
coup d’autres fubftances terreufes ) attirent
& fixent en quelque forte l'acide nitreux , tellement
qu'il, fe charge du phlogiftique de la chaleur
qui paffe, que pendant cette opération,
l’air vital, autre principe de la matière calorique
eft mis .en liberté & qu’ il s'en forme
auftî de pareil de l ’acide nitreux. Le nitre pur
p:uîTe au feu, éclaircit très-bien ce procédé.
Lorfqu’on l ’a fait rougir au feii pendant
une demi-heure , fi on y ajoute après le re-
froidiifement du vinaigre ou un autre acide plus
forble, bientôt l’acide nitreux phlogiftiqué fe
manifefte par l’odeur. D’où vient cette phlo-
giftication , fi ce n’eft 'de la chaleur qui pafiè» ?
j. ps • \; . ; ■ ■ ;
« D’ailleurs , tout l’acide fe diffipe à la longue
au feu , & on n’en retrouve qu’une très - petite
partie dans le récipient ; mais avec l’appareil
pneumatique , on recueille abondamment de
l ’air plus ou moins pur. Eft-il poflible de mécon-
noître ici les changemens fucceflifs de l’acide »?
« On retire quelquefois de Y acide vitriolique ,
un peu de gaz. vitriolique à i’ aide du feu j mais
la décompofition de la matière de la chaleur ,
produit une bien plus grande quantité d’air vital ».
« Il fuit de ce que nous venons;'de dire que;
les diffolutions .métalliques tiennent les chaux
intimément unies à l’acide , 8c que cependant,
fuivant la température 8c la nature du diflol-
vant, la quantité de ^phlogiftique qu’elles con-
fervent eft fujette à varier. Il y a quelquefois
une grande différence quand la diffolution eft
faite fans-chaleur ou avec chaleur ; j’en ai fait
mention à l’occafion du nitre mercuriel. L’acide
muriatique calcine plus lentement que l’acide nitreux
; on s’en apperçoit bien quand on verfe!;
de l’acide nitreux concentré fur l ’étain ou fur
l’antimoine. D’autres métaux , & même la plupart
ne préfentent pas cette différence, ou
du moins elle n’a pu être encore obfervée «.
« Comme il y a un grand nombre de chi-
miftes qui ne" regardent pas comme fuffifam-
ment prouvée , ou même qui nient cette cal-
ci: ation de tous les métaux pendant leur diffolution
, il ne fera pas inutile de s’arrêter un
moment fur les métaux parfaits, qui ne fe laif
fent pas calciner au feu le plus violent, 8c
que l’on prétend par cette raifon devoir être d’abord
exceptés. Nous obfervons, i° . que pendant
leur diffolution , il fe. dégage toujours du gaz
nitreux 8c delà meilleure qualité ; o r, ce gaz
ne peut être produit fans phlogiftique, 8c il
n'y a que le métal même qui puiffe lui en
fournir. 2°. Ces métaux précipités de leurdiffol-
vant par l’alcali- fixe, ont tous les caraêtères
intérieurs 8c extérieurs d’un métal calciné. Le
précipité d’o r , par exemple , ne s’unit plus au
mercure ; il fe laiffe diffoudre par l’acide muriatique
* 8c les ' autres diffolvans fimples-, 8c
il ne fe manifefte dans ces diffolutions aucun
fluide élaftique. 50. Ces métaux peuvent teindre
le veire , . & ' l’on fait qu’aucun .métal ne
peut^s’unir au verrè , tant qu’il eft complètement
en état de métal , à plus forte railonne
peut-il lui-même fe vitrifier ».
ce L’erreur commune vient de ce que les chmx
des métaux nobles peuvent fe réduire par -le feu
feul , fans addition de matière' char-bonneufe ;
mais cela ne vient que de la force plus grande
avec laquelle ils .attirent le phlejgiftique au point
dedécompofer la matière deia chaleur, de s’empâter
du .phlogiftique & d’en retenir ce qui eft
néceffaire à leur état mitaU'què. Voilà pourquoi,
en cet état, ilsréfïftent fi conftamment} fi on leur
en enlève quelque portion , ils l’ont bientôt
reparée. Les chaux des métaux imparfaits.attaquent
suffi la matière de la chaleur, mais elles
ne peuvent en fixer une. fuffifante quantité. Le
mercure tient en quelque forte le milieu , car
le feu feul le calcine comme les métaux imparfaits
quoique très-difficilement, mais-il peut
reprendre par la feule chaleur , comme les métaux
nobles, le phlogiftique néceflaire à fa faturation.»
On peut tirer des détails contenus dans letroi-
fiême paragraphe de la differtation de Bergman
fur les précipités métalliques quelques réfultàts
généraux qui préfenteront la théorie de cet
illuftre'chimifte réduite'à fes éîémens 8c à fes
bâfes principales. i° . De douze fluides élafti-
ques dont il a parlé, il en admettoit huit allez
bien connus pour que fuivant lui on ne put
élever aucun doute fur leur nature} e’étoit en
général ceux qu’il croyoit provenir d’âcides phlo-
giftiqués, tels que les. gaz acide vitriolique,
nitreux, muriatique , 8c muriatique déphlogifti-
qué qu’il affocie au précèdent, le gaz fluori'que,
le gaz acéteux , le gaz alcalin 8c le gaz hépatique
; il eft évident qu’il créoit ici desfuppo-
fitions gratuites 8c qu’ il ne fourniffoit aucune
preuve fur la prétendue préfence du phlogiftique
dans-le gaz muriatique , le fluorique , l’acé^eux,
l’alcalin 8c même hépatique , & qu’a .cet égard/
fon opinion n’étoit qu’une pure hypothèîè. 2°.
Les quatre autres, favoir l'acide aérien, Tair
nuifible ou v icié , l'air pur ou falubre , ’ &
l’air inflammable l’ont allez embarraffé, pour
qu’il ait au moins avoué qu’il reftoit une
grande incertitude fur leur nature, 3. C'eft
fur l’air déphlogiftiqué 'de Prieftley que portoit
fpécialement la théorie nouvelle , 8c- qu’on
peut qualifier au moins defingulière,que Bergman
s’étoit forméé- , 8c qui étoit d’ailleurs'Plus
ou moins rapprochée de celle de Sçhèele ,
comme nous le ferons remarquer plus bas. Voici
quelle étoit la férié des idées qu'il avoit adoptées.
L’air déphlogiftiqué en fervant à la com-
buftion , abforbe le pnlogiftique qui fe dégage
des corps combuftibles j comoiné avec Jui5 il
forme la chaleur qui comme matière f rès-fubule
patfe à travers ' les vâfe.s 8c Je répand au dehois.
C’eft ainfi qu’ il fe comporte, fuivant iui,av,ec
l’air nitreux / avec les chandelles , avec les métaux
& fur-tout l’alliage fufible } il’ ne fe forme
pas d’air nuifible par cette phlogiftication, mais
un corps fubtîl / la chaleur qui s’échappe. La
refpiration ne diminue pas l’air déphlogiftiqué
qui lui paroît fournir plutôt du phlogiitique au
fang qu’en abforber de lui } c’ e-ft ainfi que i air
inflammable , quoique contenant beaucoup de
phlogiftique, peut être refpiré impunément plus
de- trente fois de fuite 8c ceffer d’être inflammable
} dans cette manière de‘ confidérèr 1 air
déphlogiftiqué, Bergman rejettoit cette dénomination,
8c \è ü o m m o i t air f a lu h r e , air pur •,
de même l’air phlogiftiqué lui fëmbloit devoir
être nommé air •vicié, jufqu’à ce qu on connut
mieux la prétendue nature déphlogiftiquée du
premier, 8c phlogiftiquée du fécond. Celui-ci lui
paroiffoit même pécher plutôt par défaut que pat-
abondance dé pnlogiftique. On reconnoït bien
par cet expofé queèBergman n’avoit pas une idee
exaéte des expériences de Lavoifisr , qu il fern-
bloit même en ignorer la plus grande partie}
qu’il ne partoit que d’après celles de Prieftley
& de Scheèle, 8c qu’ il négligeait une foule
de réfultàts exaéts , fondés fur les poids & fur
l’état des matières avant 8s après leurs com-
binaifons > on va retrouver la même chofe, 8c
d’une manière encore plus frappante , dans la
théorie générale des gaz, adoptée par Bergman ,
& dont nous allons rapprocher ici les principaux
traits pour la rendre comparable à celje de La-
voilier. 40. L’acide nitreux lui paroît être la
fource commune des quatre gaz qu’il croit, de
nature encore inconnue ou au moins incertaine,
&fur la formation. & la compofition defquels il bâ- :
tit cependant tout fon fÿftème , avec unehardieffe i
& une légèreté qu’on ne «peut s’empêchet d’être
étonné de rencontrer dans un homme aufli fage
d’ailleurs, aulfi fort dans fa méthode de rai-
fonner , dans l’auteur enfin de tant d’excellentes
differtations , foit parmi celles que nous avons
déjà fait connoître , foit parmi celles qui nous
reftent encore à parcourir. D’acide nitreux uni
à un peu de phlogiftique, lui-paroît former
l’acide aérien} à un peu plus dé phlogiftiqué ,
le convertit en air nuifible ou vicié, 1 air
phlogiftiqué de Prieftley, une plus grande dofe
eucore le change en air falubre. Les végétaux
expofés à la lumière donnent de l’air falubre en
décompofant cette lumière qui eft un compofé-
formé de phlogiftique 8c. d’air falubre ,& dont
ils abforbent le premier principe pour laiffer le
fécond ifolé. Dans ces fingulières hycothèfes ,
Bergman avoue qu’il ignore quelle elt la place,
du gaz nitreux, 8c pourquoi l’air vital qu’il,
regarde comme de l’acide nitreux furcharge de
phlogiftique 4 ejl çuqçje fufcept^ble ÿen ejieYer
à ce gaz ; il n’cft pas moins entbarrafti fuy
l’origine 8c la nature de l’air inflammable qui jui
paroît cependant contenir encore pins de phio-
gi{tique que l'air viral , 8c qui fins être la chaleur
, comme il fembleroit devoir être dans la
fiiite .de fes idées , lui offre une combinaifon
très-: particulière-, nuis toujours d'acide & de
phlogiftique. Ainfi l’acide du nitre étoit pour
Bergman la matière première des quatre principales
eipèces de gaz fuivans, l'acide aérien, l’air,
vicié, l’air falubre.& l’air inflammable} de plus,
il formoit la chaleur 8c toujours avec des proportions
différentes.de phlogiftiques 5 8c cependant
le gaz nitreux qui en provient le plus mani-
feftetiunt aux yeux de tous les phyficiens , feiri-
bloit fe détacher de cette commune origine
dans l’opinion du célèbre Suédois. 50. La fuite
de ce fyftème s'appliquoit encore de la manière
fuivante aux phénomènes des diflolutions des
métaux, de la rédu&ion.des chaux métalliques,
&c. Les métaux contenant naturellement de l'a
chaleur , la laiffoient fimplement exhaler pendant
leur diffolution dans les* a;ides; l’air vital
fourni par les chaux métalliques imprégnées d’acide
nitreux provenait en partie de la décompo-
fition de la. chaleur employée , en pairie delà
phlogiftication de l’acide}.ce qui arrivoit au
nitre chauffé/eul, expliquoit, fuivant Bergman,
la férié de ces produètions ga^ufes ; les chaux
des métaux parfaits ,. f e reduifoient feules 8c
donnoient de l’air vital en raifon de Ja -forte
affinité de ces métaux pour le phlogiftique &
de la grande tendance qu’elles ont pour décom-
pofer la chaleur, en abforbant fon principe
inflammable , & mettant en liberté l’air falubre
qui conftitue l’ un de fes principes. Telle elt la
bâfe de la théorie, de Bergman préfentée affez
en détail, pour qu’il ne refte à cet égard aucune
obfcuriîé, dans le tuoifième paragraphe de la differtation‘
que nous analyfons. Ainfi réduite à fes
premiers élémens,.ainfi concentrée pour en mieux
faire connoître la fubftance .& la force , on
voit qu’elle fuppofe dans fon auteur des notions
fort imparfaites, incohérentes & tout-à-fait in-
complettes des expériences modernes, 8c fur-
tout de celles de Lavoifier } de-là vient qu’il n'a
tenu aucun compte du poids des matières, de^ la
préfence déjà bien démontrée de la bâfe de l’air
vital dans les acides, dans les^chaux métalliques,
de l ’impofïibilité de concevoir comment une matière
auflî pefante que l’eft la bâfe de cet air
vital , pouvoit par fa combinaifon avec le phlogiftique
perdre tout fon poids , & acquérir fous
fa forme de chaleur une . tenuité affez grande
* pour traverfer les vaiffeaux de verre. Au refte ,
cette opinion que nous avons déjà plufieurs fois
appellée finguliere , tient à la fuite des expériences
&.des idées de Schèele, qui avoit adopté
fur la chaleur 8c la lumière un fyftème auquel
i\ n’a tenu que par l’état d'incertitude ou la