
d e . Schroder, les mondifient &r les netoient.
La conferve des feuilles tendres de cetsruch eft
bonne pour la nouure rachitique des enhns.
Cette plante entre dans le firop de capillaire de
Renaudqt. La pouffière dorée de fa fructification
foulage la gonorrhée , le ceterack fait partie
des médicaaiens fimples employés dans l'énumération
du difpenfaire de Paris.
(W illemet.)
CEVADILLE. (Pharmacie).
Veratrum fabadilla. Retz.
Cevadilla mexicana.
II eft bon de rappeller ici ce que nous avons
dit de cette plante dans les nouveaux Mémoires
de l'Académie de Dijon , en 1782.
• Nicolas Monard , médecin célèbre du feizième
fîèele , né à Séville , eft fans contredit un des
premiers écrivains qui ait parlé-de la cevadille
Il a confacré à ce végétal, le chapitra 36 de ion
J-ïifioire des médicamens fimples de VAmérique %
c'eft ainfi qu'il en parle, Ne On m'a apporté de la ,
*» nouvelle Efpagne , parmi d'autres plantes ,
m certaines femences d'une plante appellée céva-
*» dille3 c'eft-à-dire, petit orge, à caufe de fa
m reflemblance avec notre orge, fon épi & fes
» petites goufles, dans lefquelles font contenus
m les grains , qui font moins gros que l ’orge,
» puifqu'ils ne lè font pas plus que la femence
w de lin i mais ces grains ont des qualités bien
30 différentes, car on n'a jamais entendu dire qu'il
39 y ait une plante aufli brûlante & aufli cauftique
3» que la cevadille ; en forte que cette caufticité
»0 eft néceffaire aux ulcères putrides & à la gan-
» gréne; elle fait Je même effet que le fublimé
» & le feu, car elle tue les vers qui s'engendrent
» dans les ulcères, & les mondifie ; il fufïit pour
39 cela d'en faupoudrer la partie ulcérée, & de
33 panfer le tout fuivant l’art. Lorfqu'on voudra
33 réprimer les forces de ce médicament, ilfuffira
3» de le faire macérer dans de l'eau-rofe ou de
s» plantain; pour lors on trempe une compreffe
33 de linge ou de coton dans cette infufîon, que
33 l’on applique fur la partie gangrénée; enfuite
» on fe fert des incarnans, félon l’avis d’un doéte
33 & expert chirurgien. On peut s'en fervir de
* même contre les ulcères malins qui attaquent
les animaux. Cette femence eft froide au qua-
» trième degré, & excède ce degré fi ce n’eft
33 pas le dernier >».
Monard ajoute à ce récit, la figure de la plante
gravée en bois.
C ’eft d'après ce chapitre que Lemery a eom-
pofé l'article de la cevadille dans fon dictionnaire
des drogues fimples, où il ajoute que nous n’envoyons
point en France : aujourd’hui elle eft commune
dans le commerce.
’ M. Vàlmont de Bomare, dans fon Dictionnaire
d’Hiftoire naturelle, dît que cette plante eft du
genre des pédiculaires, par rapport a fes propriétés
j mais elle appartient, fuivant le baron
de Haller, à la claffe botanique du pied d’alouette
& de l'aconit. En effet , j'ai fouvent comparé
la cévadille avec des épis & des grappes d’Aconit
en parfaite maturité ; je leur ai trouvé une affez
exaéte reflemblance. Un herborifte de Lorraine
m’a plufieurs fois apporté des pieds d'aconit
jaune,_pour cultiver dans un jardin botanique,
en. m'aftiirant que c'étoit la véritable cévadille du
Méxiqiie. J'ai plufieurs fois enfemencé la céva-
dillc3 fur couches, dans du terreau, j’en ai même
fait macérer dans l’eau pour en faciliter .l'évolution
végétative ; tous ces moyens ont été infuffi-
fans. La cévadille, dit M. Valmont de Bomare,
nous vient du Sénégal. Celle qu’on nous envoie
de la nouvelle Efpagne dans le commerce eft en
épis ; fa femence eft noire, affez femblable à celle
du cerfeuil. Réduite en poudre, elle eft la bâfe
de la poudre des capucins: elle eit bonne pour faire
mourir les poux & les punaifes.
J'ai vu employer avec fuccès, pour détruire
les punaifes , une lotion qui fe prépare avec une
chopine de. vinaigre fort, dans lequel on fait in-
fufer au bain-marie pendant quarante-huit heures
deux onces de femence de cevadille, en poudre.
On filtre enfuite ce vinaigre, & on lave avec
cette liqueur les Bois de lits & les murs où fe
réfugient ces horribles infeCtes.
La pharmacopée de Wirtemberg,1 & le difpenfaire
univerfel d eTriiïer, s’accordent parfaitement
fur la defeription &les propriétés de cette
femence, qui eft d'une grande reffource pour
les foldats, les religieux & les marins pour chaf- '
fer la vermine.
Le favant M. Goulin rapporte dans fon dictionnaire
raifonné univerfel de matière médicale,
tome V I I , page 1 , ce que M. Vogel, médecin
allemand, dit de U cévadille. « ,La plante d’où
» elle vient, eft encore inconnue} mais elle
33 croît dans lè Mexique. Les habi^ans de cette
>» contrée font un grand ufage de fa femence.
»s Par fa forme & par fa couleur noire, elle reffemble
aux crottes de fouris; elle eft d'une
» faveur âçre & amère, qui approche beau-
33 coup de celle de la coloquinte. Les habitans
33 du Bréfil la mâchent en guife de tabac; elle
» fait promptement fentir au gofier i’impreflion
33 de fon acrimonie cauftique, & laifle pendant
33 quelques heures une irritation nauféabonde ;
33 broyée a^èc del’axonge, on en frotte la tête
33 pour f^ieMvrer des poux, qu'elle tue en fort
33 peu-de temps ; elle opère cet effet bien plus^
33 fûrement ttsuie la poudre de Staphifaigre &
i» Jés compofmons mercurielles.
Cette
Cette femence entre dans les ongitens contre
les poux de la pharmacopée danoife, & dans l ’onguent
contre les démangeaifons du difpenfaire
d’Autriche.
Voici ce qu'en dit le profelTenr Spielmann de
Strasbourg, dais fes inftitutions de matière mé-
dicale,- page 486; »» La femence de cévàd lie eft
•» compoféé de feuillets oblongs, rougeâtres, à
»» trois loges, dans lefquels font adhérentes des »3 femences noires, pointues , qui, mifes fur
»3 la langue, on't une âcre té brûlante. Nous
*». ignorons où l'on prend cette plante, o n l ’apporte
du Mexique >».
« Vanderbeck, en 1723 , fit mention de ce
•* médicament, fa fubftance eft très-âcre ; iuf-
** qu a préfent à peine la cévadille a-t-.elle été
*> employée à d’autres ufages qu'à faire périr la
« vermine} pour cet effet, on s’en fert en pom- .
*» made ou en forme de poudre. M. Plenck
f rapporte qu'elle eft fi forte que fon ufage fit
” tomber quelqu’un dans la manie. Ranfon dit :
M s'en être fervi avec. < fuccès , prife intérieure- j
** ment à la dofe d'un gros, dans les affe&ions
*» néphrétiques »3.
La femence de cévadille réduite en poudre
très-fine, eft actuellement en ufage contre les
vers, & même contre le ténia 5 M. Schmucket,
emploie fouvent eè médicament à la dofe de deux
grains pour les enfants, à prendre dans une petite
cuillerée de' firop : & depuis demi-fcrupule
jufqu'à demi-grcs, pour les adultes , en bols
avec le miel, à continuer p esant quatorze
jours.
. y L'on en fait prendre en Lorraine contre l'épizootie
des chiens, à la dofe de demi gros,
feule, on avec autant de ftap hifaigre en poudre
délayée dans du bouillon’. La force de ce remède
excite des vomiflemens, & quelquefois des
convulfions, j’ai fait avaler une pincée de cévadille
en poudré à des chats, & qui leur a excité
de vièlens fauts fpafmodiques.
Des remarques fur les vertus de cette femence',
que j’ai adreffées à M. Lottinger, doéieur en
médecine^ Strasbourg, inférées dans le journal
de médecine , iy ^ 3 t’orne 1 1 , page 4663 prouvent
qu il faut bien envelopper la cévadille en
poudre, crainte qu'elle ne s'évente, car dans ce
cas elle ne produit aucun effet. J'ai vu maintes
fois cet inconvénient arriver; pour y parer, il
conviendroit de ne la mettre en poudre qu'à me- j
-fure,que l’on voudroit s'en fervir, alors elle
détruit infailliblement la vermine.
Le chevalier de Linné n’ayant pas fuffifamment
Connu la cévadille 3 n'a pu la clâffer dans fon
ï) fteme ,fexuel, il en parle néanmoins dans fa
matière medicale. Voici fes propres exprefiions :
* k l cévadille reffemble au, veratrum, elle naît
Chimie. Tome III.
» au Mexique ; fa femence eft officinale ; ell®
»3 eft âcre, cauftique} fes propriétés font d’être
»» draftique , vomitive , vénéneufe , phthiriaque ;
» fon ufage contre les poux 33.
Üne lettre de M. Dantoine, apothicaire à
Manofque, qui fe trouve dans le journal de
médecine, 1 y6 6 3 tome 2 j , page 231, offre fut
la cévadille des détails intéreflans. .Ce pharmacien
confeille quand on fe fert de fa poudre pour la
tê te , d’oindre auparavant les cheveux avèc un
peu d’huile pour qu’elle tienne plus facilement*
Ce remède antipédiculaire eft bien plus fur ,
plus propre que les onguens mercuriels, & l'on
ne court pas les même rifques qu'avec ces préparations.
Quand cependant on veut détruire la
vermine des enfans, qui ont des achores à la
tê te , il faut préférer l’onguent gris, attendu la
grande caufticité de la cévadille, qui leur caufe
trop de douleur.
Voici ce que M. Dantoine a pu découvrir dans
la cévadille fèche, telle qu'on nous l’envoie.
« Je n'ai, dit-il point vu, la racine, les tiges,
» ni les feuilles, fes fleurs font en épis, ac-
» compagnées chacune d’une écaille. Le calice
>» de chaque fleur éft {compofé de fix feuilles
»3 perfijhntes, dont trois extérieures : il n’y
»> a point de corolle, les étamines, plus larges
» par le bas, font en même nombre & oppo-
33 (éés aux feuilles du calice à la bâfe defquelles
»» elles font inférées ; elles font perfiftante*
*• comme Je calice. Je n’ai point vu les anthères,
3» attendu qu'elles fe font féparées des filamens
»» dans le tranfport, le piftil eft compofé de trois
•» ovaires au fond du calice qu'ils touchent : ces
33 ovaires ont chacun un ftyle court, & un ftig-
>• mate fimple, peu différent du ftyle : chaqua
3» ovaire devient une capfule ovoïde univalvs ,
33 qui s’ouvre^ en dedans, & renferme deux
33 ou trois graines noires, oblongues, tronquées
» obliquement par les ’ bouts où elles s'ajuf-
** tent. 33.
« On voit par cette defeription , que la ce»
33 vadille ne peut convenir dans aucune des fa-
33 milles de M. lAdanfon , & qu'elle doit par
- conféquent faire un fujet d'une nouvelle fa-
33 mille; ce qu'il y a de remarquable, c’eft que
33 fes gonfles font tout-à-fait femblables à celles
3» du Delphinium. La famille, de laquelle elle
»3 approche le plus, eft celle des liliacées5 mais
>» elle en diffère par le piftil & le fruit. 33
G'eft donc à tort que M. Adanfcn veut ran-.
ger la cévadille avec les pédiculaires.
Ludwin afîiire qu'ayant ferupuieufement examiné
»3
les capfules & les femences de ce végétal;
il jugea d'après cela, quelle étoit une ef-
pèce de veratrum ou d'aconit.
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