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tantes dans l’hiftorique même de ces progrès. Ce .
• feroit donc une lacune non-feulement déiagré'a-
blç ,- mais encore défavantagétife dans-l’efqui fie
qui nous occupe , que de ne point appeller i"attention
des amis des arts & desfcienees , fur
le perfectionnement des machines, qui a été8c
fera la fuite 8c la caufe des recherches fur l’air
& les fluides élafliques. L’hillorien du renouvellement
de la phyfiquê qui la prenant à l’époque
de la fin du fiecle dernier, pour la conduire
julqu’à nos jours, n’oflriroit que le réfuliat
des expériences, fans décrire ou au moins indiquer
les machines inventées pour connoître
les forces & les propriétés des corps , ne feroit
pas entendu ou le feroit mal ; 8c peut-être les
découvertes fe perdroient - elles par la fuite,
comme une foule d’arts ou de procédés des arcs
chez les anciens fe font perdus , parce qu’on ne
les a pas trouves décrits dans les ouvrages qui
nous refient. Gardons-nous dans les fcienees qui
tirent tout leur lufire de Pex-périence > gardons-
nous de faire comme dans les métiers & les proférions
qui ne fe communiquant que par la tradition
orale 8c l’apprentiffage -, ne s’améiioient ,
ne fe perfectionnent que par le temps, 8c dont
on ignoré les différentes phafes, les améliorations
fucceffives.
Boyle fe fervit de la machine du vide , inventée
par Otto de Guericke , 8c après y avoir fait
d’utiles changemens, il y éprouva une ibule
de combinai Ions relativement au dégagement
ou à la fixation de l’air j mais il n’inventa d’ailleurs
aucun appareil particulier pour recueillir 8c
examiner les fluides élafliques , bien perfuadé
qu’il étoit qûe ce qui fe dégàgeoit dans fes expériences
étoit-de l’air en tout fëmblablèà
celui de l ’atmofphère, 8c qui n’en pouvoir différer
que par quelques corps étrangers qui en
altéroient la na«ure. -
Il fit cependant quelques expériences dans des
vaiffeaux fermés ou luttes hermétiquement ; c’eft
ainfi qu’il s’apperçut qu’en chauffant de l’étain
d.ujs une cornue bouchée. à la lampe, il fe fait
an vuide dans l’appareil.
Un médecin angîois | contemporain de Boy le ,
qui s’eft beaucoup occupé de i’appl cation de-1 la
phyfiquê.'.expérimentale à la phyfiquê animale,
Jean Mayow , 'doclcur de -Londres, publia à
Oxford en i 66c,un ouvrage con ipefe de cinq differ-
tations latines, qui ont été réimprimées enfemble
en .1674. & en réoi fous le titre J0k.M4.y0ws 8cc.
opéra ornai ia msd'co phyfca (ravioli jus qui noue com-
p reh en fa ; deux de ces diffortations, 8c fur-tout la
première, ont un rapport dire Ce avec plu fleurs
points de la .théorie moderne ; l’une a pour
titre, du f: lui ire 6’ de iefpr'u nitro-aérien ; de fai-
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nitro & fpiritu nitro-aeno\ l’autre traite de la rèfpi-
ration. Ces deux traités contiennent une foule
d'idées fingulières 8c neuves fur l’ufage de l’air,
dans la combifffion 8c la refpiration , fur/fa diminution
8c fon abforption par ces deux phénomènes
fur les rapports qui exifient entre l’air 8c le nitre
pour entretenir l’inflammation, fur l’identité de
principe entre l ’air 8c l’acide du nitre , fur la for-
mation^de cet,acide par l’efprit igneaérien; on
y trouve énoncée d’une manière très-pofitive 8c
très - claire- l’ afiertion de i’abforprion d’une
partie de l’air nommée même vitale parle fan'g,
ainfi que celle de réchauffement de ce liquide
par cette abforptiôn, ou par le féjour de l’air
dans le poumon. Mayow a fait voir encore que
la couleur rouge du fitag , 8c le changement du
f ng veineux en iaug artériel, dépendoit entièrement
dm, contaél de l’air atmofphérique.} en un
mot,-fon ouvrage contient une -fouie de vues
qui font devenues des vérités démontrées, depuis
ue la phyfiquê 8c la chimie ont déterminé i’in-
tiençe véritable de l’air dans la combuftion, la
calcination des métaux , la formation des acides j
8c fi Mayow avoit pu ifoler l’air vital dé l’amof-
phère, 8c l’extraire iies ' matières qui l’ont ab-
forbé , s’ il en a,voit connu, ies propriétés dans
fon état pur 8c ifolé, il auroit établi toutes
les bâfes de la théorie moderne fur la coin bu 1-
tion, la formation des acides , la respiration ,
' dont il a preffenti les données générales.. Rien
n’efl* fi curieux que de lire attentivement ton
ouvrage écrit depuis plus d’un fiècle, 8c qui a
du pa-fîer parmi -fes contemporains comme une
fuite d’idées fyftématiques 8c même erronées.
II eft étonnant que parmi les modernes érudits,
qui ont cherché foigneufement ceux des auteurs
anciens, donc ies opinions analogues ,à celles qui
çompefent les théories nouvelles ,.. peuveèt les
faire préfenter comme les vrais inventeurs de ces
théories, il ne fe foit pas trouvé quelques h dm- '
mes qui aient fait révivrë l’ouvrage de Mayow,
8c qui s’eu, foi en t fervi , ou pour affoiolir le
mérite dé nouveauté dans ia doétrine' des pneu- *
matiites dé nos jours , ou pour en rapporter
la création à une époque déjà reculée, ou pour
en confirmer la réalité, ( t) À-acun ouvrage, écrit
(1) Le Dr Bedoes , Profefîèur de chimie à G-xfdrt,
a fait réimprimer en 1790 ŸOuvrage de Mayow. Le
eorrefpohdantdu rédaêtenr do journal de phylîque lui
écrivent à;eeMujet, en août delà nïêmevaiTiîée\ que-
le Dr. Bcddcs faifoit fonner Ja nontpette de la réfur-
rcétion fur Mayow , et ler.ippcloic a la vie-tout
rayonnant,.d’une partie de la gloire qui . forme i’au-
iéq!e'# de quelques-uns des chimifies modernes.
C’cfi: je cas d'appliquer ce que. La voilier di/oit dans
le ■ ieiri de l'académie des fcienees en 1783 par
rapport à la doftcihe pàeuma tique II eft des hommes
qui fâchés de> trouver vrai ce. qui eft nesf, tâchent
•an moins de- fj*e regarder'comme vics's-cè. qu‘> n
offre comme vrai 8c nouveau. L’ouvrage de Mayow
vers le temps du renouvellement des fcienees
phyfiques§ n’offre des rapprochemens auffi nombreux
8c auffi exaéts des opinions modernes que
celui de ' Mayow, 5c il mériteroit d’être tiré
de l’oubli. Le point de .vue fur lequel nous
nous propofons de le confidérer ici , n’eft pas
des moins frappans: c’eft celui d’une fuite de
machines , d’appareils 8c de procédés phyfico-
chimiques', à l’aide defquels Mayow' a effayé
de recormoître par l’expérience l’aétion des corps
enflammés de des animaux refpirans fur l’ air ,
ainfi que l ’influence réciproque de l’air fuir ces
phénomènes. En décrivant ces appareils 8c les expériences
auxquelles • ils .ont fervi, il eft impof-
fible de paffer fous iilence lès principales vues
de l’auteur. .
: Si l’on jette les yeux fur la planché cinquième de
l’ouvrage, cite, placée à la fin du quatrième, traité
( de rnotu rriufculari ) 8c au devant de la page 3 §3"j
de i’éditicn de É Haye 1681 in- 8° ■y çn eft frappé
d’abord de la reffemblsnce des appareils qui y font
repréfentés dans fix figiir-t-s , non-feulement avec
ceux que Haies .employa , 8c fit graver 50
ans après fans indiquer, & non pas dans connaître
ceux de May a f r )m.Ms avec les machines
de Pritftley & de Lavbihcr , imaginées tout de
n-mveau cent ans au- moins; après, ies travaux du
médecirr Anglois.* On y voit des ciicurbites de
verre renverfét s dans des jarres de forme circulaire,
re mplies d’eau,8c îescücurbites plongées par
leur orifice dans ce liquide, de iî\anière à ce que des.
typhons placés au-dtiious de ces cuctirbites.puffent
firvirà élever i ’eau au-dedans comme elle l’étoit au-
dehors,ouà l’élever même au-deftus de fon niveau
extërieur.Mayov/y allumoit des corpsinflammabîes
pofés fur des fupports, 8c plonges dans l’air renfermé
fur l’eau à laide de verres dont le loyer temboit
fur ces corps ; il y faifoit brûler des lampes 8c dés
fembîe,offiir une foule de vérités et de découvertes
dues aux travaux des modernes. Les rapports de fes
yues -& de fa théorie avec la do<ftrin£ pneumatique
acl'-telle, font frappans; il eft donc jufte de rendre'
à la mémoire de ce médecin ce qui lui eft du ,.mais
il ne, l’eft pas .moins de finie von la différence qui
exifte entre les appeiçus les expériences de Mayow ,
tout ingénièiifes & péremptoires qu’elles par^iflent,
& les recherches exadxs des phyficièns de nos jours,
•ainfi que les réfultats précis qu’ils en ont tirés. Le
rédaéleur du journal de phyfiquê n’a donné fur l'ouvrage
de Mayow qu’une idée trop tuccincïe & trop
incomplecte ; nous en rendrons, ici.-un compte beaucoup
plus étendu ; Sc plus propre à faire connoître
les idées 5c les expériences de cet ingénieux phy-
ficien. •
'(1) Haies n’a cité Mayow qu’à un feul endroit
de ia (Etique des végétaux, pag. ioi dé la rraduélion
de Buffon , In-4 , Parts 173 ƒ , pour ^ lui reprocher
d avoir eftimé la diminution de l’air à un trentième
de fon volume , fans (périfier la grandeur c’u vaiffeaii
fous lequel - il avoit mis fa chandelle allumée.
chandelles, refpirer des animaux ; il mar^uok
avec un papier collé au-dehors la hauteur del
pour pouvoir mefurer après l’expérience la quantité
d’air qui rwanquoit. Il fufpendoit, à ■ 1 aide d un
bâton placé en travers de la partie large de la
cucurbite renverfée dans l’eau un petit vafe ou
il mettoit de Tefprit de nitre , 8c ou il plongeoit
du fer , 8c le retiroit à volonté a l’aide d’un
fil qui rouloit fur le bâton, & dont I extrémité-
paffoit par l’eau & tomboit au-dehors. Une fquris
mife dans un vafe de verre à ventoufe pofé fur
un plus grand bocal recouvert d’une yeflie mouil-
léé , caufoit peu à peu du vide dans le verre „
8c faifoit remonter ia veflie comme cela a lieu
dans la machine pneumatique. Auffi Mayow ,
difoit~il, en propres termes , qu’un animal pouvoir
fervir à peu-près comme le feu pour appliquer
des ventouies à la peau. Et qmdem animal-,
çulum. cu:urbitulA cuti ayplicand& impojhum , flamme,
viçem aliquantulum fuppLere poteft. Il traulvafoit
Tair d’un vafe dans un autre , après avbir difpofe
le fécond de manière à.rendre de petites différences
de volumes feufibles. En un mot, il avoit
imaginé une fuite d’appareils à l’aide defquels
il ,pouvoir déterminer.que l’air étoit fixé en partie
j ou diminué 8c abforbé par la combuflior. 8c
ia refpiration ; que ces deux phénomènes agi f—
foient de même lur lui ; que cette propriété
de fervir à l’un 8c à l’autre de cès phénomènes
étoit bornée dans l’air > enfin qu’il n’ y avoit
qu’une partie de l’air la plus fubtile, 1:^ plus
elaftique qui .pût être nommée vitale, & qui fer-
voit à l'inflammation 8c à la refpirarion5 mais
il doit oaroître ici tellement extraordinaire
de trouver des-idées auffi ex â die s , des aller rions
auffi pofuives dans un auteur qui a écrit il y a plus
de 120 ans, 8c dont Haies, prefqueffon contemporain
8c fon compatriote n'aprefque pas cité les
expériences , ni annoncé les travaux , qu’il nous
fembie indrfpenfable de faire connoître au moins
ici les principales expériences de Mayow , 8c
d’indiquer.les vues qui le guidoient, la manière
dont il a opéré-8c les réfultats que fes.procédés
lui.ont fait obtenir.
Sa première 8c fa plus remarquable differration
, foilS' le titre de t raclat us primus de fa l-nitro
-& fpiritu nitro-aereo , a fpécialement pour objet
d’expliquer la nature du nitre , fa production fpon-
tanée,, l’analogie de fon acide avec l’air , l’exif-
tenced’.un prinoipe dans 1’atmofphère de la même
nature que celui du nitre qui entretient la combuftion,
la flamme 8c la vie , principe auquel il
fait jouer un grand rôle dans tous les phénomènes
chimiques, 8c dans les propriétés duquel on ne
peut méconnaître la plus frappante analogie avec
l’air vital ou -gaz oxigène découvert cent ans
.après lui par Prieitley. C ’eft dans les chapitres
feptième, huitième. 8c neuvième de cette pre- .
mière differration que Mayow .décrit les expé