art d'imprégner l’eau d’air fixe. Ces fix fédions
forment par leur enfemble, la quatrième partie
du travail général de Prieftley, huit lettres écrites
au dodêur Prieftley par diftérens phyficiens ,
terminent ce volume , dont elles forment près
de la moitié fous le nom d’appenuix ; lès trois
premières font de M. Guill. Bèwly, elles ont
pour date les derniers mois de 177-j » elles prouvent
p.u des expériences ingénieufes 5c fines, que
l’air fixe eft un acide particulier qu’on y trouve
nomme pour Ja première fois a c id e méphytique ;
la quatrième lettre eft du dodeur Percival 5 elle
annonce la diffolution du calcul urinaire par
l’eau imprégnée d’air fixe , & les heureufes ef-
perances que ce fuccès lui fait concevoir, ainfi que
dans les calculs biliaires ; la cinquième lettre eft
-du dodeurDobfonj elle traite de l’efficacité de l’air
fixe dans jes fièvres putrdes ; la fixièvne du docteur
W.arren , roule fur le même fùjet 3 la fep-
tième eft de Magellan^ & a rapport à l’air déplilo-
;giftiqué, tiré de l'acide nitreux avec les terres.
Ce tome troifième , après une table des matières
-contenues dans les trois volumes , eft terminée
par la defeription d’un appareil imaginé par M.
de Chaulnes, & préfenté à l’académie en mai
1776 , pour préparer & conferyer tant fur l’eau
que fur le mercure toutes les efpèces d’air
ou de gaz quelconques , & en effayer de nouvelles.
M. Prieftley publia à Londres en 1777 deux
nouveaux volumes fur les différentes efpèces
d’airs y ces volumes remplis d’un grand nombre
de nouvelles expériences , fembloient faire craindre
aux phyficiens^d’après ta préface que l’auteur
mit. à leur tête, qu’ils fuffent les derniers , 6e
que M. Prieftley , engagé dans une nouvelle carrière
, n abandonnât celle où il avoit fait tant
de decouvertes , & où il avoit acquis une fi
grande 5c fi jufte célébrité. Quoiqu’il parut persuade
que le nombre 8c le mérite, des phyficiens
«jui pourfuivoient des expériences fur les fluides
élaitiques , promettoit que cette partie de la
phÿfique cohtinueroit à être fuivie avec une
grande ardeur, on dut voir avec peine un homme
de fan mérite quitter une route où il avait fait
déjà de fi grands & de fi admirables progrès. À la
vérité , Tes théories n’étoient pas auffi heureufes
u’ôn auroit pû l’efpérer 3 elles n’avoient pas
ans le monde fa vas t le fuccès, la réuffite qu’il
paroiffoit bien naturel d’attendre , d’après la grandeur
6c la multiplicité des découvertes de leur i
auteur. Lephyficien qui avoit trouvé l’air vital,
le gaz nitreux, le gaz alcalin, les gaz acides,,
de voit, à'ce qu’il paroiffoit à tous les efprits,
arriver à connoître la natire de Pair atmofphé-
rique, celle des alcalis, dès acides 5 il devoit\
déterminer enfin les opinions flottantes de fes’
contemporains fur là eombuflion , la calcination \
d*s métaux , les diffoiutions métalliques , la ref- j
piution , la couleur d,u fang, Scc. ; &•, cependant
avec une foule de vues' nouvelles, Jl augmen!
toit lui même les incertitudes lut t ous ces poin-s
importons par les idées fans cêtf.é variées qu'il
proporo.it à chaque découverte» L'acmolbhèm
lui paroiffoit un compofé décide nitreux & de
terre;, liait fixe lui fesnWoit être une.modification
de..l'acide mtreux, il doutoit que toutes
les chaux métalliques continffent de l'air. P lu s il
multiplioit fes «'cherches & fes expériences
moins il accjuéroiti d’idées générales; plus au con-
traire fesiaéesfe divifoient., fe pariicivlarifoier.t
s VjO 0îenc. ' ,h lls mdmê il femblpit renoncer à un
- fyliême général ; comme il nous l’apprend lui-
même daas.la préface des deux nouveaux volumes
T.® no“ s c,tons jci- Affurement cette manière
a etre d un phyficien auffi iliuitre, eft un phénomène
qui mérite d'autant plus de nous occuper
ici j qu’il eft réellement l ’oppofé.de ce que
nous avons vu de, Lavoifier , & qu'il peut 'être
utile pour J'hiftoire de.lefprit humain d'en
! rechercher la caufe : c'til d'ailleurs un- fécond
trait dp comparaifon que nous établirons entre
deux hommes , tous deux également célèbres
par leurs découvertes, & tous deux viâimes des
révolutions politiques-prefque aux mêmes épo-
: qu.es. Plus les decouvertes & les expériences de
i Prieftley fe font multipliées,, & plus il a 'em-
' braffé d'opinions différentes : à chaque genre de
; recherches femble.être attaché pour lui un genre
de fyftêtne ou de théorie particulière ; auffi prefque
à la fin de fa carrière expérimentale' ; il fe
trouve plus incertain , plus embarraffé qu'il n’é-
toit au commencement ; il effaie de former un
enfemble, un fyftême méthodique de fes découvertes
fur les fluides élaitiques , & il avoue,
avec la candeur digne d’un. philofophe ; d'un
ami de la vérité , . que fes recherches ne font
point allez, avancées. Deux raifons me paroif-1
fent l'avoir conduit à cette anxiété, à cette
vacillation, à ce- doute philofophique : tous
deux font le réfultat certain de l'étude appro-'
fondis que j’ai confiant ment faite depuis vin«t
ans des travaux de ce phyficièn. L'une eft relative
à la multiplicité même de fes expériences
& à leur diverfité ; l'autre tient à : l'efpèce de
ténacité, je dirais prefque d’obftination avec laquelle
il eft toujours relié attaché à la doârine
du phlogiftique. Voyons ce que ichacune de ces
bâfes peut donner de force à. l'opinion que je
cherche à établir ici fut le genre de travail, fut
le faire de Prieftley. C'eft une vérité bien frappante
pour celui qui étudie les diffemtions fuc-
cèlfives, ou les diverfes feétions données les unes
après les autres par le phyficièn Anglois , qu’il a
eu pour but de connoître- les propriétés de tous
les fl-uideS diadiques, d'étendre fes recherches
expérimentales fur tonte la cathégorié de ces
corps,& de déterminer l'efpice d'influence qu’ils
ayoient tous fur ies phénomènes naturels. Ce yall»
plan exigeoit des expériences fans nombre 5 c’é*
toit un pays inconnu 3c neuf qu’il devoi-t parcourir S
il falloit chercher fans'ceffe des routes nouvelles 3
& à force d’expériences, les faits dévoient tellement
le multiplier , fe croifer, s’embarraffer
les uns dans les autres , qu’il devenoit à la fin
prefque impofiible de failir les rapports multipliés
<jui exifteroient entr’eux de les arranger régulièrement
, d’en faire cadrer les réfultats 3 & c'eft
là bien véritablement ce qui eft arrivé au dodeur
Prieftley. Si i’on joint à ce,premier encombrement
d’exnériences , à cet énorme magafin 'de
faits entaffés fa/is ordonnance, fans régularité,
ians fuite devenue déformais impoiTible à leur
inventeur même , ou plutôt à leur habile invef-
tigateur, la barrière qu’il s ’oppofoit fans eeffe à
lui-même , la néceffité preffànte dont il n’a jamais
pu s’affranchir .de tout foumettre ?. la théorie du
phlogiftique , le joug impérieux -Æ: irréliftible du
principe inflammable qu’il n’a jamais penié à fe-
couer, & fous lequel unè longue habitude, une
religieufe condel'cendance Ta tenu toujours
courbé, on concevra comment il n’a jamais pu
arriver à une théorie réelle, & qui ait pu le fa-
tiifaire. Il a continuellement refpedté un préjugé,
careflé une hypothèfe pour expliquer des faits
dellinés juftement à la détruire, & que des efprits
plus hardis & plus novateurs ont employés pour
éiéyer, une ;dodîiiae nouveftè fur les débris de
l’ancienne : & voilà comment Lavoifier profitant
fans eeffe des découvertes de Prieftley, & fe Jes
appropriant par la manière nouvelle & ingénieufe
dont il les confidéroit, ainfi que par Texaâitude
& la preçifion mathémitiques qu’il y ajoutait,
marchoit à grands p ts vers le renouvellement
total de la théorie' chimique , fans s’emharraffer
des obftacles que quelques expériences pouvoient
femer fur Tes pas , & en éliminant perpétuellement
ce qui h’étoit pas directement renfermé
dans la grande route qu’il fuivoit fansilemoindre
détour.- Auffi Prieftley’ ,, timide & craintif en
quelque forte dans les conclurions & fes réfultats
, fut-il bientôt comme étourdi & même choqué
du ton d’affurance que prenoit Lavoifier en
parlant de quelques expériences qui leur étoient
çomtnunes ; c’eft ce qu’on reconnoît dans fa préface,,
placée à la tête du quatrième volume de
fes expériences , & de la cinquième partie dé
fon grand ouvrage ftir lés différentes efpèces
a air, en y rendant compte d’un mémoire de
Lavoifier , .configné dans le recueil de l’académie
des fciences de Paris fur le falpêtre , oîi ce chi-
nufte lui reproche une erreur pari rapport à fa
Gonclufion , que l ’air eft compofé de terre 8c
defprit de nitre, & où il avance que l’air pur
eft tout contenu dans l’eau - forte , & qu’il eft
un des princip.es généraux des acides. Prieftley,
mani.fefte.fonétonnement fur ce reproche, 8c lailïe
peree:r un mécontentement très - apparent. « Je
M puis m’être . trompé dit-il, & je n’ai aucune
« raifoti de m’en inquiéter. Que les antres rai-
>3 Tonnent mieux , .s’ils le peuvent, fur les fdts
s» que je leur fournis, je leur prêterai une orëil.a
« attentive 3 mais je ne puis m’empêcher .d’ob-
« ferver que je leur lerois plus obligé s’ils dé-
» couvroient de nouveaux faits fur lefquels on
” pût raifonner. La fpéculation eft en phyfiqûè
|| une marchandife de peu de valeur. Les faits
n nouveaux & importans font bien plus rares, &
« par conféquent bien plus précieux. » Quelques
pages après dans la même préface , après avoir
annonce' piufieurs faits nouveaux non compris
dans l’ouvrage même , il termine par cette
phrafe : Je rapporte ces nouveaux faits fans y
ajouter aucune remarque , efpérant que par ce
moyen je ne répandrai point d3erreurs ( la n g e - '
reufs. Les mots remarque &r erreurs' darïgereufes
fouiignés., défignent aflêz qu’ils portent encore
iur le reproche dè^Lavoifier 3 que ce reproche a
fortement & profondément ému Prieftley , &
comme cela n’eft que trop naturel à ia marche de
l’efprit humain , il fe pourroit que cette prévention
contré la manière de raifonner des cîiimiftes
François, fi oppofée à-la fienne , 5e fi contradictoire
avec fes idées, l ’eût engagé dans des combats
qu’il n’a ceffé de livrer depuis à la'dodhine
françoife , même piufieurs années après la découverte
de la décompofition de l’eau.
Quoi qu’il en fait, les deux nouveaux volumes
publiés par Prieftley^ en 1777, ne furent donnés en
françois par Gibelin qu’en 1780, Le premier ou
le quatrième de tout T ouvrage fur les différentes
efpèces d"air , qui porte pour titré c in q u ièm e
p a r t i e , eft compofé de trente-trois fedi on s différentes.
Les cinq premières font prefque entièrement
confacrées à 'l’air déphlogiftiqué, à fa
produdion par le moyen des différens métaux &
des fubftances terreüfès , & à Texamen de quelques
unes de fes propriérés. Le titre de la quatrième
prouve que Prieftley penfoit alors que
l’efprit de nitrë étoit contenu tout entier dans
l’air déphlogiftiqué , puifqu’il y eft queftion de
tentatives pour déterminer la quantité de cet
acide que contient une quantité donnée d’air
déphlogiftiqué. La fixième & la feptième fedion
font relatives à l’air atmofphérique ou commun
& à fes prétendues phlogiftication ou déphio-
giftication. Les fedions fuivantes, depuis la huitième
jüfqu’à la vingt-quatrième inclufîvement
roulent fur l’air nitreux, fur fon abforption par
les huiles, les acides , le foie de foufre , la
vefïîe , fur l’air nitreux lui-mê»ae, 6c la vapeur
acide nitleufe. La vingt - cinquième fedion eft
relative a l’air inflammable : la vingt-fixième à
l’air acide yitrioîiquè : ia vingt-feptième à l'air
acide fpathique : là vingt-huitième à l’air acide
mariri-^ Dans la îvingt-neuvième, l’auteur traite
du mélange de différentes efpèces d’air oui -
i f exercent point d’adion ' mutuelle : dans "la