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lorfqu'on ,â enflammé le gaz hydrogène qui le
con,cietït,., & s'en précipite fur le$ .parois du
.vafe, où Ton opère cette inflammation. Les
procédés pourfe procurer ce gaz hydrogène phofphoré',
ont été multipliés depuis la decouverte
du citoyen .Gingembre»’ Le citoyen Raymond ,
llun, de mes "é-èves /a donné en juillet .1791 3
datte les Annales de chimie, un moyen de fe
pn-oçur'er ce gaz beaucoup plus facilement &
fp!us abondamment qu'on ne l'a voit eu jufque-là j
.ce procédé confifteà. chauffer le phofphore avec
•de la chaux vive légèrement humeétée dans une *
cornue de grès , dont le \bec porte un tube qui
plonge fqus-de,s cloches pleines de mercure. .
Voici comment il eft décrit par fon auteur.
On prend deux onces de chaux éteinte a l'air &
un gros de phofphore coupé par petits 'morceaux
} .on réduit ce mélange en une efpèce de
pâte avec une demi-once d'eau > on l'introduit
promptement dans une petite cornue de grès , à
-laquelle ou adapte un tube de verre, recourbé
dont-'le diamètre m'excède pas une ligne & demie,
& dont l'extremité recourbée plonge fous
*tne; cloche pleine d'eau dans une cuvepneumato-
chimique. Après -avoir bien luté cet appareil,
on chauffe: par degrés^ & le gaz fe dégage lentement
; on peut en recueillir au moins trois
pintes , du mélange indiqué.
■ . : Il paroît que le citoyen Raymond a trouvé
quelques différences entre ce gaz & celui qui a
-été de-couvert -par le citoyen Gengembre , puif-
-qu'il nomme le fien g a^ h y d ro g è n e p k o fp h o r eu x 'y
-tandis » que le dernier eft déflgné par les mots cte
•gà% -hydrogéné, p k d fp k o r é . L'analogie de la nomen-
-clature doht les réglés lui font bien connues ,
nous porte à croire qu’il a penfé que fon gaz
• tenait moins de phofphore que le premier. Il |
iObfèrve j au reïle , qu'après l'opération il relie .
un mélange, de chaux <& de phofphate de chaux
dans l'a cornue.
M. Pearfon, profeffeur de chimie à Londres,
dans ; un mémoire lu en mai 1792 à la fociété
rpyale , dont les expériences ont été faites
dtans l'ailtomne de -1791 3 phifieurs mois apres
la puUic-ation du ménjoire du citoyen Raÿmond ,
,a donné des details très intéreflans fur la com-
binaifon du phofphore avec la chaux vive , & -
.fur; la production remarquable de gaz hydro-
.gène phpfphoré qui en ré fui te : 240 grains de
chaux vive & 6 0 grains de phofphore ont été
chauffés dans un tube de verre luté jufqu'à erre
tenu rouge pendant, 20 minutes. Le tube refroidi
& caffé, M. Pearfon a trouvé au fond une pou- j
dre noirâtre & blanche , pefant 30 grains j -ayant
été étendue de 4 à j pouces, elle a pris une j
couleur rofe , qui par le conta# de l'air s'eft ;
changé en rouge brun. La chaux a voit à peine ‘
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•changé de couleur., mais elle avoir une odeür
d’ail , comme le refte Hè, la poudre qui étoit
dans le tube. Ayant voulu goûter un peu de la
poudre rouge , M. Pearfon vit avec furprife
quelle fitexplofion fur fa langue. 11 en mit quelques
grains dans plusieurs onces d’ea.u froide ,3
qui ne parut pojnt la diffoudre j elle devint-noire,
o c en quelques minutes il s'en dégagea des bulles
d'air qui gagnèrent la furface de l’eau , 8c brûlèrent
avec explofion , en produifant un nuage
blanc, qui-s'étendit en s’élevant dans l'air juf.
qu'à ce qu'il fût tout diffous. La poudre continua
à donner de ces bulles de tems en tems
pendant une heure. Il reftoit un fédiment gris
■ compote de phofphate de chaux & de chaux;
l'eau furnageante avoir un goût fort d'eau de
chaux. Jetée dans!'eau chaude, cette même poudre
fit une explofion plus rapide 8c plus bruyante
que dans l'eau froide , moins cependant que
celle qui a lieu avec le gaz produit par l'ébullition
du phofphore dans une lefiiye d'alcali fixe
cauftique. En plongeant la poudre fous une jarre
pleine d'eau , on recueille une quantité de gaz
combuftible, qui lamé en conta# avec l'eau,
perd en deux jours fin inflammâb.lité fponta-
née en dépofant du pholphore ; obfervation qui
avoir été faite aufli par le citoyen Raymond. M.
Pearfon , qui regarde cette poudre comme un
^phofphure de chaux , lui reconnoît la propriété
de décompofer l’eau à froid , & de former ainfi
d’une part du gaz hydrogène phofphoré qui fe
dégage, & de l'aùtre du phofphate de, chaux
qui fe précipite , le premier aux dépens de
l'hydrogène , le fécond aux dépens de l’oxigène
feparés de l’eau.
Le citoyen Pelletier , l'un des -ch i mi fies mo-
.dèrnes qui a le plus travaillé fur le phofphore,
a décrit avec beaucoup de foin fes combinaifons
avec les métaux ou les phofphùres métalliques.
Il a auffi fait oonnoître fa combinaifon avec
le foufre, 8 c fur - tout celle qui , formée de
parties égales de ces deux corps combufti-
bles ,- acquiert la propriété de fefter liquide
& fous la confiftance d'une huile , à des températures
plus baffes que n'ont coutume d'en
fupporter les matières.huileufes fans fe concréter.
Get habile chimifte , que fon zèle -8c fon ardeur
pour les progrès de la fc-ience ont phifieurs fois
ex.pofé à être bleflé par des inflammations &
dqs détonations chimiques , a prouvé par l'une
de ces dernières expériences que le gaz hydrogène
phofphoré , qui ne contenoit point aflèz
de phofphore pour s'enflammer par le eontsft
de l'air atmofphérique ou de l'air vira-l, s'allume
,& détone cependant par le conta# du gaz nitreux.
Cela doit rendre les chimiftes circonfpects
lorfqu'ils font des expériences & des efl’ais fur
les fluides élaftiques qui tiennent du phofphoré
en diffplution.
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Dan,* ces derniers tems ( fin de 1795 8 c commencement
de 1.796 ) on a été plus que jamais
[porté à ranger l'azote parmi' les corfis combuf-
Itibles, non-feulement à caufe de fa propriété de
L>unir à l’oxigène, mais encore par fes affinités
avec les fubftances inflammables., telles que l'hy-
wrogène , le phofphore , le foufre , le carbone ,
[aveç)efqu9ls on le trouve aujourd’hui rréquem-
[ment combiné j ou que l'on rencontre fouvent
diffous dans le giz azote, L'expreffioiyde nitro-
[gène qui avoir été' prôpofeé lors de l ’établiflè-
m-ot oe la nomenclature méthodique pour dé-
[fignèir labâfe du gaz azoté, nomttfé jufqu'alors
[air p h lo g iftiq u é 3 ou m o fe t te -a tm o fp h é r iq u e ■> a été
[définitivement adoptée par le cit. Chaptal dans fes
E1émens de chimie.
La fociété des chimiftes d’Amfterdam , formée
des citoyens Bondt, Deiman , Paàts Van-
Trooftv/yk &c LauWerénburg dont il a déjà
été parlé pjhifieurs fois dans cette hiftoire , a
cru reconnoître, au commmencement de 1794,
dans des fulfures métalliques , & furtout dans
le fulfure de cuivre, la propriété de brûler
fans air vital, ,& de s'allumer dans, des gaz qui
ne- peuvent pas fervir à la combuftion. Les ad- ;
verlaires de la doctrine pneumatique .croirohnt
j inutilement pouvoir tirer parti de ces expériences
, puilqu'en les eonfidérant avec attention,
on îeconnoît qu’elles, ne peuvent auto-,
rifer aucune objection nouvelle contre les bâfes *
! de cette doctrine, fi fortement défendue d'ail-;
leurs, & confolidée depuis par les divers travaux
des mêmes chimiftes d'Amfterdam, qu'on
rangeroit bien à tort parmi fes antagoniftes.
Voici comment les expériences font indiquées
[ dans le Bulletin de la fociété Philomatique de'
Paris , numéros 33 & .3 4 , floréal A: prairial
‘ an 2 ( mai & juin 1794).
Le citoyen Van-Mons de Bruxelles.a cpmmu-
[ niqué les expériences faites par cinq chimiftes
i hoilantiois fuî .l'inflammation d'un mélange rde
foufre & de quelques métaux dans dès circonÇ-
tances qui fembloient exclure la poflibilité du
concours du gaz bxigène ou air vital.
Du foufre dépouillé de tout acide par l’am-
I moniaque & par lè lavage , & foigneufement
| féché , étant joint à de la limaille de cuivre,
de fer, d’étain , de plomb qui n'étoient porint
du tout oxidés , a brûlé avec unô/ très - vive
I flamme , i ç. dans des fioles à ouvèrturè étroite ,
oq lé foufre feul fe volatilifoit fans s'enflammer .;
i°. dans le vide ; 30. fous des cloches dans le
gaz azote , hydrogène & acide carbonique ;
. 4 . dans des tubes pleins de mercure ou pleins
. d’eau.
S i, a# lieu des métaux que nous, venons de
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nommer, on employoit de la limaille de zinc.,,
l’inflammation n'avoit lieu qu'à une très- forte ’
chaleur ; mais le mélange une fois enfla'mmé , ’
brûloit avec plus de vivacité & avec détonation.
L’antimoine, le bifmuth > le cobalt & le
mercure ne donnèrent avec le foufre aucune
marque d'inflammation. Les fulfures métalliques
mis en expérience , ne préfentoient pas , après
cette inflammation , la plus légère, apparence
d’oxidation. Ils décqmpofojent l'acide nitrique
dans des proportions parfaitement correfpon-
dantes ^ foit qu’ils eufîent brûlé ou non.
Le. foufre'feul, les métaux feuls , ou avec
le charbon & le phofphore , traites de la même
maniéré, ne produiurent pas la moindre inflammation
.
Ces expériences répétées par le. cit. Van-Monsy
lui ont donné les mêmes réfultats, à quelques
légères variations près. Ce chinîifte à trouvé-à
cette o.ccafion que le foufre, même lavé avec
l'ammoniaque , contenoit toujours deToxigène ,
& donnait du gaz acide carbonique „ étant dif-
tijlé avec du charbon à l’appareil pneumato-chi-
: mique , tandis que le charbon bien pu^r n’en
dpnnoit pas.;
Ayant,fait brûler, à l’air libre , des fulfures
métalliques., il a obfervé un dégagement ^onfir-
déràble d'acide fulfureux qui n'a ceffé qu'avec
l'extir.âion ffes fulfures. Ayant trai,té enfuite la
maffe éteinte avec du charbon fous .du. mercure,
le gaz acide carbonique qui s?en . eft dégagé,'
n’étoit pas en volume fenfiblement plus .confi-
dérab.le que celui qui s’étoit dégage- des fulfures
formés hors du conta# avec le gaz oxigène;
d’où le cit. Van-Mons: conclut que. le gaz, oxigène
fixé, avoit fervi en totalité a former , avec
le foufre, du gaz fulfureux, 8 c ppint d’oxide
• de cette fubftance.
Il regarde comme infuffifante pour’èxpliquer
l’ inflammation des fulfures dans l'expérience de$
chimiftes hollandois , la fuppofition du paffage
de L’oxigène du foufre dans le métal ; il s'arrête
en conféquence à une autre explication.
Cette explication côhfifte à admettre ' dans les
fulfufes métalliques une capacité pour contenir
le calorique beâùèoup inférieure à' là capacité
réunie du foufre" & dès métaux qui les compo-
fent, dans lequel cas , l'excédent du calorique
doit devenir., en fe dégageant , fenfible à nos
fens. If paroît, au refte, que quelques parcelles
d'eau melee au fulfuré ont pu être la caufe des
inflammations qui ont quelquefois eu lieu dans
lés expériences indiquées / d’autant plus que',
* répétées à l ’école’polytechnique de Paris parle*
* D d d d 2 . *