
nitrique en dégage beaucoup de gaz azote , de
l'acide pruflîque, & la change en graifte & en
acide oxalique : les alcalis cauftiques concentrés
la diftolvent, & la dénaturent en ammoniaque &
en huile. Elle lé convertit par fa décompofition -
fpontanée dans l'eau , & dans les terres humides
8c grades, en matière adipocireufê & en ammo-
niaque, comme on peut l’obferver dans les cimetières.
La peau des cadavres qui y font enfouis
depuis plufieurs années, bien diltin&e 8c bien
féparée des parties fous- jacentes, y préfente une
plaque grife, a fiez grade , caftante, & qui donne
tous les caractères d'un favon ammoniacal.
2. L'aCtion de l'eau fur le derme eft le procédé
qui en fait connoître le plus exactement la nature
& la compofition. Le derme3 plongé 8c féjournant
dans l’eau froide, fe dilate, fe ramollit légèrement,
fe gonfle , perd de fa ténacité , dè fon étendue :
en prenant plus d’épaideur, laide arracher facilement
les poils qui le traverfent & le couvrent,
devient demi - tranfparent, & femble affeCter la
forme 8c la nature gélatineufe par cette macération.
Si on laide long-tems la peau dans cette liqueur,
elle s'altère, fe pourrit , exhale une grande
puanteur, devient comme une gelée molafie , &
reprend une odeur ammoniacale. Si au lieu de la ■
laiffer fe corrompre ainfi , on la Fait bouillir avec
fuffifan-te quantité d'eau après qu'elle a été gonflée,
on la voit fe fondre, fe di do y dre entièrement,
& former un liquide vifqueux, collant,
épais , filant 8c même glaireux , qui devient d’une
confiftance & d'une liquidité homogène quand on
le fait bouillir affez long-tems. On fabrique ainfi
un véritable mucilage animal, une gelée qui fe
fige ou fe congèle par le refroidiffement, 8c qui
forme des colles par l'évaporation & la concentration.
Dans une foule d’arts , cette propriété
eft bien connue & employée avec beaucoup de
fuccès. On fabrique des colles diverfes avec la
peau de gand, la peau d'anguille, les rognures
de peaux de quadrupèdes, de poiflbns divers , & c.
11 eft facile de trouver, par ce feul procédé , une
didérence remarquable entre les diverfes efpèces
de peaux. Celle depoidon fe fond vite} celles de
l'homme & des mammifères , du boeuf & du cheval
ne fe didolvent qu'à l’aide de plus d'eau, de
chaleur 8c de -rems ; mais toutes; foumifes à une
macération particulière, fini dent par fe fondre
dans l’eau -8c pader à l'état de gelée ou de colle.
3. En cbfervant avec beaucoup de foin ce qui
a lieu dans ce padage du tiftu dermoïde , à l ’état
de gélatine par l'ébullition dans l'eau , on remarque
que la peau de boeuf ou de cheval, très-
analogue à cet égard à la peau humaine , offre ,
avant de fe fondre , des flocons fibreux ou filamenteux
qui nagent dans la liqueur, & ne-fe dif-
folvent qu'avec beaucoup de peine j tandis qu'une
autre portion a été drdoute dès la première im-
preflion de l’eau bouillante. On en a conclu que
le ci du dermoïde étok compoféde deux matières
principales , la gélatine & la fibrine M. Séguin ,
qui .s'eft beaucoup occupé de l'anaiyfe de ce tidu,
pour trouver la théorie 8c perfectionner la pratique
de l'art de tanneries peaux, s'eft formé fur
fa compofition des idées plus avancées que celle
qu'on, avoir-déjà en chimie fur cet objet. Suivant
lui , la fibre cutanée, fort voifine de la fibre fan-
guine ou mufculaive , n'eft qu'une efpèee de gélatine
oxigénée, incapable de fe combiner dans
fon état fibreux à l'eau & à la matière du tank il
faut en opérer une efpèee de débrûlement, ou
la priver d’une portion de fon oxigène pour la
rendre fufceptible de s'unir au tannin. Il paroït
qu’une pareille défoxigénation a lieu dans l'âCtion
longue & fuccefîive de l'eau froide de l'eau
bouillante fur le derme, puifque , de fibreux 8c in-
didoluble qu'il eft d’abord, il devient enfin tout-
à-fait diffoluble 8c gélatineux. L’effet de la grande
& prompte difîolubilité des peaux de poiflbns 8c
de quadrupèdes vivipares , & de la promptitude
avec laquelle elles forment de la gelée, ainfi que
de la grande quantité qu’elles en donnent, favo-
r-ife cette idée fur la nature oxigénée du derme,
puifqu'il paroït être d’autant plus voifin de l’état
gélatineux, qu'il ^appartient à des animaux qui
refpirent moins , qui ont moins befoin d'oxigène
atmofphérique, 8c dont le fan g eft le moins
échauffé.
4. Les obfervations 8c les expériences que
M. Séguin a faites fur le tannage l'ayant conduit
à c-e-ws théorie de la nature du ufîu de la peau,
il eft néceffaire de donner ici le réfultat de ces
^expériences. Le précipité de colle ou de gélatine
pure, par le tannin, eft caftant, & fi le derme étok
purement gélatineux , les peaux tannées ferolent
également caftantes. Le tiftu fibreux du derme ne
fe combine point avec le tannin 5 mais quand on
le fait repafter à l'état gélatineux en lui enlevant
Toxigène, on le rend fufceptible de s'unir au
tannin. C ’eft ce qu’on fait dans le déboursement,
le ramolli (Terne nt 8c le gonflement préliminaire
des peaux avant de les foumettre au tannage. La
partie -ftbreufe & tiftue du derme étant d'une nature
irritable , TaCtion des acides ou des alcalis
■ foibles fait raccourcir & groftïr les petits fila-
mens creux de ces .fibres jufqu'à ce .que, par cette
aCHon même, cette propriété sepuite par cet
effet de raccourcilfement qui diminue les dimen-
•fions 8>c augmente l epaiffeur du derme. • La partie
gélatineufe en eft dilatée, divifée, facile à d'f-
foudre , & diftoute en effet dans l’eau des Iayag.es ;
en même tems,fa fibrine , dilatée;& raccourcie,
fe débrûle en perdant une portion de fon oxigène.
A mefure qu'elle fe défoxigène, -elle fe combine
avec le tannin qui s'y dépofe elle .ne doit pas
être trop débrûlée , ni repafter à l'état de .géla-
tine purei ce qui la rendroit trop tannée 8c trop
caftante : c'eft pour cela que dans le débourre-
ment on lui enlève la portion de gélatine qu'elle
I contient. L’acide^alliqus, qui.exiftexlans l'eau de
tan, déjà épuifée de tannin par des peaux , 8c ■
qui s'y reconnoît par la précipitation du fui-fate
de fer en noir, opère fpécialement ce débrûlement
de la partie fibreufe de la pëaû , comme on lui
voit opérer la défoxigénation de l'argent, de
l'or & de plufieurs autres métaux lorfqu'on le
verfe dans leur difîblution j c'eft en' raïfon de
cette propriété que l’eau de tan épuifée eft fi utile
au gonflement 8c au débotirremènt des peaux.
Enfin , le derme fibreux ainfi aiébrûlé, raccourci,
irrité , puis combiné à un état demi-gélatineux'
avec le tannin, ayant perdu fa propriété irritable
& fa nature primitive, ne peut plus fê raccourcir
ni changer de dimenfion. Cependant ce cdmp'ofé
tanné, qui dans un bon cuir n'eft pas de véritable
gélatine tannée, peut encore s’alongef 8c s'appla-
tir, & conferver une forte de ductilité fousv lé
marteau du cordonnier qui le frappe & le travaille
5 mais il conferve, comme les métaux, les
dimenfions acquifes par la preftïon.
y, Ainfi l'on peut tirer comme réfultats de ces
obfervations ingénieufes fur la nature'dü derme,
qu'il eft en général formé de deux tiflus ou de
deux matières diftinCtes, l'une, qui eft gélatineufe,
diffoluble tout à coup dans l'eau, précipitable
tout à coup par le tannin : on l’enlève dans les
peaux ordinaires de quadrupèdes avant de les tanner.
Cette matière eft furabondante dans le^ peaux
de ferpens, de grenouilles, de lézards , décoiffons,
qui fe fondent vîte dans l'eau, & qui deviennent
très-caflântes par le tannage. L'autre
matière, véritable tiftu iolide, extenfible , élaf-
tique, irritable de la peau de l’homme, des mammifères
8c des oifeaux, eft de la fibrine ou de la
gélatine oxigénée } elle contient la première dans
fes mailles} elle fe refterre dans un fens 8c fe
gonfle dans fa longueur par les ftimuians falins 5
elle fe débraie par les acides , par une longue
expofition dans l’eau, 8c par l'ébullition5 elle re-
pafte à l’état gélatineux ou demi-gélatineux, fui-
vant la proportion d'oxigène qu’on lui enlève.
Sans doute c'eft dans la proportion de ces deux
matières que confifte la différence de ces deux
efpèces de peaux, variable fuivant la nature des
animaux, leur manière de vivre, leur oxigéna-
tion très'prononcée ou très-foible, 8cc.
DÉSACIDIFICATION. J'entends par ce mot
le phénomène dans lequel les acides perdent leurs
caractères d^acidité par l’enlèvement de l’oxigène
qui les leur commun i quoi t. Il y a une dé fa ci dific àtion
partielle 8c une défacidlficationcomplète. La première
a lieu lorfqu'un acide perd une partie de
fes propriétés en perdant feulement une portion
de fon oxigène, comme lorfque l'acide fulfurique
devient, par l'aCtion de beaucoup dè corps , de
l'acide fulfureux. La fécondé exifte quaiïû un acide
perd tous ces caractères d’acidité, en perdant tout
l'oxigène qui les lui donnoit.. Dans ce dernier
cas l'acide n'eft pas toujours réduit à fon radical
DÉSICCATION. La défécation eft l'opération
par laquelle on deffèche les corps plus ou moins
humides : on leur eniève, l'eau ou l’humidité qu'ils
contiénnent, foit pour connoître leur nature véritable
dans l'état de pureté, foit pour déterminer
exactement leur quantité , foit pour lés
rendre moins altérables & les confiervet. Le premier
& le fécond réfultat font recherchés pour
les terres, les Tels, les oxides 8c précipités métalliques
; le fécond pour les matières végétales &
animales , ou pour les compôfés chimiques qu'on
en retire.
Le mot défécation exprime une féchérefle auflï
grande qu'il eft poflible, 8c même abfolue fi on
pouvoit l’obtenir telle. Aufli pour la'produire on
ne fe contente pas toujours d'expofer à l’air fec
8c chaud les matières à deftecher en furfacés multipliées
: on les place dans des étuves plus ou
moins chaudes, dans des fours plus ou moins
échauffés, quelquefois même dans dis cfeufets de'i
terre, d’argent, de platine, où on les pouffe jusqu’au
rouge. C ’eft ainfi qu’on en ufe pour les
terres, pour les métaux en pouffièrés , pour quelques
oxides pêu altérables.
Cependant les défécations 'les^plus fréquentes
confittent dans une expofition à' l’air ou à une
étuve d’une chaleur modérée } c’eft ce qu’on fait
pour toutes les matières végétales 8c animales
auxquelles on n’enlève par-là"' que l ’eau placée
entre leurs molécules,Teau qui les mouille, 8c non
l’eau combinée.
DÉSOXIDÀTION. J’ai donne ce nom à l’operation
chimique par laquelle on enlève l’oxigène
à une fubftance brûlée à l’état d’oxide, particuliérement
aux oxides métalliques. La réduction
des métaux eft vraiment une défaxidation. Elle a
lieu, foit par la lumière feule, foit parle calorique
aidé de la lumière, foit par l’aCtion d’un corps
combuftible , furtout du charbon rouge de feu ,
qui, ayant plus d’attraCh’on pour les métaux qu’ils
n'en ont pour l’oxigène , le leur enlève à cette
haute température. Plufieurs métaux défoxident
au(Fi même à froid quelques métaux oxidés. C ’eft
ainfi que le cuivre défoxide l’argent & le précipité
de fa diftblution nitrique * le fer fait la même chofe
à l’égard du cuivre, & le zinc à l'égard du fer.
fVoye^ les mots Oxidation, Oxides métalliques
, Métaux , &c. )
DÉSOXIGÉNATION. Ce mot, que j’emploiô
quelquefois avec avantage dans le langage chimique
, a une valeur plus générale 8c plus étendue
que les mots défacidlfication 8c défoxidation , quoiqu'il
fembte pouvoir être regardé comme fynonyme
de ceux-ci. En effet, s’il défigne comme eux la
réparation ou l’enlèvement de l’oxigène, il le dé