
ment. M. Kirwan penfe, avec les chimiftes pneumatiques
j que l'acide faccharin n’exifte pas dans
le fucre , & qu'il eft produit par l'a&ion de
celui du nitre ; mais il diffère dans l’explication
qu'il donne ; il croit que l’huile éthérée de
lucre cède fon phlogiftique ou la bâfe du gaz,
inflammable à la bâfe mtreufe qui devient du
gaz nitreux, tandis que l'air fixe de cet acide
fe fixe dans l’huile du fucre déphlogiftiquée, 8c
la convertit en acide faccharin. Mais M. Kir-
wan n’a pas prouvé que l’air fixe exiftât dans
l'acide du nitre , comme on l'a déjà fait voir
ailleurs j en fuppofant même que fa préfence dans
l'acide du nitre fût prouvé , comment M. Kirwan
pourrait-il admettre que le gaz inflammable
ou phlogiftique du fucre le quitte pour s’unir à
la Bafe nitreufe & pour reprendre en même
tems un même principe à cet acide ? Pourquoi
le fucre * contenant, fuivant lu i, tout ce qui lui
efl néceffaire pour devenir acide faccharin ,
puifqu'il y admet la préfence de l'air fixe , ne
fe cnange-t-il pas fpontanément en cet acide ?
Pourquoi, en un mot , quitte-t-il fon phlogiftique
pour en reprendre ‘ feulement dans l'état
d’air fixe ? Si la converfion de l’huile éthérée du
fuçre en acide faccharin ne confifte que dans le
dégagement de fon gaz inflammable & dans l'ab-
forption dé l'air fixe , pourquoi cet acide faccharin
ne fe forme-t-il pas par la diftillation du
fucre , opération dans laquelle fe trouvent réunies
les deux circonftances requifes , fuivant M.
Kirwan , pour fa formation- On ne peut pas démontrer
la préfence de l'air fixe tout formé dans
1 acide faccharin ; & lorfqu’on croit opérer une
fimple converfion de l’acide faccharin en air fixe 3
lorfqu'on retire en effet ce dernier par la diftillation
, on décompofe entièrement l'acide du
fucre 3 on en détruit la combinaifon intime 3 8c
on _en forme de toutes pièces l’air fixe qui n'y
étoit pas contenu.
Les obje&ions faites par M. Kirwan contre
la théorie de Lavoifier * n'étoient pas aufli fortes
qu’il les croyoit. Remarquons d’abord que depuis
le mémoire de Lavoifier, d'où M. Kirwan droit
la plus gaande partie de fes argumens , la théorie
moderne avoit fait des progrès fenfîbles fur
la formation de l’acide du fucre > on ne croyoit
plus que le fucre entrât tout entier dans l'acide
faccharin, ni.que le charbon feul en fût la bâfe.
Dans les dernières recherches de Lavoifier fur
l’analyfe du fucre au moyen de la fermentation
vineufe , il avoit trouvé que cette matière végétale
contenoit par quintal près de 8 livres de
gaz inflammable , 6o livres de bâfe de l’air vital 8c plus de 30 livres de charbon. Tout ce com-
pofé n'entre point dans la formation de l’acide
de fucre} au contraire , il eft décompofé en même
tems que l'acide du nitre qui contribue à fa
formation , comme le prouve la quantité affez
grande d’air fixe qui fe dégage avec le gaz ni-
treux pendant la réa&ion réciproque de ces
deux corps j le charbon du fucre s’unit en partie
à l’air vital de l’acide du nitre > ainfi l’acide du
fucre contient moins de charbon que le fucre
d’où il provient, 8c plus de la bâfe de l’air
vital j il ne diffère des autres acides végétaux
que par la proportion de fes principes, 8c voilà
pourquoi la plupart de ceux-ci peuvent être
convertis en acide du fucre;. Voilà comment on
répondoit, même en 1785 , aux objeétions de
M. Kirwan , fondées , comme on le v o ir , fur la
première idée de M. Lavoifier publiée avant
1778 , 8c qu’il avoit lui - même abandonnée
depuis.
Dans la neuvième queftiôn, une des plus importantes
de l’ouvrage , M. Kirwan traite de la
calcination , de la réduction des métaux & de la
fo rmation de l’air fixe. Pour répondre aux objections
de l’auteur qui font contenues dans cette
fection , je ne ferai qu’extraire une partie des
remarques que .j’y ai ajoutées en 1780, lors de
l’édition françoife que nous fen avons donnée.
Après avoir préfenté un précis de la doctrine dé
Lavoifier, que nous avions adoptée entièrement
à cette époque , & qui nous étoit commune entre
la Place , Berthollet , Monge, Guyton-Mor-
veau, 8c c . & moi, j’ai examine les principales
difficultés que M. Kirwan nous oppofoit dans la
théorie même qu’il s'étoit formée. Ce chimifte
penfe comme Stahl, difois-je dans cet ouvrage,
que les métaux perdent leur phlogiftique par la
calcination , 8c il défigne ce phlogiftique comme
le gaz inflammable concret. A mefure qu’on
chauffe les métaux , ce corps fe combine à l’air
qui s'y précipice , 8c y forme de l'air fixe., en
forte que les chaux métalliques font, fuivant
lui , des compofé^.de bâfes métalliques avec
l'air fixe. M. Kirwân penfe que piufieurs ' métaux
s'unifiant à l’eau pendant leur calcination,
ou même à d’autres fubftances qui les calcinent.
Voilà donc dans cette théorie au moins trois
fortes différentes de chaux métalliques , & 'cette
complication n’eft pas favorable à la théorie elle-
même. La réduction des chaux métalliques ne
l’eft pas davantage 5 c’eft , fuivant l’auteur, ou
la décompofition de l’ air fixe, le tranfport de
fon phlogiftique fur la bâfe du métal, & la fépa-
ration de l'air vital, pour les chaux qui fe ré-
duifent par l'aêtion de la chaleur feule j ou le
dégagement de l'air fixe produit par le phlogiftique
ajouté dans les chaux que l’on ne réduit
que par le charbon, les huiles . 8c c . ; ou enfin
( car il eft obligé, malgré fa répugnance, de
l'admettre dans quelques cas ) la décompofition
de l'eau fixée dans certaines chaux. Après avoir
nié, dans tout le cours de fon ouvrage, cette
décompofition, il finit enfin par avouer qu’il eft
absolument poffible qu’à un très-grand degré de
chaleur
chaleur, l’eau contenue-', fuivant lu i, dans les
cftaux de fer , Toit décompofée dans leur réduction.
Comme l ’auteur avoit aimis trois efpèces.
générales de calcination , il étoit néceffaire qu’jl
admît également trois efpèces de rêduêiion s mais
combien cette complication d’effets , par des
caufes analogues, paroît être éloignée, de la fim-
( piieité.
M. Kirwan' rappelle 8c raffemble , furtout dans
cette fe&ion , les pieuves qu’il avoit préfentée's
en 1781 dans les Tranfactions phikrfophiques.,
fut l’exiftence du phlogiftique , &c pour inhfter
for la préfence de la bâfe du gaz inflammable
dans les métaux, il préfente encore le dégagement
de ce gaz pendant leur diflolution , & fa
prétendue union avec les chaux métalliques qui
font précipitées en métaux de leurs diffbhvtions
par d’autres fubftances métalliques. Mais Lavoifier
avoit prouvé en 1^Raque ce damier phénomène
eft dû au paffage de l’oxygine du métal diffous
dans celui qui ên prend, la place , 8c tient côn-^
féquemment aux affinités de ce principè , fins
avoir rien de commun dans c e cas avec la pror
du&ion ni la nature du gaz inflammable. C ’eft
en vain que M. Kirwan croit s’étayer fur ces affinités
même , pour nier la décompofition de
l’eau dans les diflblutioiis métalliques qui four-
niffent du gaz inflammable. La Place , qui a eu-
le premier cette belle idée fur l’origine de ce
gaz., & contre laquelle M Kirvan s’élève , lui a
répondu avec toute la force du raifonnement.
Si,-fuivant ce philofophe, le gaz inflammable
provenoit du feu, on ne voit pas pourquoi on
ne l’obtieadroit pas avec l’aciae nitreux , ou
pourquoi ,• en le fuppofant avec M. Kirwan comme
un des principes du gaz nitreux qui fe dégage
alors, il ne reparoït pas lorfqu’on unit ce
dernier gaz à l’air vital pour réformer l’air nitreux.
On ne voit pas encore pourquoi le mercure
'3 - dans lequel le phyficien anglois ne peut
prouver lui-même, la préfence du gaz inflammable
, donne du gaz nitreux ayec l’acide du nitre,
ou pourquoi en l’y admettant , il refte en air
fixe dans le mercure calciné , fans paffer dans le
gaz nitreux & contribuer à fa formation. Le fer
décompofe l’eau plutôt que l’acide vitriolique |
par.ee que le contaél de ces trois corps fait varier,
tout-à coup les affinités. Celle du fer pour
l’oxygine de l’eau devient plus forte que celle
du même, métal pour l’oxygine de l’ acide, parce
que cet acide en a un très - confidérable pour
l’.eau à laquelle il adhère , & pour la chaux de
, fer à laquelle il tend à s’unir. Mais quand on
ne pourroit pas expliquer-ainfi ce phénomène ,
le fait n en feroit pas moins réel., & il ne feroit
pas moins prouvé que l’eau eft décompofée , que
l’açide refte fans altération , & que lé métal né
fournit .point de gaz inflammable , puifqu'il n’èn
contient pas. La. difcuilion 'exaéte de ce dernier
Chimie, Tome III.
fait eft véritablement capable de terminer tout
différend, puifque fi M. Kirwan. ne prouve pas
réellemei-vt-4a préfence de la bâfe du gaz inflammable
dans les. métaux , toutes fes objections
s'évano.tiifient, 8c fa théorie particulière, fi compliquée
.d’aill -nrs, s’écroule toute entière. La
queftiôn fe réduit à favoir s’il exifte une expérience
qui prouve, exactement la préfence du
gàz inflammable folide , ou du phlogiftique de
M. Kirwan., dans les fubftances métalliques. On
peut afiuret qu’iln’exifte réellement aucune expérience
qui aucoriO l’admiffion de cette afler-
tion ; ce que M . Kirwan a réuni d'obfervarions
& d’expériences fur ce point, ne prouve, rien
en faveur de cette opinion , bâfe de toute fa
théorie. La diftillation de l'amalgame de zinc à
la dofe de piufieurs livres, de mercure & de 36o>.
graillas, de zinc qui lui a donné quelques pouces
cubiques de gaz. inflammable , rie peut pas être
prife .pour une preuve de, la .préfence du phlogiftique
dans ce dernier métal : car, i°. quelle
feroit la caufe de ce .dégagement du phlogiftique
dans des vaifléaux, fermés & fans le contait
de l’air; 2°. pourroit-on compter fur des
indices aiilïi légers pour admettre le phlogifti-'
que ; 30. quelques pouces cubiques de gaz inflammable
n’exigent que 3 ou 4 grains d’eau, &
comment deffécher allez complettement piufieurs
livres de mercure pour enlever les dernières
molécules d’eau qui adhérent avec tant de force
à ce métal liquide. Les expériences de Caflebois
fur la courbure de la furface du me-cure dans
les tubes du baromètre , prouvent |ïÉè queb
ques grains d’eau introduits'dans un cylindre, de
ce métal, s’y mêlent 8c s 'y attachent fi intimement.,
qu’elle ceffe d’être apparente, & qu’on
n’en recomnoît sûrement la préfence qu’à la forme
convexe que prend tout-à-coup la furface de
la colonne de mercure , qui n’eft: plane que lorf-
que le mercure eft parfaitement fec.; ainfi l’expérience
de l’amalgame prouve pour il a doélrine
pneumatique plutôf'.que contre ,:puifqii’elle tient
manifeftement à quelques grains d’eau dans le
mercure-, qui en calcinant le zinc ont produit lé
gaz inflammable , lequel augmente en quantité
à mefure que l’eau augmente elle-même dans le
mélange. La petite portion d’air fixe trouvée
dans le gaz dégagé de cette amalgame, qui dépend
manifeftement de la pion-ibagiue exiftante dans
le zinc , confirme encore notre doélrine.
La décompofition de l’eau par le fe r , étant une
des .bâfes principales de notre théorie ,' il étoit
naturel que M. Kirwan cherchât fur-tout à l'attaquer
5 aufli avance-t-il que dans cette expérience,,
l’eau ne fait que -dégager le gaz il fi.1 aimable
du fer 8c en prendre la place; mars 'cette
explication 11e peut pas s’accorder avec ies.faits ,
puifque i° . l’augmentation du poids du ft r , ajoutée,
au poids du.gaz inflammable obtenu, répond
A 3 a a