
dans ce lieu il s’empreffe de la plenger vers
le bas , de l’y enfoncer & de l’y tenir fixée.
Mayow applique la même remarque à la chandelle
çortée vers le haut du vafe, elle s'éteint
plus vite que vers le bas. Sufpendez , dit-fi ,
dans l’air une cucurbite renverfée , c*eft-à-dire ,
fon fond vers le haut, portés y une chandelle
bien allumée , & ne donnant point de fumée ,
bientôt vous la verrés s’éteindre-, parce que l’air
renverfe dans ce vafe, devint incapable d’en
entretenir de fuite la flamme 5 & comme il eft
devenu en meme temps plus léger que l’air
atmofphériqûe-, celui-ci le pouffe vers le haut
de la cucurBite , & ne. lui permet pas d'en fortir ;
ce qui prouve que l'air elt privé par l'inflamma
non & la refpiraton de certaines particules folide
& pelantes , tpuifqu’il acquiert de la légèreti
en Portant de la flamme & des poumons. Certainement
fi l'ingénieux médecin anglois dont
j analyfe ici l'ouvrage, s'étoit borné au fimpl.
exoofê des phénomènes qu'il a fi bien obfervés
Sc a la cqnclufion immédiate qu'il en a tirée d'abord
, s il n'avoit pas voulu expliquer par des
hypothèfesincompréhenfibles & conraftantes avec
les réfultats mêmes de fes expériences la caule
de ces phénomènes , il auroit rendu fon ou
vrage bien plus piquant ; il auroit frappé d’avantage
les phyficiens de fon temps , & il n’auroit
point, été condamné à l'injulle oubli dont on l’a
fi promptement couvert : un fimple mémoire
fur les faits nouveaux qu’il avoît vus, au lieu
d’un ouvrage fyftématique, où ce qu'il y a de
neuf & d’ingénieux fe trouve noyé dans dés
flots de raifonnemens hypothétiques, & d'applica
tions erronées, auroit jetté dans le mondé Pavant
un bien plus grand éclat, & il n'auroit
peut-ecre pas été neceffaire de recommencer
pltifieurs fois la route que Mayowe avoit ouverte
dans la phyfique de l’air. Pourquoi Boyle , com-
temporain de Mayow, a-t-il eu beaucoup de
plus de gloire & de fuccès que lu i , quoique
les expériences du médecin fuffent auflî in té-
reflan tes que celles du phyficien ; c’eft que Boyle
a beaucoup plus. fait& décrit d'expériences qu'il
ne s’ eft livré aux hypothèfes ; c’eft qu'il a longtemps
répété les mêmes faits dans plufieurs dif-
fertations, au lieu que Mayow, après avoir
publié fon ingénieux traité fur l’efprit nitro-
aèrien, & la relpiration, & l’avoir comme en-
feveli fous les | fyftèmes & les explications phy-
fiologiques fi à la mode dans la médecine de fon
temps , l'a fur-tout donné confondu avec des dif-
fertations fur le mouvement mufculaire & fur le
rachitis, & femble avoir bientôt abandonné la
carrières neuve qu'il avoit commencée à par- j
courir fur la refpiration , la combuftion & les j
propriétés dunitre analogues à celles de l’air : ;
c’eft fur-tout parce qu’il n’a point affés fait;effortir
fes expériences du milieu des raifonnemens hypothétiques
& vagues qu'il a entaffés dans fon traité, j
Pour confirmer encore l'opinion que je vif n*
de donner de l’ouvrage de Mayow, & fairecon-
noitre jufqu a quel point ce phyficien a devancé
les decouvertes modernes par quelqu.es découvertes
qui lui font propres y mais dont il n'a
pas tire tout le parti qu’on auroit pu imaginer
11 raut expo.er encore plufieurs expériences qu’il
a faites avec les réfultats qu’il en a tirés. Dans
fon chapitre huit , il parle de l'efprit nitro-
aerien abforbé par les animaux, de fririm mtr* -
aereo quatenùs ai animahilibus haaritur , c’eft particulièrement
des phénomènes de la refpiration
par rapport a l’air qu’il traite dans le plus grand
detail. Il y annonce que dans fon ouvrage fur la
relpiration publiée plufieurs années avant celui-
c i , il avoit déjà établi que le principal ufage
de-cette fonéhon, étoit de féparer de l’air
& d unir a la mafle du fang par l'office des pou-
mons des particules d’un certain genre néceffaire
a I entretien de la vie ; il rappelle qu’il vient
de prouver par des expériences au chapitre précédent
, que 1 air fortant des poumons des ani-
maux, eft privé de certaines parties élaftiques,
OC a caule de cela plus contrarié, ou refîerré
coatraHioremy qu’il étoit auparavant , que cela
dépend de 1 enlevement des particules nitro-
aertenes. II fe propofe de rechercher dans ce
chapitre , comment s’opère cette féparation &
pour prouver que c’eft en pénétrant la maiïè du
lang , & en y depofant ces particules, il décrit
lexpenence fui van te. Placez un petit bâton en
travers dans la partie la plus large d’une cucur-
bme renverfee , de manière qu’appuyé par fes
d-ux bouts lur les parois du vafe , il y f0jt f0j;_
dement retenu. Sufpendés à l’acide d’un cro-
chet defer a ce petit bâton, un vafe de terre
vermffé en dedans de la contenance de quatre-
onces de liqueur environ, & à moitié rempli
d efpritj de nitre: eleves au-deffus de ce vafe
quelques morceaux de fer ramaffésen un paquet
« f i dune corde roulée fur le bâton &
ailes longue pour que fon extrémité prolongée
au dehors de la cucurbite puiffe être facilement
iaiiie ; plonges 1 orifice de la cucurbite dans un
vafe plein d'eau jufqu'à environ cinq travers de
doigt, de forte que l'eau élevée dans la cucur-
bite atteigne la hauteur de l'eau extérieure i ce
qui fe pratique facilement avec le fyphon; enlevés
de 1 eau extérieure jufqu’à ce que celte
de la cucurbite foit de trois doigts environ
au-deffus d elle 5 lorfque tout cet appareil
eft bien refroidi , & a perdu la chaleur que les
mains lui ont communiquée , on marque avec
un papier collé la hauteur de l’eau de lacucur-
bite. Alors à l’aide du fil extéreur, on defceni
e fer dans l’elpnt de nitreiil s’excite un violent
mouvement , & l’eau eft auflitôt déprimée
P r “ vjPeur produite. Lorfque l'eau a été ab-
baiiise de trois doigts , on enlève le fer de l’acide
on voit le liquide remonter, & il s’élève
bien au-deffus de fa première hauteur * après l
une heure ou deux > elle occupe même environ
trois doigts de plus en élévation qu’elle rie le fai-
foit avant l'expérience ; enfort'e qu’elle remplace
environ un quart du volume de l'air , 8c
quelque temps qu’on lui donne , l’eau ne
redefcend plus à fon premier niveau. On doit
en conclure que l’air renfermé dans la curbite a
été diminué d’un quart de fon volume par l’ef-
ferveffence du fer 8c de l’eTprit de nitre. Après
avoir marqué avec du papier blanc la nouvelle
hauteur de l’eau , lorfque fes'vapeurs font bien
condenfées , & que l’eau ne monte plus 31 on
replonge de nouveau le fer dans l’efprit de nitre
pour produire une nouvelle effervenence > l’eau
s’abaiffe encore 5 on retire le fer lorfqu’elle a
defcendu de cinq travers de doigts j alors l'eau
ne monte ni aum vite ni auffi haut que la première
fois ; dans celle-ci 3 elle s’élève à fix
doigts au-deffus de fon niveau 3 & dans lafeconde
effervefcence quoique plus forte que la première
3 elle ne va guères au-dela de deux doigts.
On peut recommencer cette opération une troi-
fième, fois , 8c on obtient un pareil réfultat.
Mayow après cette defcription exa#e a bien foin
de faire obferver qu’il n’y a point d’erreur dans
cette expérience 3 que fouvent répétée elle a
eu le même fuccès. Ainfi donc il avoit obtenu
fans le favoir le gaz ou air nitreux ; il avoit ob-
fervéla diminution de l’air par ce gaz, & il com-
piroit avec raifon ces effets à celui des chandelles
8c de la refpiration fur l’air , cinquante
ans avant que ;Hales eut revu 8c indiqué 3 mais
moins exactement s peut-être 3 que lui le même
phénomène , 8c plus de cent ans avant que
Prîeftley eut découvert l’air nitreux 3 8c fa propriété
de réformer de l’acide nitreux avec l’air
vital de l’ atmofphère. On conçoit bien que l’explication
qu’il donne de ce phénomène 3 n’eft
rien moins que fatisfaifant y c’eft le même entor-
tortillage 3 le même embarras de rarfonnement ^
toujous la perte de l’élafticité de l’efprit n i t r o -
a er ien avec diminution de volume. 11 a bien
reconnu cependant que la vapeur dégagée de
l’effervefcence de l’efprit de nitre avec le fer3
n’étoit point de l’air , puifqu’elle ne diminue
plus lorfque l’efprit n i t r o - a e r ie n eft épuifé. Son
but eft d’expliquer comment cet efprit eft con-
denfé par le fang, 8c c’eft vers ce but qu’il fait
marcher le réfultat de cette expérience; il compare
le fang au mélange de fer & d’acide y il y
admet une fermentation comme dans ce mélange, 8c puifqu’il explique la condenfation de l’efprit
n itr o -a e r ien par cette fermentation du fer 8c de
l'efprit de nitre 3 il eft bien claî» que c’eft: à la
fermentation fanguine qu’ il attribue la même
condenfation dans la refpiration,- à la vérité,
c’eft: encore un cercle vicieux dans lequel il fe
trouve enfermé, la fermentation du fang eft
produite par la condenfation de l’efprit n i t r o -
a e r i e n , 8c cette condenfation de l’efprit n i t i»
a e r ie n eft produite par la fermentation du fang.
Les particules de cet efprit une fois condenfées
, il en admet l’intromiflion dans la maffe
du fang y & il leur fait jouer un rôle très remarquable
y c’eft à elle qu’il attribue la couleur
rouge, la chaleur du fang & fa fluidité. C ’eft
pour cela, fuivant lu i, que le fang eft noir dans
la partie qui ne touche point l’air , 8c très-rouge
dans celle qui eft à fon conta# y que le fang
veineux eft noir, 8c que le fang artériel eft d’un
rouge éclatant y qu’un exercice violent échauffe
beaucoup en multipliant les infpirations y qu’on
s’échauffe en refpirant plus fréquemment par fa
propre volonté ; que la fièvre des phtyfiques naît
de la force avec laquelle le pus des poumons
altère 8c abforbe l’efprit n i t r o - a e r ie n avec lequel
il entre en grande fermentation; que le fang
veineux 8c artériel étant mis tons deux fous le
vidé de Boyle, le premier n’offre que quelques
bulles et le fécond s’élève tout entier en
écumes : il ajoute que l’efprit n i t r o - a e r i e n donne
couleur rouge aux corps dans lesquels il exifte,
comme à d’efprit de nitre rutilant. Il compare
la chaleur produite par la condenfation de cet
efprit dans le poumon , à celle que produit une
pyrite en effiorefcence , & il attribue la vitrio-
lifation à la même caufe.
Dans le chapitre neuf, il traite la queftion
.jde la reproduction de l’air , u tr iim a e r d e n o v o gén
é ra rz p o j f i t . Nous avons 3 dit-il, tant montré de
moyens dont l ’air eft abforbé ou perdu, a e r d e -
p e r d i t u r , qu’il n’eft pas étranger à notre objet
de rechercher s’ il peut être produit ou engendré
de nouveau. Il décrit à ce fujet plufieurs expériences.
Mettez dans un vafe aflez grand ( une
jarae de verre ) une égale quantité d'efprit de
nitre & d’eau de fontaine ; enfoncez - y une
petite bouteille de manière qu’elle foit tout-à-
fait remplie de cette liqueur j placez , dans le
goulot de celle-ci , deux ou trois petites balles
de fer , 8c pofez le goulot fur le fond de la
jarre en y appliquant la bouteille renverfée ,
comme on le voit dans la figure 3 de la planche
5. Pour que les balles ne fortent point de
la bouteille , il faut en boucher l’orifice avec
le doigt ou 4e toute autre manière, jufqu'à ce
que cet orifice foit appuyé fur le fond de la
jarre. Cette defcription exa#e du procédé de
Mayow , prouve qu’il ne vouloit point qu’il
eût d’air dans la bouteille , & le fait reflem-
ler à beaucoup des appareils que Prieftley a
employés depuis. Lorfque la préparation de l’expérience
eft: finie , on voit bientôt, dit le médecin
anglois , l’acide corroder les balles de fer
& faire avec elles une vive effervefcence. Une
émanation, h a l i tu s , fortant 8c produit de cette
effervefcence fous la ' forme de bulles , monte
au haut de la bouteille 8c y forme une vapeur
élaftique, a u r am , qui, augmentant peu-à-peu,