la terre dans la végétationj>ar les rayons folaîres,
& que c’eft ainfi qu’on le retrouve dans Tanalyfe
végétale faite à la manière de Haies. IL y a , fui-
vant Rouelle, des vapeurs inflammables naturelles
parfaitement femblables à celle des hé-
pars. Celle-ci lui a paru au moins auüi nuifible
que l’air fixe*} il a lui-même failli en être fuffo-
que j & il raconte avec foin l’accident qu’il a
éprouvé. Ayant porté le nez & la bouche au-
deîius d’un va le où il- fai foi t en grand une précipitation
d’h épar, pour démêler , dit-il, lè caractère
de l’odeur de cette vapeur ; il fut pris'furie
ch mrp , 8c fë trouva fubitement dans, rimpof-
flbdité d’infpirer 8c d’expirer. Je fentois, dit-il ,'
ma poitrine dans un état de dilatation , jointe à-:
un ferrement insupportable. Dans cet état , quel-
qn’effort que je fuie, je ne pouvois ni introduire.,
ni chiffer l’air des poumons. Je me précipitai
hors du laboratoire-du jardin du roi 3 où je
fai fois cette expérience 5 je gagnai le large 8c
la muraille’de la cour pour me fou tenir car tout
défai Huit- en moi j & ce ne fut qu’après avoir
fait les plus grands efforts dlirïfpi ration* & d’expiration
au grand air,-que je commençai à.redevenir
maître dé cette fonétion, & ensemble de
nies mouvemens. Mais je fus encore tout l’après-
midi dans un état de mal-aife 8c d’oppreflion®
accompagné de pefantcur de tète que j'aurok dé
la. peine à exprimer, lloueîie terminoit fa differ-
nrion , en ' fai fane remarquer les analogies qui
exîftent entre l'air fixe 8c l’air ordinaire , la manière
dont ils contrebalancent l’effort de l’atmof-
phère , ce qui prouvoit, fuivant lui, que ce n’é-
toir point de Yacidum pingue, comme on l’avoit
avancé fur de fimples fpécuîacions ; mais, dit-il,
quec’eft de l’air qui, quoique combiné, conferve
encore les principales propriétés de l’air ordinaire
, quoiqu’il en diffère à tant d’autres égards.;
On voit-par cette dernière phrafe^que Rôuelié|
n’étoit -pas décide fur la nature particulière de.
l ’air fixe , qu’il étoit porté à le regarder comme]
de l’air altéré fans doute par quelque fubftance
étrangère , quoiqu’il ne fe foi t pas expliqué pbli-
ti yémen t fur ce point.
Dans le courant de l’année 1773 , où parurent, \
en mai, les Obfervations de Rouelle, M. Baumé j
donna comme appendix , a k fin du troifième ;
volume de fa chimie expérimentale 8c rai formée, \
fon opinion fur l’air fixe. On y trouve, bien for-’-
mellement exprimée , la plus tranchante comme;
.la plus légère décifion contre la nature parti-
iculière de ce fluide élaftique. M. Baume dès-lors •
n’entendoit pas bien la théorie de Black, puif-i
qu’il prëcendoit que quelques phyfiriens y oui oient
fubftituer, difoit- il, l’air fixe au phlogiftique,1
qu’ils avoient l’envie de faire fejetter. Aucun
phyficien , au moins digne de ce .nom , ne vou-r
loit apparemment, pas-plus à ce;te époque qu’à j
celle où nous fournies parvenus aujourd'hui, fubf-1
tituer l’air fixe au phlogiftique 3.8c ce n’étoit
.affinement ni dans les mêmes cas, ni pour les
mêmes explications qu’on parloir de 1 air fixé.
D'ailleurs, il s’agiffoit moins encore alors de
théorie que d’expériences 3 .& au Heu de ces
principes vagues 8c généraux , par lesquels on
croit renverfer to.utes les idées nouvelles, il étoit
bien plus-utile de répéter les expériences desv
premiers phyficietfs 8c d’en démontrer la fauffeté.,
ou au moins le parfait accord avec les c-onnoifinances
acquifes: jufques -là y 8c l’iden ité des
matières aériformes nouvellement découvertes 8c
étudiées, avec les çorp's déjà connus depuis longtemps.
Au lieu dé fuivre cette route, M. Baumé y
frappé fans doute des lacunes qui dévoient exifter
dans' la chimie , fi ces nouvelles découvertes
étoient vraies 8c èxadtes , 8c fâché de voir que
les théories qu’il y préfemoit, cour oient le rifque ,
comme'cellèr de Meyer, de mourir en naiffant,
trouva plus fimple Se plus facile de renverfer d’un
feul coup tout l’édifice qui commençoit à-s’élever,
& Te crutaftëz fort pour détruire , comme
une vapeur légère, les réfultats nouveaux qu’on
annonçoit de toutes parts, & qui commençoient
à être vérifies 8c admis dans une grande partie
de l’ lEurope lavante, fur la caufticité de la chaux ,
des alcalis, fur leur "action réciproque , fur là
nature acide de l’air fixe, fur ion exiftence 8c fes
combinaifons dans la nature, fur les eaux minérales
acidulés , ferrugineufes , Tulfureufes, fur
les vapeurs des mines , fur les fluides élaftiques
dégagés pendant la fermentation , pendant la putréfaction
, pendant 8c par la diffolution métallique
, fur l’influence de l’air dans la combuftion,
fur la .nature des chaux métalliques, la caufe de
leur augmentation de poids, leur réduction,
fur la compofition de l’air atmofphérique , fui la
naturela formation 8c la décompofition d’une
foule de fubftances minérales 3 car on doit bien
facilement reconnoître que les nouvelles decouvertes
commençoient à jet'ter un jour éclatant fur
tous ces grands objets , quoiqu’ils ne fuffent pas
encore liés par un rapport bien connu., ni rapprochés
par un enfembie de doétrine généra’e ,
comme ils l’ont été quelques années ,aprèsf Un
concert unanime s’élevoit fur l’importance de
toutes ces nouvelles confidérations , lorfque
M. Baume feul éleva une voix contraire dans
cet.accord , 8c fe chargea de difliper comme uii
preftige trompeur, les Faits qu’on .annonçoit
qu’on accumuioit de toutes parts. Il ne crovoit
pas que , fuivant ce que difoient ceux des phyfi-
ciens qui faifoiënt ou répétoient les nouvelles
expériences, l'air fixe dût occasionner dans la
chimie une révolution totale, Sc changer l’ordre
des cotinciffances acquifes. 11 lui parut qu’on .
prenoit le change, qu’.on Te trompoit, généralement
8c par-tout, fur la caufe des phénomènes
que préfentoient ces expériences y 8c voici comment
il crut renverfer tout ce -qu’on faifoit 8c
ce qu’on penfoit de nouveau fur l’air fixe 8c les
differentes elpèce's de fluides élaftiques. Haies,
dit-il, -a démontré que l’air eft un élément qui
entre dans la compofition de beaucoup de corps.
Il l’a nommé air fixe, quand il eft contenu dans
ces corps, qu’il en eft un des principes confti-
’ tu ans, qu’il a perdu fon élafticité 3 8c il a donne
le nom d‘ air élaftique a celui qui eft dégage des
corps. L’air eft identique. 11 n y a qu’une feule
efpèce d’air, il entre dans une infinité de combin
ions, mais lorfqu’il en fort il qeedtivré toutes
fes propriétés 3 lorfqii’on • le purifie convenablement,
il n’eft point' différent de celui que nous
refpirons. Ce que les chimiftes nomment aujourd’hui
ait fixe .paroit. être. celui qu’on a dégagé !
des corps par diffère ns moyens 3 on devroit
plutôt ie nommer avec Haies .air dégagé ou air '
élaftique. L’air diffout l’eau, les-huiles , 8cc. 3
le dégageant d’un corps par la diftiiiatjon,, il
charrie avec lui diff^rentes fubitanecs qu iLtient
réellement en .dilfoiution 3 on attribue à cet air. :
des propriétés qui ne lui appartiennent pas , mais
feulement aux Tubftanc.es étrangères dont -il eft .
furchargé. Il en eft de même de ceiui qui fe dégage
par lès effervefcences, pendant les fermentations
, la patréfaèîion. Il paroit ,■ continue.
W. Baumé 3 qu’on' eft difp.ofé. à établir a-tant
d’efpèces d air qu’il y a de corps qui peuvent en
fournir 3 'quelques perlonnes ont déjà youhi aâ-
mettre de,l’air fixe inflammable, «i- fait fixe qui
.réduit en chaux les métaux, & quitR la caufe
de leur augmentation de poids.; C eft^ à une
lubftance huileufe diffoute dans 1 air qu eft due
cette inflammabilité 5 ce 11’eft point l ’air qui
s’enflamme ,cet élément eft incombaftible. Suivant
lui , on a pris le enange fur 1 air qu on dit
fe fixer dans les métaux pendant leur calcination,
8c s’en dégage pendmt leur réduction.
Les vapeurs du foie de fou Ire ne font point inflammables
, mais elles réduifent fans feu les
chaux métalliques^ ce n’eft point 1 a-r qui proquit
cet effet, mais feulement le principe phlogiftique
dont il eft charge. .
L’air- qu’on a nommé fixe devroit donc etre
nommé air dégagé 3- axr élaftique \ c eft d-3 1 air ordinaire
te nant en diffolution des fubltances 'étrangères
qu’on peut lui enlever ert le-filtrant à travers
differentes liqueurs 3 on ne doit donc exa^
miner l’air fixe que par rapport aux fubftances
11'il peut tenir en diffolution 3 il y a beaucoup
’expériences à faire pour connoitre les differentes'
matières diffolubles dzns 1 air , 8c leurs
propriétés dans cet état 3 ces expériences condui-
roiènt à des connoiffances plus certaines Sc plus
claires que celles qu’on a données jufqu’à prefent ;
Il en eft de l’air comme de l’eau , il peut dif-
foudre 'Beaucoup de fubftances, s’en fiturer , 8c
acquérir ainfi des propriétés qui ne lui" appartiennent
pas. Il y a fans doute plufieurs fubftance-s
qu’on ne pourra jamais en fépirer, comme i! y
en a que l ’eau ne peut iiffoudre, 8c qu’on ne peut
plus lui enlever 3 mais ii n’en ré fui te ra pas inpins
que les nouvelles propriétés qu’on trouvera à ce t
I air feront toujours dues aux fubftances étrangères
®8c non à l’air lui - même.
Voilà comment M. Baumé repouffa toutes les
découvertes de fes contemporains-j comment
même il fe réftrva un moyen commode 8c. nlr
de repoüftèr par la fuite toutes celles qu’on pourvoit
faire dans ce geiirê 3 il eft vrai que fa dodtrine
n’eut aucune forte de fùccès. Comme il n’offre31
aucune expérience contradiéioire , les phyliciens
ttcontinuèrcrir à examiner les propriétés de. l’air
fixe 8c des fluides, élaftiques diffère ris. Ils furent
de plus en plus’convaincus' que ces Unifiés n’e-
: toient. point de l’air 3 8c pendant le tempslmême
|que M. Baume publioit fes idées 8c Ton opinion ,
qui n’étoient propres qu’à faire rétrograder la
fc-ience & à la reporter au temps de Haies, on
s-’occupoit avec une. grande activité de pouffer les
decouvertes beaucoup plus loin.
La fociëté royale de Londres, animée du défir
devoir fructifier ces'découvertes, dent les pre-
mlèrés, depuis Boyle & Haïes , avoient été faites
dans fon fein, 8c perfuadée qu’elles dévoient faire
changer de face à la fcienc&de la nature , décerna
la palme académique au d cèle 11 r Prieftley dans
fori affemblée annuelle du .30 novembre 1773 3
fon préfidènt,le doéteur Pringle , iliuflreautant
par fes connoiffances enphyfique, que par fes
fuccès éclâtans dans l’exercice de l’art de guérir,
prononça un difeours dans lequel il fit le tableau
des recherches dues aux physiciens anglais fur les
différentes efpèces de fluides élaftiques. Ce dif-
, cours précieux par le nombre 8c le rapprochement
des faits q-»’il contient, fournit à l’hiftoire
de cette partie de la fcience plufieurs dates de
decouvertes qu’il eft néceffaire de configner ici.
Suivant Pringle,' le docteus; Seip , médecin de
Pyrmont ,• foupçôflha 5'. annonça te premier , en
173^ 3 q!\e les eaux acidulés ëtoient innprégiiées
de. b. même vapeur que celle qui formeic les
mofettes , ou la m e p h i t i s des fouterrainyq ij dé-
, crivic à Pyrmont une caverne. femblable peur
- 1 fés effets à la Grotte - du-Chien près de Naples ;
mais il crut que ce fluide élaftique étoit une
vapeur f a l p h ù r e u f e j p i n i u e u f e , il fe trompa iur
fa nature. Le doéleur Bcownrigg de White-
Haven avança dan»- dès mémoires envoyés en
1743 à-la fociété royale de Londres, mris qu’il
ne voulut point faire imprimer alors parmodenië,
qu'une connoifùnce plus approfondie des airs
malfaifans des mines pouvoit conduire à la découverte
du principe fubtil ou de l’efprit des
eaux minérales 3 que l’exhaiaifon méphitique des
mines étoit d’une.élafticité permanente, 8c qu’il
pouvoit conclure de fes expériences que cette