
ment continuel au milieu de leur tiflu vafcu-
laire & organique. Un paquet de jonc, plante
qui contient beaucoup d'air intérieur , mis lous
une cloche remplie d’un gaz quelconque, retiré
un quart-d heure après & comprimé fous
l’eau, donne le même gaz que celui au milieu
duquel on l’a expofé ; en difiribuant enfuite chacun
des joncs expofés d’abord au même gaz, &
conféqufmment rempli de ce gaz, dans des fluides
élalliques différens , chacun d’eux le. trouve
rempli du fluide particulier dans lequel il a féjourné.
Les plantes font palier, dans les mêmes cir-
conftances , beaucoup plus de gaz oxigène à
l'état d'acide carbonique quelles ne le font avec
1 air commun , & elles vivent plus long-Tems dans
le premier que dans le. fécond de tes gaz. M.
Ingenhousz aflure encore que les gaz hydrogène
& azote fubilfent la même altération , &
fe convertilTent par la vie des plantes en acide
carbonique ; mais il y a ici une erreur ou une
méprile, & il eft impoflible que le gaz acide
carbonique formé au fein des gaz hydrogène &
azote, ne foit pas tout entier forti des plantes,
puifque la nature de ces deux gaz n'a abfolu-
ment rien de commun avec celle de cet acide.
Il obferve que , comme les animaux ont be-
fojn de fommeil pour reparer leur force de
même les végétaux ont befoin d’obfcurité pour
réparer l'épuifement qu’occafionne chez eux le
dégagement de gaz oxigène par la lumière.
11 infifte fpécialement fur la grande quantités
de ce gaz rendue par les feuilles dés plantes plongées
fous l’eau qui ne contient point d’acide
carbonique, & i f en conclud que ce gaz eft le
produit & le réfultat de la décompotition de
‘reau. Il ne nie pas cependant que la préfence de
L'acide carbonique n'ait quelque influence fur
cette produétion ; mais il n'ofe pas prononcer fur
la nature exafte de cette influence.
D’après cet expofé rapide des expériences comparées
& des opinions contradiétoires de deux
phyliciens aulft célèbres que MM. Ingenhousz
& Sennebier, il eft permis de croire que tous
les deux font fondés dans leurs affections, que j.
l'eâu & l’acide carbonique font décomposés,
tantôt'fépatement , tantôt ènfemble, que c’eft
■ par cette décompofition de l’acide indiqué jquê '
les végétaux trouvent la plus grande partie du
carbone qui les conftitue , & que cetteYépara-'
tion de principes fi adÜérens d’ailleurs entr'eux ,
que ’le carbone & l’oxigène o réfultat d’une at-
-frtétion doub'e entre l’hydrogène & lè carbone ,
l’oxigène & la lumière, & peut-être de plu-
fiefirs 'autres attrapions compliquées encore indéterminées,
a lieu . "dans l'organifme végétal,
comme par l’a&ion réunie de la foude, de h
chaux & du phofphore , dans les expériences de
MM. Tennant & Péarfon décrites ci-deffus.
La préfence de la matière albumineufe dans
les matières végétales avoit dé à été vue &
annoncée par Scheèle, comme on l'a dit dans 1 hiftoire iuivie de fes travaux. Fourcroy a
pourfuivi les vues de ScheèleTur cet objet ; ij
a prouvé que la féparation de la fécule des fucs
des crucifères par l'aétion du calorique tenoit j
la coagulationd'une mariere albumineufe’ qui l'ac-
compagnoir, & qui reftoic plus long-rems fufpen-
due dans les fucs que la fécule verte , lorfqu'on
féparoit celle-ci par le repos s qu’on pouvoit l'en
précipiter par les acides, la rediffoudre par les alcalis
s qu'elle donuoit de l’ammoniaque a la diftilla-
tion, qu’elle fe pourriffoit comme une matière animale
j il a trouvé cette fubftance albumineule dans
le fuc de 'a racine de patience, dans l'eau du lavage
de la pâte faite avec la f-rine de froment ; il
l'admet aufli épaiflie & defféchée dans les bois;
il aflure qu'elle n'exifte jamais avec les acides,
& qu'elle eft remplacée par un mucus-gélatineux
jlans tous les fucs aigres ; que l'albumine
du ferum du fang femble fe convertir ainfi en
gélatine par l'aPion des acides ; que d’après cela
la gélatine pourroit bien être une combinaifon
d'albumine & d'acide.
Dans le mémoire que Berthollet a confîgné,
en 1789 , dans les Annales de Chimie , fur la teinture
par la garance , il a eu fpécialement en vue
de. réunir tout ce qu’il y a de plus e'xaP & de
mieux fait fur. le rouge d’AndrinopIe ou fur la
teinture rouge, vive & durable'’ , donnée au
coton par des procédés analogues à éeux d'An-
drinople. Il y a dans ce travail trop peu de ré
fuirats qui intéreffent la thé rie pneumatique,
&_en même temsil y a trop de faits précieux
qui tiennent particuliérement à l’art de la teinture,
pour qu’il foit néceflaire d'en rendre ici un
compte détaillé. Ceux qui s’intérelient au progrès
dubelartde teindre, doivent lire tous les détails
dans l’ouvrage cité ; pour nous, qui ne cherchons
ici qu’à faire connoître la marche d e là
fcience , une courte notice fuffira pour remplir
nos vues. Le mémoire de Berthollet contient un
expofé des expériences de M. Vogler fur la garance
, un récit: de celles, de M. Gren ,. & le
détail de ce qui eft propre à Tautèür. En général,
il en réfulfe que les meilleurs mordarrs
pour faire prendre un rouge beau & durable an
coton trempé dans le, bain de garance , ce font
facétite d’alumine', l’alun mêlé d'ùn peu de po-
taffe , le nitrate d'alemine , la potaife arfénh
quée & les diffolutions d'étaim ; que l’on ne lui
donne jamais de folidiré fi le coron n’elt point
imprégné d'huile; que c’eft là l'effet dé la liqueur
desinteftins de brebis, employée fous la
nom dejikion dans le roug'e d'Andrinople ; que
il’alumine s’unit au coron , & le difpofe à prén-
die la teinture i qu’une matière animée , & fur-
tout la colle forte, en le rapprochant des»tiftus
de ce régné ou de la foie, le rend beaucoup p^lus
propre à être teint> qu’il faut à chaque opéra-
|tion fucceftive faire fécher le coton > qu’on doit
[diftinguer dans le rouge d’AndrinopIe les deux
caractères de réfifter à l’air, & de réfifter aux
alcalis comme au favon ; que le premier dépend
des mordans employés & du nombre des déifications,
tandis que le fécond tient à l ’emploi des
huiles & des graifles ; que le coton teint en.
rouge d’Andrinople par la garance., réfifte à l’action
de l’acide nitrique , tandis que des rouges
de garance font attaqués par l'acide muriatique
oxigéné comme par l’air j que l’oxide d’étair.
1 rend plus belle & plus durable la couleur de la 1
j garance lorfqu’on le mêle au bain'de cette teinture.
Parmi les travaux relatifs à la chimie végétale
que l’annee 175)0 a vu éclorre, les principaux
dont il nous eft permis de parler i c i ,
ont rapport à la teinture & aux couleurs. Tel.
eft le mémoire f u r la c o lo ra tio n , des. m a t iè r e s v é gétales
p a r V a i r v i t a l y & f u r u n e n o u v e lle p r ép a -x
ration de c o u le u r s f o l id e s p o u r l a p e in tu r e 3 par Fourcroy,
inféré dans le tomeV des A n n a l e s d e C h im ie y
telle eft aufli la lettre fur la théorie de la teinture,
par M. Hauffmann à M. Berthollet, le 10 janvier
1790. Les recherches de M. Prouft fur le
camphre de Murcie, ainfi que l’anayfe du tamarin
& de la cafte , par M. Vauquelin, doivent
encore être rapportées à cette année- Donnons
une efquifte rapide de ces principaux objets.
Le mémoire fitr la coloration des matières
végétales par l’air vital, contient des faits & des
raifonnemens. Ceux des premiers qui font nouveaux,
ont trait à ce qui arrive aux décodions
des écorces & des bois, fur-tout celle du quinquina
> expofée.à l’air, cette' décoétion fe couvre
d’une pellicule grenue brune-foncée, qui fe
précipite ën prenant une couleur marron , lorf-
qu’elle a quelque tems féjourné à l’air , qui pafle
de-là à l’orangé quand elle y a féjourné plus
long-tems, & qui par une plus grande ablorp-
tion d’oxigène encore, & lorfqu’elle eft arrivée
a fon m a x im um de combinaison avec ce corps,
eft. d’un jaùne brillant j alors cette couleur eft
devenue inaltérable. Ce qui prouve que ces modifications
de couleur font dues à différentes
proportions d’oxigène ; c’eft qu’on les produit
a volonté en traitant ce dépôt des décodions
de quinquina par l'acide muriatique oxigéné en
différentes proportions. Le dépôt rouge marron
n’eft diftoluole m dans l’eau bouillante, ni dans
1 alcool ; on ne l’altère bien que lorfqu'on le
traite encore diftous & non féparé dans l’eau de
déco&ion par le gaz acide muriatique oxigéné,
qu’on y reçoit ; féchée & en plaques ou en pouh-
dre , cet acide ne l’altère pas , tandis qu’il
blanchit promptement le carmin. L’acide muriatique
oxigéné appliqué ainfi aux décodions de
bois & d'écorce de teinture, donnera des fécules
ou dépôts colorés fixes , peu altérables,
& qui pourront être employés pour la peinture ,
& fur-tout pour celle des papiers , des toiles ,
& même des tableaux. En partant de tous les
faits réunis dans ce mémoire , Fourcroy en
conclud,
i° . Q u e l 'oxigène combiné aux matières végétales
en change la couleur >
2°. Que les proportions de ce principe font
varier les nuances des matières colorantes végétales.
30: Que les nuance^fuivent des efpèces de dégradations
depuis les OTileurs les. plus foncées iuf-
qu’aux p us claires , & que l ’extrême de celle-
ci eft la décoloration.
49. Que cette dégradation n’a pas lieu dans
plufieurs matières végétales , comme M. Berthollet
l’a annoncé.
y°. Que plufieurs couleurs végétales rouges,
violettes , pourpres , marron, bleues , font dues
à des proportions diverfes d’oxigène , mais
qu’aucunes de celles-là ne font entièrement fa-
turées de ce principe.
6Ç . Que cette faturation complette donne le
plus fouvent des couleurs jaunes qui font les
moins altérables de toutes.
70. Qu’ en changeant ainfi de nuance par l ’oxi-
gëne , les matières colorantes végétales changent
auffi de nature, & qu’elles fe rapprochent d'autant
plus de l'état réfineux , qu'elles font plus
voifines de la couleur jaune.
8°. Enfin, que fi telle eft la caufe de l’altérabilité
par l'air d'une grande quantité de couleurs
végétales , rouges , brunes ou violettes 3
on peut les fixer ou les folidifier en leur unif-
fantune certaine quantité d’oxigène par le moyen
de l’acide muriatique oxigéné , & en imitant
par ce procédé celui de la nature, qui ne prépare
jamais de couleurs folides & permanentes, que
dans les végétaux long-tems expofés au grand
air & à une vive lumière.
Le f mai 1790, M. Berthollet lut à l’académie
un tiès-boii mémoire f u r l 'a i ï i o n q u e . l ’ a c id e
m u r ia t iq u e o x ig é n é e x e r c e f u r l e s p a r t i e s c o to r a n -
t e s , dans lequel , au milieu d'un grand nombre
de faits particuliers fur les phénomènes qu’offrent
les altérations de ces matières cofor e s , il
\ fait voir que les changemens les plus fréquens