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qu’on pût montrer l’ exiftencede la manganèfe dans <
les charbons des animaux , il n-eft'pas pollvbfe î
au moins dé; là- démontrer dans le charbon de f
1Jacide tartareux pur ; & par le moyen de ce f
dernier charbon , on peut parvenir à feftifier
toutes les huiles enpireumatiques , comme avec
du charbon de bois , ordinaire ». Il paroît d’après
ce que dit ici l’auteur qu’on avoir attribué lés
propriétés qu’il avoit découvertes dans le charbon
à l'oxide de manganèfe qui y eft fouvent
contenu ; 8e qu’on fe fervoit de l’expref-
fion. de déphlogiftiquer , comme Shéele l ’a-
voit dit de i’aétion de l’oxide de manganèfe fur
l’acide muriatique. Mais il eft évident que ceux
qui avoient préfenté cette idée fe trompoieht
étrangement , & n’entendoient pas-du-tout faction
de l'o^ide natif de manganèfe fur l’acide muriatique.
Rien n’eft plus prouvé aujourd'hui que
cette aéfcion -, cet oxide iaiïfe dégager de i’oxi-
gène qui s’unit à l'acide muriatique^; & quand
bien même on pourroit attribuer cette action
au phlogiftique enlevé à l’acide par l’ oxide -, on
ne pourvoit pas trouver d'analogié. entre le carbone
8e cet oxide , puifque fuivant la do6fcriner "
de Stalh , le premier eft - autant chargé de ■
phlogiftique que le fecond eneft dépourvu. J’avôue
mêmë que j'ai peine à concevoir la fingylière
facilité qu'on met à plier cette théorie ancienne
aux objets Si aux corps les plus difparates , tandis
qu’on oppofe fans ceffe des difficultés i la doctrine
pneumatique des chimiftes français, qui
cependant marche d ’unç jnanière bien plus fure te
bien plus régulière.
« 23°, La poudre de charbon , qui eft déjà
faturée des principes înflimamables 3 perd de
cette propriété : 8e elle l’acquiert derechef,
lorfqu’on la fait rougir fortement dans dès vaif-
feaux clos. ». Quelque théorie qu’ on admette ,
Ja coriclulïon générale de l’auteur eft également
vraie.
« 14?. La purification du tartre cfud par lés
charbons , eft aüffi très-avantageufe ».
•«Tels font les 24 faits principaux cités par
Lowitz fur l’a&ion du carbone.3 ' on voit qu'ils
ne prouvent pas-du-toüt ce que l’auteur entend
par déphlogifticatiôn des matières végétales &
animales 3 mais qu’ils tiennent à des effets très-
différents, & fur-tout qu'ils ne font encore ni
affez clairement expofés , ni. affez. exa&ement
décrits, pour qu’on puiffe les réduire à une
théorie générale. Le feul effet que j’aie vu opérer
dans ce genre & que j’ai conftaté par plufîeurs ,
expériences , c’eft celui qui a lieu en traitant la
mélaffe par le charbon. Comme cette expérience
a été très-bien décrite par Cadet de Vaux dans
la feuille du .cultivateur, nous ,donnerons ici les
détails^ confignés dans cet ouyïâÿè. Voiçi çom^
nient s’explique eét auteur.
C AR
J’ai fait part à la foçiéte d’agriculture d’un
moyen d’èhlëver au miel commun' là faveur dé-
îagréable, & j ’ai préfenté, à une de fesfëan-
ces 3 deux fyrops laits de çè‘ miel, l’un en ayant
tout le dégoût, & l’autre femblable à un fyrop
de'fucre.
_Ce procédé confifte à fairë bouillir avec la
miel, du'charbon de bois, celui qu’on emploie
journellemen taux ufages, économiques, légèrement
écrafé.
Syrop de miel*
Prenez miel commun.. . . 4 liv.
eau , .......... 2 . ou t p. mef. de Parie
çharbon fec 8e fo-
nore, ........ ...... 1
On rejettera avec foin les fumerons.
Faites- bouillir fur un feu doux 3 quand, le
fyrop commencera à prendre confiftance , paf-
fëz-îe à travers un linge blanc pour en féparer
L’écume , & biffez égouter les charbons 3 remettez
lé fur le feu pour finir de le cuire. Vous
aurez un fyrop clair, agréable au goût, & ab-
folument femblable à un fyrop de lucre.
Je termine par obferver que le charbon ne
teint point les liqueurs dans lefquelies il bout-;
il a même la propriété de décolorer certaines
fubftançes, ce qui paroîcra un phénomène très-?
extraordinaire à ceux qui feront étrangers à la
chimie : enfin, on doit confîdérer le charbon
comme le'corps le plus pur, & éloigner conr-
féquemment toute autre idée, qu’à . en juger
par fa couleur & fa p.ouffière, on pourroit au
tacher à fon ufage.
Pour enlever à la mélaffe fon. acrété, Sç b
rapprocher de la faveur du fqcre, le même auteur
preferit le procédé fuivant.
Prenez mélaffe. ...................... 24 liv.
eau 3 .............. 24
charbon noir bien for
nore- ;( c’eft- à -dire\
exempt de fume- -
r ç n s . . ' . . . . . . . . 6
Concaffez... groffièsement le charbon; mêlez
lés trois fubftançes dans un chaudron, & laites
bouillir doucement à un feu de bois clair.
Après une dentf-heure d’ébullition, verfez da §1
une chauffe la liqueur paftée ^ remetçez-b fur le
" f a
C'A R
feu pour évaporer le fiirpius de l’eau & rendre
à la mélaffe la première confiftance.
On verfe quelques verres d’eau bouillante fur
le charbon qui eft dans la chauffe , après l’avoir
déjà laiffé bien égoutter '& ort les ajoute à la
liqueur en évaporation. ( Ce charbon qu’on met
fécher à l’air n’a rien perdu de fa propriété
combuftible ).
• XXIV livres de mélaffe donnent 24 livres: de
fyrop 3 le charbon.,, comme,je viens de le dire
peut reférVir 3 il n’en coûte- donc que .le. fagot
pour faire bouillir & évaporer la liqueur,, en
forte que Je procédé n’ajoute rien à la valeur
de la chofe.
Ayez une cuillerée de mélaffe délayée dans
d e .l’eau, pour point de comparaîfon. A peine
la liqueur a-t-elle bouilli, goûtez l’une &c l’autre
: la différence eft frappante. L-’operation finie ,
la mélaffe ne .confervera - plus qu’une légère, fi-
veur de.-caramel, que l’on donne.fouvent même
au facre, pour Ja préparation de ceriai'ns: ali'-
nVetîs., i- f-aveur qui, dans la'; mélàffé purifiée ,
femble difparoîire entièrement, quant aux. mets
qui demandent de la coèlion , tels, que compotes,
pâtifferies, crème, &c.
J’ai répété les, expériénees. du cit. Cadet,
j’ai îéconnù qu'elles, étoient ;exa<51:es, Gepèrida^t
il ne faut-pas croire que. le miel ia -mélaffe
prennent bien véritablement ,là faveur & les pro
prié tés du fucre pur >11 y a toujours une différence
fenfible , mais pas affez forte pour qu’on
ne puiffe pas les fubftiruer au fucre. La mélaffe
avec un peu, d’âcreté ou- de goût empyreuma-
tique qu’elfe conferve. toujours , ne lucre pas
d’ailleurs autant que le fucre pur , &. il faut
en mçttrë beaucoup pour donneti aux liqueurs
une < faveur* à-peurprès femblable à celle que leur
communique le fucre.
Le cit. Vauqùelin a décrit avec foin dans le
bulletin de la fociét-é philomatique de Paris pour
fie mois d'avril j, les expériénees qu’il a faites fuite
procédé.
. Le cit. Cadet - Devaux dit avoir annoncé.,
dans la feuille du -Cultivateur, qu en faifant bouillir
la mélaffe.avec de l'eau & du charbon, on
lui enlevoit fôn odeur & fa faveur défagréables,
& qu’on la rendoit par-là, propre à remplacer le*"
fuCre dans beaucoup de, circoi ftances. |
. La fqciété philomatique a cru devoir répéter
l'expérienée du c it.. Cadet elfe en a chargé le;
cit. Vauquelin, qui a. procédé de la manièré-
fu iv an te il a pris 2,5 parties-, dé mélaffe du commerce,
il l’amêléè avec autant d’eaü, Si a chauffé;
Ch im ie * Tome III*
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| larfqttè la liqueur a été ptê:e à b'uilür, il y 2
mis p.eu-à-peu, en agitant, 6 parties de pouf-
fière de. charbon; enfuite il a Lit .bouillip pen-
I, dant une .heute, en rempliffant le vafe à me-
furè qif il le vidoic pendai t l’opéràtiéh ; enfin il
a filtré ^Vaporé la liqueur en ''éonfiftanté de
fyrop épais f ' ;
Quelques iriftahs avant l’ébullition de laliqüèu'r;
il fè produit une effervèfcen'ce qui à unè odeur
fémbiablé à ■ celle du lait 'toagulé par lé- vinaigre.
Le produit Hë. ’cette éffërVe'fcënce' eft de
l’acide. carbonique ffônt on èxpliquéfa.' l’origine
plus bas. ’
Il réfuitè de cètte opèfâtTôn : • i°. que la mêla
ffe ’ s’ éclaircit ; 2°. 'ocelle perd un peu de fa
coüléût'; 50. que fa faVeuP eft adoucie; 40. que
fon odeur naûféeufe.fe diffipe entièrement.
Pdur .çonhoître ce qui éft arrivé ici à Via me
Iaffé, il faut chercher.exaéférr\én't ce qu elle étoft
avant lopératibff, ' &*' ce quëlle eft .après ; & ÿ
joindre léécônh'diffàhèès fur là nature dû cH’af-b'on.
La mélaffe brute 8e acide contient un fel calcaire,
elfe a une couleur brune-verdâtre.
La mélaffe purifiée n’ e'ft plus acide, elle ëé
contient plus, ou peu de fel èalcairè, fi l'on a
employé la quantité néceffaire de charbon.' Le
charbon commun contient du èàrbohate dé po-
taffe.
Or il eft aifé maintenant de concevoir ce
qui eft arrivé à la mélaffe , traitée avec le charbon
: les acides mâlique 8e pipomüqueux qu’elle
contient s’uniffênt à la' potàffe, d'où nàit l’ef-
fervéfcêtice & , d’où il fe forme deux fels plu's
doux que les acides, le fel calcaire eft déconi-
pofê, & il en réfulte Un autre moins âcre qufe
Le premier.
Quant à la clatté & à la décoloration dé la
mélàÏÏe, c’ëft aux molécules fpôngieufes du charbon
que le mouvement de l’ébiilliiion fait parcourir
aux diffôrens points de la liqueur, qu’il
faut 1 attribuer, elles s’accrochent 8e s’unifient
aux rh'atiëfésf qui; èû troüblVnt la tranfparencè.
Il ne nous reftë plu’s; pour terminer l'hiftoire
du carbone qu’à le ébrifidérer dans les matières
àfiimales. Quatre 'objets principaux s’offrent à
hoüs dans' cés‘ confidérations : i°. l’origine de
ce principe dans les animaux; 2°. fori influence
dans la cô^ipofitiop,-, des^ ;matièi:es x animales &
leur rapport entr’ejlës, rèlapy.emcnt à fa proportion
ou à fbn mode d’union ; 3Q. l’état dans lequel
ii fe. rencontre lprs de .Kanalyfe de ces matières
comparée à celles des fubftançes végétales;.