate de fer 3 de quelque manière qu’il foit
préparé, jouit conftamment de la propriété de fe
réduire par le charbon rouge ; en force que, pendant
leur fufion à travers les charbons allumés ;
les- mines qui contiennent du phofphate de fer
doivent éprouver la converfion de ce fel en phofphure
métallique qui s’unit à la fonte, refte adhérent
à cette matière ; de forte même qu’après l’affinage
, le fer qui en provient eft caftant a froid ,
à caufe du phofphure ferrugineux dont il eft plus
ou moins charge.
; 110. L’acide fluorique liquide attaque le fer
avec une grande violence : la vive effervefcence
qu’il fait naître eft due au dégagement du gaz hydrogène
& à la décompofition de l’eau. La diflblution
a une faveur aftringente & métallique,
analogue à celle du fulfate de fe r} elle ne donne
pas de criftaux par l’évaporation, mais fe prend
en une efpèce de gelée. Si on la pouffe à ficcité ,
elle devient dure & très-folide ; fi on la chauffe
fortement, elle laifle échapper fon acide, & laifle
un oxide de fer d’un beau rouge. L’acide fulfurique
la décompofe & en dégage l’acide fluorique.
L’oxide de fer fe diflout aufli dans cet acide, bc
lui donne, fuivant Scheele, un goût alumineux.
Les alcalis & les terres précipitent le fluate de
fer3 & en féparent un oxide qui devient facilement
noir quand on le chauffe.
m . L’acideboracique favorife aufli, mais très-
lentement, Toxidation du fer par l’eau 5 il ne s’unit
d’ailleurs que foiblement à l ’oxide de ce métal.
On obtient cependant cette combinaifon fous la
forme de pouflière, en précipitant la diflblution
du fulfate de fer par celle de borate de foude neutre
ou de borax, auquel on ajoute de l’acide carbonique
j car ce fel, naturellement avec excès de
foude, employé dans cet état pour décompofer
les difîolutions métalliques 3 donne deux précipités
mélangés, l’un d’oiide formé par la foude
excédente, l’autre de borate métallique5 & quand
on veut n’obtenir que ce dernier, il eft évident
qu’il faut faire difparoître auparavant dans le borax
cet excès de foude. Au refte , on n’a point
encore examiné les propriétés du borate de fer.
112. L’acide carbonique s’unit facilement avec
l’oxide de fe r, comme on l’a déjà vu dans l’hif-
toire de la rouille de ce métal, qui n’eft qu’un
carbonate, parce qu’à mefure que le fer‘s’oxide ,
il abforbe facilement l’acide1 carbonique de Tat-
mofphère. Cet acide diflous dans l’eau, mis en
conta# avec le fer, l’attaque fenfîblement, dégage
fans effervefcence fenfible l’odeur du gaz
hydrogène, & fe .trouve, après quelques heures
de ce conta#, tenir aflez d’oxide de fer'en diflblution
pour avoir une faveur piquante & un peu
ftyptique. Lane & Rouelle ont les premiers découvert
& examiné les propriétés de cette-diflo