
très-multiplié pour fe confumer ; on trouve du
fer dans l'un 8c dans l’autre ; enfin cès deux fub-
ftances font fufceptibles de fe changer en acide
carbonique par la combuftion : n’elt-il pas permis
de regarder d’après cela la plombagine comme
du charbon formé dans l 'intérieur du globe , ou
enfoui dans la terre ? Ne pourroit-on pas même
penfer que cette matière fe forme par la combinai
fon de quelques principes minéraux , quoique
prefque tous les chimiftes aient penfé qu’il n’y
avoir que les matières organiques qui pouvoient
fe convertir en charbon. Cette dernière idée ne
feroit confirmée ou détruite que par une étude
fui vie de l’état du carbure de fer dans la nature, des
circonftances de fa formation , des altérations
qii’il y éprouve. Depuis ces connoiflances acquifes
fur le carbure de fe r , par les recherches de Van-
dermonde , Monge 8c Berthollet fur les différens
états de ce métal, ils ont découvert qu’il fe
forme tous les jours dans la fufion de la fonte,
une fubftance touc-à-fait femblable au carbure de
fer natif j il eft rare que les cuillers avec lefquelles
on puife la fonte de fer pour la couler, n’en
foient enduites. Les déblais des hauts fourneaux
que l’on répare , en offrent aufli en mafifes
cryftallifées ; on peut efpérer qu’on en préparèra
quelque jour d’artificiel pour le befoin des
arts.
Le carbure de fer eft d’un ufage allez étend” . On
-en fait des crayons ; les plus eftimés viennent
d'Angleterre. C ’eft à Refwick dans le duché
de Cumberland , qu’on tire cèlui qui eft employé
pour faire les crayons. On fcie les rognons de
carbure de fer en petites tablettes minces, on les
ajufte dans des cylindres de bois garnis de rainures
, & on les coupe de manière que la cavité
de ces cylindres foit remplie. La pouflière produite
parle fciage 8c la coupure des tablettes de
carbure de fer ., fert à faire des crayons de qualité
inférieure , 8c tels qu’on en débite beaucoup a
Paris ; on la mêle avec une pâte de gomme , ou
bien on la fond avec du foufre ; on reconnoît ces
faux crayons' d’Angleterre , foit parce qu’ils fe
fondent 8c brûlent à la flamme d’une bougie , foit
parce qu’ils fe fépatent en fragmens 8c tombent
même en poudre en les laiffant tremper dans l’eau.
Le càrbuïe de fer d’Allemagne eft auffi employé
pour faire des crayons ; on y ajoute difrérehs
corps etrangers ; comme du charbon •, du
foufre, 8cc.
En Angleterre la pouflière très-fine de carbure
de fer fért à enduire Es rouages de quelques inf-
trumeris, & elle facilite leurs mouvemens par fa
qualité grafle 5c onêfueufe.
Un des principaux ufages de cette fubftance
c’eft de férvir d’enduit au fer qu’on veut défendre !
de la roui Me ; les tuyaux de poêle , les plaques J
de cheminée 8c autres uftenfiles expofés à l’aêlioa
du feu 8c de l’air , font recouverts de carbure de
fer en pouflière , que l’on applique â leur furface
par le fimple frottement avec un pinceau. Hom-
berg a décrit en 1699 un procédé pour donner la
couleur plombée aux uftenfiles de fer. Il confifte à
mêler à huit livres d’axonge fondue avec quatre
onces de camphre , une quantité fufftfânre de
carbure de fe r, 5c à enduire de cette cômpofition
le fer chauffé , jufqu’à ce qu’on ait de la peine à
le tenir; on a foin d’efluyer les uftenfiles de fer
avec un linge, après les avoir recouverts de cette
efpèce de vernis.
. Les ouvriers qui fabriquent le plomb de chaffe
l’adouciffent 8c noirciffent en même-tems fa fur-
face , en le roulant dans du' carbure de fer en
poudre. Il fait aufli partie de la compofirion que
l ’on applique furies cuirs à-repafler les rafoirs.
Enfin , il entre dans la fabrication de quelques
poteries noires d’Angleterre , 8c dans celle des
creufetsque l ’on fait à Paffaw en Saxe.
Pelletier qui a bien décrit les divers ufages du
carbure de fer $ s’eft fervi avec avantage d’un lut
qu’il a préparé d’après Pote , avec une partie de
cette fubftance, trois d’argile ordinaire , 8c un
peu de bouze de vache coupée très-menue ; ce
lut foutient très-bien les cornues de verre qui
fe fondent quelquefois fans qu’il ait changé de
forme.
$. II. Analyfes du carbure de fer par Pott 6*
Dclijie , extraites du dictionnaire de Macquer.
Pott eft , je crois , le premier chimifte qui y ait
fait quelque attention. On a de lui une.'diflertaticm
fur cette matière , qui porte aufli les noms de
plumbago , plombagine , mine de plomb & crayon
noir. Quoique Ppttfe foit plus occupé dans cette
diflertation à difeuter les fentimens des auteurs
fur la plombagine, 8c à faire connoître fes ufages, ■
qu’à en faire une anâlyfe exaCte , il réfulte pourtant
du petit nombre d’expériences qu’il a faites
que la plombagine ne contient pas de plomb , ni
même d’autre métal que du fer.; elle éft corn-
pofée , fuivarit ce chimifte, pour la plus grande'
partie d’ une matière talqueufe très-réfraètaire , 8c;
d’un peu d’acide vitriolique. Le fer que contient
la plombagine s’eft manifefté en partie dans les
expériences de Pott, par l’a&ion des acides qui en
ont diflbiis une portion , fans cependant pouvoir
emporter le tout 8c par la fublimarion avec le fel
ammoniac dont il aréfulté des fleurs martiales. 11 a
obfervé aufli qüe le gras ou Ponéluofité que l’on
connoit à la plombagine, réfifte à l’aélton des
acides, même à celle du grand fou, 8c ce qui peut
foire foüpçonner que cette douceur ou onCfüofité
viènt plutôt de la forme écailleufe 8c lifte de fes
parties, que d'une matière graffe proprement dite.
quoiqu'il paroiffe certain , comme on va le v oir,
que la plombagine contient une aflez grande quantité
de matière phlogiflique. Nous devons les recherches
les plus étendues et les plus fatisfai-
fantes qui aient été faites juïqu'â préfent fur-
cette fubftance, à de Lifle-} il en a fait part dernièrement
à l’académie des Icienccs dans un très-
bon mérsoire , qu’il a bièn voulu me cômmu-
niquer avant rimprefliou, 8c dont je vais rapporter
les principaux réfultats.
La plombagine expoféè par de Lifle a un feu
très-violent dans u-n creüfet pendant deux heures,
n’a pas diminué feulement de poids-; mais 1 ayant
mife en poudre fur le fond d’une mouffle chauffée :
à blanc , il a obfervé à fa furface un mouvement J
d’ondulation qui a continué jufqu à ce que tout le
rr.ica fe fût décompofé on évaporé , 8c après avoir
foutenu le feu tant que cette ondulation a duré ,
il a trouvé qu’il ne reliait plus qu’une poudre d un
brun rougeâtre, attirable par l’aimant : preuve
.certaine de la préfonce du fer dans ce minéral.
Mais ce qu’il y a de plus remarquable dans cette
expérience , .c’eft le déchet que'Pott et Quift
avôknt déjà remarqué par la torréfoÇhon de cett^
matière , d’ailleurs fi réfraChire , 8c que de
Lifle à trouvé énorme, fa voir de 94 parties fur
cent, dans l’efpèce de plombagine tendre, 8c
de 88 aufli fur cent , dansTefpèçe dure. Une
perte fi çonfidérable, qui n’a lieu que dans les
circonftances néceflaires à la combuftion , fernble
annoncer dans la plombagine une beaucoup plus
grand-.} quantité de matière combuftible qu’on ne
l’aurait ioupçonné.
? es r -fidus de ces terréfaClions ont fourni par
la réduction , pour le quintal de plombagine tendre
, deux livrés quatre onces de fer très attirable
à l’aimant, & pour le quintal de la dure , trois
livres cinq onces d’un fer qui n’étoit pas bien
for.fibîe à l’aét on de l’aimant. Cette différence
pourrait faire foüpçonner que malgré la longue
torréfaction , !e fer de la plombagine duren'étoit
p as'par fait-ment, exemot de foufoe , car il n’y a
ue le foufre qu: puiffe empêche: le fer réduit
’être aitivablé à l’aimant.
J’ai foit ob .erver à la fin de l’aiticîe des mines ,
que fi l’on veut parvenir à fos bien connoître , il
ne faut pas ie contenter , comme on l’a prefque
toujours fait jufqu’à ccs dern.ers temps , de les
foumettre à l’aètion du fou dans des creufets,
mais qu’il étoit très efi' ntiel d’en recueillir dans
'des vaftî .ux clos leurs parties volatiles, en
les diftiilap.r fons intermèdes , 8c avec les intermèdes
convenables Plufieurs chi r iftes 8c
en partie lier Sige , ont commencé' à fufvre
cette bonne méthode qui a déjà procuré d-s connoiflances
importantes.
Onttouye^uD nouvel exemple de ces avantages
dans le mémoire de de Lifle : il a fournie la plom-*
bagine feule à i'action du feu dans des vaifleaux
clos, l’a diftiüée dans une cornue & l’a entretenue
rouge pendant plufieurs heures : il avoic eu
foin de mettre dans le récipient de l’alcali
fixe en liqueur , comme l’a pratiqué Sage dans
plufieurs de fes analyfes ; 8c quoiqu’il ait obfervé
que ce minéral n’ait pas perdu fenfiblement de fon
poids pendant cette-diftillation , le fel alcali
-n’étoit pas .moins cryftallifé en enbas : circonftance-
qui à fait préfumer avec beaucoup de vraifem-
blance à de Lifle qu’il étoit forti de la plombagine
quelqu’acide volatile qui en skmiffant à l'alcali ,
Pavoit fait cryftallifer de cette'manière.
Si la forme des cryftaux des fols fuflîfoît pour
déterminer leur nature , 8c que lè‘ fel marin fut le
féul qui put fe cryftaliifer _ en cubes, la figure
cubique du fel obtenu dans l’expérience _ dont il
s’a g it, auroit démontré que la plombagine, con-
! tient de l’acide marin ; mais la forme des criftaux
I étant un indice infuffifant 8c tout à fait trompeur,
ilfoiitnéceffairement avoirrecoursà des épréuves
décifives, lcrfqu'on veut prononcer fur h n.ture
d'un fel ou d’un acide qu’on obferve ainfi pour
la première fois : c’eft-ce qu’a très bien fenti de
Lifle; Ainfi fans s’arrêtera cette forme cubique
qui ne prouve tien ; il a fait fur ce fel l’expérience
la plus propre à faire connoître fi. fon acide étoit
ou n’étoit point de l’acide marin : du mélange
qu’il en a fait avec la diflolution d’argent dans
l’acide nitreux , il a obtenu, à la vérité, un précipité
d’argent ; mais la réduction compfotte de
ce précipité parla foule aérien du feu, a prouvé
que l'acide en queftion , n’etoit point du tout de
l'acide marin, puifqu’il eft certain que ce d.rnier
forme toujours en pareille occafion de la lune
cornée , qui non feulement ne fe réduit point fans
addition 8c par la feule a&ion du feu , mais qu’on
a même beaucoup de peine à réduire complet-
tement à l’aida .des intermèdes les plus puiflants.
De Lifle foupçonne que cet acide de h plombagine
eft le même que celui des mines fpa-
thiques ; la plupart de ces mines , traitées par le
même procédé , préfentent en effet le mênae>
phénomène ; mais ©n fait maintenant que cet
açide eft un gaz ; on fait même que du moins
dans celles de ces mines qui ont été foumifes à
l’examen par la elafie de chimie de l’académie des
feiences, ce gaz eft la gaz méphitique, qui a
été connu foiis le nom d’air Axe , 8c qui n’a
aucune propriété commune avec l’acide marin.
Comme il eft très poflible qu'à mefure qu’on
examinera ainfi tous les minéraux plus exactement
. qu’on ne l’a foit jufqu’à préfent,/ il s’en rencontre
qui fournifient des fubftances volatiles , & même
des gaz incapables d’être fixés par les alcalis, tel
que Léft , par exemple , le gaz inflammable , il
s’epfuit que la méthode de mettra de l’alcali dans