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à la fois, il faut bien boucher la bouteille,
afin de confervet les efprits ; cette diffolution
le fait a froid : remettes de l'étain dans ladite
eau régale de temps en temps, mais n'en mettez
jamais que la première fois ne foit diffoute ,
commuez ainfi jufqu’à la fin j lorQu’elle fera
Çrere, faites réchauffer la teinture de carmin 3
orez’ la du feu 8c jetez-y votre diffolution d’é-
tam gputre à goutte ,' vous verrez lé carmin fe-
former 8c fe précipiter au fond à vue d'oeil.
Quand il fera bien repofé, vous en décanterez
1 eau par une douce inclinaifon , afin d'en féparer
Je corrofif de Tèau-forte : on met alors 1 z carmin
. des plats de faïence ou des terrines ver-
niffees. éi après un certain repos, il s'y trouve
encore de l’eau , on la reverfe , 8c on fait fé-
cher \q carmin à l'ombre & à l'abri de la pouf-
liere 5 étant iec , on le tamife.
Carmin d'Allemagne , très-beau.
Faites bouillir-fix pintes d'eau de rivière bien
claire , dansun.chauderon de cuivre 5 fitôt qu’elie
bout, jèttèz-y deux onces de cochenille mef-'
teque en poudre fine 5 qu'il faut bien remuer
aVec une brode très-nette , fans colle, ni Jeffive 5
laiffez bouillir fix minutes feulement; jetrez-y
a^or? fixante grains d'alun en poudre 3 faites
bouillir encore trois minutes avec l'alun 3 ôtez
le chauderon du feu , laiffez prefque refroidir la
teinture , vous Ja verrez alors d'une, couleur
d'écarlate fort vive3 tirez-la par le fiphon.de
verre à travers un tamis de foie : au défaut d'un
fiphon , verfez-la par inclinaifon avec-précaution
, afin de ne point entraîner dè marc du
fond î rempliffez de cette teinture plufieurs plats
de faïence ou terrines verniffées 5' laiffez-les re-
pofer trois jours dans un fieu tranquille : après '
ce temps-là, verfez vos eaux rouges qui fur-
nagent au carmin , dans d’autres vaiffeaux avec
dextérité, vous trouverez vos terrines chargées
de carmin qui s’y fera repofé ; vous le ferez
féchér à l'ombre & hors de la pouffiére 3 au
bout de trois autres jours vous décanterez l'eau
de vos autres terrines -, au fond defquelles vous
trouverez encore un carmin affsz beau , qui fe
vend pour fécond. Ces carmins font fi tendres
& fi légers, qu'il n'eft.pas rieceffaire .de les
broyer ni tamifer 3 il fuffit de les' ôter de leurs
térrines avec une broffe de poil rude , puis les'
frotter un peu dans un papier , comme on frotte
le tabac lorfqu’on le mouille. Le carmin femet
ordinairement dans du papier iiffé , qu’on achète
chez les artiftes.
Carmin de Vancienne Encyclopédie.
Prenez cinq gros de cochenille, trente-fix-
grains de graine de chouan, dix-huit gros'd’é-
corce de raucou , & dix-huit grains d'alun de
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roche ; pulvérifez chacune de ces maiières 4
part dans un mortier bien net; faites bouillir
deux pintes & demie d'eau de rivière ou de
piuie j bien claire j dans un vaiffèau bien net y
bc pendant qu'elle bout , verfez y le chouan ,
& le laiffez bouillir trois bouillons , en remuant
toujours avec une fpatule de bois , 8c paffez
promptement par un linge blanc : remettez cétté
eau paffée dans un vaiffèau bien lavé 8c la faites
bouillir 5 quand elle commencera à bouillir mette2*}’
la cochenille, 8c la laiffez bouillir trois
bouillons , puis vous y ajouterez le raucou 5
& lui laifferez faire un bouillon 5 enfin, vous
y verfrrez l'alun, 8c vous ôterez en même temps
lé vaiffèau de deffusléfeû, vouspafferez promptement
la liqueur dans un plat de faïence ou
de porcelaine bien net, Scfans preffor Je linge >
vous laifferez erifuite repofer la liqueur rouge
pendant 7 à 8 jours, puis vous verferez doucement
le clair qui fumage, & laifferez fêcher
le fond oii les- lues au foleil ou dans une étuve ;
vous les ôterez enfuite âv*c une broffe ou plume ,
P ce fera du -carmin en poudre très-fine 8c très-
belle en couleur.
Remarquez que dans un temps froid, on ne
peur pas taire le carmin, attendu qu'il ne fe
.précipite pas au fond de la liqueur, mais fait
une efpèçe de gelée 8c fe corrompt.
La cochenille qui refte dans- le linge après
avoir paffé la liqueur, peut être remife au feu
dans de nouvelle eau bouillante , pour en avoir
un fécond carmin 3 mais il ne fera ni fi beau ,
ni en auffi grande quantité que le premier.
Nota. C houan ( i ) , èfpèce de femence inconnue
, allez fémblable au fémen :contra , un peu
plus nourrie, d’un vert jaunâtre , d'un goût
légèrement aigrelet 5 on l’apporte du Levant.
Autour (2), efpèce d’écorce, que les épiciers
droguiftes tirent du Levant, par. la voie de
Marfeiile. Elle eft affez femblable à la canelle ,
mais plus pâle en deffus 3 en dedans elle a la
couleur de noix mufeade , avec des points bril-
lans. Elle eft légère , fpongieufe, fans odeur &
d'une faveur infipide.
(V lL LEM E T .}
CAROTTE.. ( Pharm. )
Daucus carota. -
Cette plante commune , fauvage , eft devenue
potagère par la culture. L'on cônnoît l ’ufage
journalier de fes racines dans la cuifine. Elle
eft également commune au Japon. Cette racine
excellentê eft légèrement relacnante, paffepour
calmer la toux. Aretée rapporté que la nourriture
de carotte eft utile dans Yéléphantiafis. M.
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de la Chenal dit que cette, racine y mangée
crue , tue jk. chaffe louvenc les vers. Sa décoction
fuivant Rofeniteîn , guérit les aphtes de
la bouche des enfans, 8ç adoucit le ptyahfme des
véroles. Cette même racine récente , crue , réduite
en cataplafine-, fait un remède pour le
cancer ouvert, dont on fait un cas extreme
depuis quelque temps; nous l'avons vu réuffir
fouvent appliqué lui les brûlures récentes, 8c
contre- les ulcères.
Les femences de carôtte font carminatives ,
diurétiques , emménagogues. Leur infufion dans
le vin blanc , provoquées règles 8é i’u rine ,
eft utile aux affrétions hyftériques, convient
dans le ,calcul. Yan-Melmont aflure-qu un jaris-
confuîte fut exempt pendant plufieurs années
de violentes douleurs de calcul, en buvant de
ririrufion de cette graine dans de la bière.. Le
journal de médecine parle d’une colique néphrétique
, guérie par l'infufion de cette femence.
On préfère celle qui provient de la carotte fauvage.
C'eft une des quatre petites femences
chaudes. .
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i qu’à demi-gros. Cette femence fert dans la thériaque
d'andromaque , le michiida.te , le diapho.e-
nix -, 1 ephilonium romain , Yaureum alexandrmum,
l’éleétuaire de baies de laurier , les pillules de
huit drogues de Nicolas d'Alexandrie , le firop
d'armoife , le firop de calament de Mefué, l'eau
hyltérique, là clairette des fix graines carmina-
tives , la poudre diaprafiurri, le diacurcuma
magna de Mefué, le tripkera magna.
(W illemet.)
C arotte d’alsace. ( Pharm. )
Peucedanum alfaticum.
Daucus alfaticus. Bauh. prods.
L'on attribue à fa femence les memes vertus
qu'à celles des autres carottes.
(W illemet.)
C a r o t t e eenouillete ou visnague.
(Pharm. )'
Suivant quelques auteurs, les feuilles de la
carotte (ont vulnéraires &c fudorifiques.
L’on peut retirer de la racine de carotte du
fucre, un firop doux, & un efprit ardent.
On fait avec fa femence , une liqueur agréable
& odorante, qu'on appelle .eau de vej-
tixle.
On cultive en Angleterre cette plante en grand
pour fervir de nourriture au bétail , & félon M.
Arthur Yqung , habilé-cultivateur anglois, rien
n'engraiffe mieux les porcs.
Le rouge des ombelles, donne une couleur de
cochenille.
(W illemet.)
C arotte de crete. (P h a rm .)
' Athamanta cretenjis:
Daucus creticus. Cam. épit. 536.
C'eft une plante ombellifère , qui croît fpon-
tanément, parmi les graminées dans la Suiffe,
la Carnîole , le Schneeberg , la France méridionale,
la Crete. La femence nous eft envoyée
de Candie, qui peut fort bien -être remplacée
par la femence de notre carotte fauvage. La femence
de daucus de Crete, eft eftimée propre
à ■ brifeT le calcul de la veftïe , contre le hoc-
quet, les coliques venteufes, les affeéfions utérines.
On doit la choifir oblongue, blanchâtre,
pointue, un peu. velue , d’une faveur âcre , aromatique.
La dofê eft depuis demi fcrupule. juf-
Daucits vifnaga.
Vifnaga. Match.
Les propriétés de cette efpèce ,-font analogues
à telles du fenouil. Les ombelles s’emploient
en Turquie _en façon de curedent.
(W illemet.)
CAROUBIER ou CAROUGE. (Ph a rm .)
Ceratonia Jiliqua,
Siliqua edulis. C. B. 400.
C'eft un arbre de grandeur médiocre qui croit
dans les Indes orientales, en Egypte , en Sicile ,
dans Rifle de Candie , en Efpagne, en Provence,
dans le royaume de Naples. La filique qu'il porte
eft bonne à manger 3 elle eft nouri iffante , adou-
ciffante , laxative, calme la toux, diflîpe fou-
vent cette vive ardeur de l’eftomac , qu’on
nomme pour c e h fe r ch a u d .'P ïïe convient aufli aux
afthimatiqües, & contre les étranglemens. Onia fait
entrer dans les infufions pectorales 3 la dôfe eft depuis
une demi-once j ufqu’à une once, pour chaque
livre de décoCtion. La pulpe que l’on en retire eft
employée comme celle de caffe. Le firop de ca-
rouge eft d’un grand ufage en Italie. Le fruit du
caroubier entre dans le firop diacode , la décoétion
pour les enfans, les efpeces pour la décoétipn
de la pharmacopée de Vittemberg, l'ëleCtuaire
pour- les enfans, les pillules balfamiques de Morton.
Suivant la formule de plufieurs pharmacopées
Allemandes, les gouffes du caroubier font données
aux beüiaux 8c à ta volaille , c’eft une nourri