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tier par la diftillation. La diffolution muriatique
d'étain abforbe & condenfe le gaz oxigène avec
lequel on la met en conta& jufqu'à ce qu'elle
en fait faturée. Elle enlève l'oxigène fur le
champ à l'acide muriatique oxigéné liquide , qui
perd à l'inftant mêmê fon odeur & Ces propriétés
diftinétives > elle décompofe l'acide nitrique
concentré avec un mouvement violent & dégagement
fubir de gaz nitreux j elle arrache de
même l'oxigène à l'acide fulfureux , dont une
partie du foufre précipité avec de l'oxide d'étain
, forme un jaune que le citoyen Pelletier
croit propre à la peinture ; elle enlève également
l'oxigène aux acides arlénique & arfénieux
qui palpent à l’état d'arfénic noir & métallique,
aux acides molybdique & tunftique, qui deviennent
tout à coup molybdène & tungftène en
poudre bleue , à l'oxide rouge de mercure &
au fubh’mé corrofif, qui fe convertiffent en mercure
coulant , à l ’oxide de manganèfe , à ceux
d'antimoine, de zinc & d’argent , qui reprennent
la nature métallique , au muriate furoxi-
géné de potaffe, qui y excite un mouvement
très - violent, & y produit une couleur jaune-
verdâtre , avec une odeur forte d'acide muriatique
oxigéné , à la diffolution d'or, qui fe précipite
fur le champ en précipité pourpre de
Caffius., L'auteur remarque à cette occafion que,
lorfque la diffolution d'étain ne donne point de
précipité pourpre avec la diffolution d'or , c'eft
que la première , fouvent faite avec l’acide nitro-
muriatique, eft faturée d'oxigène, & que puif-
qu'il n’y a que la diffolution muriatique ordinaire
qui en fait naître , il eft évident que cela ne
Vient que de l’abforption dé l’oxigène de l’or
par cette diffolution qui en eft fi avide. Il con-
çlud^ de ces expériences, i° . que la diffolution
muriatique d'étain peut être oxigénée par le gaz
muriatique oxigéné, quelle offre alors ‘un mordant
excellent, peu coûteux & confiant pour la
teinture 5 i ° . que l'affinité du muriate d'étain
pour l ’oxigène eft telle , que ce fel liquide peut
l’enlever à plufieurs acides & à un grand nombre
d'oxides métalliques ; |°. que la diffolution
d'or ne fournit point de préc’pité pourpre avec
le muriate oxigéné d’étain, mais feulement aVec
le muriate fimple d’étain j 40. enfin , que le
muriate d’étain abforbe directement l ’oxigène
de l’air viral , ce qui fournit' aux chimiftes un
moyen de plus pour déterminer la quantité d’oxi-
gène contenu dans un fluide aériforme , e u ,
en d'autres termes , un nouveau procédé eudio-
m-trique.
On reconnoît ici quelle fécondité de principes
& d’applications fur les diffolutions métalliques
la dourine pneumatique fournit à ceux qui la
cul tivent , 6c quel éclat ces applications auffi
neuves & auüi importantes répandent a leur tour
fur la doCtrine d’où elles découlent. La même
vérité n’eft pas moins frappante dans l’hiftoire
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des oxides métalliques comparés les uns aux autres
par rapport aux divers procédés employés
pour les former , aux proportions d’oxigène
qu’ils contiennent, à l’état p'us ou moins denfe.
folide & pr vé de calorique & de lumière dans
lequel ce principe y eft fixé , à l'attraCtion di-
verfe que l’oxigène exerce fur les différentes
fubftances métalliques , & encore aux' affinités
variées qu’il offre dans les proportions l'uivant
kfqueles il leur eft uni. Cette dernière circonf-
tance, fur laquelle on n’avoit encore que peu
d’idées exaCtes lors de la rédaCtion de la nomenclature
méthodique -en 1787 , veft devenue depuis
un des fujets les plus utiles & les plus beaux
a traiter en chimie. Il eft forti de cette fource
pu*e & abondante une foule de vérités & plufieurs
traits de lumière dont la théorie a été fin-
guliérement enrichie. Toutes les expériences,
toutes les recherches faites fucceffivement. fur
l ’oxidation des métaux , ont bien prouvé que,
fuîvant la température à laquelle on les élève ,
on les unit à des dofes différentes d’oxigène,
foit que celui-ci vienne de l’air , foit qu’il foit
enlevé à l’eau, aux acides ou à d’autres oxides métalliques
; que dans leur oxidation plus ou moin$
favorifée par la température , les métaux s’arrêtent
à différens points à diverfes époques, que
depuis la plus foible jufqu'à la plus forte de
ces oxidations, il y a en quelque manière plufieurs
points de repos ou d’équilibre dans chacun
defquels ils tendent à refter, à demeurer
permanens 5 que telle eft la raifon pour laquelle,
en chimie, comme dans les arts, on prépare tel
ou tel oxide de telle ou telle couleur, en fui-
vant une certaine pratique pour chacun ;.qu’à
chaque point d’arrêt ou d’équilibre , la proportion
d’oxigène fixée dans chaque métal, y adhère
avec une force différente , plus grande en
général pour celle qui donne le premier degré
d’oXidation , & qui va en diminuant à mefurs
qûe les dofes d’oxigène-vont en augmentant,
où qui décroît a mefure que la quantité d’oxigène
croît $ que tel degré d’oxidation eft né-
ceffaire pour fa réuffite de certaines opérationsj
que lorfqu’on fait repaffer les oxides les plus
avancés vers l’état métallique , la défoxidation
s’arrête auffi à certaines époques inverfes de celles
qui ont été remarquées dans l’oxidation, mais
qui y répondent, & qu’il faut employer des
forces différentes pour féparer chacune des portions
d’oxigène unies aux métaux, des plus foi-
bles pour les dernières ajoutées , & des plus
grandes à mefure que l’on arrive aux premières
parties de ce principe, qui leur ont été combinées.
On a vu que telle eft la bâfe de l’ingé-
nieufe réponfe par laquelle on a réduit à rien,
& l’on a même fait tourner au profit de la
doctrine pneumatique l’objection faite par le
doCteur Prieftley fur la réduction de l'oxide de
fer rouge par le gaz hydrogène , puifque ce
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dernier n’enlève réellement que la dernière por- .
tion d’oxigène unie au fer au-delà de fon oxida- :
lion en noir , celle qui le rend oxide rouge,
celle qui excède les 30 à 35 parties d’oxigène
qu’il abforbe & contient dans l’état d’oxide
noir ou d’ é t k io p s m a r t ia l y on a vu. que c’eft
exactement par cette caufe que le fer en décom-
pofant l’eau ne s'oxide jamais qu’en noir ou en
éckiops , & que ce dernier oxide n’agit point fur
l’eau. La facilité bien remarquable avec laquelle
cette objeCtion, qui avoit a’abord paru fi forte
aux adverfaires de la doCtrine pneumatique , a
été renverfée, fe retrouve dans toutes les parties
de théorie qui tiennent à la nature & aux
propriétés des oxides métalliques j & il ne refte
plus rien d’obfcur dans cette partie de la chimie
, qui étoit cependant couverte de ténèbres
avant les expériences des chimiftes français.
C'eft à la connoiffance exaCte des diverfes affinités
des métaux pour différentes proportions
d’oxigène qu’il faut rapporter l ’utile & intéref-
fante application qu'en a faite le citoyen Vau-
quelin dans le’ procédé nouveau qu’il a communiqué
, en novembre 1792 , à la fociété phy-
lomatique de Paris, relativement à la préparation
de Y é th io p s m a r t ia l ou oxide noir de fer.
Tous les procédés fuivis jufqu'à cette époque
pour faire ce médicament chimiquement, étant
plus ou moins longs , & le citoyen Vauquelin
ayant eu un preffant befoin d’éthiops martial,
chercha une méthode plus expéditive pour le
préparer. Parmi celles que fes profondes con-
noiffances en chimie lui fuggérèrent, il adopta
la fuivante comme la plus sûre & la plus hâtive.
Deux parties de fer en poudre fine & une partie
d’oxide rouge de fer OU f a f r a n d e m a r s a f i r in -
g e n t , ayant été bien mêlées, furent chauffées
pendant deux heures dans un creufet couvert 3
il en réfulta une maffe du plus beau noir qui
fe réduifit facilement en poudre 3 on peut faire
par ce procédé cinq à fix livres d’éthiops mar-*-
tial à la fois. C ’eft encore d’après le même principe
, fi fécond en applications utiles, que l'art
d'affiner le métal des cloches & d'en féparer le
cuivre pur, a été porté depuis plufieurs années
en France à un point de fimplicité 8c de
perfection tel, qu’au lieu de regarder, comme
on l’avoit fait d’abord, cet alliage comme du
cuivre gâté , les Français ont trouvé dans leurs
cloches une mine riche, & qui les a difpenfés
d’exporter une partie de leur numéraire pour fe
procurer ce métal dans le Nord. Le cit. Fourcroy
a propofé aux métallurgiftes d’oxider une partie de
cet alliage, d'en mêler enfuite une partie avec 4
parties de bronze fondu, de bien braftèr 8c de
chauffer jufqu’à ce que l’affinage fût complet. La
purification du métal de cloches a lieu à mefure
que l’oxigène eft enlevé au cuivre de la portion
oxidée , par l’étain de l’alliage qui a plus d’affinité
avec ce principe que n’en a le cuivre. Ce
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procédé fimple & économique eft pratiqué avec
un grand fuccès depuis quelques années dans plufieurs
atteliers répandus fur différents points de
la République, & entr’aùtres à Paris & à Ro-
milly , 8c c . Les lois que les métaux fuivent dans
leur oxidation, leurs affinités pour différentes
proportions de l'oxigène,1e partage, l'enleve-
ment, la fixation de ce principe dans les divers
métaux , portent la plus vive lumière fur une
foule de procédés de aoeimafie, de métallurgie,
ainfi que dans les pratiqués de toutes les manu
factures qui emploient, allient, féparentmodifient
, &c. les fubftances métalliques.
C'eft à l’exaCtitude des expériences faites fur
les oxides de mercure 8c aux réfultats pofitifs
qu’elles ont offerts aux obfervateurs attentifs ,
que la chimie françoife ou plutôt la doCtrine
pneumatique élevée- par les chimiftes François »
doit la conquête précieùfe qu’elle a faite du plus
grand nombre des chimiftes allemands 5 8c cette
conquête eft trop belle 8c trop capable d’illuf-
trer cette doCtrine, pour ne pas nous engager
à expofer ici ce qu’elle doit au citoyen Van-
Mons, célèbre chimifte pneumatifte de Bruxelles.
Ce chimifte a courageufement foutenu les derniers
chocs élevés en Allemagne contre fon „^d*
miffion , <& il a eu la gloire de réfuter vic-
torieufement les dernières objections faites con-
tr’ellé, Sc de convaincre autant par la folidité
des preuves expérimentales qu’il leur a oppo-
fées que^par la force des raifonnemens qu’il y a
réunis. En .1793 8c 1794 , plufieurs chimiftes
allemands , & fur-tout MM. Crell, Veftrumb ,
Wiègleb & Gren, n’étoient point encore per-
fuadés de la réalité des bâfes de la théorie pneumatique
, & fpécialement de la préfence de l’oxi-
gène dans les métaux brûlés ou c a l c in é s , comme
ils le difoient encore. Ils avoient pris fpécialement
les oxides de mercure comme fujets de
leurs difficultés & de leurs objections ; en y admettant
la préfence de l'eau par l'effet de la
calcination , ils expliquoient le dégagement de
l’air vital comme une modification de F'eau , &
citoient plufieurs cas où l’on n’obtenoit que de
l'eau , & point de gaz oxigène.
. La difcuffion en étoit là , lorfqu’en 1794, le
citoyen Van-Mons adreffa à M. Gren une lettre
en allemand, dans laquelle il combattoit fon opinion,
& rapportoit des' expériences décifives ;
cette lettre ayant fait beaucoup de bruit , &
ayant obtenu un grand fuccès en Allemagne , il
eft néceffaire d’en offrir ici un extrait affez détaillé
pour la faire bien connaître. L'auteur commence
par juftifier les chimiftes pneumatiftes du
reproche que leur faifoit M. Gren de n’avoir pas
; rempli la condition qu'il avoit mife à la preuve
| démonftrative de la préfence dé l'oxigène dans
I l’oxide de mercure rouge > cette condition a été
• d’abord de retirer du gaz oxigène d'un oxide