
Ii cite auffi deux écrivains allemands très-diffus
& très-embrouillés& un dernier auteur italien
nui venoit d’écrire dans fa langue un traité fur la
fonte, l’extraéfion & l’alliage des métaux. Dans
fon premier livre, il réfute lesobjections* faites
contre futilité publique ou privée de l’art métallique
, & de fa culture, en lui rendant l’honneur
& le rang qui lui efr du. Le fécond livre
traite des lieux où fe trouvent les filons des métaux
, des fignes qui les font reconnaître * &
enfin de la baguette divinatoire , dont un habile
connoifteur n’a pas befoin fuivant lui. Le troifième
donne l’hifloire des couches & des veines di-
verfès qui compofent les montagnes métallifères.
Le quatrième traite des mefures de la conceflîon
& des principaux réglemens qui précédent- ou
accompagnent les premières exploitations des
mines-; le cinquième de l’art d’exploiter ou
retirer les minerais, des puits , des galeries,
des conftruCtions & de la géographie fouter-
raine ; le fîxième des inftrumens nécefîaires à
cette extraction , pics, marteaux , pioches ,
pelles , tonneaux, échelles, cordages, brouettes,
machines hydrauliques & pneumatiques, ainfi que
des dangers qu’on court dans les mines, & des
maladies des mineurs. Le feptième livre eft un :
traité de do.cimafieAgricola y décrit les four- :
neaux docimafliques ou d’effais , les mouffies,
les coupelles faites avec des cendres ou des os
calcinés , les moules pour les faire | les fourneaux
de fu-fion* les creufets, les îingotières, les balances
, les febilies à laver, les poids qu’on y
emploie l’art de détérminer les proportions
d’or , d’argent, de mercure, de plomb , . de
cuivre, de fer, d’étain & de bifmuth qui fe
trouvent dans les mines ; comment on effaye les ;
monnoies d’or & d’argent par la pierre de touche
& les touchaux 5 le titre de l’or par l’eau-
forte, la quartation & plufieurs autres détails
qui prouvent qu’on s’occupoit alors des mêmes
objets' qu’aujourd’hui', quoique les méthodes
ftifient plus compliquées & moins exactes qu’eiies
né le font de nos jours. Dans le huitième livre ,
il donne l’art de tirer les mines, de les griller,
de les bocarder, & fur-tout de les laver par i
différens procédés fur lefquels il infifte particulièrement
, en décrivant une foule de* méthodes
diyerfes pour opérer ce lavage. Dans le neuvième
livre, on trouve la description des fourneaux
& des fouffiets de tous les genres, ainfi
eue des procédés pour extraire en grand i’or,
l ’argent, le plomb, le cuivre, le fer, l’étain &
je bifmuth de leurs mines par la fufion. C ’eft
un vrai traitç de métallurgie. Lè dixième expofe
le départie i’or & de l’argent par Teau-forte,
ainfi que la réparation de ces métaux par le foufre,
V antimoine & la cémentation. Le onzième
exp.ofe le procédé de la liquation par laquelle il
enfei^ne à Séparer l’ argent du. cuivre & du fer
au moyen du plomb 5 enfin dans le douzième , j
il décrit la fabrication du fel commun, du
nitre, de l’alun , du vitriol fe r , du foufre,
du bitume & du verre. On doit conclure de ce
rapide énoncé que du temps d’Àgticolaon em-
! ployoit dans l’art métallurgique les mêmes mé-
; thodes qu'aujourd’hui, & que la fcience cul-
i tivéè depuis n’a fait qu’ajouter des. ameliorations,
en rejettanr lés procédés trop compliqués
ou inutiles, en rendant un grand nombre de
pratiques plus courtes 5c plus fimples.
Dans fon livre fur la nature des foffiîes,
Agricola traite véritablement la minéralogie ; il
divife les corps rerreftres en deux clafTes.; ceux
qui s’écoulent de ia terre , comme les eaux fou-
terraines & l ’air intérieur, & les foflïles. Ces
- derniers font partagés en cinq divifions. La première
comprend les terres dont il donne l’énumération
d'après leurs ufages, comme terres
agricoles , à potiers, à foulons , à peintures, à
médicamsns , &c. La féconde renferme les
fucs terreftres concrets, tels.que le fel, le nitre,
l’alun 3 le vitriol, le borax , l’orpiment , l e v
réalgar, le foufre, le bitume, l’afphahe , le
javet, le charbon de terre , le fuccinj. la troi-
fieme contient les pierres, proprement dites, le
fehifte, le gypfe , la fpéculaire , l’amianthe ,
; le mica;, les pierres figurées & les pétrifications,
les géodes, les oetites, les enhydres, les ponces,
la meulière , lès fluors, les gemmes ou pierres
précieufes tranfpârentes ou opaques comme le
jafpe , &c. les pierres fufceptiblés de poli comme
■ le marbre, le porphyre, l’ophites, les cailloux
J la quatrième divifion appartient aux
foffiîes proprement dits p parmi lefquels il range
les mines métalliques,^ plombagine , la pyrite,
la cadmie , fantimoine, le pompholix, &c. Enfin
dans là cinquième divifion , il place lés métaux ,
I l ’or, i’argent, le mercure , le cuivre , le plomb,
j- blanc ou étain, le plomb noir ou le plomb
! proprement dit, le plomb gris ou le bifmuth
& le fer. Quoique cet efiai minéralogique l’oit
.rempli de fautes, il faut confidérer qu’il eft encore
aftez remarquable, & que la méthode en
eft frappante, pour le premier fyftême qui a
été préfenté aux hommes, puifqu’avant Agricola
aucun n’avoit encore traité cette matière
difficile.
Si l’on veut bien connoître les progrès de la
métallurgie api ès cet auteur original, on peut
comparer avec fes ouvrages. 3 ceux d’ Enceiius
de Re ntctallica , publiés eii de Modeftin
Fafchdont la docimafie écrite en 1567 n’a paru
qu’ en.1595 par les foins de fon fils, ae L. Ercker
qui a publié en 1575 fon Aula Subterranea, de
J. Mathefius dans fon Sarepta en 1578. Il faut
favoir que l’on a commencé à préparer le vitriol
blanc à Rammeîberg en 1574*
Le verre quoique d’une très-ancienne invention^
n’a pas été depuis très-long-temps employé
aux fenêtres;- Quelques paffages d’auteurs anciens •
femblent annoncer que fous l’empereur Caligula (
on a connu l’uiage des vitres » niais il eft permis !
de foutenir avec beaucoup d’autres, que c’etoit \
de pierres tranfpaventes & femblables au verre
qu’on fe fervoit pour cet ufage. Il n V a pas de
doute qu’il n’ait été employé à cet effet à la fin
du troifième fiècle , d’après des pailages bien i
clairs de LaCtanee & de Saint-Jérome ; mais
ce n’étoit pas dans les maifons des particuliers j
qui n’en eurent que plufieurs fiècles après. Du j
temps de Grégoire de Tours les temples en
France étoient garnis de fenêtres vitrées. Les
grecs ont beaucoup vanté la grande quantité
de carreaux de verre dont étoit décorée la coupole
de la magnifique églife de faiifte Sophie'
elevée à Conftantinople par Juflinien.
11 paroît que vers le feptième fiècle, desatte-
liers de verrerie furent établis en France , vers
la fin du même fiècle en Angleterre, où fuivant
Fleury , cet art étoit inconnu, lorfqu’à l’époque
citée, plufieurs ouvriers verriers pafterent dans
-la Grande-Bretagne. Au huitième fiècle, les
verreries parvinrent en Allemagne & en Italie ;
au neuvième dans le Nord de l’Europe. 11 paroît
même, en lifant dans les auteurs les effets de
lumière que produiloient les vitraux des coupoles
dans les temples, qu’on employoit alors
des verres colorés. -
Long-temps avant J. C . , on faifoit en Italie
des mofaïques avec différens fragvnens de pierres •
&r même avec des petits-morceaux de verre de |
diverfes figures, dont la fabrication venoit des 1
grecs. Ce ne fut cependant que vers le huitième '
fiècle que les temples italiens furent garnis de ,
verres ou vitraux colorés. On orna alors les ;
Fenêtres de dleurs,' de couronnes, & de divers
autres genres de deffins faits avec des fragmens de :
verre de différentes couleurs. On rèpréfentamême ’
fur les vitraux dés traits de l’hiftoire fainte def-
tinés à rappelleT les.fidèles à de pieufes méditations.
D’abord on n’employa' que des. figures
noires, enfuite le rouge vers la.fin du douzième
fiècfè , bientôt cette dernière couleur devint
extrêmement rare. Dans le treizième fiècle cet
art fut connu en Allemagne , en Flandre, en
Italie. Vers la'fin du quatorzième fiècle le verre
fut coloré en plufieurs nuances, fur-tout par les
foins de Jean Vaneick, ou Jean dé Bruges 5 &
au feizièmè fiècle cet art de peindre fur verre
fût pouffé vers fa perfection : de cette époque
il alla en déclinant de manière qu’on le regarda
bientôt comme entièrement perdu.
La peinture fur l’émail eft à peu de chofes
près la même que celle fur le verre. Cet art
très-ancien fut perfectionné en Italie par Ra- j
phaêl & Michel Ange. Nery affure que ces
peintures au feu étoient fort employée s en 16019
& l’on fait que Jean Toutin, orfevre françois, les
perfectionna fingulièrement en 1631.
L’art d’imiter les pierres précieufes fut très-
cultivé par les alchimiftes. R. Lulle paffe pour
l’avoir pratiqué avec un grand fuccès, ainfi que
Ifaac le hollandais vers le commencement du
dix-feptième fiècle. Nery fit beaucoup de recherches
fur cet objet, il recueillit un grand
nombre de procédés, de recettes & il les rendit
publiques dan.s un ouvrage très-eftimé. Il apprit
a teindre le verre en rouge par le moyen de l’or ,
& à-, lui donner plufieurs autres couleurs. Il décrivit
la préparation de l’outre-mer celle des
Iacques. 11 fit aufii mention de la manganèfe du
Piémont.
Il refte encore dans les cabinets des émaux
antiques de couleur bleue provenant de i’Egypte ;
o-n tire encore des fouilles d’Herculanum des
verres teints de la même couleur. On a cru d’après
ce fait, que les anciens connoiffoient le
cobalt > mais plufieurs auteurs croient que le
fait eft douteux , & que la couleur bleue
étoit donnée par le lapis lazuli , le fer. & le cuivre
j au moins c’eft ce qui réfulte de différentes
analyfes de ces fragmens antiques.
On conferve dans plufieurs muféum & fur-tout
dans celui d’Upfal cité ici par Bergman , des
fragmens de verre d’Herculanum , qui brilloient
encore de la couleur bleue, & qui offrent à leur
furface une lame jaunâtre dorée d’un verre
appliqué très-adroitement. Ce n’eft point avec
le cobalt que ce bleu eft formé, . car en les re-,
gardant à travers la lumière , on n’y reconnoît
point ce mélange de rouge qui diftingue les préparations
vitreufes dont le cobalt fait la bafe.
De plus en fondant feuls ou avec du borax les
petits fragmens de ce verre au chalumeau, on
voit bientôt naître la couleur rouge & opaque
qui appartient au cuivre.; ,
Les. mines dé cobalt qui contiennent du bif-
muth 8c de l’argent, donnant des feories bleues^
ont dû fuggérer l’idée de les employer pour donner
cette couleur aux matières vitrifiées; cependant
ces feories ont long-temps été rejettées
parmi les matières inutiles jufqu’à ce que Se b.
Preussler élevât une fabrique de verre tfe cobalt
en Bohême vers l’année IJ71 , & Jenitz &
Harren en Saxe dans l’année 1.575. David Lei-
dler avoit déjà trouvé auparavant le moyen
d’en recueillir l’arfenic en Bohêçne , ainfi que
Jer. Zurch qui l’avoit .établi en Mifnie «1 1564.
Les peintures d’Herculanum annoncent que
les couleurs préparées à l’eau étoient connues
*