
defcend pour remplacer l'air fixe , ne le diffout
eue très-lentement. Ces phénomènes indiquent
fa pefanteur 5 M. de Chaulnes a defcendu un
bocal qui s'en eft rempli comme il auroit fait
d'eau 5 -enren ver Tant ce bocal fur un autre rempli
d’air ordinaire , l’air fixe éteint une bougie, en
déplaçant l’air commun, tandis que la bougie
brûle dans le premier- bocal, alors vide d’air
fixe j il faut éviter l’agitation de l’air fi l’on veut
recommencer cette expérience plufieurs fois de
fuite. L'air fixe fort par le robinet de la cuve ,
fi on le tient ouvert après que la bière eft tirée j
on peut aiufi remplir d’air fixe un bocal , dont
les bords le biffent bientôt couler au-dehors,
enforte qu’une bougie s’y éteint à 6 pouces au-
dcfious } de grandes cruches plongées au-deffus
de la bière en fermentation ou placées fous le
robinet après la fortié de la bière, faifoient pour
lui une provifion, que M. de Chaulnes pouvoir
conferver long temps pour fes expériences, en
bouchant fa cruche d'un bouchon de liège 8c de
cire molle. 11 a trouvé que le poids de l’air fixe
péfé dans un balon de 737 ~ pouces de capacité,
étoit à celui de l’air commun : : 2: 1. La teinture
de tournefol , placée dans la partie de la
cuve pleine d’air fixe, a été rougie. Une livre
d’eau faturée d’air fixe , a rougi cette teinture
comme l'auroient fait cinq gouttes d’huile de
vitriol affaiblie par 32 fois leur poids d’eau.
L'intérieur d’un bocal a été enduit d’une leflive
alcaline faite avec l'alcali du tartre , diffous &
purifié deux fois dans l’eau ; cette leflive pefant
une once quatre gros cinq grains dans ,un flacpn
tenant une once d’eau. Un feul inftant a fuffi
pour faire cryftallifer le fel furies parois du bocal
plongé dans l’air fixe 5 dans le temps même de
1 a tranfvafion de l’air fixe d’un bocal dans un
autre la même cryftallifation a lieu. En multipliant
les bocaux enduits de leflive alcaline dans
la couche d’air fixe de la cuve , M. de Chaulnes
s’eft procuré en deux heures une livre de fel bien
cryftallifé, 8c tout égoutté fur du papier gris. C’eft
par la présence dé■ l’air fixé dans l ’air atmôfp.hé-
xique qmil explique la cryftallifation de la leflive
alcaline par le cont.aét de l’atmofphère. Pour
favoir à .quel point 1 acide découvert dans l’air
•fixe en étoit partie conftituante , fi l ’on pouvoit
l’en féparer, 8c quelle feroit la nature de l’air
fixe après cette féparation , ce chimifte s’eft fervi
de i’abforption par l’alcali : des bocaux larges
garnis de cire molle, deftinée à recevoir des
plaques de verre pour les boucher, & contenant
un demi-po,uce de leffiye alcaline , ou d’eau , ont
été plongés dans l ’air fixe de la bière , 8c bouchés
au moment où on les a retirés. Le fels-’aft
promptement cryftallifé ; le couvercle tenoit
fortement au rafe .qui le contenoit, ;& prefque
point à celui qui n’avoit que de Peau > Pair de
celui-ci éteignoix encore la bougie allumée, 8c
l’air rentré avec ftffiement dans le premier Peptretenoit.
L’abC© rption, étoit fi conlidérable , Si
la raréfaction du peu d’air non abforbé fi grande,
que les couvercles de verre ont été' biifës dans
plufieurs dé ces expériences ; le volume de Pair fixe
fut réduit dans l’une de çès abforptions à de
fon volume , comme l’a montré la dépreflion du
mercure dans un baromètre tronqué adapté
au bocal 5 il y a eu deux degrés 8c demi de
chaleur produite dans le vafe, où l’abforption
de l’air fixe par l ’alcali a eu lieu. L’acide a
abforbé environ un quart de fon poids d’air fixe,
ce dont Chaulnes s’eft convaincu en pefant avec
exactitude le fel cryftallifé au milieu du gaz 3 &
le vafe où l’abforption avoit été faite comparativement
à l’air fixe 3 dont il étoit d’abord remp
li, & à Pair qui en a pris la place après l‘ab-
forption. Apres ces premières expériences très-
délicates 8ç très-ingénieul'es ,• & qui, comme on
v o it, ont été le modèle de celles qu’on a depuis
tant de fois répétées dans les cours, M. de
Chaulnes donne les effais qu’il a faits fur l’alcali
faturé d’air fixe , & fur les propriétés qu’il lui a
préfentées. Ce fel s’eft diffous dans l’eau en procurant
un refroidiffement de 7 degrés ; diffous
dans l’eau froide, l’eau petilloit après cette diffo-
lution, &des flocons de terre diffous à la faveur
de cet excès d’air fixe fe font précipités j ce fel
a cryftallifé en lames re&angles j il a décrépité
fur les charbons } il n’a point attiré l’humidité
de l’air j il ne s’eft point effleuri comme l’alcali
minéral j fa faveur alcaline étoit beaucoup plus
douce que celle de l’alcali ordinaire èc du fel
de foude j il a toujours verdi le fyrop de violette,
mais moins que les alcalis j il précipitoit le vitriol
martial fous une couleur de caffé au lait}
ce qui a fait penfer à La voilier , témoin de ces
expériences , que ce précipité étoit du fer fpa-
thique, conjecture déjà vérifiée d’avance par
Bayen, comme on le verra bientôt j if' faifoit
une vive effervefcence avec les acides vitrioli-
que, nitreux, marin , 8c aveG le vinaigre radical.
L’alcali volatil cauftique , tiré par le minium,
a offert très-promptement des cryftaux fur les
parois du vafe defcendu dans la couche d’air
fixe i il s’eft produit beaucoup de chaleur dans
cette expérience, qui a réuffi de même avec les
feules vapeurs d’alcali volatil.
Dans les conclufions qui terminent cet inté-
reffant mémoire, on voit avec étonnement que
M. de Chaulnes conçoit la nature de l'air fixe ,
comme un acide foible analogue aux acides Végétaux
intimement lié avec f air , l’entraînant &
le fixant aveclui dans fes combinaifons, augmen-!
tant le poids des corps auxquels il s’unit, s’en
féparant ; 8c qu’il n’ait pas été conduit avec
Bergman, à le regarder tout -entier comme un
acide aëriforme j qu’il ait cherché au contraire
à expliquer par .fqn effet la caufe de la fixation
de l’air dans ies .corps, qu'il l ’ait yu comme un
intermède
intermede de cette fixation, qu’il ait comparé
l'alcali faturé d'air fixe à une terre foliée , au
u;:oins pour la portion qui s’humedle d’abord un
peu à l’air» que fachant bien que quelques
gouttes d’alcali enlèvent à l’eau aérée la plus
piquante fa faveur & fes propriétés, & trouvant
ainii un bon moyen de oonnoïtre le fel neutre
fufceptibîe d'être formé- par cet. acide , il n’ait
pas fuivi plus loin cet examen, & reconnu qu’ab-
foibé tout entier par les alcalis, il les' faturé
comme un acide foible. Quant à l’alcali minéral,
l’attente où il étoit, d’obtenir comme avec le
végétal un fel cryftallifé tout autre que celui qui
eft fourni pas la leflive de foude évaporée, attente
qui a été trompée par le fait, parce que,
comme on l’a éprouvé depuis , ce fel eft
déjà faturé d’air fixé dans fa leflive ordinaire,
a dû.lui caufer de l’étonnement 8: le porter à
croirë que cet alcali ne pèrtoit pas fon action
fur l’acide feul. Deux observations bien faites ,
mais très-mai appréciées par l’auteur qui , à 1 é-
poque où il écrivoit, ne pouvoit guèçes, à la
vérité, en déterminer la eau le & l’influence, terminent
fon mémoire. L’une eft relative a la cryftallifation
d’une leflive alcaline opéree par l’air
d’un cabinet bien fermé , où il avoit place, a
un des bouts, un réchaud plein de charbons allumés
, & à l’autre un bocal enduit d’alcali,
8c où deux bougies, difpofées à des hauteurs différentes,
s’étoient éteintes, la plus élevée la
première, 8c la plus baffe la dernière j l’autre
a pour objet la diftinétion de l’alcali fixe du
tartre préparé l’un par la lente déliquescence a
l’air j l’autre par la ioiution dans l’eau ; le premier,
difoit-il, précipite, la difTolution de cryftaux
de lune en blanc, & le fécond en brun
11 étoit fur la voie de connoître la formation
de j’air fixe par la combuftion du charbon, &
la. différence de précipitation des métaux par
l’alcali'bien faturé d'air fixe, ou par celui qui
n’en contient que peu ou point du tout.
M. de Chaulnes a joint au mémoire dont on
vient d’offrir le précis des expériences contre;
une affertion de M. Sage , qui avoit avancé dans
fon analyfe des bleds ^publiée quelques jours après
la leéture du mémoire du premier, que l air nxé
n’étoit que de l’acide marin volatil.Cetteflnguliere
affertion étoit fondée fur une fauffe apparence ,
fur une expérience illufoire qui confiftoit es ce
que de l’acide marin diftillé avec du rable & de
l’huile donnoit une vapeur qui failoit cryftallifer
l’alcali en cubes. La feule expofition de cette
opinion fyftématique auroit pu fufnre pour repouffer
la confiance de tous les chimiftes habitués1
à faire des expériences avec quelque exactitude,
& à ne tirer de leurs recherches que des
conféquences juftes 8c néceffùres 5 mais comme
S ge s’étoit permis de faire parler M. de
Chaulnes autrement qu’ il ne l’avoit fait lui-même,
C h i m i e -, Tome III.
puifcju il lui avoit fait cure que ce prétendu air
fixe n’étoit autre chofe qu’un acide furchargé
de matières inflammables, celui-ci crut devoir
examiner les faits fur lefquels cette opinion etoit
fondée , 8c ayant trouvé qu’ils ne répondoient
point du tou taux conclufions tirées par M.Sage,
6c qu’ils offfoie.nt au contraire des réfukats entièrement
oppôfés , il prit le parti de publier
fes Effais à la fuite de fon mémoire, & fous
le titré d’addition. Il décrit des expériences qui
prouvent clairement que le prétendu acide marin
volatil n avoit aucune propriété femb'able à
;ceile de l’air fixe, quoique Sage voulut qu’ils
fuffent une feule 8c même chofe j que l’acide
marin volatil qui, en vapeur , ne paroiffoit être
u*un mélange d’air atmofphérique & de gaz
'acide marin, précipitoit les di Ablutions du mercure
& de l’argent, tandis que l’air fixe ne les
précipitoit pas , ne„troubloic pas comme lui l’eau
de chaux 8c éclairciffoit au-contraire celle qui
avoit été- troublée par cet acide -foible , ne fai-
foit^pas^cryftallifer l'alcali comme lu i, mais formait
des cubes de fel fébrifuge 3 enfin qu’il avoit
tous les càraCtères, toutes les propriétés de l’acide
marin ordinaire, excepte qu’il étoit peut-
être un peu moins volatil que-lui, 8c que fon
odeur étoit modifiée par celle de la graillé aveç
laquelle on le diftilloit. M. de Chaulnes a conclu
de ce fécond travail qu'e l’air fixe eft d’un
genre particulier, que c’eft le plus foibie de tous,
qu’il eft tenu en diffohition par l’air , 8c que
rièn n’eft plus faux que fâ prérendue identité avec
le prétendu- acide marin volatil., lequel même ,
excepté d’être moins volatil, a toutes ies propriétés
de l’acide marin ordinaire.
En 1776,. tandis’ que Lavoifier multiplioit,
comme nous l’avons v u , & fes recherches 8c fes
efforts,les chimiftes étoient animés d’un grand zèle
pour examiner les objets nouveaux qui attiroient
toute leur attention- Berthollet-cornmença cette
année fa carrière chimique par lin mémoire in-
féré-dansle journal de phyfique, (février 1776.)
Ce mémoire offroit une. analyfe très-exaéte 8c
très bien faite de lactème de tartre , la réparation
de. fon acide par l’efprit de nitre , l’examen
des combinaifons de l’acide tartareux pur
obtenu par ce procédé avec les alcalis,,Ja chaux,
la magnéiïe, & les fubftances métalliques, la
comparaifon & les différences de ces combinai*-
fons d’avec celles du tartre ou de la crème de
tartre toute- entière. Comme Berthollet avoit
combattu les opinions de plufieurs chimiftes alors
travail Uns & en vogue, comme il leur avoit
reproché de ne pas diftinguer avec affez de foin
8c même de confondre mal-à-propos avec la
terre calcaire la magnéfie , ou la terre du fel
d’epiom que Black avoit Fait connoître comme
une terre particulière plufieurs années avant cette
époque, les auteurs du journal de phyfiqueajou*