
déjà fur l’air fixe , qu’il a feulement confirmé
les faits connus , & donné plufieurs procédés
nouveaux pour examiner & combiner cette ef-
pèce d’air comme il l'appelle > mais qu'il n'en a
pas même reconnu la nature acide. On recon-
noîtra bientôt que Prieftley n’avoit ni l’habitude
coopérer, ni la manière de. voir , ni les idées
d’un chimifte ; fans cela, il eut fait des découvertes
plus importantes encore que celles qu’on
lui doit , il n’auroit point propofé une foule
de théories vagues & -incertaines ; il n’eut point
fur-tout en eettebfingulière verftialité d’opinions
qn’on trouve dans fes différens articles, & fpé-
eialement dans fes ouvrages poftérieurs où on
Je voit changer d’avis fur la nature des corps
à chaque nouvelle expérience ou à chaque découverte
qu’il faifoit. Il eft vrai que c’eft bien
aufli en partie la fauté & du grand nombre de
découvertes qu’il a faites , & de la rapidité
avec laquelle elles fe font fuccédées., & de la
diverfite fingulière ou du peu de rapports qui
kii paroifloient d’abord exifter entr’elles. On
peut dire qu’il étoit prefqu’impoflible à un fi
grand travailleur, à un fi habile inventeur ou
découvreur, d’employer tous les matériaux qu’il
créoit en quelque forte, à chaque pas qu’il
faifoit dans cette brillante carrière.
Le fécond article de l’ouvrage de Prieftley a
pour objet l’air dans lequel on a fait brûler
des chandelles ou du foufre. Ici, le phyficien
anglois commence à s’éloigner de la route
qu’on fuivoit dans les expériences dont on s’oc-
cupoit depuis plufieurs années; il s’en crée une
nouvelle en fuivant les premiers erremens de.
Haies auxquels ri a beaucoup ajouté. 11 a renfermé
fous des récipiens ou des cloches de
-verre des quantités déterminées d’air dans lequel
il a fait brûler des chandelles ou du foufre.
L’air a diminué d’un feizième ou d’un quinzième
de fon volume, &: cette diminution peut être
trois fois plus grande par la refpiration, la putréfaction
, la calcination des métaux, le mélange
de foufre & de limaille de fer : cette
diminution n’a pas lieu toute entière en une
feule fois, ni fur-le-champ j il faut laver l’air
avec l’eau > arrêtée avant cela , elle continue
enfuite j el*.e eft prefque nulle fur du mercure,
parce qu’il n’y a pas d’eau qui abforbé ; elle
a un terme où elle s’arrête définitivement j
avec une fuffifante quantité de foufre , elle eft
toujours proportionnellement la même en raifon
de la grandeur dés récipiens. Après ces’ opérations
, l’air des cloches qui a fervi à brûler
des chandelles, des bougies, de l’efprir-de-vin,
-de l’éther précipite l’eau de chaux. Celui ou
a brûlé du foufre ne produit pas le même
effet ; Prieftley l’attribue à la préfence de l’acide
du foufre qui, dit i l , empêche la précipitation!
en diflolvant la craie. L’air qui a feryi à ces
combuftiqns éteint les bougies, ce n’eft pas à
fa dilatation qu’eit due cette propriété, comme
le croyoit M. de Saluces, puifque, comprimé
dans une machine, il n’en eft pas moins délétère j
les veffies où on le comprime lui rendent fa
propriété première , mais ce n’eft pas par la
preflion. Prieftley ne s’eft pas expliqué a cet
egard : il afture aufli que les animaux peuvent
vivre dans l’air qui a fervi à brûler les corps,
pourvu qu’on enlève auparavant les vapeurs qui
fe font formées, On voit qu’il ne favoit point
épuifer l'air complettement par la combuftion ,
& que dans fes premières expériences il n'avoit
rien appris ni conclu de pofirif relativement à
l’influence de l'air fur la combuftion.
L’article troifième contient des expériences
fur l’air inflammable. M. Prieftley obtient’ cette
efpèce d’air , comme M. Cavendish l’avoit déjà
décrit quelques années auparavant dans les Tran-
faCtions philofophiques. 11 diffout du fer, ou du
zinc, ou de l’étain, mais fur-tout les deux premiers,
dans l’acide vitriolique j & il raflemble
le fluide qui fe dégage dans des veflies ou fous
des cloches. En diftillant du charbon de terre
ou des fubftances végétales & animales dans un
canon de fufil, à l’extrémité duquel il plaçoit un
tuyau de pipe & une veflie, il obtenoit également
l’air inflammable qui fe dégageoit. Suivant
lui , un degré de chaleur très - haut &: donné
rapidement, dégage fix à fept fois plus d’air inflammable
qu’une chaleur graduée, à quelque
violence qu’oft la pouffe à la fin de l’opération.
Il en eft de même pour celui qui eft produit par
les diffolutions métalliques s il faut que l’effer-
vefcence foit prompte & rapide pour en avoir
davantage 5 les veflies laiffent traverfer ce fluide
ainfi que le Kége ; il faut, pour le contenir, le
renfermer dans des vafes de verre plongés dans
Peau. Confervé fur l’eau, il dépofe une ochre
jaune s’il a été fait avec du fer, & blanche fi
c’eft avec du zinc. Il ne fe dilfout point dans l’eau
comme l’air fixe ; cependant par une longue agitation
, il s’en abforbe un quart ; le refte n’eft
plus inflammable. Celui qui provient des cou-
peaux de chêne, eft abfofDé à moitié de fon volume
, ce qui paroît venir du mélange de l’air
fixe ; le réfidu eft de l’air ordinaire. Les animaux
meurent avec des convulfions dans l’air inflammable.
Le nombre des animaux qu’il tue, ne diminue
point fa qualité malfaisante j il ne nuit
point à l’accroiflement des végétaux. Le mélange
de plufieurs airs enfemble a préfenté des réfultats
remarquables à M. Prieftley. L’air inflammable
mêlé avec celui qui a été refpiré par des animaux,
perd fon inflammabilité 5 l’ak fixe ne
l’altère point. Confervés long temps en contâCt
l’un avec l’autre, ils gardent leurs propriétés ref-
peCtives ; le premier eft toujours abforbable par
l’eau, & le fécond toujours inflammable. L’air
inflammable a dû naturellement paroître chargé
de phlogiftique à M. Prieftley. Cependant il a
©bfervé qu’il n’étoit abforbé ni par l'aeide vitrio-
lique, ni par l’acide du nitre i il ne s’uniffoit.
meme pas a la vapeur de l ’efprjt de nitre fumant,
qui n’influoit en aucune manière fur fon inflammabilité.
Dans l’article quatrième, M. Prieftley examine
l’air gâté ou corrompu par la refpiration des
animaux. On doit s’attendre- ici à trouver avec
quelques expériences remarquables plus d’aja-
perçus & de vues que de réfultats exaCts. Ce
n’eft que plufieurs années après, & poftérieure-
ment à des découvertes étrangères à celles qui
font partie du premier ouvrage du célèbre
phyficien "anglois , qu’il a été permis aux chimiftes
de voir un peu plus clair dans cette belle opération
que la nature emploie pour la confervation
& le maintien continuel de la vie des animaux.
Souvenons - nous que nous femmes encore à
l’époque de l’année 1772, qu’on 11e s’occupoit
encore que de l’air fixe , que les vues des phyfi-
ciens étoient encore comme concentrées autour
d’un feul point , cet air prétendu fixé dégagé
dans les effervefcences , les fermentations; qu’on
commençoit feulement à entrevoir, d’après les
premiers effais de Cavendish & les premières
idées de Smeth, l’exiftence de plufieurs fluides
diadiques , suffi différens entr’eux qu’ils l’étoient
tous de l’air atmofphérique ; que Prieftley en-
tr’ouvroit une carrière toute nouvelle fur plufieurs
efpèces de ces fluides, où il n’avoit pour
prédéceffeur pour guide que le feul Haies, qui
n’avoit vu dans toutes fes expériences , que
de l’air plus ou moins altéré , mélangé ; & que
Prieftley fe voyoit encore forcé de fuivre les
mêmes idées , puifqu’il nommoit les diverfes
fortes de fluides diadiques au nom de différentes
efpèces d’air. Ne voyons tous les réfultats qui
ont été enfuite tirés par les chimiftes françois des
nombrènfes expériences qu’on a faites pendant
vingt* cinq ans, & la brillante théorie qui en eft
réftfttée, qu’à travers un nuage épais ; oublions
même, pour un moment, l’exiftence de cette
théorie, & tranfportons-nous avec notre ignorance
toute entière à cet égard au temps dont
bous retraçons l’hiftoire. Comptons les différens
traits de cette hiftoire intéreffante, comme autant
de voiles ou de rideaux qu’on a déchirés ou
foulevés fuceeffivement par les découvertes qui
fe font fucçédées les unes aux autres. Nous
n’avons encore vu, pour ainfi dire, que le commencement
de deux (cènes de ce drame hifto-
rique ; l’une relative à l’air fixe dont la nature
acide W W Ê même point bien déterminée, lorf-
que les premières expériences de Prieftley ont
paru à la fin dé 1772 ; l’autre appartenant à la
diftih&ion de divers fluides élaftiques réellement
différens de. l’air, & ;à leur influence entrevue
fur les phénomènes naturels. Bien avertis du point
où nous fommes dans cette carrière peu avancée
à l’époque des premiers travaux de Prieftley,
voyons ce qu’il trouva fur l'air infeâé par la
refpiration.
L’air qui à fervi quelque temps à cette fonction,
n’entretient plus la vie des animaux. Si un
animal y eft mort, un autre qu’on y introduit,
périt fur-le-champ ; cependant les animaux
femblent s’y accoutumer, car quoiqu’ils paroif-
fent s’y porter encore allez bien après y avoir
féjourné long - temps , un autre animal frais y
périt fur-le-champ, tandis que les.premiers continuent
à y vivre quelques minutes encore. Les
jeunes réfiftent plus que les vieux à cette épreuve.
Ces expériences, comme toutes celles qui tiennent
à la force vitale, ont des anomalies apparentes,
& il faut en répéter un grand nombre
pour avoir quelques réfultats exaCts. L’air gâté
parla refpiration fe rapproche de l’air fixe, parc»
qu’il précipite l’eau de chaux en terre calcaire -,
mais il en diffère, parce qu’il diminue le volume
de l’air au lieu de l’augmenter comme l’air fixe ,
parce qu’il n’eft point abforbé par l’eau, parce
que les infeCtes & les végétaux y vivent encore,
tandis qu’ils font tués par l’air fixé. Il s’eft gliffé
quelques erreurs dans les expériences de Prieftley;
mais elles n’ont pu être connues & corrigées que
quelques années après, comme on le verra plus bas.
Il a trouvé-une analogie entre l’air gâté; par la
refpiration & celui qui a été expofé à des corps
organiques en putréfaction; tous deux, éteignent
la flamme, précipitent l'eau de chaux, tuent les
animaux, font rétablis par les mêmes moyens.
Il en a conclu que l’ufage des,poumons eft d’évacuer
un effluve putride qui corromproit les
animaux vivans, comme il le fait après leur mort.
Le volume de l’air eft diminué d’un fixième ou
d’un cinquième par la refpiration & par ta putréfaction
des animaux. Lorfque M. Prieftley a fait
ces expériences fur le mercure , il n’a point vu
de diminution de volume ; mais elle avoit lieu
par TintroduCtion de l’eau, & fur-tout de l’eau
de chaux, fous la cloche?; la chaux étoit précipitée
en craie, ce qui annonçoit qu’une partie de
l’air étoit à l'état d’air fixe. Des cadavres de
fouris , abandonnés à la putréfaction fous des
cloches pleines d’eau , ont donné un fluide élaf-
tique non abforbable par l’eau , quoiqu’il lui ait
communiqué une odeur infeCte. La putréfaction
étant faite fur le mercure , .ce.flu-de a troublé l’eau
de chaux comme l ’air fixe. Prieftley trouvoit, &
devoit en effet trouver ep .1772 ces expériences
contradictoires avec la diminution de l’air par
la putréfaction des matières animales ; & il ne
pou voit pas expliquer alors la caufe de cette
contradiction Quelquefois une matière animale
putréfiée donne un mélange d’air fixe & d’air
inflammable. En généref> les végétaux, dans leur