
lîtion des mines , foit comme minéralifes-, foie
comme minéra:ifateurs. Ç’eft une méthode vrai-
ment nouvelle , aufli utile qu’ingénïe.ufe ,• qui a
été créée par le.génie- de Bergman; & qui
entre les mains des minéralogiftes habiles reçoit
tous les jours de nouveaux accroiffemens,
comme on .peut le voir par les travaux de
Weftrimib , de Klaproth, de Pelletier , de
Vauquelin, &c.
Dans la Centième claffe des ouvrages de Bergman,
nous avons compris toutes celles qui offrent
des applications utiles de la chimie aux fciences &
aux arts ; elles font au nombre de huit; quatre font
relatives aux fciences, & furtoutà la minéralogie,
comme i° . celle fur la forme des criftaux , de
f o rm â c r if ta llo r a n i , publiée en 1773 , & qui à
l’occafion de la variété de formes de quèlquês
fpaths 8e de leur- formation confiante par des
élémens rhomboïdaux grouppés fuivant des dé-
croiffemens réguliers , a ouvert la carrière que
Haüy a parcourue depuis avec tant de fuccès ;
20. ceLe fur les produits volcaniques , donnée
d'abord en 1777 * inférée enfuite en 1783 dans
le tome troifième des O p u s c u l e s , èffai très-inté-
Teffant des effets des feux fouterrains fur les-
diverfes-fubftances fofliles -, 30. fes méditations
fur un fyftème naturel des fofliles , propofé
d’après l’invitation de Ferber, & qui a été fi
accueilli en France, fous le nom .de f c L g r a -
p k l e ; 4°. fes obfervations minéralogiques , l’un
de fes derniers ouvrages , contenant une fuite
de faits "nouveaux ‘ fur la nature de plufieurs
fofliles, récemment découverts en 1784 , époque,
oe la publication de cette differtation. Des quatre
autres , trois ont pour objet dés arts chimiques,
tels que la confection de l’alun dont
nous avons déjà, parlé , & par laquelle Bergman
a fait, pour ainfi dire , fon entrée dans la chimie
; la fabrication des briqués, fur laquelle il
a écrit en 1771, pour multiplier cet art important
dans des lieux ou il devoir être aufli utile
u’il y avoir été négligé ; l’err.pîot de l’indigo
ont î’analyfe l’a occup,éen 1776, pour îepondré
à une queftion propofée par l’academie des
fciences ; la quatrième & dernière intitulée de
t e r r i s g e o p o n i c i s , a été donnée eu 1.773 , pour
concourir à un prix propofé déjà deux ans auparavant
par la fociété des fciences de Montpellier.
Enfin', les trois dernières differtations.de Bergman
-, dont nous avons formé la huitième claffe,
ont pour objet l’ hiftoire de la chimie ; l’une traite
de fes commencemens, d e p r im o r d i i s c h em in ; la
fécondé • du moyen âge de la fcience h if io r 'u
chemin, m ed ium &vum f e u o b fcu rum , & la troifième
des progrès modernes de. cette fcience.
Cette dernière prononcée en forme de difeours
a l’académie de Stockholm, le 12 novembre 1777,
à l’époque où Bergman fortoit de la préfidence
de cette académie , a pour objet les nouvelles
découvertes faites fur les terres, les acides, les mé.
taux, l’air vital, l’atmofphère,les corps organiques,
& ne touche que très-légèrement à celles qui
font rélatives aux fluides élaffiques & à la théorie
générale de la chimie. Quant aux deux autres,
| elles ont été employées en grande partie dans
le commencement de cet article , & il feroic
fuperflu d’y recourir ici.
Nous'avons préfenté Bergman dans toute fa
gloire, en fai faut connoître les travaux multipliés
qui lui fout dus ; nous avons fait remarquer
combien fes recherches nombreufes fur un
grand nombre de points de la chimie avoient
contribué aux progrès de cette fcience ; & i’ex-
pofé de fes expériences ' a dû prouver à ~ ceux
qui ont bien fuivi les traits de notre efquiffe
hiftorique, qu’elles font toutes favorables à la doctrine
pneumatique, qu’elles l’étayent & la confirment
, & que-tel a été le parti qu’en a tiré Lavoi-
fier. Il nous refie à montrer le célébré profeffeur
d’Upfal fous tin autre point de vu e , comme
ayant tiré de l’obfcurité où il cherchoit à s’envelopper
un chimifte devenu bientôt aufli célébré
queltli, deftiné à faire dans les faftes delà
fcience une époque aufli brillante que la fienne, &
à offrir un génie peut-être encore plus original.
Bergman en montrant au monde favant l ’illuftre
Schèele dont nous voilions parler , a fait une
^découverte plus importante encore que toutes
celles qui l’ont* honoré. Bien pénétré des grands
tâlens de cq. favant aufli moaefte qu’habile , il
s’eft empreffé de s’affocier à fes opinions , d’adopter
8e de répandre fa théorie ; il s’ eft en
quelque forte identifié avec fon collaborateur,
• & le foin qu’il a pris, de foutenir & de publier
fa doctrine au moins trè’s-ingénieufe fi elle
n’étoit pas vraie 8e fondée fur des expériences
affezpofitives,prouve qu’il la trouvoit propre à lier
; les phénomènes connus, & à completter celle
de Srahl qui devient de jour en jour plus infuffi-
fante. Ces confédérations nous impofent l’obligation
de faire connoître ici Schèele comme nous
avons fait connoître Bergman , S e de donner
une notice de fes travaux auffi foignée & auffi
détaillée que celle de fon émule qu’il regardoit
cependant comme fon maître. Schèele n’avoit
que 7 m s de moins que Bergman. Il étoit né en
1742 à Stralfund , capitale de la Poméranie Sué-
doife ; mis en apprentiffage à 14 ans chez un
apothicaire de Gothenbourg , il y refta fept ans,
paffa de-là cinq ans à Malmo enScanie, dans le
laboratoire de Keuftroëm autre apothicaire ;
dans ces deux poftes , on le v o ityfort appliqué
& fort intelligent; il avoit lu tous les livres
de chimie qu’il avoit pu fe procurer, 8e les
vérités qu’il avoit apprifes fur-tout dar.s l ’ou*
visage de Neumann l’avoient frappé, mais fans
exciter ni enthoufiafme1, ni furprife dans fon
efprit. Arrivé à Stockholm en 176? , il coromença
à Fréquenter les favants, à communiquer .
fur-tout aux membres de l’académie des fciences
de cette ville le plan des expériences qu'il fe
propofoit de faire , & auxquelles ils l’engagèrent
à fe livrer. Schuremberg, apothicaire chez lequel
il étoit place, effraye de fes préparatifs , 8e
craignant qu’il ne lui Ment négliger le travail de
fa pharmacie ,.ne fut raffuré que par le zèle 8c
l’exattitude avec lefquels il remplit .fa tâche
tout en faifant fes recherches. Ce fut là qu’il
donna en 1770 fon premier mémoire fur le fpath
fluor. En 1772, il partit pour Upf*l,& entra comme
garçon chez Locke , apothicaire’, qui rèconnut
bientôt t e fes connoiffances étendues & fés talens
éclatans pour les analyses chimiques.
Là , Schèele , malgré fon goût pour la retraite
& l’obfcurité , ne put pas fe fôufiraire à la re-'
nommée & à la gloire qui l’attendoient dans cette
ville, 'ou Bergman qui y profeifoit la chimie
depuis quelques années avec un grdrid éclat,
ayoit excité pour cette fcience autant d’enthour
fiafme & d’ardeur , que Linrtéus en avoit fait
naître pour l’étude de l’hiffoire naturelle. On lui
confeilla de fe présenter à ce profeffeur illuftre j
dont il recherchoit les fuflrages, & dont cependant
une trop grande modeitie lui faifoit redouter
le -jugement. Bergman qui apprend fon embarras,
s’emprefle de le prévenir & de l’aller
chercher. Il trouvé en lui un chimifte qui lui
offre des terres, dgs acides, des métaux nouveaux
, inconnus jufques-là , une nouvelle théorie
fur l’air 8e le feu , une foule de découvertes
capitales ; faifi d’étonnement & d’admiration à
la vue de tant de travaux importans, dus à un
Wbmme fi jeune 8e fi peu connu encore, Bergman
lui apprend à s’effimer ce qu’il vaut ; il lui
révélé, en quelque forte le fecret de fa deftinée ;.
il le place au rang qu’il méritoit , & l’académie
de Stochkolm s’empreffe de le recevoir au nombre
de fes membres. Plus chrreux de multiplier
fes expériences folitaires 8e fes recherches fa-
vantes , que de fe produire au grand jour, &
d’y jouer un rôle fur un grand théâtre ^ Scheèle
préféra à diverfes places qu’on Jui offroit à Upfal
& à Berlin & à toutes les brillantes perfpe&ives
de l’avancement & de la fortune , la direction
d’une fimpie pharmacie à Koeping , petite ville
de Suède fur Je lac Malare. C ’eft là qu’après
avoir relevé la mai fon dont il avoit pris la direction,
&*epoufé la veuve dont il avoit rétabliles affaires
devenues les fiennes, il fut attaqué le jour même
de fon mariage le 18 mai 17.86 d’une fièvre aiguë,
dont il mourut en quelque jours, à l’âge.de 44
ans. Ainfi fa carrière chimique obfcure dans lès
premières années, & qui devint bientôt fi éclatante
& fi glorienfe , lqrfque Bergman Peut découverte
& mife au grand jour , h.e fut pas
d’une plus longue durée que celle de Bergman.
Elle fut interrompue'à l'époque où il avoit
tout difpofé pour la rendre plus floriffante encore,
& au moment ou les moyens qu’il avoit acquis.
par fon travail , lui permetto.ient d’augmenter fes
recherches où de les étendre fur des objets qu’ il
ne lui avoit pas été jufques-là permis d’atteindre.
Les travaux les plus confidérables de Schèele
datent des années qu’il avoit paftees chez les
trois maîtres où il avoit été reçu, foit comme
apprentif foit comme garçon. Les vafes les
>lus Amples., les matières les plus communes,
ui ' tenoient lieu des inftr.umens & des matériaux
les plus recherchés. Le laboratoire où il préparait
les médicamens , étoit fôn feul laboratoire
d’analyfes exaéles ; à côté ^ de l’appareil
néceffaire à l’opération pharmacetique , un autre
conduit & dirigé par les mêmes yeux & Jes mêmes
mains , fervoit à fes recherches particulières. Souvent
le même feu dirigé avec intelligence, fuffifoit
pouf les deux ; ainfi au milieu des occupations
pharmaceutiques Srfouvent groffjèrès auxquelles il
fe livroit par devoir, il fuivoit les pius hautes
conceptions de la chimie ; il analyfoit les corps
les plus réfra&àires , & qui avoient réfifté à
tous les moyens employés jufqu’à lui , 8e chacun
de fes effais lui valoit prefque toujours une découverte
importante ; il eft vrai qu’ il travailloit
fur le même objet avec une fuite 8e une constance
inébranlables. Livré tout entier à la folu-
tion d’un problème , il ne fuivoit qu’un certain
ordre d’expériences., correfpond-ant à une ordre
d’idées uniques , jufqu’ à ce qu’il ’Êut trouvé ce
qu’ilc erchoit.
Scheèle manquoit cependant des avantages
d’une première éducation foignée, mais la nature
lui avoit donné le génie. Ses facultés eurent
de la peine & furent lentes à fe développer
au milieu des fatigues & des occupations étrangères
à la fcience , que fon état exige oit de lui.
11 ne reçut des leçons de perfonne; il fur l ’élève *
de fa propre penfée ; fans fortune & fans
moyens que ceux que lui offroit l’étude de la
pharmacie , on voit en lui un-exemple de ce que
peut la ferme volonté de lavoir, & la confiance
obftinée dans lés travaux. Aucun chimifte n’a fait
autant de découvertes &fdes découvertes plus importantes;
prefque toutes les matières qu’il a analy-
fées lui ont offert des réfultats nouveaux 8e inattendus
; il femble qu’ elles fe font préfentées à lui
comme autant de vérités qui demandoient à être
montrées aux hommes par fon organe. Il eft vrai
. que-e? étoit par des moyens nouveaux, par des
méthodes jingénieufes, & fouvent inouïes jufqu’à
lui , qu’il interrogeoit la nature. Perfonne
n’a été aufli habile pour le choix des procédés
. propres à faire connoître la compofition des corps
& fous tous les voiles dont elle s’enveloppe ; per-
fônne n’a trouvé des reflburces plus’multipliéespour
faifir la vérité fous toutes les formes; chacune