
tes, pdstir les convaincre que fi quelques phyfî-
.c:ens femblent avoir faifi les momens où , livrés
tout entiers aux travaux que la défenfe de leur
patrie exigeoit d’eux , les chimiftes François ont
été obligés d’interrompre pendant quelques mois
le cours de leurs découvertes 8c de leurs recherches
3 pour attaquer leur doctrine par des
expériences multipliées , & effayer d’y fubfti-
tuer une théorie nouvelle , auflitôt que ce glorieux
loifïr auquel les ont rappelés les immortelles
victoires des armées françoifes , leur a
permis d’en prendre connôiffance , ils ont fait
voir, en répétant les mêmes expériences 3 qu’elles
ne conduisent pas du tout aux réfulcats qu’on
en avoit tirés , & que la prétendue chute de
îa doétrine pneumatique qu’ils en avoient a tic
gurée , étoit illufoire 3 comme la nouvelle théorie
qu’ils propofoient de mettre à la place.
Les phénomènes généraux fous lefquels tous
les faits de chimie peuvent être dtfpofés ,
& qui comprennent dans leurs applications
tout l’enfemble de la fcience 3 font 3 comme
on l’a dit à l’article Axiomes -3 au nombre
oe douze. En les préfentant ici dans le même
ordre, on indiquera fommairement les nouvelles
découvertes relatives à chacun de ces phénomènes
généraux , dont l’enfernble renfermant
toutes les bâfes de la chimie, conftitue ce que
j’ ai défigné fous le nom de Pkilofopkie Chimique,
Le premier a pour objet I’actiok & l'influence
de la lumière, négligée totalement ou
même entièrement ignorée autrefois. On a vu dans
les périodes précédentes Scheèle s’ occuper avec
un grand foin de la lumière, obferver & décrire "■
plufieurs de fes actions fur les corps , diftioguer j
les effets de ceux du calorique, effayer même de
1 ’analyfer, & d’édifier fur fa nature & fa décoiii-
pofition un fyftême que Bergman adopta , & qui
auroit eu plus de fuccès fans les données exactes
recueillies & reffemblées en corps de doctrine
par les chimiftes français. Ceux-ci furtour,
après l’adoption de la nomenclature méthodique,
fan$ fe livrer à des conjectures hafardées fur la
nature de la lumière, continuèrent à décrire avec
plus de foin fon aÇtion , à la regarder comme
entrant dans certaines combinaifons , & particuliérement
dans celle du gaz oxigène, & à expliquer
l’inflammation par fon dégagement de ce
ga z, a mefure 3 8c dans la proportion même que
la bâfe de ce gaz fe folidihoit dans les corps qui
l ’abforhjoient. Tous les faits découverts un peu
avant, & furtout depuis l’époque d'e la nomen^
clature , n’ont porté aucune atteinte à cette opinion
, & a’çnt pu que la confirmer de plus en
plus.
Dès 1776 Foureroy avoir fait remarquer que
U lumière çontribuoit au dégagement de l’air
vitaP, puifqu-e l’oxide de mercure n'en donnoit
dans les dilhllations qu’à l ’époque où les vaif-
feaux qui le contenoient étoienr rouges de feu
& pénétrés de lumière. Prieftley avoit remarqué
que les plantes expo fées à la lumière dans des
récipiens pleins d’air gâté, étoient capables de
l’améliorer. Ingenhousz s’étoit convaincu que lç
contaÇt de la lumière favorifoit le dégagement
de l’air vital des feuilles plongées dans l’eau.
Sennebier avoit confirmé cette brillante obfer-
vation, & avoit ftngifliérement étendu la con-
noiffimeè de ce phénomène. Les chimiftes fran-
çois voyant que ce dégagement d’air vital n’avoit
pas lieu fans que les feuilles fuffent plongées
dans l’eau ou dans fa vapeur , attribuèrent la
production du gaz oxigène à la décompofitioa
de l'eau , 8c trouvèrent dans cette décompofî-
tion un des principes de là végétation , & la
caufe de la formation des fi’.bftances végétales,
& furtout de l'huile par la fixation de l’hydrogène.
Ils expliquèrent ainfi pourquoi les végétaux
privés de lumière étoient étiolés, pourquoi .ceux
qui la recevoient plus abondamment, plus immédiatement
, étoient plus colorés , plus rapides,
plus combuftibles. Berthollet prouva par des
expériences exaCtes que les oxides métalliques
| expofés. à la lumière perdoient de l’air vital en
fe rapprochant de l’état métallique , que la même
chofe avoft lieu pour l’acide muriatique oxigène
qui repaffoit à l’état d’acide muriatique ordinaire
j il pouffa fes idées à cet égard jufqu’à
faire voir que la lumière avoit fur les animaux
une influence auffi remarquable que fur les végétaux
5 il apprécia mieux qu’on ne l’avoit fait
la différence de cette aCUon fur les végétaux
vivaris dont elle colore les parties, & fur les
végétaux morts, ou fur les couleurs d’origine
végétale qu’elle affoiblit, 8c qu’elle détruit tout-
a-fait. Monge fit preffentir dans plufieurs occa-
fions l’identité dé naturé entre la lumière & le
calorique, & leur différence , qui, fuivant lui,
ne confîfte que dans la condenfat ion des molécules
8c la rapidité du mouvement pour la première
, 8c leur rarité ©u leur écartement, ainfi
que la lenteur 8c l’uniformité de la marche pour
le fécond. Toutes les obfervations , toutes les
expériences faites fur la lumière depuis 1787
ayant prouvé de plus en plus que fon aCtion fur
les corps brûlés tend à leur enlever l’oxigène,
à en réparer ce corps fous la forme de gaz,
& à ramener ces corps à l’état de matières combuftibles
, Foureroy, pour rendre plus claire
dans l’enfemble de la théorie cette influence
générale de la lumière , l ’a oppofée à celle de
l ’a ir , l’a défignée par l’expreffion nouvelle de
décombufiion 3 8c s’eft fervi du verbe débrûhr pour
rendre cette manière générale d’agir. Du refte,
la théorie pneumatique n’a rien prononcé encore
fur la nature de la lumière qu’elle continue
de regarder comme un corps firaple, fur
fes combinaifons particulières, dopj elle ne connaît
encore bien pofirivement que celle avec
l’oxigène dans l’air vital,, fur Imparfaite identité
avec le calorique , qui n’eft pas prouvée directement.
C ’eft fans doute cet état encore obfcur
ou incertain de *i’hiftoire des propriétés de la
lumière, d’après lequel, malgré le peu de fuccès
des opinions de Schèele & des idées de Kir-
wan ,, qui l’avoit fubftiruée au phlogiftiqûe de
Stahl, plufieurs- chimiftes allemands ont elïayé
depuis quelques années de lui faire jouer un
grand rôle dans des théories pleines d’ailleurs
d'imagination , mais qui, appuyées fur des expériences
fouvent fautives ou manifeftemenc
calquées fur la néceffité prétendue d’un principe
inflammable , toujours conçu d’après le phlogif-
tique de Stahl , n’ont été propofées que dans
l’intention bien prononcée d’élever à côté de fa
doétrjne pneumatique des François des fyftêmes
nouveaux deftinés à en diminuer le mérite , ou
même à en fapper touc-à-fait les fondemens ; il
en fera queftion dans un moment, 8c nous en
expoferons la valeur comparée avec l’impartialité
qui doit cara&érifer le rôle d’hiftorien que
nous avons entrepris de remplir.
La fécondé claffe des phénomènes généraux
compris dans la philofophie chimique , comprend
Faction & l’influence du calorique.
On a vu dans les périodes précédentes que les
phyficiens s’étoient depuis 20 ans créé en quelque
forte un domaine nouveau par la,manière
dont ils ont traité les propriétés dé ce ; corps ^
dont la nature, l’exiftence & les caractères leur
ont fi long-tems préfenté des efpèces d’énigmes
ou des problèmes d’une folution lï compliquée
& fi difficile. Aux découvertes de Black,.de
Wilke , d’Irwine , de Crawford, de la Place &
Lavoifier, il n’a été que peu ajouté depuis
1787. Séguin , en faifant conrjoître la doctrine
& les expériences de Crawford avec plus de
précifion qu’on ne l’avoit encore fait en France,
a répandu beaucoup de lumières fur cet objet,
l’a rendu , pour ainfi dire, plus familier aux phyficiens
françois, 1k: a fait fentir furtout ce qui
pouvoit être encore à defirer dans cette carrière
fi neuvé 8c. fi difficile. Meyer a publié à
Erlang , en 1791 , un ouvrage où toutes les vérités
nouvellement découvertes ont été expofées
avec beaucoup de méthode & de clarté. La production
de la chaleur animale par la refpiration
8c par la décompofition de l’air, annoncée d’abord
par Crawford , a été v confirmée par les
nombreufes rechèrches de plufieurs chimiftes , &
furtout.par celles de Lavoifier & Séguin réunis
pour ce travail, abandonné depuis par des cir-
conftancés fi malheureufés. Vàiiquelin a déterminé
l’ altération de l’air par les inf. Ctes 8c les
limaçons. Toutes les affertions -qui font partie
de la doctrine pneumatique n’ont gagné que de
C a 1 m 1 je," Tome I I J,
h force 8c plus d’affurance par Tes recherches
fucceffives qui ont eu lieu après l’époque de la
l nomenclature méthodique 5 8e quoique c’,ait été-
fouvent fup les propriétés du calorique. 8c fur fa
nature que les chimiftes ont Je plus imaginé de
théories ■ & bâti de fyftêmes depuis ces dernières
années, aucune d’elles n’a véritablement
porté atteinte à la doCtrine dont Thiftoire nous
occupe.
Le troifîème titre de la philofophie chimique
qui nous guide pour diriger les traits de cette
dernière êfquiffe, renferme Faction de l’air
dans la combustion , & conféquemment tout
ce qui tient à la nature de l’atmofphère, à fon
influence fur les corps combuftibles, à-fa fixation
partielle \ dans les corps, à fa diverfité , à fa
variabilité , à la proportion de fes divers principes
, à fon analyfe, à fa recompofition , &e.
Cette partie, comme la plus avancée de toutes
celles de la chimie moaerne , comme la véritable
bâfe de tous les phénomènes qui lui appartiennent
, ne préfente pas dans l ’intervalle de
1787 à 1 7 9 3 ,8c même jufqu’au moment où nous
écrivons ceci, une, fuite nombreufe de découvertes
; prefque tout ce qui la concerne étoit
trouvé,, & il y reftoit peu à faire. Cependant
les années dont le cours nous arrête n’ont
point été entièrement ftériles dans cette branche
féconde & fi bien cultivée pendant 20 ans
auparavant. L’art d’analyfer l’air,8c de reconnaître
avec précifion la quantité, refpeétive d^s deux
principaux fluides élaftiques qui le compofent ,
ont fait quelques progrès par les recherches de
M, Séguin > fon cylindre eudiométrique dans lequel
il a fait brûler le, phofphore au - deffus du
mercure, en le faifant d’abord fondre à l’aide
d’un charbon allumé promené autour de la cloche
où le phofphore fe place en raifon de fa légèreté,
8c en y introduifant en fuite l’air qu’il
veut effayér , 8c dont tout le gaz oxigène , e»
allumant rapidement le phofphore fondu eft foli-
difié tout-à-coup par ce corps ccmbuftible , eft
devenu un inftrumént auffi utile que familier
dans les laboratoires 5 depuis l’on a propofé
l’emploi du fulfure de potaffe folide chauffé dans
une cornue dont on détermine la capacité avec
exa&itude. On a multiplié les moyens de fe procurer
dé l’air vital, & furtout de l’obtenir plus
pur que celui qu’on avoit extrait h.fque-là des
oxides métalliques natifs ou artificiels. Berthollet:
a découvert deux procédés qui rempliffent
ce but; l’un en expofant l ’acide muriatique oxi-
géné a la lumière ; l’autre ,*& celui-ci eft bien
préférable au premier , par la quantité de gaz
oxigène qu’il donne- , 8c par la commodité de
l'expérience qu’ il exige , confîfte à diftilLr le
mufiate fur-oxigéné de potaffe dans une cornue
de grès ou de verre lu té 2 v.èc.T appareil propre à
recevoir les fluides ëlafti^ues. Ce procédé four