
granitiques, où elles ne peuvent diffoudre aucune
matière faJine capable de lcuf"donnèr des caractères
àïeau dure ou d‘tau crue.,On les nomme eaux
vives, par opposition à celles qui font ftagnantes 6c qui l'ejournent en même teras fur des corps dont
elles peuvent fe charger. ( Voye^ l'article Ea u .)
ÉBULLITION. L’ébullition eft le phénomène
par lequel les liquides, placés dans un vide fubit
ou expofés à une haute température, fe réduifent
en gaz,de forte que les portions déjà gazeufes traversent
avec plus ou moins de rapidité, & fous la forme
de bulles , la portion encore liquide. On applique
plus fpécialement cette dénomination à Y eau qu’à
tout autre liquide.
Voici ce que j’ai donné, en 1784, fur \ébullition
de l'eau à une époque où la théorie des gaz
corr.mençoit à s’établir.
Avant les découvertes des modernes fur les
fluides aériformes, on n’auroit pas fans doute ofé
taxer les philofophes & les phyficiens qui nous ont
précédés , d’avoir méconnu la caufe de l'ébullition
de l’eau, fans craindre de paroître avancer un paradoxe
ridicule 5 mais depuis ce grand pas fait dans
les fciences phyfiques, on eft autorifé à regarder
les opinions de nos prédéceffeurs comme des erreurs
involontaires, & à en propofer de nouvelles
que l’on ne peut s’empêcher de croire plus folide-
ment établies. Coft d’après cette obfervation, fur
laquelle tous les favans font d’accord aujourd’hui,
que je crois être en droit d’avancer que l’on a
ignoré jufqu’aujourd’hui la véritable caufe du phénomène
que l’eau préfente quand elle bout. Les
phyficiens avoient Bien en effet foulevé en partie
le voile qui cache cette opération naturelle , i°. en
prouvant que l’eau bouillie fe réduifoit en vapeurs
dans le vide de Boyle ou la machine pneumatique
; 2°. en obfervant que l’ébullition étoit plus
ou moins facile, en raifon de la légéreté ou la pe-
fanteur variée du fluide atmofphérique qui la comprime
en s’appuyant fur fa furface} 3 e. en démontrant
que l’eau étoit foluble dans l’air} mais
tout cela n’explique point encore la caufe de cette
agitation qui s’excite dans l’eau chauffée au quatre-
vmgtième degré du thermomètre de Réaumur, &
de la formation de ces bulles qui en foulèvent la
furface , pour venir fe répandre & fe diffoudre
dans l’atmofphère. Je vais effayer de fixer les idées
•fur cet objet, & d’en développer les phénomènes
avec plus de clarté qu’on ne l’a fait jufqu’ici.
Dès que l’eau a acquis une chaleur de foixante
degrés, on obferve fur le fond & fur les parois
des vaifteaux qui la contiennent, un grand nombre
de petites bulles qui augmentent bientôt de
volume, & montent avec rapidité vers la partie
fupérieure de ce fluide. Au quatre-vingtième deg
r é , les bulles font plus greffes 3 fe fuccèdent
avec une vite Ce plus confidérable : la furface de i
l'eau eft agitée de boudions qui ne font que les
jnêmes bulles agrandies & portées -vers le plus
haut de ce liquide par leur légéreté Spécifique j
chaque véficule qui crève, répand dans l’atmof-
phère une vapeur ou fumée blanche , qui fe djf-
fipe, & difoaroît bientôt en prenant l’état de gaz
en fe diColvant dans l’air. On ne voit point ces
vapeurs dans les vaifteaux fermés , ou au moins
elles n’y ont jamais la même denfité. Ces bulles,
qui renferment tout le myftère de l‘ébuliàtion & de
1 évaporation , ne font cependant que de l’eau
_ femblable, par fa pâture, à celle dans laquelle elles
nagent, & qui n’a point encore pris cet état élaf-
tique. Comment fe fait-il qu’une portion de l’eau
foit fi différente de l’autre en apparence, & pourquoi
tend-elle ainfi à fe féparer ?
Pour bien entendre cette opération naturelle,
il eft néceffaire d’obfer-ver :
Que tout corps volatil n’a cette propriété
qu'en vertu de fa tendance à prendre l'état gazeux
j
20. Que la volatilité eft en raifon direéle de cette
tendance , & que c’eft pour cela que les corps
très-volatils entrent facilement en ébullition ,•
3P. Que, lorfqu’une partie d’un liquide paffe
pour une caufe quelconque à l’état d’un fluide élastique,
elle devient beaucoup plus légère que la
portion qui conferve encore fa liquidité s
4°. Que, dans ce dernier cas, la portion qui
prend la forme d’air ne peut plus refter unie, à la
partie qui refte liquide, 6c quelle y devient pour
ainfi dire indiffoluble.
Ces quatre points une fois bien faifîs, il eft
très-facile de concevoir clairement l 'ébullition de
l’eau : ce phénomène n’eft autre chofe que le
paffage de l’état liquide à l’état gazeux. Une partie
de ce fluide, devenue élaftique par l’aètion de
la chaleur, devient en même tems plus légère que
la portion encore liquide, & s’élève promptement
à fa furface. Les bulles ne font que cette partie
gazeufe de l’eau, qui, acquérant en proportion de
l’infblubilité dans le refte du fluide, fe portent
rapidement à la furface liquide, & s’en échappent
fous la forme d’air. Ce phénchnène eft une véritable
effervefcence, car cette dernière n’eft jamais
que le dégagement d’un fluide aériforme, dont
les bulles arrondies par une preffion égale & agif-
fant en tous lens, traverfent un liquide plus denfe
& plus pefant. Il feroit donc aufli jufte de dire que
le feu ou la chaleur fait entrer l’eau en .effervef-
cence, que de dire qu’ils la mettent on ébullition.
Le problème de ce phénomène fe réduit, comme
op voit, à favoir que l’eau, mife en état de ;gaz,
n’ eft point foluble dans l’eau liquide chaude 5 qu’il
en eft de ce .corps comme de tous ceux qui font
fuîceptibles de prendre la forme gaz?ufe, qui fe
diffolvent généralement beaucoup mieux dans Jes
liqueurs les plus froides, & qui refufent dé s’unir
aux liqueurs chaudes.
Mais une fécondé caufe favorife, avec plus ou
moins d’énergie, Y ébullition de l’eau j c’eft la fouf-
traction ou la diminution 4e la pefanteur de l’air.
Le poids ou la preffion de l’atmo'fphère fur l’eau
eft la feule raifon qui s’oppofe à fon évaporation
rapide. Diminuez ou enlevez tout-à - fait cette
gravitationvous verrez bientôt l’eau fe dilater,
acquérir un volume plus confidérable, fatisfaire fa
tendance à prendre l’état gazeux, 6c paroître enfin
fous la. forme de l’air lui-même, dont elle tend à
occuper la^place. Le feui effort gravitant des colonnes
aériennes s’oppofeT donc au defféchement
de la furface de la terre. Concevez un grand vide
autour du globe, & votre imagination, fondée fur
ces connoiffances exactes., vous prefentera bientôt
les mers & les Les épuifés , "6c la terre fèche &
aride. On n’eft.plus étonné, d’après cela, que l ’eau
bouillie à differentes températures, que fon ébullition
fuive les variations du baromètre, comme •
l ’a découvert Fahrenheit, 6c que ce degré de cha- ■
leur prétendu confiant ne puiffe plus être regardé :
aujourd’hui comme affez fixe pour fervir à la conf-
truélion des'thermomètres. En effet, l’eau bout
plus vite ou à un moindre degré de chaleur
quand l ’atmdfphèfe diminue de pefanteur, 6c elle
s’échauffe au contraire plus fans bouillir lorfque
l ’air a plus de poids. Ces variations peuvent être
de quatre degrés à ,1a graduation de Réaumur , 6c
elles s’étendent depuis quatre-vingts jufqu’à quatre
vingt-quatre de fon échelle. L’exiftence de ce
phénomène eft prouvée par ce qui fe paiïe dans
le vide. Si l’on y expofe de l’eau privée d’air par
Xébullition, & refroidie de quinze ou vingt degrés
au deffous de ce terme, bientôt ce liquide Vagite,
préfente l’effervefcence qui lui eft propre, & remplit
la cloche pneumatique d’un fluide aériforme,
qui ne devient vifible que parce qu'il eft condenfé
en partie par le froid extérieur, 6c parce qu’ il
ne trouve point fon diffolvant ordinaire, i’air de 1 atmosphère. Dès qu’on fait ceffer le vide 6c
qu on fait entrer de l ’air fous la cloche, la vapeur
difparoîc fur le champ, le mouvement d'ébullition
s appaife , & une portion de l’eau, reprenant fon
état liquide, coule en gouttes fur les parois intérieures
du vaiffeau qu’elle revnpliffoit dans fon
état aériforme. Cette expérience, connue de tous
les phyficiens, démontre que c’eft en comprimant
l’eau que le poids de l’air la retient dans fon état
liquide> en lie pour ainfi dire les molécules, 6c
fon ne peut douter que la nature n’emploie fou-
vent, pour volatilifer ce fluide, la diminution de
la pefanteur de l’atmofphère.
Il exifte encore une troifième circonftance qui
doit aufli contribuer à Y ébullition & à la volatili-
fation de l’eau ; c’eft la diffolubilité de ce fluide
dans l’air. Il eft bien reconnu aujourd’hui que cette
diffblution ne s'opère que lorfque l’eau eft raréfiée
6c mife dans l’état de gaz. L’air, par la tendance
qu’il a pour fe combiner avec l’eau, eh
attire une partie à lui fans même que ce liquide
foit raréfié par la chaleur. Plus l’atmofphère eft
fèche, plus l’air a de force pour s’unir à l’eau,
& plus il en diffout réellement* La féchereffe ou
rhumidité de ce fluide doit donc contribuer à
favorifer ou à diminuer la vaporifation & Yébullition
de l’eau } c’eft pour cela que, quand J’at-
mofphèrë eft chaude 6c fèche , toutes les conditions
les plus favorables à la raréfaction & à la
diffolution de l’eau fe trouvant réunies, ce fluide
entre plus facilement en ébullition , & la vapeur
qui s’en exhale devient plus tôt invifible, parce
qu’elle eft abforbéè & diffoute par l'air prefque
auflitôt qu’elle eft formée. Lorfqu’ au contraire
l’air eft humide, l’eau bouillante offre une quantité
de vapeur épaiffe plus confidérable : cette
vapeur fe porte plus loin fans être diffoute, 6c
l’eau fe volatilife avec moins d’énergie.
ÉCAILLE. L'écadle, matière fi ufuelle, fi employée
dans les arts , eft empruntée à la carapace
des tortüés. On la feie, on la ramollit, on l’étend,
on la ploie dans des fers chauds. On la polit, par
le frottement, avec des poufîières fines 6c dures ;
elle reçoit un très-beau poli.
Suivant les efpèces de tortue auxquelles elle
appartient, & fuivant les régions de leurs carapaces
d’où elle eft tirée, elle varie par la couleur,
la fineffe , le tiffu , la tranfparence , la dureté ,
l’élafticité 3 6cc. Il y en a de jaune tranfparente ,
qu’on appelle écaille blonde ,* de brune-rouge tranf-
parente , de brune - noire , de rouge opaque , de
rouge & de brune nuée, tachée, 6cc. •
On ne connoït pas encore bien la nature chimique
de Y écaille. Quoiqu’on l’ait crue analogue
'à la matière des cartilages, des membranes, &ç-
& qu’on l’ait dite compofée de gélatine 6c de
phofphate de chaux, cette matière préfente des
propriétés qui lui font particulières : elle ne fe
diffout pas dans l’eau} elle ne forme point de
gelée } elle a dans fa manière de brûler, dans fon
odeur, dans fes produits par le feu, dans l’ aCtiorr
qu’exercent fur elle l’eau, les alcalis, les acides, 6c
en général les réaétifs, des différences affez prononcées
d’avec les autres fubftances animales->
1 pour la regarder comme un genre de compofé
animal particulier. La corne 6c les ongles, les
cheveux, les poils, le crin, font de la même nature.
Il y a même quelques corps gélatiniformes,
quelques matières végétales, qui ont plus d’analogie
avec Y écaille 6c la corne, qu’avec d’autres
genres de compofés animaux : telles font la matière
gluante qui fe fépare de quelques eaux minérales
, la matière glutineufe des farines, plu-
fieurs autres matières qu'on extrait des fucs végétaux.
Écaille d’huîtres. On a beaucoup vanté la
chaux fournie par les écailles d3huîtres pour l’ ufage
médicinal. Cette chaux eft en effet très-pure 6c très-
bonne ; elle l’emporte prefque toujours, par fa pureté,
fur celle qui eft extraite des pierres à chaux
communes, parce que celles-ci contiennent de la
filice , de l’alumine , du fer , & en général des