
près, en y trouvant ce que leurs propres auteurs
n’y avoient point trouvé , il femble fe les
être appropriées, les avoir rendues fiennes, leur
avoir donné le càraélère de netteté, de clarté
& de précifion dont elles rnanquoient au fortir’
des laboratoires^ qui les avoient produites. En
un mot il a ete un de ces philofophes, un de
ces génies originaux 8c rares qui impriment aux
connoiffances humaines dont ils s’occupent un
caractère divers de celui qu’elles avoient 8c qui
leur communiquent un mouvement, une direction
auffi nouvelle que différente des anciennes.
Voila pourquoi nous l'avons placé à la tête de
la période qui fait le fujet dê cet article ; nous
nous fommes propofés de faire connoître tous fes
travaux fuccefiîfs, d’en rapprocher ceux des autres
phyficie»s pendant les memes époques & de les
comparer, pour en tirer des induéUons générales
fur 1 état & la marche de la révolution qui s’eft
operèe dans la fcience par leurs efforts réunis ,
mais qui a été fpécialement commencée, conduite
& prefque terminée par Tilluftre La voilier
qù on doit en regarder comme le chef.
f Les nouvelles recherches fur 1‘exifience d'un fa:de
élaftique fix é dans quelques fibfldnces, & fur les phénomènes
quiréfuUent de fin) dé g àgement & d é f i f ix a tion
, publiées par Lâvoifier au commencement de
1 année 1774, & précédées d’un précis hiftori- j
que fur les émanations éîaftiqués , précis dans !
lequel il donne une noticè affez exaéie 8c affez
détaillée de tout ce .qui• avoit été fait avant lui
depuis Vanhelmont jufqu’à Rouelle 8c Prieftley
înclufiverrient, font comme le lignai des changeo
n s que cet iilùftre phyficien méditoit & fannonce
'des nouveautés qu'il fe propofoit d’introduire
^ddhs la fcience. Il contient une des fuites
d’expériences auxquelles il s’étoit livré fans relâche
depuis les années 1771 & 1-772 î & quoi-
qu il fût bien loin d’y avoir mis la dernière main
lorfque fes amis l’engagèrent à les rendre publiques
, on y trouve un germe fécond de la plupart
des découvertes 3c des réfuîtats neufs qu’il
a donnés dans les quinze ans qui ont fuivi celle
dé fa première publication. Auffi cet ouvrage fit-
il moins de fenfation par les nouveautés dès expériences
qu’il côntenôit qtiè par la manière dont
elles avoient été faites , 8c par les premiers^ré-
fultats que 1 auteur en tiroit. Lâvoifier annonce
dans fa préface le champ beaucoup plus vafte
qu’il avoit commencé à défricher , 8c une partie
des grandes vues qu’il avoit conçues 8c qu’il a
développées enfuite fans jamais quitter la ligne
qu’il s’étoit tracée. « Je me propofois, dit-il 3
» de faire entrer dans ce volume dès. détails
*» beaucoup plus étendus fur la précipitation des
*> métaux diffous dans les acides, & fur l’augmem
» tation confîdérable de poids qu’ils acquiérrent
» dans cette opération; mais la néceffité d’appro-
» fondir auparavant la nature des acides eux-
» mêmes, de connoître les principés *dont ils
33 font compofés , les cas où ils fe décompo-
» fent, 8cc., m’a arrêté , 8c j'ai fenti que j'a vois
» beaucoup de chofes à faire précéder ; c’ eft"par
t sa ces motifs & d’autres femblables , que j'ai
»» également différé la publication de mes expé-
» riences fur la fermentation en général, 3c fur
33 ia fermentation acide en particulier. Ce pie-
» mier volume , ajoute-t- il enfuite, fera , à ce
> » que j’efpère I fuivi de plufieurs autres , & j'y
« ferai’ fucceftivement entrer une fuite d’expé-
» r.«ences déjà nombreufes, 8c que je me pro-
î 33 pofe d’augmenter encore; i°. fur l'exiftence
: 33 du même fluide élaftique dans un grand nombre
. » *de corps de la nature , où on ne l’a pas en-
• 93 core foupçonné ; 2°. fur la décompofition to-
» taie des trois acides minéraux; 30. fur l’ébul-
» li don des fluides dans le vide de la machine
33 pneumatique, 8cc. 8cc. ; 40. fur la caufe 'du
33 réfroidiffement qui s’obferve dans l’évapora-
33 tion des fluides 8cc. &c. =» On reconnoît ici
que Lâvoifier ne diftinguoic point encore lés diffère
ntesefpèces de fluides élaftiques, ou qu’il étoit
difpofé à les rapporter tous à cette dénomination
gén: raie de fini a _ élaftique; on y voit encore qu’il
étoit occupé de la déeom poft rit» n & de la nature
des acides miner uix , idée bien neuve alors Se
dans laquelle il lui étoit bien permis de confondre
l’acide marin ou n uriatique dont il n’avoit
point encore pu appercevoit l’impoflibilité de la
décompofition. Ce qu’il expofe- enfuite dans la
note mii%- au bas du chapitre 1 j de fon précis
hiftoriquè , où il rend un-compte fidèle des premières
recherches du dofteur Prieftley fur différentes
efpèces d’air , fur ce que, lors de la publication
des expériences de ce phyficien anglais
à la fin de l’année 1772, il y avoit déjà du temps
qu’il s’occupoit du même objet, & qu'il avoit
annoncé dans tin dépôt fait à l'académie des
fciences le premier novembre 1772 , qu’il fe dé-
gageoit une énorme quantité d’air des réduftions
métalliques, prouve encore qu’il avoit entrepris
une fuite d’expériences bien plus confidérable que
celles qu’il publioit alors , & qu’il avoit des vues
beaucoup plus étendues, dont il ne donnoit alors
que la plus petite partie. Voyons aftuellemènt les
faits contenus dans ce premier ouvrage, qui doit
être regardé commé l’introduftion ou le préliminaire
du grand travail qu’il n'a ceffé de continuer
8c d’aggrandir pendant plus de quinze ans.
Ses nouvelles recherches, ou les expériences
qu’il publie dans cet ouvrage font expofées dans
onze chapitres.
Le premier traite de l’exiftence d’un fluide
élaftique fixé dans les terres calcaires, 8c des
)hénomènes qui réfultent de fon abfence dans
a chaux. Il y décrit treize expériences faites avec
une exaftitude inconnue jufques-là en chimie
fur
la diffolution de la craie dgtis R acide du
nitre,- la mefure de la quantité de fluide élgfti-
oùe qui fe dégage pendant,cette diffolution, la
quantité d’eau néceffiire pour faturer k chaux
vive, fon extinftion dans le vide, la diffolution
de la chaux dans; l’acide du nitre 8c la quantité
-de fluide élaftique . qui fe dégage de cette dernière
diffolution , la récompofition de la chaux
en lui. rendant l’eau & le fluide .élaftique dont
elle a été dépouillée par la calcination, la pefanteur
fpécifique de l’eau de chaux 8c de la
même eau précipitée , l’imprégnation de l’eau
ou d’un autre fluide par l’air fixe , fa pefanteur
comparée à celle- de l ’eau diftillée., la précipitation
& la rédiffolution de l’eau de chaux par
de l’eau imprégnée d’air fixe. 11 conclud de ces
expériences i° . qu’il exifte dans les terres cal-
caivs-une efpèce d’air fous forme fixe, qui,
lorfqu’il a repris fon élafticité, jouit des principales
propriétés phyftques de l’air; 2e. que
cent livres de craie contiennent trenté-une livres
uinze onces d’air fixe , quinze livres fept onces
'eau & cinquante-deux livres dix onces de terre
alcaline.; 30. qu’il fèroit poffible qu’elle contint
encore plus de fluide élaftique, dont on ne peut
la dépouiller comçilettement ; 4°. que la terre
al calme peut exifter dans trois états làtures d’air
fixe 8c d’eau , ' c’eft de ia craie; faturée d’eau
fans fluide élaftique , c’eft la chaux éteinte ;
privée de l’un & de 1 autre, c eft la chaux vive ;
ç°. 'que la cHaux vive contient beaucoup de
matière du-f«.u qui .produit la .grande ..chaleur
pendant fon extinftion & fa diffolution dans les
acides ; 6°. qu’il refte encore du feu dans la
chaux faturée. d’eau , puifqu’elle doni>e beaucoup
de chaleur avec, l’acide du nitre ^7° . que" ce
n'êi pas^cette matière du feù qui donne à la
chaux fes propriétés, puifque , privée par l’ex-
tinftion de la plus grande partie de cette matière,
&jle jouit toujours de fes propriétés, dé-
compofe le. fel ammoniac à froid , rend les alcalis
cauftiqoes ,. eft foiuhle dans l’eau , 8rc.. ;
8®. enfin, qu’il fuffit dp rendre à la chaux le
fluide élaftique qu’on en a chaffé pour la rendre
douce , ,infoluble dans l’ eau, effervefeente avec
les acides , en un mot, la rétablir dans l'état de
craie. Quoique ces expériences reffemblent à
celles de Jacquin & de Smeth , elles font faites
avec plus de foin & propres à mettre hors de
doute les affections de ces habiles chimifies fur
la différence de la craie & de la .chaux. Lavoi-
fier s’y eft fervi de l’appareil de Haies, perfectionné
, pour mefurer le fluide élaftique.
Le fécond, chapitre a pour titre.: de l'exifience
et un fluide élafiique fixfi dans Les alcalis fixes &
volatil 3 & des moyens _ de les en dépouiller.
Treize expériences y fqrvent, comme pour le
précédent,, à„v affurer cette exiftence. La foude
cryftallifée cfiifoute dans "l’acide du nitre , le
CinMizl Tome I11.
fluide élaftique dégagé pendant cette diffolutio i,
mefuré,-. la diminution de* pefanteur fpécifique
d’une diffolution de cryftaux de fou.de par l’addition
de la chaux, l’augmentation de' poids de
la chaux qui a paffé dans une folution alcaline ,
le paffage du fluide élaftique de la foude dans
la chaux & fa préfence démontrée enfuite dans
cellè-ci, le,meme traitement & les mêmes phénomènes
obferyés fur l’alcali volatil concret,
c’eft-à-dire ,. fa diffolution ' dans l’acide, la me*
fure de l’air qui s’en eft dégagé, fon paflage
apprécié & démontré dans la chaux augmentée
de poids, enfin ce fluide, élaftique .rendu à la
foude & à l’alcali volatil cauftiques qui en avoient
été dépouillés, par la chaux. , en . leur redonnant
leur pefanteur 8e,leur effervefeibilité : telles font
les bafe^ de ces expériences, auffi exactes que
clairement décrites.
Le trôifième chapitre , qui eft une fuite né-
celfaire du fécond, a pour objet l’examen de la
précipitation de la terre calcaire difioute dans
l’acide du nitre par les alcalis cauftiques & non
cauftiques. Quatre expériences Tur cette, préci-r
pitation opérëé-,par l’alcali Q.rdinâire;de la foude,
par le. même rendu cauft.ique , par l ’alcali volatil
également concret ou cauftique, 8d dans Jef?
quelles ont été examinés avec, foin & le poids
Scia nature du précipité , conflit tient ce chapitre.
L’auteur ..conclud des expériences contenues
dans les chapitres deux & trois , qu’il eft
auffi bien prouvé qu’il peut l’être en phynque :
i° . que le même fluide élaftique , xéconnu dans
la craie, exifte également dans les alcalis fixes 8c
volatil; 2°. qu’il, ç k ell chaffé de même par Tes
acides ; 30. que l’effervetcence eft un effet de
ce ^dégagement ; 4Ç. que ce fluide .a plus dJaffinité
avec la chaux qu a_y.ee les alcalis ; j Q..qi e
c’eft en le leur enlevant que la chaux les rend
cauftiques.
Dans le quatrième chapitre , Lâvoifier -s'occupe
ds funion du fluide élaftique. des alca'is
& de là craie avec les fubftances métalliqi'ts
par précipitation,, On y trouve quatre expériences
, favoir : la diffolution du mercure & eu
fer dans l’acide nitreux , 8c leur précipitation par
la craie & par la chaux. Quoiqu’il lui paroi fié
que les .précipités métalliques doivent principalement
leur forme 8c leur augmentation de poids
à là"préfence du même fluide élaftique, cont nu
dans la craie 8c dans les: alcalis ;• comme, dit-i! ,
les précipités retiennent toujours quelque chcfe
dp diffolvant 8c du précipitant, 8c comme il fe
jojnt à cette circonftance des phénomènes dus
à la décompofition des acides, il annonce quél
' réferve, pour un mémoire particulier, la plus
grande ,partie de fes expériences, & qu’il fe contente
de ne donner ici que celles qui font le
plus effentiellemenv liées JL l’objet qu’il traite ,