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fur Fàpalyfe. végétale dans cet efpace de huit
années, on réconnoît bientôt, que le plus grand
nombre des hommes adonné$*tpar goût ou par
état à la chimie > nfoni point faifi les vues
neuves autant que profondes , contenues dans
les premiers faits recueillis & dans les premiers
aperçus'offests par la do&rine Pné'umatique fur
la nature des productions végétales , & qu’au
lieu de ,fuivre le plan d’expériences de cette
doctrine, qui pouvoient infirmer ou. confirmer
ces vues, ils ont continué à tenir la route qui
ne les avok conduits jufque-là qu’à des réfultats
peu utiles , comme à- des opinions vagues &
flottantes. En comparant fur-tout la diverfité de
travaux entrepris y ainfî que des réfultats. obtenus
depuis cette époque par les chimiftes des
différens pays * on trouve une grande différence
& une diftance bien remarquable entre le genre
& les conckifions des recherches dues aux ctar-
miftes françois, & ceux des expériences faites
par les Allemands > chez Iefquels cependant la
chimie, a de tout tenas eu un plus grand nombre
de feétateurs » & a fouvent vu naître les
nouveaux modes comme les nouveaux inürumens
des analyfes. Plus de dix ans avant la confoli-
dation de la do&rine Pneumatique. & la formation
de la. nouvejle langue chimique , Scheèle
avoit donné en Suède l’exemple de ce que peur
le génie créateur pour inventer de nouvelles méthodes
dans les fciences, & avoit ouvert une
.carrière éclatante de gloire •.& de fuccès „ en
formant artificiellement des acides végétaux qui
imitpient ceux de la nature ,. en changeant quelques
uns dé ces acides les uns dans les autres,
& en mettant fur la voie de découvrir ainfiles
Içis de leur formatioa & de leur, compoiition
dans les plantes..
Lavoifier avoit fait une mgénïeufé application
des principes de fa théorie pneumatique à
cette acidification végétale artificielle , & eh la
comparant aux diverfes altérations fpontanées
dont les végétaux font -fufceptibl.es,. ainfi- qu’à,
celles qu’ils reçoivent du feu à différentes températures
} il avoit fait voir qu’on pouvoit ef-:
pérer au moins d’acquérir fur fa compofition ,
la nature , la formation & les décotnpofitions fuc-
cefftves des principes ou des matériaux des
plantes,, des connoiffances plus exa&es, plus*
précifes, plus certaines & plus fatisfaifantes que
lès idées vagues- & indéterminées qu’on avoit
préfent,ées jufqu’à lui fur cette branche; de la.
chimie. Ses réfultats fur les trois ou quatre principes
, 8c notamment fur l’hydrogène , . le car-,
bons & l’oxigène, dont, l’union & les proportions
diverfes lui paroiflctf’ent former toutes les
fubftances végétales , fur i’ état d’oxide oud’pn
pouvoit confidérer ces fubfiances les» alté-f
rations réciproques dont elles étoïent .fufcep4
tibles par le fimple changement de proportion ,
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& fur l’acide carbonique. & l’eau. ,qu’elles don-*
noient toutes en derniere analyfe, lorfqu’en y
accumulant l’oxigène & le calorique ,. on. diminuait
les liens de l’ hydrogène-&: du carbone 3,
radical général & commun de tout acide végétal,
& on forçoit chacun de ces combuftibles primitifs
de s’unir ifolément & en particulier à l’oxi-
gène j ces données * remarquables par leur fim-
plicité &: leur parfait accord avec tout ce qu’on
la voit de mieux fur l’analyfe végétale ,. appel-
loîeat toute l’attention de ceux qui s’intérefioient
aux progrès de la fcience > & cependant fi l’on
en excepte quelques travaux de trois ou quatra
chimiftes françois, on ne rencontre dans tous,
les ouvrages & les mémoires particuliers publiés
en Allemagne &en Angleterre depuis 1788',
que des expériences faîtes dans les vuesancien-
nes j fuivant les méthodes les p-ocedes inexafis
de la vieille routine. Il étoit difficile ,; au
refie, qu’il en fut autrement dans des pays &
dans des tems où. l’analyfe la plus certaine &
la plus avancée des minéraux , les phénomènes,
les plus clairs qu’ils préfentoient en faveur de
la doébme Pneumatique, excitoient encore des
doutes faifoient naître des difficultés, & laif-
k foient des incertitudes ,. où les inftrumens pré- -
deux- & l’art expérimental des chimiftes fran-
çois étoient encore des nouveautés très - peu
connues , & où l’on ne fuivoit, il faut en convenir,,
que de loin encore les progrès qu’ils
avoient fait faire à Panalyfe minérale. Une. notice
rapide & par ordre chronologique des principaux
ouvrages publiés fur l’analyfe végétale
depuis 1787, fuffira pour prouver ce qui vient
d’ être avancé ; mais fi elle démontre combien
| peu de chimiftes ont conçu ce que ce genre de
. recherches pouvoit avoir d’avantageux, pour
l’avancement de la fcience ,. elle prouvera en.
même tems que le petit nombre de ceux qui s’y
font livrés ont fait pl’ufieurs pas dans cette brillante
carrière „ que la trace dès idées- répandues
d’abord par Lavoifièr , s’efbaggrandie par-
leurs travaux,.& qpe tant effdifpofé en ce "moment
pour élëyer'fur la nature des matières végétales,
fur leurs différences, leur formation,
ileur converfion,.& conféqùemment fur la phy^-
fique végétale, fur l’agriculture., fur les ufages
des diverfes parties dès plantes fur les arts
qui s’occupent de chacune d’elles , un monument
dont la grandeur, l’ordonnance la foli-
dite porteront chez nos neveux la plus- haute
.idée dès progrès &: de là puiffance de la chimie
confidéréè vers la fin de 18e fiécle..
L’année 1787 préfente pour l’hiftoiîedel’ana-
ly.fe’ v é g é ta le i.° . un travail de M. Hoffman,
apothicaire rà Léer , fur l’acide obtenu, du fuc
.d’épine-vinette qu’il dit être analogue à celui
de rpfeilje , quoiqu’il ne l’ait reconnu que par
,1a précigitation. de l ’eau de chaux. , & qifil
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roîlTe que l’acide fiitrîquê a été néceffaire pour
le rapprocher de ce dernier.
2.0. L’ annonce dé la découverte de M. Brug-
natelli fur l’acide obténu du lfége parle’ moyen'
de celui du nitre i après avoir obfervé - que le
liège bien blanc noircit à 1 air , qu’àu foyer d’un
miroir il s’allume & brûle avec ùné fianime hlan-'
ché & vive' , qu’il donne ùn'chaVbon légêr
fp.ohgieux, facile à confumer dans ùn cfjufet^
& ne laiffant point de cendrés j que diftiîlë il
donne beaucoup d'air inflammable prefque ' fans
réfiduj que l’eau bouillante ne fait que de ra-^
mollir j que les acides'fulfurique & muriatique;
ne l ’attaquent qu’infènfiblernént , mêinp.à l’aidé
de là chaleur 5 M. Brugnatelli examiné-l’adiom
vive, que l’acide nitrique produit fur cette, fubf-
tance.- Une- partie du lîégq‘ traitée par -quatre
parties d’acide du nitre , lui ont donné -une matière
épaiffe, duélile comme de Ia.ciVe,, & un
acide jaunâtre, diffoluble dans P alcool, répan-•
dant fur les charbons une’ odeur fétideMe .bois
brûlé fans s’allumer , donnant avec le£’ aicalb
les terres des Lis en partie criftaliifables £: dé-’'
îiqueïcêfe'^’‘formaW:âVec!'la' ch^ifx un Tel :ihd;if-
folubleV même ;dârli fôfi. racidé. 'Depuis
Brugnàtelli, B'o,ùil!bintÊâgtâii|é' *ï; 'reprît dfe* travail
, &• .après avoir" exadime les' bblijbîhaifons'
faliries que forme avec' les ferres l les1 àlcàlis ?
les oxides des méîaux, l’acide fub.ériquè , il a fait
voir que cet acide'ëtoit véritablement un acide
végétal particulier..'
‘ 3°. Il faiit rappoftèr auM'àrl‘anhè'^l*yr8/!l jfii-
blîcation d’un mémoîfë de M. Thomas Hénry3,'
lu deux ans auparavant à la fociété de^anchéf-
ter, fur les fermehs & la fermentation, & :ftir
un moyen de l’exciter fans le feequrs de la levure.
L’auteur ayant trouvé que du punch fait
avec une eau artificielle dè Pÿrmont confervé-f
mouffoit beaucoup'quatre jours après, for mbit
ün cidre excellent j que1 du petit-lait imprègne
d’air fixe étoit devènu une liqueur vineufeLn lè~
confervant dans une bouteille bien boü.èheé j il
imprégna de gaz acide carbonique une'^elëel
faite avec de la fleur de farine & de Teaiij deux
jours après elle s’ étoit changée en levain , &
fit du bon pain 5 du moût de bière faturé de
notre acide, & înêlé avepLept fois fon.poids de
moût pur, y excita1 èn 24 heures la feripenta-
tion , donna beaucoup dè levurea, &: fe convertit
en bonne bière , qui !par là'.dtftillation Fournit
de l’alcool j en ^gardant & làiffant fermenter plus
long-tems du moût de bière imprégné d’acidq
carbonique, il a paffé à l’état de bon vinaigre.
M. Henry condud de ces effais que l’ acide carbonique
eft la caufe de la fermentation , que
c eft en lui qùe^cônfifte le férmèht ; mais il faut
ôbferver que 's’ll ’é^èite eti effet la fermentation
dans-les liqueurs (itérées où on l’iutroduît , ce
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në rpeut êtfe’^Uiàn ;divifôtitî‘ !léurf
molécules, '& ÎVôn pas à 'pïmê*de'fô propre:'nav
ture 5 ce nréft 'pà's Cdmitie^ principe nëté(Taire
qu’il la dëVeFop’pè' ,'pni(qu4n ii’eft pas 'réellement
contenu dàhà êés hqtVêtirs' avant leur ferment#-;
tion & ptiif^ü’.iî n’ën 5eft qu’un des produits -,
mais feu 1 êftifent:’cornme''matietë éj1 >i difpofe les
molécules j de désdiqütdés à ;rëlgir les unes fur
les autres^. ('v- '
C ’eft encote % ‘cette année 1787 qu’appartient
un travail de M. Hermbftadt de Berlin fur l’ acide
des pommes ,*»qu’ il regarde comrrie; -urf Vinaigre
imparfait;}-fuivant lui, cet acidé a trop
peu:dé .plîlbgifli^uë', c’eft-à-dire, trop d^oxigène
potir1 êtrfe dé- ftacidé;èxàlique ,r& trop èncoré du
phlogiftiqùè ^^êft^à-'ditëiqu’ il éft trop peu oxL
génë"polie être du vinaigre 5 il.tendit donc'lé
milieu , fuiVàhtTàutéuf ÿ entre Ces deux, 'ad'dès j-
il iétoit de plus "porté à croire que l’acide tàt-
tafeüx écoit converti en acide malique par ünë
fèitnentation 'denté qui avoit lieu dans lès fruits
où èè ;dêrhiér àcide fé ,trouydir.''!ïï ënhoiiço'iè
que lés cfôbftanéés végétales «tïait«è!s1paî'.»î ’âcidë
nitriqüë j forment'dé' l’ acide maliqUè par la' dëfe
ffuCHdnjde leuifàeidétartarêüx: TU ciiangë:cà.§>èéë
égàtd;d’opinion-] puif^ü’ il iivmtfrdéjâ^'Tdaéé l?â-
cidè' des pommés é'ntréîe %af¥àïêu3è8^'i’àcét'éü.T.’
Il avance qüe le- fticrèl converti1 par Lucide du
nitre en une maffë'îà’ün brurt clair , !di(fdiïte &
fâtdrée de craiedonné du tartrite calcaire.'Le
traduéletir" de* -cette'= dlifertatiprF d’Heflitbftadt,
dans le Jpurnïàl 'dé‘pkjr$[tèe-’$prépoîfe ,ïd’ aprèS Ces
expériencesV de nonîmët l’acide malique’ a'cîaè
èx-aifqke bxigéné. 'jDèiHl Confiderations s’ oppo-
foiënt alorÿ à.- ce' ^ù’on pût àSppter cetté!dën^*
mination, ainfi que celles o’-Jci'-de-okaïeux & d'oxa-
lites à là1 place, des noms'diacide tattareitx 8è:de
tartrites 5 l’une , fc’eft qu’ on entrevdyoit - déjà
bien qîfilau'rpit fallu line feule' défiominatiôii
pour tous iés^acideS -vëgetafux , püiftjü^iistpârdîf-
fbient d.ëjàv être tout formés d’un radical anàîd*
gue , 8c ■ tte différer î«ÿ.-uns|^i'es'‘autrës-. ’que^pkr“
la feulê proportion Hë leurs principes 3 & Un'lfétil
rriot ne pouvoit; pas fuffire pour les caraCtétïfër
tous j l’autrë confîdérati.on étoit fondée fur ce
que les expériences de M. Hermbftadt ne fem-
bloient point encore avoir toute la folidité , Sc
fon opinion-toute la fiabilité' defirable-, pour
qu’on pût en àdoptér aûïTi pfômptëmçnt les réfui
tats , & fé décider fur uh point aüfli1 important,
avaht que d'autres' chimiftes enflent tra-
; vaillé fur la même matière. On jugera mieux
encore de la forçe: dè; cette derniere epufidé^
ration, & de l ’incertitude où il étoit encore
permis de flotter par ra.pport; a la nature comparée
des acides* végëcaiîx',1 ldrfq''e nous aurons
expofe la.'différë^c'ë des dô'nflées déjà préfen-
téès.par le mêmé èhirhifté de: Berlin un an avant
celle qui nous- bdêufië ici; Deux-'mémoires de