
carboneux, en raifonde Jagrande quantité de carbone
qu’il contient j mais ce corps y étant toujours
uni à l'hydrogène , & prefentant confé-
quemment un radical compofé , ne permet pas
qu'on mette cet acide fur la même ligne que
1 acide carbonique , dont le radical eft du car-
bone pur.
Quant aux acides du régne animal , on n'a
prefque rien ajouté à leur hiftoire depuis 1787.
En les comparant les uns aux autres , en corm-
dérant la propriété qu’ont le plus grand nombre
d’entr'euX , & fur-tout les acides iithique ,
fruffique , formique, laétique , de donner de
ammoniaque par le feu , on les a diftingués en
général des acides végétaux par cettë propriété ,
& l’on a penfé que leur radical, triple dans fa
combinaifon, au lieu d’être binaire comme celui
des acides végétaux , contenoit de l’azote
ajouté à l’hydrogène & au carbone des premiers.
Le feul aciae pruffique a été l'ob'et de recherches
nouvelles & intéreflantes depuis l’époque
de la nomenclature chimique. Le citoyen Ber-
thcftlet a communiqué , le 1 y décembre 1787 , à
l’académie des fciences un mémoire où il décrit
pluficurs de fes propriérés peu connues avant
lui , & où il donne foécialement l’analyfe de cet
acide. Après avoir fair voir que le pruffiate de
fer faturé ou bleu de pruffe décoloré par les
a’calis, contient encore de l’ acide pruffique, &
reprend une couleur bleue par le contaét des
acides, à mefurë que l’oxide de fer furabondant
eft diffous ; il diltingue deux efpèces de pruf-
fiates de fer > dans l’un l’oxide domine & le rend
jaunâ re , dans l’autre , l’acide plus abondant
fornie le bleu. Le premier de ces fels fe décom-
pofe par l’ébullition d’un pruffiate alcalin ferrugineux
5 la lumière ou la chaleur féparent l’acide
pruffique d’un alcali auquel il eft Uni , lorf-
qu’on emploie en même t-ms un autre acide ,
qui feul & fans lumière ou fans chaleur n’opé-
reroit pas la même réparation ; c’eft ainfï que du
pruffiate de potaffe tenant du pruffiate de fer
jaune en diflolution 3 fe trouble , & précipite
du bleu de pruffe par le conta# fimultané d’un
acide & de la lumière. Auffi Berthollet confeille-
t-il de précipitèr une quantité connue de fer
parle pruffiate deftiné à déterminer la dofe de
ce méral contenue dans un acide, pour avoir un
objet de comparaifon.
Dans le procédé ii ingénieux de Schèele pour
obtenir l’acide pruffique , on fait bouillir de
l ’oxide rouge de ipercure avec du bleu de pruffe,
le premier enlève l’acide pruffique à l’oxide de
fer j on filtre la liqueur après la décoloration, & on
obtient de cetté liqueur des criftaux de pruffiate de
mercure, en prifmefc quadrangulaires, avec des pyramides
tétraèdres , dont les faces répondent aux
arrêtes des prifmes > on met dans cette liqueur
du fer & de l’acide fulfurique ; alors le fer enlève
l’oxigène au mercure qui fe précipite fous
la forme métallique, l’acide fulfurique s’unit à
l’oxide de fer , & l’acide pruffiquejievenu libre}
ne pouvant décompofer le fulfate de fer , ni fe
reporter fur le mercure réduit, fe dégage par
la chaleur douce qu’on emploie , foit fous la
fo me de gaz, foit fous celle de liquide ; ce dernier
emporte un peu d’huile fulfurique avec lui j
on l’en débarraffe & on le purifie en le difiil-
lant fur de la craie. Ainfï la doub’e opération
de Schèeie , qui femble préfenter au premier
afpeét une contradiction dans les réiultatstient
Ie. à ce que l’oxide de mercure a plus d’affinité
avec l’acide pruffique que n’en a l’oxide de fer 5
2°. à ce que le fet a plus d’affinité avec l’oxigène
que le mercure ; $°. à ce que l’acide pruf-
fique ne peut pas décompofer le fulfate de fer ;
voilà pourquoi il ajoute de l’acide fulfurique
pour faire la diftillation & volatilfer l’acide:
telle eft l’explication fitnple de l’opération de
Schèele donnée par Berthofet ; continuons à le
fuivre dans fes expériences particulières.
Les acides s'unifient fouvent aux bâfes ter-
reufes & métalliques , en même tems que l’acide
pruffique & celui-ci tend à faire un grand nombre
de combinaifons complexes $ c’eft ainfi que
1rs acides fulfurique & muriatique ne dégagent
que peu d’acide pruffique du pruffiate de mercure,
& font avec lui des fels triples.
L’ acide muriatique oxigéné mêlé à l’açide pnif-
fique préparé fuivant le procédé de Schèele,
repaffe. à l’état d’acide muriatique ordinaire ;
l’acide pruffique chargé d’ oxigène açquiert une
odeur vive , devient plus volatil & moins adhérent
aux alcalis. Dans cet état d'oxigénation
il ne colore point 1s fer en bleu , mais en vert,
en forte que du fulfate de fer mis dans de l’acide
muriatique oxigéné & uni au pruffiate de
potaffe , donne un précipité vert qui fe rectif-.
fout. Ce pruffiate fuvoxigéné de fer redevient
bleu à la lumière , par l’acide fulfureux, par
le fulfate de fe r , par le fer feul, & , comme
on le v o it, par tous les procédés capables d’enlever
à l’acide pruffique i’ oxigène qui en chan-
geoit les propriétés. L’acide pruffique furchargé
d’acide muriatique oxigéné , en y faifant pa(Ter
celui-ci en grande quantité , & fous la forme
de gaz,, par le moyen de tubes qui y plongent
& qui l’y conduifent à mefure qu’il fç dégage,
puis expofé à la lumière , acquiert des propriétés
très-fingulières > il ne s’unit plus à l’oxide de
fer , il a une odeur analogue à celle d’une huile
aromatique ; une grande partie fe fépare de l’eau
fous la forme d’une huile qui fe raffemble au
fond ÿ & cependant cette fubftance n’ eft point inflammable
: à une légère chaleur elle fe réduit
en une vapeur indiffoïub'e dans l’eau ; elle prend
à la longue la /orme de petits criftaux. Je n’ai
rien pu déterminer encore fiir cette fingulière j
tranfmutation , dit le citoyen Berthollet, en
terminant cette partie très-remarquable de fon
mémoire.
Il p.tffe enfuite à l’examen de la composition
& des principes de l'acide pruffique ;
il combat d’abord l ’opinion de Schèele , qui ,
d’après fes expériences ingénieufes , croyoit
que l’acide pruliique étoit formé d’ammoniaque
& d’un charbon fubtil, ainfi que celle de Bergman '
qui y admettoit l’alcali volatil , l’acide carbonique
& le phlogiftique. Il fait remarquer qué
l’ammoniaque n’eft pas plus formée & contenue
toute entière dans l’acide pruffique que dans les 1
fubftances animales elles-mêmes, qu’ils n’en contiennent
que les principes. Voici une expérience
qui, fuivant Berthollet, peut conduire à la découverte
de la nature de fes principes. L’acidepruffi-
que mis par l’acide muriatique oxigéné en état de*
former un précipité vert avec le fer, fe change
en ammoniaque dès qu’on le mêle avec l’alcali
fixe ou la chaux ; il fe dégage en abondance
une vapeur alcaline ; les acides ajoutés ne réta-
bliffent plus l’odeur de l’acide pruffique ; en
employant à cela l’alcool depotaflè, il Je formé
en même tems de l’acide carbonique qui refte
dans l’alcali fixe ; cette production n’a pas lie,u
avec l’acide pruffique dé Scheèle ; d’où l ’on
voit que la préfence de l’oxigène ajouté par
l’acide muriatique oxigéné , eft néceffaire à cette
décompofîtion, fans doute en favorifant l'écartement
& la réparation des principes de cet
acide. Berthollet. conclud de cette expérience ,
que' l’hydrogène & l’azote exiftentdans l’acide
pruffique, qu’ils y font combinés avec le carbone
, & que lorfqu’on ajoute de l’oxigène , qui
tend à féparer le carbone & à le convertir en
acide carbonique , les principes propres à former
l’ammoniaque fe trouvent réunis ; le concours
de l'alcali ou de là chaux fert à favoriftr
S(a formation de l’acide carbonique ,& à déterminer
ainfi la décompofîtion de l’acide pruffi-
quë. Il ne manque , fuivant lu i, dans cétte con- ;
noiffance des principes de l’acide pruffique que
la proportion de ces mêmes principes qu’il
n’avoit point encore pu déterminer. Il lui paroït
facile d’expliquer, d’après cela , ce qui fe paffe
dans la décompofîtion'de cet acide par le feu , !
& de concevoir que les matières animales fervent
à fa formation, en fournilfant l’azote qui
fulfureux & l’acide muriatique oxigéné. Enfin,
\e citoyen Berthollet eh terminant fon mémoire
eft un de fes principes. Si l’acide pruffiqire uni
à l’alcali & à l'oxide de fer n’en peut être fé-1
paré que par un acide aidé de la lumière ou du
calorique , tandis que libre il ne peut enlever le
fer à l’acide le plus foible que par une double *
affinité , cela lui paroït tenir à fon état élafti-
qae qui s’oppofe à ces combinaifons,& qu’il faut,
qu’il ait perdu pour qu’il puiffe jouir de fes affi- >
nités avec les alcalis & les oxides métalliques , f
comme cela a lieu pour le gaz nitreux, l'acide
j expofe qüè là. compofition dé 1 acide
pruffique femble fe tehir mpiris voifin des1 acides
que dé l’ammoniaqué,! mais tju’e cependant ii a
trop de propriétés communes avec les autres
acides pour ne pas le placer- dans la même claffe,
d'autant plus, ajoute cé cHimifte célèbre , que
lés claffificatiôns que- nous faifons, ont toujours
quélque chofe d'àrbitrairé , qu’elles doivent
plutôt être cotifidérëés 'Comme dés‘ méthodes
ütilés que comhae des divi-fions formées pau la
nature.' • 1 < f ^ y-/ <■ \ ■> --y ■ ‘|j- -
On voit par les d^niets détails du-mémoire
de Berthollet qu’il li’admét point la préfence de
l’oxigène dans l ’açMe pruffique, & qu’il penfe
qu’il peut exiftér des ‘corps non oxigénés^ qui
jouiffent des princjpàles propriétés dés acides.
Il fé fonde nort-feulèment fu r : Kahal^feide I-àcide
pruffique , qui né lui a point foirrni- d^OXigène,
mais encore für l’acidê muriatique , d’ou on n’en
a point encore tiré ; & fur Î’hydrutîe : ftilfuré^
dont la diffolution dans î’é,au rougit les Oôuleurs
bleues v ég é ta le s fe combiné aux àléâlis , ;&fes
facure à la manière, dès acides. Mais ayant eu
occaiSori dé; dêcBdvrif Bans Tanalyfe des fubf*-
tances anirnalés’, âmé; fofmàfidh artificîêllë d a-*
eide pTuffiqîiç par l’d^ïion'de l’acide nitriqUé fur
l’alburrfihe ', - les ffitoÿéns, Fourcfoy & Vauiquelin
ont penfé1 que t’oxjgènè- éritroit dans- fa com*
binàifon j & quoiqu’ils -n ’aient point prouvé fa
préfence pair dès èxpérîénces péremptoires-, la
force de l'analogie rénd au-moins leur opinion
très \ vfàiferrtbîablè y & ahnonçè qu’il eft au
moins néceffaife de rfuf^èndié-àr cét ^egdrd fon
jugement, jufqu’à ce qùe^ùékpje tkéonftancè
expérimentale plus décifive permette de prononcer
fur ce point; intéfeffànt1 d é [ l'acidification.
La nature & lès propriétés; ces sels
coXii’OSÉs ,-ou moyens' qui conftituent le huitième
titre dè là’ - phüofophiec chimique , a été
le^fujét d’un |rand nombre’ de travaux , de découvertes
& de recherche^ fui vies depuis 1787 ,
époque de larnomenclature méthodique. On a
décrit la forme ; les propriétés , les décompor-
fitions & les ufages d’une foule de fels neutres
ou de compofés falîns , on en a trouvé plu-
fieurs iufque-là inconnus dans la nature , comme
le phofphate de chaux à Marmàrofeh en Hongrie
&. eri Ettramadufe’ , le borate de chaux &
de magnéfie , délîgné - d’abord par le nom de
i quartz cubique, & trouvé auprès de Lunebourg ,
le carbonate de Baryte 3 les phofphates terreux
dans les cendres des végétaux , 8c furtout de
ceux des marais. On- s’eft auffi beaucoup occupé
des proportions de leurs principes , & c’eft une
partie de l ’analyfe à laquelle les chimiftes modernes
ont mis le plus- de foin & le plus d’attention,
parce qu’ ils ont bientôt fenti que cet