
à Geoffroy l’aîné, Geoffroy le médecin, auteur
de la mltièré médicale , le premier reçu
au renouvellement de l'académie des fciences en
1699 a qu'on doit cette belle idée de la table
«es rapports ou des affinités chimiques.' Il la
préfenta dans un mémoire à l'académie le 27
aout^ 17 ï , avec la clarté & la fimplicité qui
caractérilent tous les ouvrages de cét habile
chimifts. II en offrit la première efquilfe dans
fe/ze colonnes, qui préfencoient de fuite , 8c
pour me fervir de fes expreffions , les efprits
acides en^ général , l'acide marin , l'acide
nitreux , »' l'acide vitriolique , les terres abfor-
bantes, l'alcali fix e, l'alcali volatil, les fub-
ltances métalliques en général , Je foufre , le
mercure , le plomb, le cuivre , l'argent , le
fer , le régule d'antimoine & l'eau. On voit
dans le court ëxpofé qui précède cette. table
que Geoffroy ignofoit encore la nature de l'alcaii
minerai ou de la loude , qu'il croyeit la baie
du fel marin tme terre particulière ; on y
trouve plufieurs fautes capitales fur les affinités
de ^ 1 alcali volatil & des terres abforbantes 5
mais il étoit difficile de les éviter alors, ;
& il ne faut voir dans .cet ouvrage incorrect
& inexadt qu'une ébauche ingénieufe d'une des
pliis belles & des plus utiles découvertes qui
aient été faites. Cette idée lumineufe a fervi
de flambeau pour guider les pas des chimiftes,
& elle a produit un grand nombre de travaux
utiles. Depuis l'année 1718 jufqu'en 177c J
époque où l'illuftre Bergman , chimifte fuédois •
dont nous parlerons dans le paragraphe fui van t '
a publié la dernière table d'affinités que l'on con-
noiûe, les chimiftes ont ajouté fans ceflfeà.ce
premier travail ; ils en ont corrigé les erreurs
•réparé les omiffions & completté les lacunes*
Elle a fur-tout été corrigée & augmentée d'une
manière notable , non par le nombre des additions
3 mais par jleur exactitude , leur préci-
fion 8c leur néçefiité, par les foins de Rouelle.
C'eft fur-tout par rapport aux matières falines
£ * .^urs a&ions réciproques que ces tables
d affinités ont exprimé des vérités suffi utiles
qu importantes , & elles ont contribué autant
que les traités élémentaires de chimie très-
multipliés pendant l'époque qui nous occupe
à répandre le goût de la fciènce & à en faciliter
l'étude; car il c-ft évident que fi les affinités
chimiques éroient exa&ement connues
«ntre tous les corps de la nature , 8c qu'ainfi
leurs adions intimes & réciproques enflent
toutes été développées par des expériences
exactes & familières, toute la chimie pourroit
être contenue dans quelques tableaux ; 8c fon
enfemble quelque immenfe qu'il foit, feroit ap-
perçu pour ainfi dire d'un feul coup-d'ceil. Y
Les tentatives chimiques multipliées de toutes
parts y les laboratoires nombreux te dans la
f> a grande adivité dans toute l'Europe , le
goût des expériences qui avoit fâifi tous les
efprits j & les applications perpétuelles des
! decouvertes de chimie aux arts utiles, tout
. concourut a faire faire au commencement de
: notre de rapides progrès à la chimie. Ce
que nous venons de dire fur les terres & les
Tels peut etre appliqué également aux matières
combuftibles & aux métaux.
Les académiciens del Cimento, Averani &
Targioni avoient- vu à Florence eh 1694 &
169S Ie diamant fe détruire au foyer du verre
ardent. L'empereur François I fit, long-temps
apres, la même expérience à Vienne „ mais
1 atl fimple feu des fourneaux : ce ne fut cependant
que dans les recherches faites à Paris en
10 7 3 qu on trouva que le diamant étoit un
r*rPki com^u^I^ e & brûloit avec une flamme
fenlible j car dans les expéiiences anciennes, 3
^e "Vienne on n’avoit vu que la Ample
aiiiipation ou volarilifation du diamant; on ne
I attnbuoit qu'à une efpèce d'exfoliation &
meme au brifement fucceffif des couches ou
reuillets dont ce corps eft compofé. En forte
qu on n avoir fait que confirmer les idées de
Boyle qui avoit avancé que le diamant conte-
noit quelque chofe de volatil, tandis que la
conjecture plus hardie 8c plus ingénieufe de
#f;: 1 inflammabilité de ce corps, ne fut
vérifiée qu en France 8c plus d'un demi fiéc!e
apres les premières tentatives italiennes. On
n en reconnoît pas moins dans ces dernières le
parti fagement pris d'interroger la nature’même
par I expérience , & de ne croire qu'à fes ré-
ponfes. '
Dans l’époque qui fait l ’objet de nos dérecherches
, on a reconnu quelques propriétés
importantes des vapeurs des mines , & l'on a
prefque touché la découverte des gaz. Déjà
Paracelfe & Vanhelmont avoient entrevu le
rapport qui exiftoit entre certaines mofettes fou-
.terrâmes & 1 effluve dégagé pendant la fermentation.
On apprit bientôt par l'obfervation que
certaines vapeurs louterraines éteignoient les
lampes , que d autres s’enflammoieat par leur
contaél, que les unes 8rles .autres fuffoquoient
également les ouvriers, que quelques-unes
pienoicnt feu fpontanément & Ie mettoien.
enfune au charbon de terre & aux bitumes rens
fermés dans_ les fouterrains. Lémery trouva U
moyen d imiter la produûion & l’inflammation
des volcans , en expoiant à l’air un mélange de
foufre en poudre St de limaille de fer arrofé
d eau. On expliqua parla même caufe la tem
perature élevée des eaux thermales, la mînéra-
hfatton des eaux fulfur?ufes Srdes eaux vhrio-
hques. Le foufte lui-meme fut mieux examiné
& mieux connu qu'il ne l’avoit été jufques-là)
©n le/fui vit avec plus de foin & de précifion
dans les compofes naturels ; Stahl rechercha
fon rapport avec l'acide vitriolique, & s'il ne
trouva pas - la vérité, il mit au moins les
chimiftes dans une route nouvelle , qui les a
conduits à des découvertes précieufes.
C'eft aüffi dans l'époque qui nous occupe qu’on
a fait la véritable découverte du phofpnore qui
porte le nom de Kunckel , quoiqu'elle ait d'abord
été trouvéè en 1^77 par Brandt, bourgeois
de Hambourg, occupé du grand-oeuvre ; mais
Kunckel ayant été trompé par Krafft, qui de-
voit luivant leur convention, lui communiquer
le fecret qu'il avoit acheté de Brandt , fe mit
à travailler avec tant de fuite & de confiance
fur l'urine, d'où on lui avoit dit que le phof-
phore étoit tiré, qu'il parvint à faire du phof-
piïore. Aiiflî les chimiftes ont-ils long-temps
défigné ce corps combuftible par le nom de
phofphore' de Kunckel. Boyle paffe auffi pour
av^oir trouvé le phofphore après, én avoir vu
à Londres un petit morceau entre les mains de
Krafft, 8c pour en avoir préfentéen i 68oàlafociété
royale de Londres ; mais Stahl raconte que Krafft
lui a dit avoir communiqué le fecret à Boÿle^.
Qùoi qu’il en foie, ce dernier phyficien conimu-
0 qua fon procédé à Godfreid- Hankwitz, allemand,
ayant un très-beau laboratoire à Londres,
ont. fur-tout occupé les chimiftes & reçu une
grande adivité après l'établiffement des aca-
; démies, & àjpartir de lajfin du fiècle dernier jufqu'à
| l'époque moderne, qui fera le fujet du paragraphe
qui va fuivre. Entre les expériences nombreufes
que les chimiftes qui n'avoient point encore
renoncé tout-à-fait aux efpcrances chimériques
de, l'alchimie ont continué de faire fur ces
fubftances, deux hommes également laborie >
également infatigables, le livrèrent à des recherches
qui en fit une fpéculation commerciale & en
vendit affez long-temps ‘à tous les phyficiens
de l'Europe; quoique les procédés de Boyle,
de Krafft, de Brandt, de Homberg, de • Tech-
meyer ,de Hecvreatui«. Sr d'Hoffinxn|aient été
fttcceffivemen't publiées dans plufieurs ouvrages, •
l’opéràtion du phofphore fut prefque regardée
comme un fecret, tant elle préfentoit d'incertitudes,
& de difficultés , jufqu'en 173,7, qu’elle
fut décrite avec beaucoup de clarté & de précifion
dans les' mémoires de l'académie des
fciences de Paris.. Margraf a en fuite fingulié-
rement ajouté à là fimplicité du procédé en
1744 , &,p^us vingt-cinq ans après Schèele
& Gahn l'ont rendu encore beaucoup plus facile
par une découverte capitale fur la préfence de
l'acide phofphoriqtie dans les o s , comme nous
le dirons dans le paragraphe fuivant. La découverte
du phofphore eft certainement une des
plus belles & des plus extraordinaires qu'oa
ait' dues à la chimie, mtis elle n*a pas eu jufqu'à
ces derniers, temps toute l'importance 8c toute
l'influence qu'elle méritoit, à caufe de la rareté
de ce corps combuftible. & de la difficulté extrême
■ de l'extraire des compofés dont il fait
partie. Elle devoir cependant faire une époque remarquable
dans-rhiftoire de la fcience, fur-tout
après, lès recherches auxquelles Margraf fournit
lê phofphore..
Les travaux far. lès: fubftances. métalliques
immenfes fur les combinaisons métalliques
, fur l'union des métaux entre eux &
avec le foufre, fur leurs diffolutions dans les
acides ; ce font Kunckel te Henckel , auteurs
. de deux ouvrages pleins de faits exads & d'ob-:
feryations précieufes, le premier ayant pour
titre laboracorium chemicum , l ’autre pyritoLogie.
Sans l'étonnante révolution que la chimie a éprouvée
par la découverte des gaz , on pourroit dite
qu'il n'y a prefque rien eu d’ajouté à leurs
expériences; & qu'ils avoient vu prefque tout
ce qui eft relatif aux phénomènes dent il effi
question. Sans les grands changement que cette
révolution à amenés & les nouvelles idées quelle
a répandues, on pourroit dire que les chimiftes
qui ont fuivi Kunckel & Henckel. dans la
^arrière , qu'ils- ont ouverte,n'ont prefque fait que
répéter leurs expériences , & ajouter quelques
■ laits à, la mafte de ceux qu'ils avoient obfervés
8c recueillis. Il faut cependant compter parmi
les découvertes capitales ajoutées à celles de
ces- hommes célèbres , 8c faites dans l’époque
dont nous nous occupons,. celles de plufieurs
matières m é ta lliq u e s te fur-tout du cobalt
dué au chimifte fuédois Brandt , de l arfénic
, - qu*on a mieux traité 8c qu’on a rangé.avec raifoa-
: parmi ce qu’on nommoit dés demi'métaux >
. ; du zinc & de fes différentes mines , qu'on a
; mieux connues, par les travaux de Pott 8c Mar-
graf% Il a été fait auffi de grands travaux 8c
quelques decouvertes intéreftàntes fur le fe r ,
fur l’antiifiOinë^-Tùr le mercure ,. fur-tout relativement
aux préparations médicamenteufes ;
c'eft auffi aflez long-temps,depuis les grands
; travaux des tninéralogiftes allemands que les
. propriétés du platine comme métal particulier,
• préléntant des qualités analogues 8c fupérieures
;■ même' à celles de Fo r, ont été découvertes,
; : ainfi que la'nature diftinéle du nickel, regardée
. [ auparavant comme une efpèce de cobalt ,.& celle-1
: du manganèfe confondu long-temps foit avec les
mines de fer , foit avec celles de zinc. Il n’effc
i pasqueftion ici du tungftène & du molybdène;
: parçe que leur découverte tient à celles crut
' ont été faites à là dernière époqne de là fcience
: chimique , & elle doit être renvoyée au paras*
graphe fuivant..
; Au. milieu de tous ces travaux fur Tes. fubftances
; métalliques^,, il étoit impoffible que les arts qui