
porter les vapeurs acides dans l'eau , au lieu de
diitiller dans les {impies ballons reunis avec un
dernier perce d’un petit trou , comme on ravoit
toujours pratiqué jufqu’à cette époque pour la
diftillation des acides. 11 eft vrai que Bucquet
dans Tes cours , en montrant les flacons com-
tnuniquans 8c en faifant les opérations fous les
yeux de fes auditeurs , décrivoit avec beaucoup
de foin & de détails cet ingénieux appareil, le
comparoir aux procédés anciens , 8c en fmoit
voir tous les avantages avec cette éloquente
clarté qui ont rendu fes leçons fi recommandables
, 8c qui l’ont fait tant regretter de tous les
vrais amis des fciences ,' lorfqu une mort prématurée
l’enleva à leur culture dans le commencement
de l’année 1780. Bucquet donna même à.
la fin du fécond volume de l’ouvrage cité plus
haut 3 Introduit ion a tétude des corps tirés du ng.ie
végétal 1773 , une planche gravée contenant &
^appareil de Woulfe.pour la préparation de
l ’étner niteeux , avec le ballon ou récipient à
trois pointes terminé par quatVe alambics an-
gîois placés l’un au-deffous de l’autre , & un
appareil analogue formé de flacons communi-
quans par des.tubes 3 8c double du précédent,
en ce qu’il .commence par un flacon moyen à
trois tubulures , & qu’il donne de chaque côté
naiffance à une fuite de flacons liés par des tubes
recourbés. Ce .fécond appareil eft deftiné 3
dit Bucquet 3 à la diftillation des acides.: il eft
fuivant lui très* commode pour cette diftillation3
*> en mettant à la cornue 3 au lieu de ballon or-
M dinaire 3 le ballon à trois ouvertures 3 comme
•* pour l’ether nitreux. Les vapeurs acides en
53 plongeant dans 1 eau s’y condenfent , 8c l’air,
* qui fe dégage avec elles, continue de fé per-
« dre en paffant de bouteilles en bouteilles j la
30 dernière refte ouverte pour empêcher la frac-
*> tuve de l’appareil. Si cinq bouteilles ne fùf-
. « filent pas, on en peut mettre beaucoup plus,
» ayant foin qu’elles communiquent entre elles
M par lo moyen des tubes de verre courbés. »
On voit 3 par la defcription de ce fécond appareil
donnée par Bucquet j, que la première bouteille
a trois ouvertures étoit à moitié remplie
d’eau comme les fui vantes, 8c que la dernière
xêftoit ouverte pour donner iffue à l’air, en
forte que l’intention n’ étoit encore que d’arrêter
les vapeurs acides en les noyant dans l’eau ,
d’éviter en cbniéqnence la perte de cette portion
d’acide & les inconvéniens qui réfultoient
auparavant de fa difpéjrfion dans l’air. Il n’étoit
pas encore queftion de recueillir cet air dégagé
dans les diftülations & d’en compter le
dégagement parmi les produits conftans & certains
des analyfës.
Mais bientôt tout changea de face à cet égard
de s la publication de. [a première diftribution de
Prîcftîey, publiée en 1772 à Londres , & qui j
ne fut connue que plus d’un an après à Paris
MM. Brownrig & Cavendish avoient commencé
a fe fervir, à ce qu’il paroît, de cloches ou jarres
de verra renverfées, placées & foutenues dans
des efpèces d’auges pleines d’eaupour recevoir les
fluides élaftiques , lorfque Prieftley qui répéta
un grand nombre d’expériences de Haies & de
tous les phyficiens qui l’a voient précédé , fe
trouva dans la nécefl-.té d’imaginer une fuite con-
- fidérable d'appareils ci’inftrumens & de procédés
pour recueillir ces fluides , les mefurer, les
conferver fur l’eau , fur l’huile ou fur le -mercure,
les tranfporter d’un lieu dans un autre,
enflammer des corps fous des cloches,y ouvrir
des flacons , pour y expofer différentes fubf-
tances portées à travers l’eau dans leur capacité*
varier en un mot de beaucoup de façons
differentes fes efiais, pour connoître & apprécier
l’effet réciproque de plufieurs de ces fluides,
les uns fur les autres, ou de divers corps fur
eux. Il te fervit de cüves de terre, & enfuite
d’efpèces de bacquets remplis d’eau, dans le bord
intérieur defquels il mettoit une planche à un
pouce au defious du niveau de l’eau, & percée
vers les bords pour y placer les cloches , recevoir
au-deffous les tubes de communication, y
faire paffer les airs, les tranfvafer d’une cloche
dans une autre. Lorfqu’ il vouloit enlever une
cloche ou jarre pleine d’air & dedans le baquet
ou la cuve & la tranfporter dans un autre lieu
pour la conferver quelque temps , il glifla fes
vaiffeaux ou récipiens pleins d’air, fur des plats
ou afiiettes plongées dans l’eau , 8e qu’il enle-
voit une fois couvertes d ~ ces jrécipièns, en
laiffant autour d’eux en dehors une certaine quantité
d’eau, fupporrée par le creux dès-plats ou
afiiettes, afin trintercepter le contaéi fk la communication
avec l’air. Il multiplia , à l’exemple
de Brov/nrigg & Cavendish les appareils deftinés
à dégager les gaz , les flacons & bouteilles contenant
les fubitancès d’où les airs s’exhaloient,
foit par l’effervèfcence, foit par la chaleur , foit
par différentes opérations , en les terminant par
des tubes , traverfant les bouchons percés 8e
recourbés de diverfes manières pour pouvoir
paffer à travérs l’eau des cuves, & porter les
airs fous les cloches. Le canon de fufil également
terminé par des tuyaux de pipe 8c des
tubes de verre devint fouvent entre fes mains
une cornue, un vaifleau diftillatoire très-commode.
J i employa fouvent les miroirs pour échauffer
, allumer & brûler des corps combuft'bles,
placés fur le mercure au haut des jarres renverfées.
Des verres à pattes de quelques pouces de
largeur, 8c deux fois plus hauts .que larges»
devinrent fouvent pour lui des efpèces de récipients
, où il plaçoit des fouris dans des fluides
élaftiques , pour juger de leur effet fur ia refpi-
ration & la vie* Il portoit à travers l’eau fous
fes cloches de petits flacons à large goulot,
bouchés avec des bouchons de liège coniques, |
traverfés d’un fil de fer , allongé & recourbé,
de manière à-pouvoir les déboucher 8c les reboucher
dans l’intérieur des cloches à l’aide du fil
de fer qui s’étendoit au-dehors. S’il avoit befoin
de faire paffer de l’air d’un vaiffeau à large ouverture
dans un autre , dont l'orifice étoit très-
étroit |s il fe fervoit d’un entonnoir placé fous
l’eau dans le dernier vaiffeau plein du même
liquide , 8c il renverfoit au-deffous le premier
vaiffeau rempli de l’air qu’il vouloit tranfvafer.
Il bouchok 8c débouchoit fes flacons pleins d’air
fous l’eau en les y tenant retournés, & en plongeant
les mains dans l’eau pour y faire ces opérations
devenues ainfi très-fimples 8c très-faciles.
Il fubftituoit quelquefois les vefiàes garnies de
tubes de verre droits ou courbés, pour les remplir
de fluides élaftiques contenus dans des cloches
, en les y faifant paffer à l’aide d’un entonnoir
comme dans les vaiSeaux à goulot étroit ,
dont,il vient d’être fait mention. Il lioit enfuite
les veffies avec des ficelles, & les tranfportoit
ou les gardoit à volonté. Pour imprégner leau
d’un flufde élaftique, qu’il avoit découvert être
diffoluble dans ce liquide , il plaçoit une bouteille.
fur la tablette de fa cuve ou de fon baquet,
& y faifoit paffer le tiers , la moitié ou plus de
fon volume de ce fluide par les moyens ordinaires
> enfuite il agitoit ces deux lubftances
fur l’eau. Quelquefois une vefiie placée en intermédiaire
à l’aide des tubes , étoit ajuftée à l’appareil
d’où' fe dégageoit une efpèce d air,
& de l’autre communiquoit avec les vafes deftinés
à le recevoir 8c a s’en imprégner. Les fy-
phons de verre lui devenoient très-utiles pour
élever à des hauteurs données l’air dans les récipiens;
des pompés leur étoient auffi quelquefois
adaptées pour extraire des airs âcres ou
nuifibles : de petits godets portant fur leurs
bords de petits vafes de verre propres à y être
facilement renverfés par le moindre choc d un
fil de fer , étoient encore pour lui un moyen
de produire des effervefcences fous des cloches ,
de faire des mélanges deftinés à diminuer l’ajr ,
en un mot de mettre en çontaét avec les airs une
foule de fubftances diverfes pour en examiner
l’aâion réciproque. Enfin de petits tubes bouchés
à leur extrémité, à laquelle il maftiquoit
avec du ciment chaud un fil de fer terminé
par une balle de laiton , qu’il rempliffoitde mercure
au-defious du fluide élaftique qu’il vouloit
faire traverfer par l ’étincelle élcétriqué,
lui d< ndotent un très-bon moyen d’eftimer l’effet
delekâiicicé lur les diverfes efpèces d’air.
Ce court expofé des principales inventions
dont fe fervit le doèteur Prieftley, pour les
nombre ufes recherchés qu’il a faites , & à l’aide
defqueiles on lui doit tant de découvertes, 8c
l’ouveiture d'une fi belle 8c fi brillante carrière
aux phyficiens qui ont fuivi fes traces , fuffit
pour faire voir qu’en adoptant les premiers appareils
8c les premiers inftrumens de Haies , il les
a fingulièrement perfediionnés, & y a fait des
changemens 8c des addition^extrêmement utiles.
On peut même aller plus loin dans le jugement
à porter fur les procédés fournis aux phyficiens
& aux chimiftes par Prieftley ; fi on y réfléchit
attentivement, & fi on les compare à ce qui.a
été fait depuis lui dans les corrélions & inventions
des diverfes machines phyfiques 8c
chimiques, pour, les expériences fur les gaz,
on peut affurer que les appareils du doèieur
Prieftley, font la première Touche commune ,
la véritable origine de tous ceux qui ont ét*
imaginés & employés depuis lui, 8c par confé-
quent des découvertes qui ont été ajoutées aux
fienr.es. Enfuite, en pouffant plus loin les réfié-
xions à cet égard, & en fe demandant quelle
eft; la véritable amélioration, la véritable addition
faite par Prieftley aux premiers procédés
de Haies avec lefquels les Tiens ont certainement
le plus frappant 8c le plus certain rapport ; on
trouvera qu’il en diffère en un feui point, 8c
que ce point eft à la vérité une correction principale
, un perfectionnement capital, & fans
lequel on n’auroit pas pu faire un feul pas dans
les découvertes des fluides élaftiques, de plus
ue les premiers réfultats obtenus par Haies
ans cette carrière. Ce point eft d’avoir trouvé
le moyen de recueillir les airs dans des vaiffeaux
pleins d’eau ou de mercure , fans mélange avec
des premières portions d’air ordinaire, d’avoir
conféquemment pu faifir , malgré la reffemhlance’
extérieure , une véritable production de fluides
élaftiques , & de réelles différences entre eux
8c l’air j d’avoir mefuré Exactement les gaz , de
lés avoir fait paffer d’un vafe dans un autre 5
d’avoir imaginé l’àppareil de la cuve hydro-
pneumatique , qui permet de faire toute forte
d’opérations avec ou dans les gaz , ainfi que
les bouteilles armées de tubes , 8c propres à
conduire les fluides aériformes dans les cloches
placées fur : les cuves. Ces premières inventions
ont conduit, ainfi que l’appareil de Woulfe, à une
foule d’autres inventions fucceftives qui fe font
multipliées prefqu’à l’infini chez les différer»
peuples , où les fciences phyfiques font cultivées
avec fuccès , 8c fur-tout en France. On verra par
la fuite tout le parti que le génie en a tiré pour perfectionner
les anciens procédés, pour ajouter dans
toutes les opérations de l’art chimique une exactitude
qu’on eût envain défirée 8c recherchée
avant l’intioduCtion de ces nouvelles machines.
On reconnoïtra que ç’eft à l’admiflion de ces procédés'
induftrieux dans le plus grand nombre des
analyfës, qu’on doit une connoiffance auffi précile
des produits aériformes, que celle qu’on avoit
commencé à acquérir fur les produits conde«-
fables., foit en liquides, foit en folides. Les