
avec les matières organiques traitées par plufieurs
acides concentrés ; on a voit vu des iub-
ftances végétales & animales, des bois, des peaux,
des laines, 8cc. , noircir & fe carbonifer dans
l'acide fulfurique concentré , connu dans les
ir.anufaélures fous le nom d'huile de vitriol.
On ccnhoifioit les huiles charbonées par l'acide
du nitrei on favoit encore que , par rhumidité
8c la putréfaction qu’elle produit , la plupart
des fubftancës végétales prencient encore une
couleur noire 8c la nature apparente des charbons
; enfin on avoit remarqué' que plufieurs
diflblutions & Tels métalliques donnent naiflànce
au même phénomène avec les corps organifés,
& l’on fe fervoit de lexpreftion de brûler pour
le défigner. Mais oh avoit mal apprécié la nature
de ce phénomène , 5c il netoit pas poflible
alors d'en développer la théorie. Pour bien h
concevoir 8c l'expliquer, nous diftinguërons ici .
la carbonifation par la voie humide en quatre
claffes j i°. celle qui a lieu par 4es acides cotï- I
centres j 2°. Celle qui eft due aux oxides 8c aux
fiels inét lliques j y°. celle qui eft produite par
l’a&îon du feu dans lés liqueurs végétales ;
4°,. 8c celle qui eft Iv fuite de la décompofi-
don opérée p2r l'eaü ou l’ait humide.
Tout ce qui a été expofé dans beaucoup d’articles
précédens fur la nature-jdes acides, &
fiur-tout de l’ acide fulfurique cc de l’acide nitrique
, prouve que ces corps, contenant abondamment
le principe de ÿ cpmbuftion, agiftent
lur beaucoup de matières combuftibles, abfo-
lument comme le ferait ie cdorique 8c l’air
employés fimulranément , c ’eft-à-dire , les
brûlent en leur cédant de l’oxigène 8c en fe
décompôfant eux-mêmes} c’eft ainfi que. le
charbon chaud ,_le foufre , le phoTphore , les
métaux brûlent même avec flamme par le conta#
de ces acides. Mais lorfque des matières
organiques , qui contiennent des quantités plus
ou moins grandes de carbone combiné avec
l ’hydrogène 9 l’azote , l’oxigène , font mifes en
conta# avec l’acide fulfurique bu nitrique, ce
n’ eft pas le carbone qui entre dans ces côm-
pôfés qui brûle en décompofant ies acides , à
moins qu’on n’élève en même temps très-fortement
la température du mélangé s c’eft l’hydre-
gène qui fe fépare ou tout entier par la feule
atH.on de l’acide 8c fans la décompofition dé .
celui-ci, comme cela a lieu pour l’acide fulfurique
fur. le fucre , 8cc. ou bien c’eft ce
meme principe qui brûle à mefure qu’il eft
féparé , comme on le voit dans les huiles traitées
par l’acide nitrique. Alors le carbone devient
excédent en proportion } la matière végétale -
noircit 8c fe trouve réduite à l’état plus ou
moins charboneux } fi on lave bien ce charbon
b qu’on le faffe sécher , on le trouve à-peu-près
femolabie à celui qui auroit été fait par la diftill
ation ; cependant il retient toujours une
portion de principes volatils, &c il donne encore
quelques traces de fumée à fa combuftion, &
île produits huileux à la diftiiiation. Gomme c’eft
d’une décompofition rapide & plus. ou moins
complette qiie ce charùon eQ: un des produits,
on obfejve que prefque toujours il ne retient
rien de la forme' primitive des fubftànces végétales
qui ont été foumifes àTa&ion des acides
concentrés 8c qu’il eft ou fous la forme de
bouillie, comme on le voit pour une touie de
ces matières traitées par l’acide fulfurique concentré
, telles que des pailles, des branchages,
des feuilles, des linges, des papiers, des cartons,
des' tifliis en général} ou fous celle d’une mafïe
bourfouflée , cohérente , légère , fpongieufe ,
plus ou moins volumineufe, comme cela a lieu
dans les huiles, fur-tout les'huiles volatiles 8c les
huiles empyreumatiques , décompofées parl'acide
nitrique concentré. Ce dernier charbon1 s’élevant
même d’une manière très-nngulièreau-dehors &r'au-
deflus des vafe-s où i'huiie étoit contenue, les chi-
miftes, frappes de la fingularicé de ce phénomène ,
l’ont nomme efiarbon pkifojbpkique j un pareil changement
de forme annonce que les principes des
végétaux font tous féparés les uns des autres,
arrachés à leur combinaifon primittvè*, 8c Combinés
d’une'm2nière très-différente, comme on
i’a déjà indiqué plus haut. Si cependant les
acides concentrés, 8c fur-tout l’acide.fulfurique
ne font appliqués qu'en petite quantité , par
exemple^ en gouttes à la furface d’une matière
végétale très-fblide 8c tfès-fërrée dans fon tiifu
comme un bois dur, alors il h’y a qu’une tache
noiie 8c charhoneufe; -mais ce fait ne doit rien "
changer à l’énoncé général, puifqu’il n’eft relatif
qu’à la difproportion du bois 8c de l’ acide ,
& fur-tout aux points de conta# trop rares entre
eux } en effet , mettez un morceau de bois dans
une grande quantité d’ acide fulfurique, de manière
qu’il ëri toit enveloppé 8c couvert de toutes
parts, laifïéz-le iéjourner quelque temps, 8c vous
trouverez le bois divifé , ramolli 8c même fondu
en quelque forte , réduit à l'état d’un -incohérent
8c comme pulpeux. On peut donc
confidérer l’a#ion charbonanre des acides fur
les matières organiques comme le produit d’une •
décompofition qui fépare 5c volatilifë les prin-
"cipes fufibles1 5c volatils, & qui met à nud le
carbone. U faut obferver encore que cet effet
n’eft: produit confeamment que par l’acide fulfurique
fuir toutes les matières organiques > l’acide
nitrique ne le préfente qu’avec les huiles y -
quant aux mucilages Se aux corps ligneux, l’acide
nitrique , au lieu de les noircir 8c de les char^
bonef s les décompofe, d’une autre manière ,
brûle une partie de leur carbone, Sc le volatÜife
en acide carbonique , combine le refte avec
les autres principes, 8c les convertit en liqueurs
acides d'une nature particulière. C ’eft une queftion
allez
affez remarquable à agiter, que celle de favoir
pourquoi l’acide; fiitLique ;agit d’une :tmuiièrev û
differente fur lesjîuilcs dont il niet lé carbone
ijirud, 8' fut les.autres matériaux,non huileux des
végétaux , tels que les mucilages | ie fucre', les
• extraits •, le ligneux 3 8cc. qu’il change en acides
fan£ les .^eharboiier.' Deux catifes contribuent
à/cette différence d’effets ; la première dépend
de la nature m êmed edes?.fu b (l an ce s | les huiles
contiennent une très-grande quantité d’hydrogène^}
c’eft ce principe très -vabondanr qui les.,
fait différer de tous les; autres matériaux des
végétaux^ &. qutTe^conftitué huiles. Le carbone,
domine au. contraire, dans .les ^litres matériaux.
Or , 8c ceci eft la fécondé caufe, l’acide nitrique
agit ay.ee ...ün^'éxtpêflie.rap^dkéèfuf l’hydrogène;,
prefque à nud ,en le dégageant,, il met le
carbonq^également à nud;; -»tandis :que^}ans les
matièrès où le premier eft moins abondant 8ç le
fécond prédomine , .celui-ci , combiné plus in-,
tîmément avec les autres principes,, réfifie‘, davantage
à fa féparntion,, & permet à l’acide nitrique
d’attaqueb leht e rnén11 a cpmbinaîfqn .-végétaie qui
fe trouve alors modifiée & convertie en plufieurs
acides, C ’eft éhcorë .de la .mêmè^mîmièré
que Idcide muriatique exige né q u i, à plufieurs
égards , fe rapproche de j adde nitrique , . agît
fur les. mâtieres,;Vé^étal'ès fo.it huileufes qu’il
enflamme pu cfiarbone', foit rnuqueufes ex-
traétives ou ligneufes qu’il décompofe acidifie.
.L’aétion des autres acides rèlat^vement "à la
Converfion des v'égécàux en charbon eft très-
foible .& tres-lénte j cependant xune théorie généralement
adoptée depuis long-temps attribue,
.la formation des bitumes , à cette aélion des
acides fouterraîns fur les végétaux ^enfouis ;
quoiqu’on n’ait .plrefqu’ éïe.yé aucun doute"
fur-., cerne formation, il eft cependant ■■certain
qù’elle n’eft appuyée fur aucun fait exaét fur
aucune- '‘expérience pdfitive-8: décifive^'On ne
fait ...ni .à quel; acide reporter ceùe action ni
fur quelle matière, elle s’exerce. G’eft ; d’après
la'Teiile aétiondé l’àcidé fulfurique concentré
fur i'e’s/huifésqu’on i'goÛÇU % explique ia ' prb-
_ lîuélion des bitumes ; mais il n’y a ni huilés
pdres^ dans l’intérieur de la terre , ni acide
fulfurique . concentré. On verra Aà l’article du
êhafbon de térrê ce qu’il faut pehfer dei cette
théorie.' ‘ ^ ^ 1
Il n’eft pas' .plus difficiîé’ d’entendfe ce qûi
fe paiïe entre. les matières organfqües- & lès'’
oxides ou les’ fels métalliques d’après' ce qui
vient d'être dit fur les acides. On fait que
beaucoup de diftblütions métalliques •‘dans les
acides , 8<r fpécialement celles qui font très-cauf-
tiques , -brûlent & noirciffent les,*' fubftancesj
végétales & animales. Ce • fait eft furitotft bien
çohnu par rapport aux diffolutions d’argent &
Chimie. Tome III,
d’or ; Iorfqu'on les applique en petite quantité
'fur-.;de1s,..;"p;faux ou des bois y ces matières font
j noircief, "6ç fi ' la Quantité des diffolutions eft
affez.abondante pour qûè les matières organiques
■ y trempent de foute part, elles^éprouvent non-
Cëùle;nçnt une.çoîpracioft, mais encore une çom-
buition j un ramailillement & une carbohifation
rfés^ferifibié.-’ Lfp chimiftes modernes,, ont* 'expliqué
ayée^ beaucoup de clarté 8ç de vérité
aètionffcauftique des. oxidë's méta 11 iques; 8c de
leùrs dtirolutions ; ils'ont fait voir queToxigène
dê., ces çompofés fe .portoit avec une - grande
'dwiviçëbfuri-lè^.mâÉières^gan'iqü^ & les .|>'rûl(W^;
.dans un temps plus ou moins rapide, _ fuivant
.le.: degré’d’adhéfence . des /métaux pour ce principe.
Ainfi les ‘oxides,d’or, d’argent & de mercure,
qui tiennent le moins fortefifelit à i’oxigène*
font ;ceux qui le . cèdent le, plus vite aux fub-
;ftancés borg^niques, & les briilent àvec le plus
d’a^ivifé j ç’eft de cette maniéré que ces oxides ,
leurs diffolutions' & les fels métalliques qu’elles
donnent , font les plus terribles "8c- les plus
aeffifs des poifons ,çorrofifs . & déi’orgauifent
avec iine. effroyable- .célérité les. orgApès des animaux
vivàns.auxquels iis font appliqhési. On peut
même, 'd’après la cohnoifl'aiibb exaé|èsde cette
qefi on y! es é fi) pl oyMkÇ ôulmé mbyens t rès-;è flic aces
d’analyfe , pour féparer 8c connoitre les prin- ’’
cipes des luh'ftances végétales 8c animales. Eh
(iiftiilant des corps. orgafifqu.ss avec;, un oxide
d’argent, l’oxigène dp celui-ci devient un moyen
de décompofition tirées-aétif 8c très- utile jpour
ees;- corps .;. il porte ’fûr leur 'iwlrogène
qu’il brûle, 8c laifië bientôriune 'gfôn^\partie
de leur, carbone 8c de leurs prinapes fixes à
nu. Cette ,manière d’analyfër les fubftânces végétales
peut , devenir', très-avantageufe entre les
mains d'un chimiite inftruit, & il en a été
fà i t mention à ’I’firticle , Analyfe végétale.
Le troifième genre:. de carbonifation par là
V'piè humidè V-qui à ToüV'éht lieu, dans les: procédés
chimiqiièV, comprend ceux qui font ré-
latifs à PàéHon du fèü fur dès liqueurs végétales.
Le principal phénomène qui*a'; tfait à ce genre
de carbonifatioh fe paffe conftamment dans un-
des arts qu’on pratique,très-fréquemment, 8c dont
le prpdüit eft d’un üfage trèsmultiplié. Je veux
parler -dé la préparation des fucs‘ épaims & des
extraits. Les premiers, 8c fur - tout ce qu’on
nomme.ffeé'jas dé regliffe , le fuc d’acacia , le
fuc d’hÿpocifte j^celui !de prunelles^, l’opium,
lêj cachou ont une couleur brune - foricée ou
noir#, provenant d’une-évaporation forte &
long-temps continuée, que tous les chimiftes &
le‘s; pharmaciens 'éclairés reprochèht à ces pré-
paiàtiqns , 8c d’après- laquelle ils difent que
ces lues > font brûlésf En effet, lorfqu’on les
rediffout dans l’èau chaude, on trouve toujours ,
au. fond de la diffolution* & avec quelque foin