
C f r I
Le feptieme &r dernier • paragraphe de cette
difiertation , expofe les avantages que doit procurer
la connoinande de* précipités métalliques >
elle enrichit la théorie g- nerale- de la chimie;
on y découvre des 'matières qui-peuvent devenir
très-utiles aux arts ; elle avance la dodmafîe
humide ; elle fournir des moyens de reconnoître
8c de diftinguer les métaux -les uns des autres ;
enfin elle fait efpéfër de trouver une méthode
propre à déterminer la quantité de phlogiftique
contenue dans les métaux , puifqu’un poids
donné de métal précipitant., fépare des. quantités
inégales dés métaux-qu'il précipite ; ainfi
le cuivre précipite de l’acide du nitre près du
quadruple de fon poids d'argent. -
Cette dernière affertiôh. annonce la vue que
Bergman avoitde s'occuper bientôt de la recherche
des proportions rélatives de phlogiftique
contenu dans les métaux. 11 l'a exécutée en 1783
dans la difiertation , qui porte pour titre , de
diverfâ phlogifii quantiiatz 'in metaïlis , qui R-’eft
réellement qu’une fuite de celle dont il vient
d'être donné une analyfe fort, étendue. Le ré-
fuîtat dés expériences xre's-multipliées qu’il à
faites fur cet objet, eft qüé pour précipiter un
quintal d’argent dé fon diffoîvant , il faut 135
livres de mercure, 234 livres de plomb , 31
livres de cuivre, 48 livres de fer, 88 livres
d’étain , 174 livres de bifmuth , 64 livres de
nickel, 92 de régule d’arfenic, 37 de cobalt,
y y de zinc, 83 de régule d’antimoine 3. yi de
manganèfe 5 8c puifque dans toutes cés opérations
, l’argent eft précipité fous fa forme métallique',~’
il en rélulte que 31 livres de cuivre
fourniffent affez de phlogiftique pour revivifier
un quintal d’argent, c’ eft-à-dire , que la quantité
de phlogiftique contenue dans le cuivre eft
à celle contenue dans l’argent , comme -1 co eft
à 31. C’eft ainfi qu’en appliquant ce calcul à
toutes les autres expériences fur la précipitation
.des métaux les uns par les autres , Bergman
croyoit être parvenu à former une table des
quantités relatives de phlogiftique contenues
dans les diverfes fubftances métalliques , 8c à '
établir cette loi générale; que les quantités de
phlogiftique contenues dans le précipité & le
précipitant étoient réciproquement proportionnelles.
On a vu ailleurs comment Lavoifier s’étoit
fervi de ces ingénieufes expériences pour rechercher
les quantités de bâfe d’air vital fixée
dans les métaux unis aux acides, 8c comment
le travail de Bergman avoir ainli fervi à élever
une partie de l’édifice de la doétrine pneumatique.
La cinquième claffe des differtations de Bergman
, fur les affinités chimiques, n’en comprend
qu’une feule , qui a p.our titré, des attrapions
eledives ; elle a été d'abord publiée en 1775,
& reproduite en 1783 dans le troifième volume
de fes cpufcules. Dans cette dernière édition
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il a beaucoup ajouté à la première ; on y trouve
y9 colonnes au lieu de 50 ; lept acides de plus
8c les deux articles de l’air, vital & de la matière
de la chaleur,y font nouveaux > ce uiduphlo-
giftique y eft également traité avec beaucoup d’é*
tendue. En général .cet ouvrage eft un des plus
beaux qui foit forti de la plume de Bergman. Les
trois feuis articles qui ont quelque l.aifon avec h
nouvelle rhéorie $c les découvertes modernes qui
j en ont formé la bâfe , font les colonnes 35%
: 36 & 37 qui traitent de.l’air vital , du phlogiftique
& de la matière de la chaleur. Ces
articles préfentent les mêmes idées que celles
qui ont été tirées de la difiertation fur les précipités.
métalliques. ; on y voit cependant quelques
détails de plus, empruntés des nouvelles
. expériences dé Prieftley , de-Kirwan 8c Schèele;
mais rien de femblable à celles que Lavoifier
publioit avec tant d’ardeur depuis plufieurs années
; il femble. encore que les découvertes de
.cet habile phyficien François-; ne foient pas
venues à la connoiffance de Bergman ou qu’il
les ait regardées comme n’apportant pas affez
de changement , ou n’ayant point allez de certitude
pour être admîtes. Si telle eft la caufe
qui a empêché le Chimifte Suédois de faire ufage
des découvertes 8c des opinions de Lavoifier,
il eft difficile de concevoir comment en remettant
fes résultats , il dohnoit fi ^facilement fa
confiance à une théorie fondée fur une foule
d’hypothèf^s , 8c qui Jfe fervoit de fuppofitions
fans nombre. Cependant en lifant avec attention
les trois paragraphes 46, 47 & 48 fur l’air vital,
le phlogiftique 8c la matière de la chaleur,
on remarque une incertitude , une forte de
doute 8c de vacillation frappante qui annonce
que Bergman n’avoit pas une entière confiance
djtns 1© fyfième qu’il expofoit, qu’il en admettoit
les données générales faute de mieux , & qu’il
étoir difpofé à changer d’opinion, lorfque les ré-,
fultats feroient mieux affurés. On en jugera par une
courte jiotice dé chacun de ces articles. Dans
l'explication de la trente - cinquième colonne
für les attrapions électives de l’air vital, §.
46 , il commence par donner l’analyfe de l’air
atmofphérique ; outre les vapeurs variables qu’il
contient , il -le regarde comme compofé de
trois fluides élaftiques différens 3 l’un, qui en
fait plus des trois quarts eft l’air v i d é 3 ne pouvant
fervir à l’entretien du léu , ni à la refpira-
tion , q u i, dit-il, tire probablement fon origine
de l’air vital; lequel a fubi peut êtie par l’addition
ou par la fouftraPion du phlogiftique , un changement
inconnu jufqu’à prêtent ; l’acide aérien
qui ne va jamais jufqu’à , fait le fécond principe
, 8e l’air vital qu’il nomme ainfi, avec l’hif-
torien de l’académie des Sciences de Paris, &
qui fait environ un quart de l’atmofphère. L’art
extrait celui-ci en particulier du nitre en fufion
dont une once peut en donner y à 600 pouces
cubiques.
c h 1
cubiques, de l’acide nitreux verfé fur les terres
& les métaux , des vitriols, de la pierre cala-
ininaire, de la manganèfe, des chaux de métaux
parfaits j comme on l’obtient plus abondamment
par l’acide nitreux, il eft prefque indubitable,
fui vaut Bergman , qu’il eft un des principes 1
conftituans de cet acide ou que l’acide lui-même,
entre dans fa çompofition. On voit déjà qu’il ne
croît plus aufli fermement & fans reftriétion
comme dans l’avant dernière differtaiion, que l’air
vital foiç un compofé d’acide nitreux & de ph'o- ,
giftique, 8c qu’ainfi il femble fe rapprocher de
l’opinion qu’avoit émife Lavoifier; voici à cet
égard fes propres paroles. « Dans le premier cas,
jj c’eft-à-dire, en admettant l’air vital comme
» un des principes de l’acide nitreux ;. l’air vital
» feroit privé d’une fubftance particulière qui
lui communique , entre autres- propriétés ,
s» une acidité très-forte, lorfqu’elle eft combi-
» née avec lui dans une proportion exaéte. L ’on
»» ignoré la nature de cette fubftance, du moins
» le gaz nitreux feul ne fuffit pas , à moins
ss que l ’on ne rejette l’exiftence du phlogiftique,
s> qui eft prouvée par des expériences conyain- :
j> cantes. Il ne paroît pas non plus que ce foit ;
j» le phlogiftique qui affoiblit d’ailleurs tous les ;
j» acides 8c les enchaîne, pour-ainfi dire, tout- '■
» à-fait en les faturant. Il faut cependant fe !
» rappeller que les compofés préfentent quel- j
» quefois des propriétés qui n’appartiennent à
» aucun de leurs principes conftituans. Mais
» dans ce cas-ci, cette fimple poffibilité n’eft
* encore appuyée d’aucune expérience , qui dé-
*j montre évidemment, qu’une acidité diftinéfe
» foit produite par la combinaifon du phlo-
» giftique. La fécondé hypothèfe a pour elle les
m argumens fuivans. L’expérience a prouvé que
j» l’acide nitreux eft très J avide de phlogifti-
•* que , que . celui - ci l’affoiblit beaucoup ,
» & le réduit enfin fous forme d’air, lorf-
» qu’il eft aidé d’un peu de matière de la*
»chaleur; une plus forte dofe de principe
» inflammable, faturant l’acide , forme le gaz
» nitreux. Ne pourroit-il donc pas arriver, que
» l’addition d’une plus grande quantité de phlo-
ss giftique, ou de matière de la chaleur , ou
» de tous les deux enfemble, addition que fem-
* ble. indiquer l’augmentation de poids, pro-
» duisît une combinaifon analogue à l’ air vital ?
» Quoique cette-hypothèfe ne foit pas non plus
* exempte de difficultés , que nous rapporterons
»parla fuite, néanmoins en l’admetant avec
» celle de Scheèle ,-]fur fa çompofition de la cha-
» leur, les phénomènes de la formation de l’air
*» vital , peuvént s'expliquer affez clairement.
* L’on fait que l'acide nitreux peut fe phlogifti-
** quer par la fufion du nitre. Son adhéfion à
» l’alcali diminue à mefure que la quantité de
** principe inflammable augmente , 8c celte en-
*?i tiérement dès qu*il en eft fuflîfamment fa-
Ch i m i e , Tome I I I,
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m turé, de forte que la chaleur feule fuffit alors
•> pour le chaffer, tïansforméen air vital. Le phlc-
»> giftique, qui augmente ainfi fucceffivement dans
w cette opération , provient de la matière de la
-=> chaleur qui pénétre le nitre, 8c fe décom-
» pofe en même temps ; mais tandis que l ’un
« de fes principes fe fépare pour s’unir a l’acidé,
» l'autre devient libre également ; 8c comme ce
■ » dernier eft l’air vital, fuivant l’hypothèfe0 la
» grande quantité que l’on en retire du nitre
» “vient de,deux foui ces; la çompofition 8c la
» décompofition. Si tout cela eft vrai il eft
» ailé de comprendre , pourquoi l’on obtient
* cet air de^4iacide nitreux verfé fur prefque.
toutes les_ fubftances , 8c pourquoi -l'on en
y» obtient de nouveau, fi on les humeéte de nou-
»» vel acide , lorfqu’elles viennent à être épui-
» féesv L’acide par lui-même eft fi volatil, qu’il
» s’ échappe avant d’être affez concentré, pour
» s’emparer du phlogiftique nécefïaire ; mais
» en lui donnante une bâfe, celle-ci le fixe , 8c
« fi elle contient du principe inflammable, eile
» produit du gaz nitreux au commencement de
« l’opération à une chaleur modérée «.
Il eft, je penfe , bien évident d’après ce paf-
fage que Bergman, tout en admettant la théorie
de Schèele fur la nature de l’air vital, 8c en la
préférant à d’autres, la donne comme une pure
hypothèfe qui lui femble propre à bien expliquer
les faits, & qu’il ne lui attribue pas une confiance
qui pût faire croire qu’il comptoir fur
fa fiabilité. Il examine enfui te la maniéré dont
f les chaux métalliques donnent de l’air vital fans
le fecours de l’acide nitreux ; il l’attribue à -la
; décompofition de la chaleur 8c à l’abforption du
phlogiftique l’un de fes principes ; à cette occa-
fion , il rejette l ’opinion qu’il a émife dans
les differtations précédentes fur la produdlion
de l’air vital par l’acide nitreux. La grande chaleur
fpécifique de l’air vital, que'l’on peut,
dit-il ,j démontrer par des expériences convenables
, rend fufpedte l ’opinion de ceux qui prétendent
qu’il tiré fon origine de l’acide nitreux,
combiné à un excès de phlogiftique ; 8c peut-
être de nouvelles expériences en démontreront-
elles un jour la fauffeté.
En confidérant ce qu’ il nomme les rapports
de l’air vital avec les autres corps, il parle d’abord
de /on adtion fur l’air nitreux qu’il n’explique
pas réellement, 8c qu’il ne peut mémo
arranger avec l’hypothèfe de Schèale , enfuite de
! fon adlion fur l’air inflammable nulle fans le contadl 1 d’un corps embrafé , mais très-rapide par ce coi>
I ta£l ; il ignoroit la nature, du produit de cette
I aéfion , comme tous les chimiftes ; il n’ en donne
j aucune explication réelle ; c’eft à tort qu’ il parle
} d’acide aerien 8c d’air vicié, comme dans le
I mélange avec l’air nitreux , puifque Lavoifier
1 ayoit déjà bien prouvé en France que lorfqua
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