
Je gaz nitreux étoit bien pur, il fe convertiflbit
tout entier en acide avec* une proportion convenable
d air vital , & nè donnoic aucune efpèce
de réfidu. L’aCtion dp l'air vital fur le phof-
phore 1 occupe enfuite y il remarque qudl s’y
confume ires-lentement , & même point du tout
lans chaleur & ians eau. En chauffant lé phof-
phore, il ne laide dans l'air qu'un réfidu quelquefois
moindre que le dixième de fon volume ,
qui eft de l'air vicié ; il avoue qu'il ne peut
donner aucune explication valable dé ce phénomène
qu'il dit être femblable avec le foufre.
Le pyrophore & les corps corobuftibles organiques
brillent, fuivant lu i, fans diminution fen-
dble dans l ’air vital, parce qu'i!s fournirent
d§ leur «propre fein autant d'acide aérien qu'il
y a d'air vital déduit par la flamme ; le depot
lenl du foufre du gaz hépatique par le contaét
de l'air vital, eft expofé fans explication. Quant
à la ca'cination des métaux imparfaits, quoiqu'il,
dife qu'on peut l'expliquer par la’ pro-
miétion de l'acide aérien , ou par celle de la
chaleur ; il avoue que la répugnance qu'ont beaucoup'.
de chaux métalliques pour le premier
de ces corps, eft une difficulté réelle y en con-
féquenee il penche toujours pour la théorie
de Sch,èele , c’eft-à-dire , pour la formation de
la chaleur parle phlogiftique. des métaux uni à
Tair vital y dans cette hypothèfe, l'augmentation
de poids des chaux métalliques, provient
ou de 1 acide aerien iosfqu'on, l'y rencontre
ou de Ja matière de la chaleur, dont la'quantité
fpécifique augmente dans les chaux : enfin j
il appelle aufli à fon fecours l'humidité .abfor-
bée par la malfe devenue fpongieufe. Cette triple
hypothèfe dont Bergman a befoin pour expliquer
les phénomènes de la calcination métallique
, & l'embarras qu’elle apporte dans le langage
& les raifonnemens de ce chimiite, font
voir allez combien elle eft éloignée de la vérité
fi on la compare aux idées fimplcs , & - à la
clarté que Lavoifier avoir déjà répandues fur ce
même phénomène.
L'explication de la trente - fixièmè colonne,
deftinéé aux attrapions éleéiives du phlogifti-
que §. 4 7 , expofe les propriétés & les com-
binaifons de ce prétendu principe 3 comme fi
fon exiftence étoit bien démontrée & bien aftii-
Tée. Il croit qu'elle a été mife hors de' doute
par Prieftley & Kirv/an. U; e augmentation de
cha-eur fpecifique lui fait prendre la forme dé
gaz inflammable 5 il trouve cependant de grandes
difficultés-pour apprécier les affinités de cet être;
Il en diftingue des portions diverfes dans chaque
corps, & fur-tout dans les métaux par rapport
à la manière dont il y adhère j il eii conclu d
que dans la doctrine des affinités plus avancée,
il fera néceffaire de rapporter plufieurs fois la
même fubftapçe fuiVant qu'eiiç plu? pg
moins changé de natuïe dans différentes cir.
confiances. La réduction des chaux- métalliques
par le gaz inflammable, eft un des. phénomènes!
qu'il attribue au phlogiftique y & cependant os
p/z n’eft pas fuivant lui le phlogiftique pur.'
En général, ce paragraphe eft rempli non-Lu-
ien^nç d'incertitudes & d'idées, vagues fur fi
nature intime du phlogiftique , mais encore d’embarras,^
de doutes, fur fes affinités.
^ Quant à la trente-feptième colonne furja matière
de la chaleur qui fait l’objet du §. 48 , l'auteur
commence par annoncer fon exiftence comm*
une chofe bien prouvée, & s’occupe enfuite de
fa nature y le feu lui paroîtaêtre plutôt l'effet de |
fon aPion qu'elle-même ; ilexpofe trois fyftèmes
fur fa nature y l’un qui l’admet dans la lumière
laquelle plus ou moins denfe, forme les différences!
de la température , & combinée intimement
dans lés corps , conftitue le phlogiftique. Quelque,
fimple que foit cette hypcthelè, elle-ne lui paroitj
pas admiflîble, s'il eft démontré, dit-il, que le
phlogiftique mis en liberté , n eft que.du gaz,
inflammable ; d'ailleurs la lumière lui femble
moins fubtile que la chaleur. Le fécond fyftême
; confifte à. diftingper la chaleur comme le feu
libre, & très-différente du phlogiftique, qu'elle
chalfe d'un corps lorfqu’elle y pénétre. Enfin,
le troifième fyftème eft celui de foa ami l'ingé-1
nieux Scheele, qui penfe que la matière de la
chaleur n'eft pas \ une fubllance fimple , mais
qu'elle eft compofée de l'union intime du phlo-1
giftique. & de l'air vital y la lumière lui paroît
etre la matière de la chaleur combinée à un
excès de phlogiftique.
Quoique^ cette hypothèfe ne foit pas exempte
de difficultés, elle lui a femhlé plus conforme I
que les autres aux expériences, & il s'en eft
le plus fouvent fervi clans Ces explications. 11
pafle à l'expofe des combinaifons de la chaleur |
avec les cosps , de la différence de la chaleur
fenfible & de la chaleur fpécifique ; il fuit à cet
égard les idées de Black, Cullen-, Wilde ,
Crav/ford y ^ l’augmentation de poids des corps
lui par oit être due à la chaleur fixe, dont la
quantité fpecifique a en effet été trouvée plus
confiderabîe dans la plupart des corps brûlés que
dans les mêmes coi ps avant leur combuftion^
Le feul rapport avec le? idées & les réfultats
de Lavoifier, que l'auteur paroît connoître à
cette occafion, puifqu’il le cite pour la formation
des acides, eft cette phrafe de Bergman :
” la matière delà chaleur ne coïncide-t-elle donc
pas avec la combinaifon de l'air vital & dn
phlogiftique» ! Il s'occupe enfuite de la formation
j des fluides élaftiques qu'il attribue à la combinaifon
de la matière de la chaleur' 5 il y
admet encore le phlogiftique en fe fondant fur
' tes .&Yej§ fluide? ikftique* fpumés pa* l’acide
I^tfeux , 8c en revenant encore fur l’analogie^ 8c ]
lia prefque identité de l’air nitreux & *de l’air
Ivital. Il diftingue les gaz des vapeurs conden-
| fables par le refroidiflement & des fluides éther es
[ tels que la chaleur , le fluide magnétique & le
I fluide électrique qui pénétrent & traverfem-tous les
Ic'ofps, Il donne une table des chaleurs fpéci-
[ fiques examinées jufqu'à l'époque ou il écrivoit,
I & termine cet article par l’examen de l'origine,
[de la propagation , &: des fuites du feu dans
I les corps inorganiques , & dans les corps orga-
I niques, ainfi que de la production de la cha- leur animale. *11 n'y a dans ces details rien de I plus ni de différent de ce que nous avons
[ expofé jufqu'ici , mais le paragraphe ^eft ter- I miné par l'énoncé d’une expérience qu'on a op- I pofée à la doCtrine moderne , & que cepen-
| dant cette .dourine explique bien plus facile-
f ment 5c furement que les autres théories. Il
J s'agit d’une production d'acide aérien par la dif-
I filiation du mercure précipité p e n f e avec ’de la
i limaille de fer. Kirwan qui l’annonçoit à cette
| époque à Bergman, la donnoit comme une preuve I de la formation de l’air fixe par l'air vital S t- le I phlogiftique y Bergmany àjoutoit , on -ne fait
] pourquoi, la converuon de l’acide aérien en
j air corrompu ou vicié j cette dernière affertion I eft une erreur y quant à la première , c'eft, I à-dire, à la formation d’acide aérien par-lepré-
[ çipité p e r f e & le fer , elle dépend manifefte-* I ment de la préfence du charbon dans le fe r ,
' comme cela a, été reconnu par Bergman lui-
[ même, qui dans un grand nombre de fers diffé- I rens, a trouvé plus ou moins abondamment de I la plombagine, c’eft-à-dire , une combinaifon
I naturelle de charbon & de fer. Toutes les
affertions , toutes les hypothèfes de Bergman,
: qui tiennent comme on l’a vu à l’état d’anxiété
& de crife , où étoit manifeftement la fcience
t chimique à l’époque où il a écrit cette belle
[ diffèrtation fur les attraCUonséleCtives, ne por-
I tent cependant aucune atteinte réelle à la doc-
| trine que Lavoifier propageoit alors, & qui quelques
années après la publication de la 2e. édition
ae cette diffèrtation faite en 1783 , a eu , comme
nous l’expoferons bien-tôt, la gloire de rallier
I autour d’elle les principaux chimiftes de l'Europe.
La fixième clalfe des ouvrage!? de Bergman,
I comprend ceux qui ont produit de nouvelles
! méthodes d'analyfe , ’& quoiqu'on puifife y rapporter
une foule de fes dilfértadons, puifqu'il
! n'en eft prefque pas une qui ne contienne en
effet quelques procédés ouquelques expér ences
: Propres >à répandre ’ un jour nouveau fur
j «art d’anaîyfer les compofiiions chimiques na:
turelles , nous diftinguerons cependa t pour cette
clafTe deux differta'ions confacrées à rtxpofiiion
de méthodes completces autant que no.ivt lles
d'analyfe,r les minéraux. L'une traite de l 'filage
du chalutnean à fonder appliqué à Texatr en des
foftiles ; l’autre de l'art - d'eflayer les mii.es par
la voie humide. La première intitulée, c e tàbo
ferruminâtorio, ejufdemquz ufu in expLorandis corpori-
bus pr&fertim mineralibus , a été écrite en '1777a
envoyée par l'auteur au minéralogifte de Born,
qui l’a fait imprimer à Vienne en.1779 5 elle a
reparu depuis dans le fécond volume des opuf-
cules , publié à Upfai en 1780. Bergman a
appliqué avec beaucoup d'exa&itude & de finelf®
cet inftrurnent .employé pour la première fois en
1738 par A. Swab y il eft devenuentre fes mains
un moyen fécond de diftinguer & de reconnoître
les fubftances minérales y il a préfenté dans une,
difpofition méthodique tous les effets que la
flâmme du chalumeau produit, 8e quoiqu'on ne
doive jamais compter ce procédé au nombre de
ceux qui appartiennent à une anrdyfe exacte &
décifive, les réfultats pré iminaires qu'il fournie
apprennent fouvent au minéralogifte tout ce
qu'il a intérêt de favoir; enforte que le chalumeau
renfermé dans une petite boëte portat've
avec un^marteau, un petit tas d’acier, une petite
hache, un briquet, un flacon d'acide, 8è cinq
à fix réactifs ou fondans falins 3c fecs ,• forment
pour le minéralogifte voyageur un magafin commode
qui lui tient lieu de laboratoire au moins
dans fes courfes minéralogiques. On fait combien:
cet ingénieux appareil eft au jour cihui employé
dans tous les pays où l’on étudie avec foin les
propriétés des mines, & fur-tout en France où
certe fcience foit comme théorie,foit comme art, a
prodigieufement gagné depuis quinze ans.
La fécondé diffèrtation qui contient une nouvelle
méthode d’analyfe , a pour titre , d e m in e -
rarum d o c im a f iâ h um id â . Elle a été louténue en
thèfe le 7» juin 1780 inférée avec la précédente
dans Le fécond volume des opufcules
de l'auteur, publié la même année- à Upfai.
Avant cet ouvrage , les chlmft-s S t fur - tout
Monnet & Bafyen-, avo.ent parlé avec quelques
détails de l'aélion des acides fur plufieurs tûmes
mais ils n’a voient pas été iufqu'à génavîîfer
cette aêtion, jufqu’à en faire une fuite de procédés
analytiques propres à faire co noïtre avec '
exa&itude les compolans de tout, s Us mines ,
& tel a été le but de Bergman dans la differration
qui nous occupe On i (Tavoit les min s avant
lui , mais il a e: feigné l'art de les ar.alyfet
cbmplettemênt > tout avant lui s exécütoit pat
lé feu i une partie du rré-.il fe confondoit & fe
cachok avec les fondans ; tous les produits
volatils, étoien* perdus y les matières tes plus-
fixes - reftôient feules au fond du creuf t. Les
diflolvan acides employés au contraire avec les
foins qu’il a preier ts , opèrent f ns p rte 8c
fans erreur, des changemens qu’on peut apprécier
avec exactitude, & fép ter t les uns des
autres"lès matériaux, qui entrent dans la compo*
V v T i