
cette pellicule eit devenue:opaque, Sc l’effer-
vefcence n’étoit pas beaucoup plus confïdérable;
a 4© degrés l’agitation de l’efïervefcence devenant
beaucoup plus forte, la pellicule s’eft brifée
la liqueur s’eft troublée uniformément, & devint
blanche, quoiqu’elle confervât une partie de fa
transparence. A jo degrés , le mouvement du
liquide effervefcent devint très-violent} l’eauétoit
entièrement opaque & blanche. Lorfque la chaleur
pafla Go degrés, l’effervefcence fut n confidéràble
fie 1 eau fi raréfiée, que le vafe où l’on faifoit l’ex-
perience pouvoit à peine contenir la liqueur. Nous
nous fommes fervis pour cela de grands vaiffeaux de
verre élargis par en haut, & que l’on connoit
dans les laboratoires fous le nom d’évapora-
toires j les vafes de cuivre & de grès ne peuvent
pas fervir, parce que le carbonate de magnéfie
adhère avec tant de force -fur leurs parois qu’on
e.ft obligé d’en perdre beaucoup. Tant que cette
eflervefcence produite par le dégagement du
gaz acide^carbonique très-abondant a eu lieu , ce
liquide n'a jamais pris la température de 80 degrés
, & il eft toujours refté à celle de 78 ou 70
degrés. Mais bientôt cette violente effervefcencè
a diminué , la 1 queur s’eft affaiffée un peu, les
bulles n’étoient plus aufli tenaces, aufli favon-
neufes, & la véritable ébullition de l’eau a pris
la place du dégagement du gaz } la liqueur monta
alors , tout-à-coup à 80 degrés. En arrêtant
l ’opération à cette époque, & lorfque l’acide
carbonique paroifioit entièrement volatiiifé, on
n o-bcenoit pas tout le carbonate de magnéfie fé
paré par le carbonate de potafle. II fallut continuer
l’ébullitiou pendant un quart tLheure. Il
eft prouvé par-là que le carbonate dé magnéfk
adhéré aflez fortement à l’ eau & à l’acide carbonique,
puifque celui-ci, s’il étoit diffous feul,
fe fépareroit beaucoup plus promptement.
Dans cette expérience on a obtenu o , 26 de
^carbonate de magnéfie fec fous la forme d’une
poufiîère blanche & comme grenue } la liqueur
décantée évaporée avec foin $ a donné du fulfate
de potafle mêlé d’une portion de carbonate de
potaife.
Il ré fuite de ces faits, i° que le carbonate de
potafle décompofe à froid le fulfate de magnéfie}
1 9. que le carbonate de magnéfie formé dans ce t
cas refte en diflblution dans la liqueur froide à
l ’aide de l’acide carbonique excédent à fa nature fa-
line neutre } 30. que le carbonate de potafle contient
plus d’acide carbonique que n’en demande pour
etre faturée la magnéfie féparée de l’acide fulfurique
$ 40. que c’eft cet excès d’acide carbonique
qui empêche les liqueurs de fe troubler ,
& la magnéfie de fe précipiter tant que les liqueurs
font froides} j°. que la chaleur en dégageant
cet acide , rend le carbonate de magnéfie
j»{>ias foiable & ea détermæe la précipitation} J
6°. que des parties égal : s du çarbonntç de pôtaffe
& de fulfate de magnéfie ne donnent point les
proportions exactes pour la décompofition com-
plette de ce dernier, & qu'il y a plus de carbonate
de potafle qu’il n’en faut pour feparer la
magnefie. •
Jufqu ici ces faits font d’accord avec ce que 1 on faic en Pharmacie fur la préparation de la
magnéfie ordinaire j car , 1®. on n’emploie pas du
carbonate de potafle. bien faturé qui îeroit Deau-
coup trop cher , & qui ne donneroit pas de ma-
gnéfie à froid } 20. on fait chauffer &■ même
bouillir quelque temps les diflblucions pour obtenir
plus de magnefie..
Comme nous avons employé trop de carbonate
de^ potafle, on a fait une fécondé expérience en
mêlant les dilfolutions de I2y parties de fulfate
de magnéfie & 100 de ca/bonate de potafle. Après 1 ébullition, on a obtenu 0,4^ de carbonate de
magnefie très - pur. Nous avons obfervé que
malgré 1 ébullition forte & le dégagement complet
d’acide carbonique , il reftoit dans la liqueur
tin peu de carbonate de magnéfie avec le fulfate
de potafle. On n’obtient cette légère portion
• le carbonate de magnéfie que par une évaporation
afftz longue} nous avons compté cette portion
dans les o, 46 obtenus dans cette fécondé expérience.
Si au lieu de faire chauffer les dîflolutîons
de ces deux fels bien purs St bien neutres, pour
en obtenir le carbonate de magnéfie par le dégagement
de l’acide carbonique, on iaiffe le mélange
expofé à l’air à une température de 12 à
1 î degrés, il s’en précipité au bout de quelques
jours des cryftaux en aiguilles très-fines , qui font
du carbonate de magnéfie M. Butini avoir déjà vu
ce fait j mais je me fuis affure qu'il eft impoflible
de féparer ce fel bien pur, il eft toujours mêlé de
fulfate de potafle} d’ailleurs, il ne prend pas une
forme aufli régulière & un volume .aufli gros que
celui qu’on obtient par le carbonate de foude, &
dont je parlerai toutrà-î’heure , fans doute parce
qu’il fe précipite trop vite , & pour ainfi dire,’
embarraffé par les cryftaux de fulfate de poulie
qui fe dépofent en même-temps.
On voit par tous ces détails que fi l’on obtient
en grand le carbonate de mag.ncfte dans les laboratoires
,de pharmacie, en précipitant le fulfare
de magnéfie par la potafle du commerce, c’eft
parce que ce dernier fel n’eft rien moins que
faturé d’acide carbonique, fe qu’il contient de
la potafle cauftique. La précipitation a même
lieu à froid & dans l’inftant du mélange, parée
que la quantité d’acide carbonique dégagé de la
potafle n’eft pas aflez confidéràble pour tenir
tout le carbçnatç de magnéfie en diflblution ;
pare©
parce que d’ailleurs une partie de-cette tefre
précipitée en état caiiftique, par la portion-de
potafle cauftique contenue dans celle du commerce
, enlève encore l’acide carbonique y mais
il eft certain malgré cela qu’il y a encore aflez
de cet acide pour tenir une portion de çar-\
bonate de magnéfie en diflblution, & que l’ébullition
d’un quart-d heure ou d’une demi -.heure
eft néceffaire pour obtenir tout le fel terreux contenu
dans- le liquide. - ( 1 )
§ III* Décompofition du fulfate de magnéfie par le
carbonate de foude„
Le carbonate de foude a préfenté dans fon ac- '
tion fur le fulfate de magnefie des phénomènes
différens de ceux du carbonate de potafle. Dès
diffolùtions de 100 parties dè carbonate de foude ,
& de 1.25 de fulfate de magnéfie j l ’un & l’autre en
beaux cryftaux, mêlées à 12 degrés de température,
ont donné tout-à-coup un précipité de carbonate de
magnéfie, qui, la vé& fé ch é , pefoit o ,u . La 1
liqueur décantée & chauffée fait effèrvefcence
à 20 degrés de chaleur, - & ne commence à fe
troubler qu’à 30 degrés 5 elle moufle & fe gonfle
moins que celle qui a été mêlée avec' le carbonate
de potafle. Après avoir bouilli pendant
un quart-d’heure on en a recueilli 0,23 } de
forte qu’en tout I2f parties de fulfate de magnefie
ont donné 0,34 de carbonate de magnéfie
par le carbonate de, foude , tandis que le mffco- '
nate de potafle en avoit fourni 0,45. La -li que lie
décantée contenoit encore beaucoup de fulfate
de magnéfie, & cette expérience n’étoit pas
exaéte, puifqu’on n’avoit point employé aflez
de carbonate de foude*
Par une fuite d’expériences, j ’ai trouvé que
pour décompofer. entièrement i i j parties de
fuTate de magnéfie, il faut 136 de ôarbonate de
foude tranfparent & bien cryftallifé , & l’on obtient
en tout 0,45". dè carbonate de magnéfie 3-
cornme par le carbonate de potafle } mais avec
cette difference, qu’ils’en précipite d’abord o., i 2,
ou a peu près un quart dans le moment même
du mélangé des liqueurs froides, fe- 0,33 ou:
à peu près les. trois quarts par l'ébullition.
Ce n’aft donc que la caufe de cette différence
(1) L'auteur de Tare d’imiter les eaux minérales,
a remarqué que le carbonate de potaife ne précipiteras
la diflblution de mûriate calcaire dans l’eau ’ aérée.
Le C. Bçrthoiet, dans les mémoires de l’académie,
pour l’année 17.86 , pag. iz7 & 128, fait voir que
la théorie de cet antcur nir la caufe de ee phéno
mehe , n eft pas e-xaéfe , qu il ne. porte pas atteinte
aux Ioix d»s affinités, & qu’il tient à la diflblution
de^ la craie par l’acide carbonique. Il indique qije la
meme chofe a lieu pour les Tels magnéfiens en gé-
néral , & que le carbonate de magnéfie peut refter
en diflblution dans l’eau, à l’aide .d’un excès d’acide
garbonique.
ÇfîiMix. Tome 111,
dans la précipitation par le carbonate de potafle
SC par le carbonate' de foude qu’il falloit trouver
j elle eft manifeftement due à la proportion
d’acide^carbonique dégagée relativement à la
quantité des bâfes, potafle ou foude, nécef-
-faircs pour.faturer l’acide fulfùrïque ou fulfate
de magnéfie.
Les expériences très-nombreufes que j’ai faites
pour déterminer toutes .ces d'ofes. ou ces proportions
3 m’.ont conduit aux réfui pats fuivants :
i° . En prenant le carbonate de potafle & le
carbonate dè foude bien cryftallifés, tranfparens
& effervefcèns 3 il faut 2 gros 44 grain* du premier
pour faturer 4 gros d’acide fulfurique
étèndu d’eau } il s’en dégage 42 grains d’acide
carbonique. La même dofe du même acide ful-
furiqu.e demande 2 gros 49 grains de carbonate
de foude, & il fe dégage 33 grains d’acide carbonique
} il faut donc plus de carbonate de foude
que de carbonate de potafle pour-faturer l’acide
fulfurique.
*- -2.0. Mais la différence de proportion qui exifte
dans les réfultats ci-deflus, annonce qu’ il faut
une quantité beaucoup plus grande dè potafle
que de foude pour'opérer cette faturation puif-
que' dans le carbonate de foude il y a une dofe
beaucoup plus grande d’eau que dans le carbonate
de potafle, & puifque celui-là contient dans une
quantité égale à celle clu carbonate de foude,'
près de la moitié plus de potafle qu’il n’y a de
fonde dans ce dernier.
3.p. Quoique le carbonate de potafle contienne
moins-d’acide, carbonique que celui de foude ,
l’acide fulfurique en dégage cependant plus du
premier que du fécond , relativement aux dofes
ides bâfes alcalines néceffaires pour le faturer.
4 . Cette plus grande quantité d’acide carbonique
dégagé du carbonate de potafle que du
carbonate à& foude 3 eft la feule caufe de la diflolution
complette du carbonate de magnéfie féparée
par le premier , & du quart- précipité à
froid & dans le moment même de l’expérience
par le fécond.
Mais fi ali lieu de traiter le fulfate. de ma-,
gnéfie par le carbonate de foude à l’aide de la
chaleur, & d en précipiter le carbonaté de magnéfie
par l’ébullition des diffolutions, on Iaiffe
.ces diflokitions fèparees de la portion de précipité
qu’elles forment dans l’inftant de leur mélange
, & ex'pofées à l’air à ï i ou 15 .degrés
de température, il s’y forme au bout de quelques
jours des cryftaux très-réguliers de carbonate
de magnéfie , quj ont la longueur de 3 , 4 I y lignes fur un diamètre de 2 lignes. Ces
cryftaux font des prifmes hexaèdres dont les plans
J font rhomboïdaux , & qui préfentent à leurs ex-
J trémités des faces hexagones placées obliouement
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