
que c’eft moins Toxigène du nitre qui favorife
& accélère la combuftion du foufre , puifqu'il
faudrait une quantité de muriate furoxigéné égale
à celle du falpêtre , attendu que fous un mên*e
poids il ne contient pas plus d'oxigène que lui ;
mais que cette accélération eft due à la grande
quantité de calorique dégagée & à l’élévation de
la température. Voilà pourquoi Chaptal a vu
qu'une plus grande quantité d’air , un courant
plus fort que celui qu’on a coutume d'employer
dans les chambres de plomb 3 diminue plutôt que
d’augmenter la production de l’acide fulfurique.
Dans l’hiftoire du phofphore * Berthollet ob-
ferve que s’il blanchit dans l’eau 3 cela doit être
dû à la décompofition lente de ce liquide 3 à
l’ oxidation de la furface du phofphore, ce qyi
eft prouvé par le gaz hydrogène phofphoré qui
exiftedans l'eau , & qui donne à celle-ci fon odeur
fétide & fa propriété lumineufe. Il attribue de
même au dégagement d.e gaz hydrogène phofphoré
les vapeurs éclatantes & pétillantes qui fe
dégagent lorfqu’on chauffe dans l'air l’acide phof-
phoreux, obtenu par la combuftion lente du
phofphore. La préparation du phofphore depuis
Hellot 8c Macgrat jufqu’ à Scheèle & Nicolas
l'occupe beaucoup, & il apprécie avec méthodq
& netteté la valeur comparée des divers procédés
imaginés pour fe procurer ce corps combuf-
tible.
Il gliffe très * rapidement fur l’arfénic & fon
acide } il ne fait qu’énoncer l ’exiftence des acides
tunftique 8c molybdique.
Il compare rapidement aufli les acides végétaux,
l’ oxa ique, le tartareux , le malique , le citrique,
l'acéteux. Il fait voir qu’on les forme parle moyen
de l ’acide nitrique; que dans cette formation artificielle
, on obtient d’abord l’acide, ma'ique ,
enfuite l’oxalique , puis l ’acide acéteùx. L’acide
tartareux qu'on obtient de l’alcool traité par l’acide
du nitre, fuivant Hermftad, paffe à l’état d'acide
oxalique lorfqu'on le traite par l’acide nitrique.
Dans tous les cas, l’acide nitrique fe decompofe,
& donne du gaz nitreux. Son oxigène s’unit à une
bafe végétale, que la décompofition par le feu
annonce être du carbone 8c de l’hydrogène, puisqu’on
a dans la diftillation des acides végétaux
pour derniers produits de l'eau , de l’acide carbonique
, de l’huile , du charbon , du gaz hydrogène
carboné. Les proportions de carbone 8c
d’hydrogène qui conftituent cette bafe varient
dans chaque acide végétal. L'acide malique lui
paroit contenir le moins d’oxigène , enfuite
viennent fuivant lui, dans l’ordre de la proportion
croiffante de ce principe, l’acide tartareux,
l'acide oxalique, le citrique & l’acéteux. L’auteur
fait voir qu’un phénomène analogue à l’aétion de
l’acide nitrique a lieu dans la maturation des
fruits , qu’il s'y forme différens acides végétaux
qu’ils fe décompolént & difparoiffent. L’acide
acéteux lui paroît n’être moins fort que les acides
oxalique 8c tartareux , quoique plus oxigéné
qu’eux , que parce qu’il a une grande tendance à
prendre la fotme de fluide élaftique.
. En s occupant enfuite de la décompofition
fpontanée des acides végétaux 8c de leurs fels
diffou^ dans l’eau, il obferve que fi les acétites
fe décompofent plus vite 8c donnent pour réfidu
du carbonate de potafle plus pur , que les tar-
trites qui en s altérant lentement préfentent dans
1 eau des flocons plus denfes , plus abondans
fouvent mêlës d'huile épaiffe, c’eft que le premier
eft moins acide, toujours à caufe de fa tendance
* prendre la forme gazeufe, 8c que le fécond eft
plus huileux 8c plus charbonné. Au refte , les
acides végétaux fi multipliés depuis quelques années
, quand on les étudie furtout par rapport à
leu-s combinaifons falines & à leurs affinités réciproques,
lui paroifient préfenterjun véritable luxe
fcientifique> il croit qui) faut feulement en étudier
les différences générales , faifir, s’ il fe peut,
la marehe de la nature dans leur formation, leur
décompofition , 8c fpécialement leurs applications
à la théorie générale 8c aux arts. Il s eft contenté
fous ce point de vue de dire quelques mots fur
les acides camphorique , fubérique, faehladique,
pyroligneux, pyrorauqueux , fuccinique , la&i-
que , toimique bombique.
A la fin de cette leçon il agite une queftion
importante j où il avoue n’être pas entièrement
d’a cord avec les chimiffesi c’eft celle de l’acidité
qni eft généralement attribuée à l’oxigène j en
forte que ceux qui adoptent cette théorie generale
de l’acidification , vont jufqu'à >pen£;r que
de ce qu’une fubftance eft acide elle contient
néceffairement de l’oxigène. Il convient que l’oxigène
donne fouvent les propriétés acides aux
corps avec lefquels il fe combine, mais il lui
paroît plus général de dire , qu’il accroît la tendance
à la combinaifon, qu’il augmente la capacité
diiîblvante , laquelle en fe manifeftant fouvent
parles propriétés acides, fe manifefte quelquefois
aufli par des propriétés trèsrdifférences. Il cite à
cette occafion l'eau qui contient o>8y de fon
poids d'oxigène & qui n’eft pas acide, l’oxide de
fer dans lequèl il peut y avoir un tiers de fon
poids d'oxigène fans être acide, les métaux qui
en s'oxygénant s’uniffent aux acides & prennent
en quelque forte'des propriétés oppofées à celles
des acides. Il indique des matières qui fe comportent
au contraire comme des acides qui
ne contiennent point d'oxigène, tel que le* foufre,
les acides très-prononcés où l’on n’a pas trouvé
j d’oxigène , comme l’acide muriatique, le fluorique
& le boràciqüe. Il infifte fur l’acide muriatique
qui, en s'unifiant à l'oxigène à la manière
du foufre , du phofphore, de l’azote, forme
d’abord une matière non acide, & devient, par
une plus forte oxigénation , un acide piiilïant &
nouveau, le furoxigéné, mais bien différent de
l’acide muriatique. Enfin, il préfente l acide pruf-
fique comme nè contenant pas d’oxigène , & il '
eonclud de toutes ces obfervations réunies que
les acides ont entre eux dés rapports qui doivent
les faire envifager comme une claffe de corps
ayant des propriétés communes, que la plupart
acquièrent ces propriétés pat' l’union de 1 oxigène j
que cependant quelques1uns font acides fans cette
union, ou fans qu’on puifte affirmer qu ils en
contiennent j enfin , que l’oxigène qui, par fon
acceffion , augmente la faculté diffolvance, ne
peut pas être cor.fidére comme un élément infe-
parable de l’acidité. L’auteur a pouffé encore plus
loin depuis cette idée fur l ’acidité indépendante
de l’oxigène , en prouvant, comme j e l ’ai^dit
ci-deffus, que l’hydrogène fulfuté donnoit a 1 eau
plufieurs des caraâères d'acide, & fe comportoit
abfolument de même qu’un acide, par rapport
aux alcalis & aux matières alcalines.
On voit par les détails dans lefquels on vient
d’entrer fur les onze leçons du citoyen Berthollet
à l’école normale , les feules qu’il ait publiées
dans ce cours, combien il eft à defirer que cet
ouvrage foit continué par l’auteur, & combien
on doit regretter que la ceffation trop prompte
de cette école, ne lui ait pas permis d’achever cet
ouvrage, commencé fur un plan différent de tous
ceux qui ont été jufqu’à préfent fuivis dans les
traités les plus eftimés fur cette fcience.
A. cette férié des principaux ouvrages de chimie,
publiés en France dans la dernière époque , dont
nous parcourons ici les productions relatives a
l’hiftoire de la doétrine pneumatique, on pourrait
joindre plufieurs autres traités , qui, fans traiter
ex\profefo de cette fcience,en ont cependant adopté
les nouveaux principes , & tracé quelques idées
générales. Tels font les élémens de phyfique des
citoyens Briffon , Coufin ,L ib e s , où les vérités
fondamentales de la chimie moderne font expo-
fées avec clarté & précifîon.
Quant aux traités relatifs à la chimie pneumatique
publiés dans les pays étrangers . outre les
traduâions allemandes, angloifes, hollandoifes,
ita'iennes &efpagnoles, des principaux ouvrages
dont on vient de donner la .notice & 1 extrait, il
faudroit de longs détails & furtout une connoif-
fance étendue des langues & 1 hiftoire littéraire
de ces différens pays , pour er, préfenter ici une
notice exaéte ; outre que ces premiers moyens
me manquent per Tonnelle ment, les circonftances
de la guerre ont tellement interrompu prefque
toutes les communications avec ces memes pays ,
pendant la durée même de l’époque que nous
parcourons actuellement , qu’ il feroit prefque
abfolument impoflible en ce moment de fe procurer
les moyens de remplir cette partie importante
de l’hiftoire moderne de la fcience. Nous
ferons donc obligés eu terminant cette huitième
& dernière période du fixième paragraphe de
notre article , de nous contenter de quelques
notions générales fur le fort que la doétrine pneumatique
a éprouvé dans les pays étrangers pendant
les dernières années. Nous ne pourrons en
parler que d’après quelques renfeignemens fournis
par lés voyageurs philofophes, ou puifés dans le
petit nombre d’ouvrages qu’il nous a été permis
de parcourir ou de voir.
En Angleterre, la doétrine pneumatique eft
prefque généralement adoptée pat les phyficiens
& les chimiftes , depuis que-MM. Black , Kirwan
& Cavendish qui ont tant contribué par leurs
propres découvertes à la richeffe aétuelie de cette
belle partie des connaiffances humaines , ont
renoncé abfolument à l’hypothèfe du phlogiftique
& admis toutes les bafes de la doétrine fran-
çoife ; il paroît que le plus grand nombre aes
ph'lofophes anglois fuivent abfolument la même
opinion, Sc qu’ils marchent avec plus ou moins de
fuccès dans cette carrière fi fertile en découvertes.
MM. Pearfon, Tenant & plufieurs autres
s’occupent fans ceffe de travaux & de recherches
fruétueufes. M. Hope , digne furvivancier de
M. Black dans fa chaire de chimie à Edimbourg,
pourfuit avec ardeur les mêmes travaux. M. Bed-
doës applique avec fuccès toutes les nouvelles
découvertes à l’art de guérir ; il paroît même que
les médecins anglois , moins timides dans les
effais & plus curieux de nouvelles recherches
dans leur ar t, que le plus grand nombre des médecins
des autres nations , appliquent avec har-
dieffe les idées que doivent faire naître les découvertes
chimiques aétuelles à l’emploi des
médicamens. On y a fait ufage des fels bary tiques
avec fuccès dans le virus fcrophuleux , des fluides
diadiques divers dans les maladies ; on y a reconnu
l’utilité de l’air moins pur que celui de l’atmof-
phère & de la proportion plus grande du gaz azote
qu’elle n’a coutume d’être dans les affrétions des
poumons. On s’y occupe fpécialement, depuis
quelque tems , d’apprécier l’effet de l ’oxigène
dans les maladies ; deconftater que c’eft à lui que
font dues beaucoup de propriétés médicamen-
teufés, furtout la vertu tonique , fortifiante ; on
y prouve qu’il joue un très-grand rôle dans la
guérifon des maladies vénériennes, en fe dégageant
des oxides de mercure qui fe réduifent dans
l’intérieur de nos corps ; on affure même que
l d’après- les premiers effais heureux faits par un