
diminue. On voit par ce qui vient d’être ex-
pofé, qu’il ne faut pas fe fervir de fupport de
charbon, pour effayer les corps avec le carbonate
de foude. Ce flux , comme on le verra par la
fuite , eft très-utile pour fondre les pierres fî-
Jiceufes,
D u borax ou borate de foude avec ex ces de foude.
Le borax cryftallifé, expofé fur un charbon
à la flamme du chalumeau , devient d’abord opaque,
fe gonfle considérablement, végété & pouffe
pour ainfi dire des rameaux & diverfes protubérances
} lorfque fon eau de cryftallifation eft
féparée , il fe fond en un globule fans couleur ,
& qui conferve fa tranfparence après le- refroi-
diffement. Ce fel eft compofé de foude , faturé
en partie feulement par l’acide boracique , connu
autrefois fous le nom de fel fedatif, La manière
dont ces flux falins fe comportent feuls au feu,
étant bien connue , il eft facile de diftinguer la
différence qui provient par l’addition d'une matière
quelconque,
L’on n’a pas toujours befoin de tous ces réaç?
tifs ; le charbon , l’air atmofphérique 4 la flamme ,
extérieure & intérieure du chalumeau fufEfent
quelquefois pour faire prononcer avec certitude
fur la nature d’un minéral.
§ VII. D e s précaution^ a prendre dans Vexamen des
corps à la flamme du chalumeau.
Il faut d’abord appliquer la flamme extérieure j
fur le corps que l’on éprouve, de après avoir
remarqué les phénomènes qui fe paffent, on
appliqué la flamme intérieure, en obfervant toujours
s’il fe produit de nouveaux effets. Les
principales oblèrvations à faire fur le$ corps que
l ’on expofe à la flamme du chalumeau confîftent
i°. dans la décrépitation, 2°. la délitefçence,
3°. le gonflement ou l’intumefcence , 49. dans la
végétation, y°. la fripon, 6Q. l’effervefcence, 70.
le changement des couleurs , 8°. la production'
d’odeur,90. l’inflammation, io°. l’oxidation, n°.
la réduction, ii°^enfin dans la voiatilifation ou
dans l’abfence de tous ces phénomènes.
Les fragmens d'une fubftance que l’on eflfgye
au chalumeau ne doivent jamais excéder la grof-
feur d’un grain de poivre > il eft même fouvent.
avantageux qu’il foit plus petit ; l’on conçoit
facilement que fl les morceaux ^toient trop con-
fldérables , une portion de leur mafle feroit né-
cefîairement placée hors du foyer des rayons
de chaleur, & refroidiroit le fupport ainfi que
la partie de la matière expofée à la pointe de la
flamme bleue.
£/on peut aifément & fans aucune déperdition
* divlfer les corps en les plaçant fur la lame d’acier,
G , en les enfermant dans l’anneau H. & en
les frappant doucement avec le marteau, F. I
Ces inftrumens font fur - tout utiles pour les
corps qui font précieux , & dont on ne poflede
qu’une petite quantité pour, en faire l’analÿfe.
$ VIII. Phénomènes que préfentent les fubflances
naturelles a la flamme du chalumeau.
Les naturaliftes ont divifé les corps naturels
en quatre claffes, favoir les felsj les terres, les
métaux & les bitumes.
Les fels font faciles à diftinguer par la faveur
& la diffolubilité dans l’eau, mais ces propriétés
diffèrent beaucoup dans les différens fels , puif-
| qu’ils forment avec les terres une chaîne dont
î les anneaux fe confondent tellement enfemble ,
j qu’il eft difficile de difeerner celui qui eft in-
J termédiaire, à momsxju'on n’établifle des limites
j artificielles.
j , La plupart des fels expofés à la flamme exté-
I rieure du chalumeau fe fondent, foit à .l’aide de
! leur eau de cryftallifation, foit par une véritable
fufîon qu’on appelle alors fuflon ignée $ ceux qui
fe fondent à la faveur de l’eau fubiflfent aufli ce
changement par l’aétion feule du calorique , lorf-
que le principe aqueux a été yolatilifé. .
Les Uns éprouvent la fufion aqueufe tranquillement
& fans mouvement fenfible , les autres
avec pétillement ou effervefcence j quelques-uns *
fe diffipent en fumée.
Les naturaliftes. entendent par terre, des ma- '
tières infufibles, fixes au feu, infipides , & qui
ne font point diffolubles dans mille parties d’eau,
quoique réduites en poudre très-fine. Les terres
qui par une divifion mécanique ou chimique
peuvent s’unir à l’acide carbonique & donner
naifîance à des fels fecondaires ou neutres, ont
été appellées par les chimiftes terres fa lin e s , dont
ils ont formé une feétion particulière : telles font
la magnéfiêla chaux & la baryte. Les terres
à l’état de pureté font infufibles par elles-mêmes
5 fi au contraire , elles font combinées en-
tr elles ou à quelques matières d’une autre nature
, elles deviennent fufibles , mais- donnent
rarement un verre tranfparent.
Les flux énoncés ci-defîus ou au moins un
d’entr’eux fondent cés fubflances terreufes : elles
ne brûlent ni ne répandent de fumée.
D e P acide molybdique.
Cet acide expofé à la1 flamme du chalumeau
fut.
fur un charbon pénètre cette fubftance,,& difpa-
roït entièrement fur une cuiller d'or , il fe
volatilife en une fumée blanche , qui devient
bleue lorfqu'on la touche avec la flamme intérieure
, & qui blanchit de nouveau quand on
la frappe avec la flamme extérieure.
Il teint d’un vert agréable le phofphate de
foude & d’ammoniaque. Fondu avec le borax,
cet acide paroît gris par les rayons réfléchis, &
obfcurément violet par les rayons refrangés. Il
eft le feul acide connu qui jouiife de la propriété
de teindre les flux.
De l'acide boracique. ■
L’acide boracique , connu autrefois fous le
nom de f e l féd a t if, fe fond en un globule de
verre tranfparent qui refte fixe.
D e Vacide tartareux.
Quoique cet acide ne fe rencontre pas pur
dans la nature, on a cru cependant devoir ex-
pofer les phénomènes qu’il préfente au chalumeau
, parce qu’il ponrrôit arriver qu’il entrât
dans la compofition de quelque matière dont il
feroit important de connoître la nature. Il ne !
faut pas confondre cet acide avec le tartrite
acidulé de potaffe ou crème de taure dans lequel
cet acide eft déjà en partie-faturé de potaffe.
Au premier conta# de la flamme extérieure,
il fe fond, bientôt après il fe gonfle, mrreit, /
répand des fumées & une flamme bleue 5 enfin
il;fournit un charbon fpongieux, qui lui-même, !
laiffe une cendre de nature calcaire.
Pour rendre bien fenfible chacun des phénomènes
qui viennent d’être énoncés, il faut appliquer
la flamme avec modération, afin que la
combuftion s’opère lentement.
D e l'acide oxalique ou acide du fucre.
L’acide oxalique crÿftallilé, chauffé à la flamme ;
extérieure, devient d’abord blanc tk opaque,
enfuite il fe liquéfie , enfin il fe réfout en gaz
fans laiffer de réfidu » l’oxalate acidulé de po-
taffe ou fel d’ofeille noircit au chalumeau &
laiffe une cendre alcaline.
D e l'acide phofphorique.
On rencontre cet article dans tous les règnes ;
il fe fond en verre tranfparent, mais qui attire
l’humidité de l’air, & fe réduit en liqueur.
Si on le chauffe pendant long-temps fur un
fupport de charbon , il produit une flamme
jaune verdâtre qui annonce qu’une portion de
Ch im ie , Tome I I I •
cet acide eft décompofée par le charbon & qui
brûle dès qu’il a le conta# de l ’air.
La plupart des matières végétales & animales
s’enflamment, fument & 1 aillent des charbons
pour réfidu. Le. foufre brûle fans réfidu, mais
quelquefois ce corps ne devient fenfible que par la
voiatilifation. La plupart des métaux fe fondent,
quelques - uns s’enflamment , & prefque tous
s’oxiaent & colorent les flux.
§. IX. Des différens genres de fe ls .
Les fels , foit qu’ils aient été formés par la
nature ou par l'arc, font faciles à reconnoître
au chalumeau.
On appelle fe ls primitifs ceux qui font très-
diffolubies, comme les acides , les alcalis
& fels neutres , ceux qui font çompofés des
deux premiers. Bergman appelle les fels qui
contiennent une bâfe terreufe par elle - même
infoluble ou métallique , qui ne s’unit à l’eau
qu’à l’aide d’un acide , fe ls moyens , fe ls analogiques,
§. X. Des acides.
Nous ne parlerons point des acides liquides,’
leur volatilité ne permet pas de les éprouver au
chalumeau. Il ne fera fait mention ici que de
ceux qui font folides, & qui jouiffent d’une certaine
fixité.
D e l'acide arfénique.
Il fe fond dans une cuiller d’or en un verre
tranfparent fans s’exhaler en fumées blanches
comme l’oxide d’arfénic > mais ce feul caractère
de l’acide arfénique, de fe fondre en un verre
tranfparent, dans la cuiller d’or , ne le diftingue
pas allez de beaucoup d’autres corps qui jouiffent
aufli de cette propriété 5 mais fi on l’expofe
enfuite fur un charbon , il perd une portion de
fon oxigene , repaffe à l’état d’oxide, & devient
alors capable de fe volatilifer en fumées blanches
qui ént une odeur d’ail, qui le fait facilement
reconnoître. Il fe réduit auffi en fumées, fi on
le chauffe avec la flamme intérieure de la
bougie } celle-ci contient, comme il a été expofé
plus haut , des matières végétales qui ne
font pas complettement brûlées & qui le réduifent
à l’état d’oxide. Cet acide fe volatilife fans
avoir fubi d’altération , fi on le chauffe fortement
avec la flamme extérieure.
§. XI. D e s alcalis.
Comme la nature n’offre jamais les alcalis
dans l’état de pureté, on n’en parlera point icii
mais ils feront examinés avec foin dans inus
çombinaifons avec l’acide carbonique, à
A à