
Ces premières vérités bien connues cotidui- |'
fent naturellement aux idées & aux conféquences \
fuivantes .: la caufticité eft due à la fixation & •!
à la prefence de l’oxigène dans les acides mi- \
néraux, dans les oxides métalliques & dans les !
fels qu’ils forment avec les acides ; l'oxigène ;
eft la fource de Tâcreté , de la faveur & de |
l’énergie médicamenteufe j l’excès de cette
propriété n’eft autre chofe que la caufticité ;
l’aéte même par lequel cette propriété s’exerce,
n’eft que la fixation ou le paffage de l’oxigène
du cauftique dans la matière animale ; de-là cette '
matière eft noircie, brûlée, enlevée, détachée
en efcarres ou en lambeaux, comme on le voit
dans les empoifonnemens par cés efpèces de
cauftiques > de-là dépendent la douleur 1%
chaleur , l’inflamination qui accompagnent cet
effet des cauftiques, & qui reffemblent à ceux
de la brûlure. Ces données aufii fimples que
grandes font fi vraies qu’elles expliquent même
comment les cauftiquès de la nature citée ci-
deftfus, c’eft-à-dire, tous les corps brûlés comme
les acides minéraux & les oxides métalliques, ^
perdent peu-à-peu leur énergie en cédant leur
oxigène aux matières animales qu’ils çautérifent,
comment ils repaffent eux-mêmes à l’état de
corps combuftibies en brûlant ces matières $
c’eft ainfi que les diffolutions de mercure, d’argent
& d’or noirciffent ou brùnîffent en agif-
faiit fur ies fubftances animales ; c’éft ainfi qu’on
voit le mercure , l’argent &' i’or repaffer par
l’exercice même de leur puiffanee cauftique à
Fêtât métallique,
Un phénomène qui n’eft pas moins confiant
que les précédons, 8c qui étoit autrefois inexplicable,
c’eft la couleur noire que prennent
les fubftances animales traitées par les cauftiques,
eft facile de concevoir aujourd’hui que l’byr-
drogène des matières animales s’unifiant à l’oxigène
des acjdes & des oxides métalliques avec
lequel il forme de l’eau, le carbone mis à
n'ud colore en noir les efcarres, & que la partie
ainfi décompofée par, les cauftiques & vraiment
déforganifée, «oit être féparée comme
morte 8c étrangère d’ayec les autres parties vivantes
; c’eft cè qui a lieu fur la peau, dans
î’ouverturè "des cautères., fur l’eftomac & les
inteftins dans l’aélion délétère & mortelle des
poiions corroiifs 5 mais il faut bien remarquer
que cela n’a lieu qu’avec les cauftiques bru-
lans ou dont la caufticité eft due à f.oxigène 5
Les premiers ou ceux qui diflolvent en tout ou
en partie lès matières animales n’offrent pas le
même caractère dans leur aéfcion.
CAUSTICUM^. Meyer nommoit caufticum un
principe qu’il avoir imaginé pour expliquer la
caufticité, & qu’il croycit exifter dans tous les
caufiiques ; il le-difoit compofé d’un acide uni
au feii fixé, 6c l’appelloit aufià à caufe de cela
aci'd&m pingiie. Suivant lui, ce corps paffoit du
feu dans differentes fubftances, & obéiffant à des
attractions diverfes , il quittoit les unes pour
s’unir aux autres, 'à la manière des acides. On
a rendu compte de la bâfe de cette théorie au mot
Acidum pingue , 'ôd.Macquer en parle beaucoup
à l’article Causticité, que j’ai inféré ci-deflus*
Ce fyftême eft devenu une efpéce de roman ingénieux
depuis les découvertes des fluides élafti-
ques. Voye^ les articles cités.
CAUSTIQUES, (pharm.) Les cauftiques qu’on
emploie en chirurgie font de diverle nature ,
fuivant les indications qu’on fe propofe de remplir.
Le nombre de ceux qu’on a proposes à’dif-
férentes époques , & dont on s’eft fervi dans les
principales circonftances où ils font neceffiine eft
très-confîdérable. Après le calorique appliqué à
l’aide des métaux & fur - tout du fer rouge 8c du
coton ou rnoxa enflamés qui conftitue le cautère
aéîuej , on peut divifer tous les cauftiques
confidérés pharmaceutiquement en. fept genres;
les alcalis, les acides, les oxides métalliques ,
les diffolutions métalliques, les cauftiques végér
taux , les cauftiques animaux & les cauftiques composés.
En offrant un dénombrement des principales
efpèces, comprifes dans chacun décès genres,
nous remplirons le but de cet article général , en
renvoyant enfuite à chacun des articles particu-
culiers les détails qui -appartiennent à chaque
cauftique y à fa nature, à fa préparation 8c à fon
emploi j on verra d’un feul coup-d’oejl tout ce
qui regarde l’hiftoire pharmaceutique de ces fubftances.
§. I. Cauftique alcalins.
Les trois alcalis connus font afféz âcres dans leur
état de pureté pour fervir de cauftiques. Lapotaffe
& la fou de lèches & foîides , font les plus employées
comme fels, fous le nomd e pierre à cauùre.
L’ammoniaque eft beaucoup moi ns rongeante* elle
n’eft qu’enflammante, & ne devientdifiolvames ou
cauftique qu’après une longue application ou ime
a'dminiftration lente & continuelle. Toutes les
pharmacopées & les difpenfaires prefcrivent la
préparation de la foude ou de la potaffe par la
chaux , pour lui donner la caufticité néceflaire 5
mais ils diffèrent dans le procédé <ju’ils confeillent.
En général, la plupart de ces procédés four-
niffent des alcalis mal purifiés, mais affez cauftiques
pour produire l’effet qu’ on en attend ; plufieurs
contiennent de la- chaux y il eft même quelques
difpenfaires , comme la pharmacopée de Londres,
qui pour adoucir ces cauftiques alcalins prefcrivent
d’y ajouter de la chaux. Toyq; les mots Alcalis,
Potasse 8c Soude 5 V o y e ^ aufii dans le diétion-
naire de médecine le mot C austique où j’ai reuni
beaucoup de détails & de çonfidérations utiles iur
J W * , - WM
§. I I . Cauftiques acides,
Les acides minéraux concentrés font tous plus
ou moins cauftiques. L’açide fulfurique lorfqu il
pèfe lé double de l’eau , appliqué fur nos organes
les brûle 8c en met le carbone à nud 5 l’acide
nitrique les décompofe en les jauniiïant ; 1 acide
muriatique les irrite fans les brûler véritablement ;
l’acide arfénique les. corrode , 8c c’eft le plus terrible
de tous les poifons. On n’employe que rarement
en pharmacie les acides purs comme caüf-
iiqu.es j cependant l’acide nitrique fevt a difoudre
où a ronger les porreaux j- le fulfate acide d’alumine
calciné en raiion de l’acide -fulfurique qu’il
contient à nud,' fer c'a ronger lés chairs baveufes
dans les vieux ulcères, les chancres , 8c c .
• Vo\c^ l’article de chaque acide en particulier.
§. I I I . Oxides métalliques, cauftiques.
Tous les oxides métalliques ne font pas des
cauftiques. Ceux de cobalt, de bifmuth , d etain ,
de plomb , n’ont point, ou prefque point, de
faveur '; ceux d’antirr.o’.ne, de zinc 8c de fer font
purgatifs, diurétiques, fudorifiques; ceux d’arfe-
nic, de mercure , de cuiyre;& d’argent font de
véritables 8c de très-puiffans cauftiques. On croyoit
autrefois que ces oxides n’avoient de caufticité
que dans leur union avec les acides & qu’ils la
dévoient à ces matières falines; mais il eft bien
reconnu aujourd’hui qu’ils' font, cauftiques fe.uîs &
de leur propre nature ; en faupoudrant les ulcères
de ces oxides fecs 8c en poudre, on les voit
promptement rongés & détruits ; on s’en afiure
par la propriété qu’ont ces oxides de noircir les
matières animales avec lefquelles on Jes mêle.
Voyei les articles Oxides /Métaux & chaque
métal en particulier.
§. IV. Diffolutions & fe ls métalliques cauftiques.
De tous les cauftiques, les plus puiffans 8c les plus
prononcés font * fans contredit, les fels métalliques,
il n’en eft aucun qui, ne le foit plus ou
moins ; aufii eft-ce dans ce genre de compofés
chimiques , naturels ou artificiels , que les mé-v
decins ont choifi le plus grand nombre de leurs
cauftiques. Iis les emploient, tantôt fous forme-
'fèche & ordinairement après les avoir fait fondre
ou déflecher comme les fulfates de Ter 8c de
cuivre, le nitrate d’argent ; foit liquides ou en
difiblution , comme le muriate d’antimoine lu-
blimé ou beurre d’antimoine, la difiblution nitrique
de mercure' & celle d’argent. Il n’eft pas
beloin de rappellér ici ce qui a étéexpofé fort ea
détail à la fin de l’article caufticité, fur Faction
des fels métalliques due à la réparation de l’oxigène
des oxides & des acides & à fon tranfport
fur les matières animales. Il fuffira d'obferver que
Chimie. Tome III.
cette double manière d’agir doit rendre ces efpèces
de cauftiques les plus énergiques & les plus
puiffans de tous. C’eft aufii te que l’expérience
démontre , puifqu’il n’y a aucune fubftance qui
agiffe avec plus de force 8c de promptitude que
les fels dont il eft ici queftion ; on fait que ces
fels rongent prefque' fur le* champ , ou au moins
pendant une très-courte application, toutes les
matières animales ; parmi ces différens cauftiques ,
c’eft le nitrate d’argent qu’on emploie le plus fréquemment
fous le nom de pierre infernale. Voyeç
les mots A rgent , C uivre , Mercure 5 Ar-
SÉNIC , 8cc.
§. V. Caufiiques •végétaux.
Il exifte plufieurs végétaux dont les fucs font
affez âcres pour être rangés dans la claffe.des
cauftiques 8c employés comme tels ; la liqueur
blancheu'ijui s’écoule des • différentes efpèces
d’euphorbe , & qui évaporée donne naiffance à
une gomme réfine âcre , „eft un des principaux
exemples de cés âcres. Un grand nombre de
racines & d’écorcés , celles d’arum , d’afarum ,
d’ellébore , 8cc. font également cauftiques, .&
employées "avec fuccès pour irriter , enflammer ,
8c même cautérifer la peau , le tiffu cellulaire t e
les mufclës. On ne connoît pas la nature de ces
fubftances âcres, 8c la chimie 11’a encore rien produit
d’éxaét fur cet objet.
§. V I. Cauftiques animaux.
11 en eft abfolument de même des matières animales
cauftiques, telles que les Cantharides, les
virus âcres des fourmis, des guêpes, des abeilles
, &c. On les emploie comme plus ou moins
enflammans & cathëritiques, (ans connoître avec
exactitude leur compofition & leur nature , fans
avoir une notion préçife de leur manière d’agir;
on doit cependant obferver à leur égard que la
caufticité dont jôuiffentees fubftances eft fort différente
de celle des cauftiques chimiques proprement
dits, que leur énergie eft bien moindre & leur
qualité rongeante bien moins violente ; ce font
plutôt des rubéfians , des; enflammans. &des ve-
ficatoires que des véritables cauftiques. Je n’en
parle icLque pour réunir dans un même tableau ,
des fubftances qui ont quejques analogies , te qui
font comprifes par tous les. auteurs dans une même
claffe.
§. VIT. Cauftiques compofés.
Quoique !a claffe des médicamens cauftiques
compofés ne foit pas à beaucoup près la plus nom-
■ breufe, on trouve cependant une fuite affez conr
fidérabie de formules de compofés cauftiques dans
ies>pharmacies. CescompofitionSont été imaginées
, ou pour varier l’aClion , l’énergie te la prompü*